En immersion avec les plongeurs de la gendarmerie

En immersion avec les plongeurs de la gendarmerie
12 août 2020

Le matin du 29 juin sur le quai de Port Ferréol des Issambres, bien abrité du Mistral, il n'y a pas encore grand monde, mais le maître du port, Kamel Tabamer et le chef d'escadron, Sébastien Gibier accompagnés de 4 enquêteurs subaquatiques de la brigade nautique de Roquebrune - Les Issambres (Var) sont déjà là.


Leur mission : récupérer des pneus sur deux dépôts dans les fonds marins, pour les remettre aux services de la Ville. Deux plongeurs, à partir du bout de la digue, atteignent en quelques minutes le premier dépôt pendant que deux autres gendarmes les rejoignent sur leur embarcation.

Pneu-Enquêteur subaquatique Les Issambres

Par 18 mètres de fond, les militaires ont rassemblé les pneus sur deux sites avec un cordage. Puis l'ensemble est à chaque fois accroché et soulevé grâce à un parachute gonflé d’air et tracté lentement jusqu’au port par le bateau semi-rigide. Après avoir été placés dans une benne, les pneus sont évacués plus tard vers une déchetterie.

L'origine des 56 pneus, source de pollution maritime, n'est pas déterminée. Elle fait l'objet d'une procédure judiciaire et pour cela une enquête de voisinage, la pêche aux infos a immédiatement débuté. Plusieurs hypothèses sont évoquées : l'action d'un individu, d'une entreprise, mais aussi le résultat des dernières inondations de fin novembre 2019.

A cette époque, à la suite de cette catastrophe meurtrière, les plongeurs de la brigade nautique avaient récupéré 7 corps sur plusieurs kilomètres le long de la rivière ! « Et cette fois, pas question de chercher dans une eau claire mais parfois à tâtons, sans visibilité, dans le froid, avec du courant, des conditions difficiles » explique le gendarme Florian qui exerce à depuis 2018 à la brigade nautique des Issambres après sa formation à l’école de plongée de Saint-Mandrier. Cette unité spécialisée, qui comprend 6 militaires, dépend directement du commandant de groupement de gendarmerie départementale du Var. Leur compétence territoriale s’exerce sur toute la zone de défense, mais en pratique surtout dans le Var. Les gendarmes enquêteurs subaquatiques peuvent donc apporter une aide aux services de l’État (lors de catastrophes naturelles d’ampleur, de disparition de personnes), sécuriser des zones sensibles lors de visites de personnalités  et  rechercher des preuves et indices sous l’eau (véhicules, de corps, d’objets cachés, etc..).

« En matière de police technique et scientifique effectuée dans l'eau, les constatations réalisées dans le milieu sont parfois difficiles mais toujours rigoureuses. Une fois l'objet découvert, l’enquêteur balise le lieu par des cônes numérotés auxquels sont attachés des « parachutes/bouées » qui remontent à la surface. Quelques photographies, puis nous conditionnons l'arme dans son élément pour les relevés d'empreintes ou autres études de type balistique. Enfin, nous remettons au directeur d'enquête une pièce de procédure précise, qui reprend toutes nos constatations. Différents relevés d'eau sont effectués, près de l'objet, à la surface, en amont et en aval. Enfin, les experts peuvent savoir précisément si le corps s'est noyé ici ou ailleurs, grâce à des colonies de bactéries propres à chaque milieu » précise l’adjudant-chef Cyril Thébault.

Les plongeurs suivent pour cela une formation continue et un entraînement intensif toute l’année. Au-delà, ces gendarmes de la brigade nautique sont aussi chargés du contrôle de la pêche professionnelle et plaisancière (marquage des poissons, maillage des filets, interdiction de pêche…), contrôles des clubs de plongée, des restaurants et poissonneries (produits de la pêche, traçabilité…) et de la navigation (respect de la vitesse, matériel de sécurité, règles de navigation…).