Cérémonie de sortie des promotions des Commissaires et des Officiers de l’Ecole nationale supérieure de la Police à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or

Cérémonie de sortie des promotions des Commissaires et des Officiers de l’Ecole nationale supérieure de Police
29 juin 2018

Gérard Collomb s'est rendu à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (69) lors de la sortie des promotions des Commissaires et des Officiers de Police.


Seul le prononcé fait foi

Monsieur le préfet de région,

Monsieur le préfet, directeur général de la police nationale,

Mesdames et messieurs les directeurs et chefs de service de la police nationale,

Madame le procureur général,

Mesdames et messieurs les parlementaires,

Monsieur le Maire de Saint-Cyr au Mont d'Or, cher Marc GRIVEL

Mesdames et Messieurs les Maires,

Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames et messieurs,

Mesdames et messieurs les commissaires de police,

Mesdames et messieurs les officiers de police,

Il y a trois mois presque jour pour jour, j’étais parmi vous ici-même, à l’École Nationale Supérieure de Police, pour le baptême de la 69e promotion des commissaires de police.

Au moment de m’adresser à vous, j’étais informé qu’une attaque terroriste avait visé des CRS près de leur cantonnement à Carcassonne et qu’une prise d’otage était en cours dans un supermarché de Trèbes.

Dès la fin de mon allocution, je quittais donc la cérémonie pour me rendre sur les lieux afin de superviser les opérations.

J’apprenais en chemin que 3 personnes avaient été tuées, 5 blessées, et que le colonel Arnaud Beltrame, commandant adjoint du groupement de gendarmerie de l’Aude, s’était substitué à un otage dans un acte d’une bravoure extraordinaire qui allait, quelques heures plus tard, lui coûter la vie.

Si j’évoque aujourd’hui cette tragédie, c’est pour souligner une nouvelle fois devant vous, commissaires de la 68e promotion et devant vous, officiers de la 22e promotion, que la menace terroriste, qui a marqué ces dernières années est encore devant nous, et sera donc au cœur des premières années de votre parcours.

Vous en avez d’ailleurs pleinement conscience, comme l’indiquent les choix qui ont été les vôtres dans les noms de baptême de vos promotions.

La 68e promotion de commissaires honore ainsi Emmanuel Groult, du nom du commissaire de police, directeur adjoint de la police aux frontières Alpes-Maritimes, fauché le 14 juillet 2016 alors qu’il se trouvait en famille sur la promenade des Anglais à Nice lors du terrible attentat qu’a connu la ville de Nice.

Quant à la 22e promotion d’officiers, elle a choisi pour nom de baptême Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, l’un était commandant de police au commissariat des Mureaux, et sa compagne était pour sa part adjointe administrative à Mantes la Jolie, tous les deux tués lâchement, à leur domicile, tout simplement parce qu’ils appartenaient l’un et l’autre à la grande famille de la Police nationale.

Nous avons ce matin une pensée pour ces victimes, pour leurs familles, pour leurs proches, ainsi que pour Ahmed Merabet, Franck Brinsolaro, Clarissa Jean-Philippe et Xavier Jugele, eux aussi tués parce qu’ils portaient uniforme, parce qu’ils avaient choisi de consacrer leur vie à protéger leurs compatriotes.

● Oui, vous le savez tous ici, la lutte contre le terrorisme sera le premier défi que vous aurez à relever, votre priorité absolue.

Cela vaut bien sûr pour celles et ceux d’entre-vous qui, au cours de leur carrière, se spécialiseront dans le renseignement.

Et vous savez que ce Gouvernement est engagé dans un renforcement des moyens du renseignement, avec le recrutement de 1900 agents supplémentaires dans les cinq ans à venir.

La DGSI, le renseignement territorial, demeurent en effet nos premiers atout - et nous l’avons encore constaté cette semaine avec l’interpellation de 10 individus qui projetaient de passer à l’acte. Mais c’est de manière régulière que vos collègues préviennent des attaques, quelle que soit l’origine, les convictions religieuses ou politiques de ceux qui sont visés.

Ce combat contre le terrorisme, ce ne sont pas seulement celles et ceux qui iront dans les services spécialisés qui vont l’affronter mais vous toutes et tous, quel que soit le poste que vous allez occuper à la sortie de cette école, quels que soient les services que vous choisirez.

Car pour lutter contre ce risque, c’est bien sûr les 150 000 fonctionnaires de la Police nationale que nous devons nous appuyer.

Pour intervenir en cas d’attentat – et nous avons pu mesurer le 12 mai dernier dans le IIème arrondissement de Paris à quel point l’intervention de jeunes gardiens de la paix avait permis d’éviter qu’il n’y ait davantage de victimes.

Mais aussi et d’abord pour prévenir les attaques, déceler ces signaux faibles indiquant, chez un individu, une radicalisation potentielle voire l’imminence d’un passage à l’acte.

Commissaires, officiers, c’est vous qui devrez, dans vos prochaines fonctions, sensibiliser l’ensemble des fonctionnaires placés sous votre autorité à ce risque désormais permanent hélas.

Il vous faudra faire des points réguliers sur l’état du danger, sur l’évolution des modes d’action, de recrutement des personnes susceptibles de commettre une attaque.

Il vous faudra organiser régulièrement des formations pour que chaque policier, fasse du recueil d’informations sensibles, de l’observation fine de con environnement lors de ses patrouilles, une dimension essentielle de son action.

Il vous faudra faire connaître les nouveaux outils juridiques dont disposent désormais les forces. Et je pense en particulier à la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme adoptée le 30 octobre dernier.

Le but de Daesh ou de ceux qui s’en inspirent, c’est d’instiller, dans nos sociétés, le poison de la division, de susciter progressivement la terreur, pour que nos Nations se fracturent, se délitent.

Face à une menace dont nous savons qu’elle continuer à s’établir dans les prochains temps à un haut niveau, il nous faut faire bloc, faire preuve de résilience.

Et vous allez être vous, commissaires de police, officiers, les principaux acteurs d’un combat pour défendre notre société, pour que perdure la République.

Les Français comptent sur vous !

Je sais que vous saurez vous montrer dignes de leur confiance.

Vous devez lutter contre le terrorisme.

● Mais vous allez être aussi la première génération à mettre en œuvre la Police de Sécurité du Quotidien.

Cette réforme qui correspond à un engagement fort du Président de la République vise vous le savez à mieux prendre en compte cette mondée de la délinquance grande comme petite qui mine la vie quotidienne de nos concitoyens.

Cette réforme, je ne l’ai pas pensée depuis Paris, mais c’est en partant des réflexions du terrain, en consultant directement les policiers et les gendarmes – 70 000 d’entre-eux ont répondu par questionnaire, que nous l’avons élaborée.

Elle va profondément marquer demain votre action.

Car vont se déployer, durant les premières années de votre parcours, des mesures qui vont changer le quotidien de l’ensemble des forces de sécurité intérieure.

La Police de Sécurité du Quotidien, va se traduire d’abord par un engagement de l’État extrêmement fort pour renforcer les moyens mis à votre disposition.

Moyens humains – ce sont 7500 postes de policiers qui seront créés durant le quinquennat.

Moyens matériels : nous investirons 600 millions d’euros d’investissement pour construire de nouveaux commissariats ou les rénover. Sur le plan de l’équipement, une enveloppe annuelle de l’ordre de 150 millions d’euros sera consacrée à l’acquisition de nouveaux véhicules, de nouvelles armes et munitions.

Vous allez être la première génération de commissaires et d’officiers à connaître une police entrant pleinement dans l’ère du numérique.

60 000 tablettes et smartphones sont actuellement en cours de déploiement dans les commissariats, qui permettront aux fonctionnaires d’accéder à tous les fichiers et par là même de gagner un temps précieux qu’ils pourront consacrer à l’enquête ou à la présence sur la voie publique.

La Police de Sécurité du Quotidien s’appuiera enfin sur une profonde réforme de la procédure pénale, mesure tellement attendue par les femmes et les hommes que vous aurez à diriger et que la Garde des Sceaux a mis au cœur de la loi qu’elle a récemment présentée.

Forfaitisation de certaines infractions, extension des pouvoirs des officiers de police judiciaire, dématérialisation des procédures d’ici cinq ans : des mesures fortes seront en effet mises en œuvre, qui vont permettre à tous les policiers de se recentrer sur leur cœur de métier : le terrain plutôt que de s’épuiser dans de vaines tâches administratives.

Au total, c’est un mouvement sans doute inédit de renforcement des moyens de la Police nationale qui se dessine pour les années à venir.

Et cela était nécessaire.

Car en ces temps troublés, où sur le plan économique, diplomatique, géostratégique, tout semble s’accélérer, la Police Nationale constitue un pôle de stabilité indispensable à l’équilibre de notre société.

Le Président de la République le dit souvent : il faut libérer, pour redonner une dynamique à notre société et en même temps protéger, car les Français attendent cette protection et sans doute de plus en plus fortement.

Pour pouvoir vous permettre de le faire, nous avons aussi voulu changer les méthodes, en donnant une nouvelle capacité d’initiative aux commissaires pour qu’ils inventent des réponses de sécurité  pleinement adaptées à la réalité de chaque territoire.

La délinquance n’est en effet pas uniforme partout.

Certains quartiers sont, vous le savez, devenues des zones de non-droit, où la criminalité est hélas, pour les habitants, un lot quotidien.

Cela nous a amené à sélectionner 30 Quartiers de Reconquête Républicaine, qui vont, dans les mois à venir, bénéficier de 15 à 30 policiers supplémentaires.

D’autres le sont par une recrudescence des cambriolages, des atteintes aux biens.

C’est en fonction de la réalité des territoires où vous serez affectés qu’il vous faudra adopter la stratégie la plus pertinente pour faire reculer l’insécurité.

La Police de Sécurité du Quotidien doit donc être une police du sur-mesure.

C’est pourquoi vous devrez élaborer avec les élus locaux, l’autorité judiciaire, les polices municipales, les acteurs privés de sécurité, les associations ou encore les conseils de quartier, les réponses les plus adaptées aux besoins des populations.

Nous ne vous demanderons donc pas de procéder à des reporting permanents qui ont finalement peu de lien avec ce qui vivent les populations.

Mais nous évaluerons a posteriori les stratégies que vous aurez conçues de manière partenariale.