Selon la nomenclature établie pour les besoins du Haut Conseil à l’Égalité (HCE), 183 186 personnes ont été enregistrées en 2018 comme victimes de crime ou délit sexiste dans les procédures saisies par la police et la gendarmerie nationales. Dans l’immense majorité des cas (87 %), la victime est une femme (159 228 victimes). Selon cette même nomenclature, 118 739 personnes ont été mis en cause dans ces crimes ou délits à caractère sexiste dont 91 % d’hommes.
Les crimes et délits à caractère sexiste portés à la connaissance des forces de sécurité en 2018 sont très majoritairement (68 %) des infractions commises dans le cadre conjugal (124 000 victimes dont 109 000 femmes) et dans une moindre mesure (32 %) des infractions à caractère sexuel hors cadre conjugal (59 000 victimes dont 50 000 femmes). Enfin, les crimes et délits sexistes au sens strict – c’est-à-dire commis en raison du sexe de la victime – concernent moins de 400 victimes dans les statistiques administratives et représentent ainsi à peine 0,2 % de l’ensemble des crimes et délits sexistes de la nomenclature HCE.
Les mis en cause portés à la connaissance des forces de sécurité en 2018 ont été majoritairement impliqués (72 %) dans des infractions commises dans le cadre conjugal (86 037 dont 76 479 hommes) et dans une moindre mesure (27 %), dans des infractions à caractère sexuel hors cadre conjugal (32 542 dont 31 217 hommes). Parmi les hommes mis en cause dans des infractions à caractère sexuel hors cadre conjugal, 26 % sont des mineurs (33 % pour les viols et tentatives de viols, 30% pour les agressions sexuelles et 31% pour les atteintes à la vie privée à caractère sexuelle). Si les femmes sont 6 fois moins mises en cause que les hommes dans ce dernier type d’infraction, parmi elles, 47 % des mises en cause sont mineures. Enfin, les mis en cause dans des crimes et délits sexistes au sens strict concernent moins de 150 personnes (145) et représentent 0,1 % de l’ensemble des mis en cause dans des crimes et délits sexistes de la nomenclature HCE.
L’enquête de victimation Cadre de vie et sécurité (CVS) révèle que l’écrasante majorité des personnes qui se déclarent victimes d’actes sexistes ne portent pas plainte auprès des forces de sécurité. De fait, d’après l’enquête, les infractions commises en raison du sexe sont massives.
Ainsi, en 2018, parmi les 18-75 ans, 124 000 personnes (dont 99 000 femmes) ont déclaré avoir subi des discriminations sexistes (fondées sur le sexe ou l’état de grossesse) au cours de l’année et, hors cadre conjugal, 1,6 million de personnes (dont 1,4 million de femmes) ont déclaré avoir subi des injures à caractère sexiste, 112 000 (dont 102 000 femmes) des menaces à caractère sexiste enfin 29 000 (dont 23 000 femmes) des violences à caractère sexiste.
D’après l’enquête, en 2018, parmi les 18-75 ans, hors violences sexuelles commises dans le cadre conjugal, 1,1 million de femmes et 0,3 million d’hommes ont subi une exhibition sexuelle, une agression sexuelle, un viol ou une tentative de viol. Dans la grande majorité des cas, les femmes victimes de violences sexuelles hors cadre conjugal connaissaient l’auteur des faits (77 %).
Enfin, s’agissant des infractions commises au sein du couple, l’écart entre les statistiques administratives et l’enquête paraît moins important mais demeure conséquent. En 2018, parmi les 18-75 ans, 245 000 personnes (dont 172 000 femmes) ont déclaré dans l’enquête avoir subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un conjoint ou d’un ex-conjoint.
Les jeunes femmes (18-29 ans) apparaissent particulièrement exposées à toutes les formes d’infractions relevant du champ « sexisme » établi par le HCE.