La géolocalisation des cambriolages constatés par la police et la gendarmerie permet de visualiser, via des cartes dites « de chaleur », les zones à fortes densités pour ce type d’infractions (nombre de cambriolages constatés au kilomètre-carré) dans les trois plus grandes agglomérations françaises.
À Paris, Lyon et Marseille, les zones particulièrement denses en cambriolages se situent dans le centre de l’agglomération. Malgré cet effet concentrique lié à la densité de population, des particularités de quartiers sont visibles.
Cette première publication de « cartes de chaleur » porte sur les cambriolages (y compris tentatives) de logements de résidences principales ou secondaires [1] , constatés au cours de l’année 2017 par la police et la gendarmerie. Cete forme de délinquance a la particularité d’être relativement bien déclarée par les victimes auprès des forces de sécurité : en moyenne entre 2015 et 2017, 74 % des ménages victimes ont porté plainte ( Rapport d’enquête « cadre de vie et sécurité » 2018 ). Par ailleurs, la qualité moyenne des adresses de cambriolages saisies dans les logiciels de rédaction des procédures par les forces de sécurité est considérée comme bonne au niveau national par rapport à celle d’autres formes de délinquance (voir Interstats Méthode n°11 ).
L’analyse est réalisée sur les trois agglomérations les plus peuplées de France : Paris, Lyon et Marseille. La représentation associée permet des analyses structurelles sur des territoires géographiquement restreints (forte densité spatiale d’infractions). Les cartes décrites dans cette étude représentent la densité des cambriolages de logements, à savoir le nombre d’infractions constatées au kilomètre-carré. Elles ne doivent en aucun cas être interprétées comme des cartes de risque individuel de cambriolage car les densités d’infractions n’ont, à ce stade, pas été rapportées au nombre de logements, ni au nombre d’habitants.
Le principal « point chaud» (ou zone de forte densité locale de cambriolages enregistrés au kilomètre-carré) de l’agglomération parisienne [2] se situe sur la rive droite de Paris intra-muros et s’étend approximativement de la Porte de Champerret jusqu’au sud de la Place de la Nation (carte 1). Cette zone a compté, sur l’année 2017, plus de 210 cambriolages par kilomètre-carré en moyenne.
En dehors de ce principal « point chaud », la carte met en évidence une forte densité de cambriolages dans Paris intra-muros et dans plusieurs communes limitrophes. Deux zones semblent relativement moins concernées dans cet ensemble :
₋ sud-est de Paris : les quartiers s’étalant entre la gare d’Austerlitz, la Porte de Bercy et la Cité Universitaire (dans l’est du 13e arrondissement principalement);
₋ centre-ouest de Paris : les quartiers de part et d’autre de la Seine entre les Tuileries et le Pont de l’Alma (Invalides, Assemblée nationale, Champs-Elysées).
Enfin, les espaces non-habités ou faiblement habités se distinguent logiquement par des faibles densités de cambriolages au kilomètre-carré (bois, zones industrielles,aéroports, grands cimetières, voir les cartes de densité de population en annexe). Ceci explique en partie la faible densité de cambriolages constatée dans le centre-ouest de Paris du fait de la concentration de ces zones non habitées (Esplanade des Invalides, Seine, Jardin des Tuileries, Place de la Concorde, etc.).
Dans l’agglomération lyonnaise, le principal « point chaud » prend une forme de « T » dont la barre horizontale part des Pentes de la Croix-Rousse jusqu’à la station « République-Villeurbanne », et dont la barre verticale s’étend de part et d’autre de l’axe formé par les stations Foch, Guillotière et Jean Macé (carte 2). Cette zone a enregistré plus de 212 cambriolages en moyenne par kilomètre-carré au cours de l’année 2017.
Bien qu’un peu moins dense, une deuxième zone de forte concentration des cambriolages est visible autour du « point chaud » principal, laquelle s’étale légèrement vers l’est. À noter qu’une petite zone de forte concentration est aussi visible aux alentours de la mairie du 9e arrondissement.
Enfin, la densité moyenne des cambriolages de logements baisse en fonction de l’éloignement au centre et en fonction de la présence de zones non-habitées (Parc de Gerland, Port Herriot, Parc de la Tête d’Or jusqu’au Grand Parc de Miribel-Jonage). À noter cependant la présence d’une zone relativement étendue de forte densité de cambriolages à Meyzieu.
À Marseille, le centre de l’agglomération correspond à la zone la plus dense en cambriolages (163 constatations par kilomètre-carré en moyenne en 2017). Cette zone s’étend d’Endoume à l’ouest jusqu’au quartier Cinq-Avenues à l’est, et du 3e arrondissement au nord à la station Périer au sud (carte 3).
Bien qu’un peu moins concentrée, une deuxième zone de forte densité des cambriolages de logements est visible autour de ce « point chaud » principal et s’étend particulièrement vers le sud, jusqu’au quartier Mazargues. À noter, en dehors du centre, que la concentration des cambriolages est particulièrement élevée dans les quartiers de la Pointe Rouge et de l’Estaque.
Comme pour Paris et Lyon, les zones faiblement habitées se distinguent logiquement par leur faible densité de cambriolages au kilomètre-carré, comme par exemple le Parc national des Calanques au sud ou, sur une zone plus restreinte mais plus centrale, autour du cimetière Saint-Pierre.
Sans rapporter à ce stade les cambriolages au nombre d’habitants (ou de logements), les cartes produites permettent seulement de répondre à la question « où sont perpétrés les cambriolages ? ». Dès lors, elles ne permettent nullement de répondre à la question « où risque-t-on le plus d’être victime de cambriolage ? » : ainsi, ces cartes ne doivent en aucun cas être interprétées comme des cartes de risque individuel dans les zones concernées.
[1] Cet indicateur correspond à la somme des index 27 et 28 de la classification dite « État 4001 » des infractions. Pour plus d’informations, voir Interstats Méthode N° 3 – « La première génération des indicateurs statistiques des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie ».
[2] Le concept d’unité urbaine (continuité de bâti) est utilisé pour définir l’agglomération. Pour autant, les cartes présentées font un gros plan sur le centre de l’agglomération pour des questions de visibilité.
Afin de pouvoir réaliser des analyses territoriales fnes, le SSMSI procède, en collaboration avec l’Insee1, au géocodage exhaustif de certaines formes de délinquance constatées par les forces de sécurité sur l’ensemble du territoire. La dernière opération de géocodage en date porte sur les infractions de niveau criminel et délictuel enregistrées par la police et la gendarmerie nationales au cours de l’année 2017. Ainsi, pour toutes les formes de délinquance retenues a priori, le SSMSI dispose d’une base exhaustive des coordonnées géographiques des lieux de commission des crimes et délits.
Ces données géolocalisées rendent possible la création de représentations géographiques détaillées, permettant de distinguer les densités territoriales de délinquance indépendamment des frontières administratives habituelles (départements, zones de compétence des services, communes, etc.). Pour parvenir à remplir le double objectif de proposer des représentations structurelles de la délinquance (sans bruit micro-local ou conjoncturel), tout en veillant au respect du secret statistique, les techniques de lissage spatial ont été utilisées et représentées sous forme de « cartes de chaleur » (voir Interstats Méthode n°11
).
Les cartes présentées dans cette analyse ont été réalisées à l’aide de la bibliothèque Leaflet (version R), du package de lissage spatiale BTB (R), et des données disponibles sur OpenStreetMap. De plus, les agglomérations sont quadrillées à l’aide de carreaux de 100 mètres de côté. Enfin, le rayon de lissage est fixé à 1 500 mètres pour les cartes de Paris et à 1 000 mètres pour Lyon et Marseille (cambriolages et population).
1 Ces cartes de chaleur ont pu être réalisées grâce au concours et à l’expertise de la division des statistiques et des analyses urbaines de l’Insee.
• SSMSI, Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique - Fiche "Cambriolages"
, janvier 2019
• SSMSI, Rapport d’enquête Cadre de vie et sécurité 2018 - Les vols sans effraction de résidences principales
, décembre 2018
• SSMSI, Rapport d’enquête Cadre de vie et sécurité 2018 - Les cambriolages et tentatives de cambriolage de résidences principales
, décembre 2018
• Pramil J., "Les vols en France : une répartition centrée sur les grandes agglomérations"
, Interstats Analyse N° 14, SSMSI,
Décembre 2016
• Robin E., "Les déterminants sociaux, démographiques et économiques de la localisation des cambriolages de logement : une
modélisation statistique à l’échelle des communes françaises"
, Interstats Analyse N° 2, SSMSI, Octobre 2015