Hommage national aux sapeurs-pompiers

Hommage national aux sapeurs-pompiers
15 juin 2018

Discours de M. Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’Intérieur à l’occasion de la journée Nationale des Sapeurs-Pompiers (JNSP) - Hommage national aux sapeurs-pompiers - Hôtel de Beauvau, le vendredi 15 juin 2018.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le Préfet, Directeur Général de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises,
Messieurs les Préfets,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président de la Conférence Nationale des Services d’Incendie et de Secours,
Monsieur le Président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France,
Monsieur le Président de l’Association Nationale des directeurs et directeurs adjoints des services d’incendie et de secours,
Messieurs les contrôleurs généraux directeurs de SDIS,
Mon général, commandant la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris,
Amiral, commandant le Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille,
Mesdames et Messieurs les représentants des organisations syndicales,
Mesdames et Messieurs les acteurs de la sécurité civile, dont je tiens à saluer l’action exemplaire et permanente, aux côtés des sapeurs-pompiers,
Officiers, sous-officiers, caporaux et sapeurs,

Il y a dix jours, je me trouvais dans le département de l’Eure, à Breteuil-sur-Iton.

Dans cette commune où sont tombés, en l’espace de deux heures, l’équivalent d’un mois de pluie, j’ai rencontré des femmes, des hommes qui, avec l’inondation de leur habitation, avaient tout perdu.

C’était un spectacle de grande désolation.

Et pourtant, ce jour-là, j’ai aussi vu surgir l’espoir !

J’ai vu en effet la générosité, l’humanité à l’état brut quand, dialoguant avec un sapeur-pompier, j’ai compris que lui aussi avait tout perdu. Que sa maison été inondée. Mais qu’il avait malgré tout trouvé le courage d’enfiler sa tenue pour aller au secours des victimes, parce qu’il considérait que c’était son devoir, parce qu’il pensait que c’était sa responsabilité.

Mesdames et Messieurs, quelle plus belle illustration de ce qu’est votre engagement, votre dévouement, que cet épisode ?

Oui, quand tout semble basculer, quand tout semble s’effondrer, vous, sapeurs-pompiers, vous répondez toujours présent.

Présent pour secourir.

Présent pour sauver des vies.

Présent aussi pour apporter un peu de réconfort.

Présents, vous l’avez été l’été dernier, lorsqu’il a fallu faire face à la plus importante campagne de lutte contre les feux de forêt depuis quinze ans.

Vous l’avez été début septembre, pour porter assistance à nos compatriotes des Antilles frappés par un épisode cyclonique sans précédent.

Vous l’avez été après chaque attentat, pour prendre en charge les victimes de la barbarie terroriste.

Présents, vous l’êtes à nouveau en ce moment même, pour faire face aux inondations qui frappent plusieurs centaines de nos communes.

Et vous êtes toujours là, bien sûr, au quotidien, assurant chaque jour plus de 12 000 interventions sur tout le territoire, que ce soit sur des incendies, des accidents de la route ou des opérations de secours aux personnes.

Votre engagement est intense. Il est aussi total.

Car pour sauver des vies, vous prenez tous les risques.

En cet instant, nous avons tous une pensée pour vos 9 camarades morts en service ces douze derniers mois.

Pour le sergent-chef Richard METEAU.
Pour le sergent Robert SANDRAZ, le caporal Arnaud DAUCHY, le sergent Jonathan COTTREZ, le sergent-chef Jonathan LASSUS-DAVID, tous quatre morts au feu au cours d’un terrible mois de janvier.
Je salue également la mémoire du sergent Vincent CABRERA, de l’adjudant-chef Jean-Michel SOULAT, ainsi que l’adjudant Thomas GABLIN et du sergent Frédéric CHETIBI, tous deux décédés dimanche, en Ille et Vilaine.

J’ai hélas présidé plusieurs cérémonies d’obsèques depuis ma prise de fonction.

Toutes ont été pour moi des moments de grande émotion.

Aussi, je mesure pleinement le vide qu’ont laissé ses hommes dans leurs familles, dans leurs cercles d’amis, dans les centres d’incendie et de secours auxquels ils appartenaient.

L’ensemble du Ministère de l’Intérieur s’associe aujourd’hui à la douleur encore si vive de leurs proches.

Je tiens également à assurer celles et ceux qui, blessés, ont été marqué dans leur chair, de tout notre soutien.

***

Mesdames et Messieurs,

1) Il y a un an, je vous avais dit que ma première priorité serait de vous protéger.

Douze mois après, je crois que vous partagerez avec moi le constat que nous avons réalisé d’importants progrès.

  • Vous protéger, c’est d’abord assurer votre sécurité en intervention.

Je n’accepterai jamais que chaque année, plusieurs milliers d’entre-vous soient victimes d’agressions alors qu’ils ne font rien d’autre que d’assurer leurs nobles missions.

Pour lutter contre ce phénomène, j’ai pris le 13 mars dernier une circulaire. Celle-ci organise des dispositifs d’escorte lorsque le contexte de l’intervention l’exige.

Elle prévoit aussi un meilleur accompagnement des sapeurs-pompiers victimes depuis le dépôt de plainte jusqu’à la réponse pénale effective.

Notre objectif est simple : aucun acte de violence envers vous ne doit demeurer impuni.

  • Vous protéger, c’est ensuite agir pour préserver votre santé.

Comme vous le savez, j’ai pris en compte les préoccupations dont vous m’avez fait part sur le sujet des fumées froides, auxquelles, par nature, vous êtes exposés. Pour en évaluer la toxicité potentielle, j’ai, avec la Ministre des Solidarités et de la Santé, diligenté une étude épidémiologique sur cette thématique.

Il conviendra bien sûr, à partir des conclusions du rapport qui nous sera remis, de prendre les mesures nécessaires.

Sur la question des fumées de feux de forêt, des expérimentations ont également été lancées cette année.

Mais au-delà de ces sujets, c’est une action globale pour la santé que je souhaite mener. Aussi ai-je demandé à la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises de concevoir un guide « santé sécurité qualité de vie au service ».

Il sera proposé au Conseil national des services d’incendie et secours en octobre.

Notre volonté c’est que, dans tous les services d’incendie et de secours du pays, la santé, la qualité de vie, soient désormais placés au cœur de la doctrine opérationnelle.

C’est là, une innovation forte par rapport à la pratique actuelle. Je nous donne jusqu’à la fin du quinquennat pour avancer.

L’année dernière je m’étais donc engagé à vous protéger.

2) J’avais aussi souligné que tout serait mis en œuvre pour vous permettre d’être plus efficace dans les missions que vous exercez au service des Français.

Là encore, nous avons tenu parole.

Car nous avons posé ces douze derniers mois, les bases d’importantes transformations.

  • Sur le sujet décisif des secours aux personnes, dont la croissance exponentielle menace aujourd’hui la pérennité de notre modèle, nous avons, comme je l’avais promis, mis en place une mission commune à l’Inspection générale de l’administration (IGA) et à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).

Elle rendra très prochainement un rapport et croyez-moi, toutes les décisions qui s’imposent seront prises pour que vous puissiez vous recentrer sur votre mission première, qui est le secours d’urgence.

Ce sujet est complexe. Mais nous devons lui apporter des solutions. Il en va tout simplement de l’avenir du service public de secours.

  • Votre efficacité, elle dépend aussi de la bonne prise en compte des dizaines de milliers d’appels que reçoivent chaque jour les services départementaux  d’incendie et de secours.

Pour améliorer un dispositif qui est aujourd’hui morcelé et non optimal, l’État a lancé le projet NEXSIS.

Ce système national unifié, qui rendra possible une meilleure qualification des alertes, une localisation plus fine des appels et in fine un traitement plus efficace des urgences, génèrera à la fois des économies et des gains opérationnels.

Il était nécessaire de porter ce projet malgré un contexte tendu sur le plan financier.

Et l’État a pris ses responsabilités.

  • Je me réjouis enfin, qu’après une baisse continue liée aux difficultés financières des collectivités locales, les projets d’acquisitions de véhicules, d’engins et de matériels, s’établissent cette année en significative hausse : +9%.

C’est là un premier effet de la fin de la baisse des dotations qu’a décidée ce Gouvernement.

C’est pourquoi je suis confiant, pour les années à venir, en la capacité des collectivités locales à maintenir un haut niveau d’investissement dans les SDIS, ce qui est indispensable pour que les sapeurs-pompiers bénéficient d’équipements à la hauteur de leur engagement.

Il nous faut, Mesdames et Messieurs, mettre en œuvre ces nombreuses réformes – et vous pouvez compter sur toute ma détermination.

3) Mais il nous faut aussi construire l’avenir, car des choix que nous faisons aujourd’hui dépendent le visage de la France demain.

  • De ce point de vue, vous savez qu’un de nos grands défis sera la relance du volontariat. 

Je l’ai souvent répété depuis que j’ai pris mes fonctions : le modèle français de sécurité civile ne tient que par l’engagement, aux côtés des sapeurs-pompiers professionnels et des militaires, des 194 000 volontaires qui consacrent une partie de leur temps au service de leurs compatriotes.

Or, comme vous le savez, on constate aujourd’hui un essoufflement des vocations dont chacun perçoit que, s’il devenait durable, il menacerait l’équilibre de tout le système.

Parce que nous ne voulons pas d’une France sans service public de sécurité civile, nous nous devons donc de tout faire pour inverser la tendance, pour diversifier le recrutement des sapeurs-pompiers volontaires et surtout pour pérenniser leur engagement.

Pour cela, j’ai missionné, dès mon arrivée au Ministère, deux parlementaires, le député Fabien MATRAS et la sénatrice Catherine TROENDLE, ainsi que le Président de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours, M. Olivier RICHEFOU, et celui de la Fédération nationale, M. Eric FAURE, pour formuler des propositions.

Vous m’avez remis, Madame, Messieurs, votre rapport le 23 mai dernier et je veux saluer ici sa grande qualité.

La Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises, procède actuellement à l’expertise de chacune des 43 mesures que vous préconisez.

A partir de cette base, je présenterai, au Congrès national à Bourg en Bresse en septembre, le plan qui sera celui du Gouvernement. Il comportera des dispositions fortes, disruptives.

Car il est aujourd’hui devenu urgent d’agir.

  • Un deuxième projet d’ampleur qui va dessiner le visage de la France demain et que nous devons conduire ensemble est celui de la formation aux gestes qui sauvent.

Chaque année, 20 000 Français décèdent à la suite d’un accident de la vie courante qui, dans la plupart des cas, aurait pu être évité par des personnes formées aux premiers secours.

Or à ce jour, seulement 15% de la population a suivi quelques heures de formation pour apprendre les « gestes qui sauvent ».

C’est évidemment beaucoup trop peu, surtout lorsque l’on compare cette proportion à celle que l’on observe dans les autres pays européens.

Pour remédier à cette situation, pour faire en sorte que la société française soit toujours plus résiliente, le Président de la République a fixé devant vous, le 6 octobre dernier, l’objectif de former 80% de la population française à ces gestes d’ici la fin du quinquennat.

Le plan d’actions qui a été élaboré ici, place Beauvau, en est à ses ultimes arbitrages.

Il faudra, pour concrétiser l’ambition présidentielle que, dans les années à venir, l’ensemble des services départementaux et d’incendie et de secours puissent se mobiliser.

Il s’agit là d’un beau et grand défi – et je ne doute pas que l’ensemble des sapeurs-pompiers du pays auront à cœur de le relever.

***

Mesdames et Messieurs,

Demain, dans l’ensemble du pays, tous les centres d’incendie et de secours ouvriront leurs portes.

Je suis sûr que, comme chaque année, les Français s’y presseront nombreux.

Par curiosité bien sûr et pour certains d’entre-eux parce qu’ils souhaitent s’engager.

Mais aussi par reconnaissance envers vous, sapeurs-pompiers, qui incarnez mieux que quiconque cette belle valeur républicaine qu’est la Fraternité.

Officiers, sous-officiers, caporaux et sapeurs,

Pour votre engagement, pour votre courage, pour votre dévouement, recevez, en cette Journée nationale des sapeurs-pompiers, la reconnaissance de toute la Nation.

Je suis fier aujourd’hui d’être votre Ministre.

Vivent les sapeurs-pompiers !

Vive la République !

Et vive la France !