La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publient conjointement les résultats de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations en France. Ce travail s’inscrit dans le cadre de la mesure 8 du plan d’action national contre la traite des êtres humains : « Pérenniser l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations ».
La traite des êtres humains est un phénomène criminel complexe à saisir statistiquement en raison de l’invisibilité des victimes mais également des auteurs. La collecte de données auprès d’associations d’aide aux victimes complète et enrichit l’état des lieux, partiel, découlant de la délinquance enregistrée par les forces de sécurité.
En 2021, plus de 2 800 victimes de traite des êtres humains ont été accompagnées par les 44 associations ayant répondu à l’enquête. Parmi elles, 235 ont été exploitées uniquement à l’étranger, par exemple lors de leur parcours migratoire. Au final, 2 637 victimes ont été exploitées au moins en partie en France.
Comme lors des éditions précédentes, les victimes d’exploitation sexuelle représentent la majorité des victimes (74 %) en 2021, les associations répondantes accompagnant essentiellement ce type de victimes. D’autres formes d’exploitation sont également détectées par les associations : 18 % des personnes accompagnées sont victimes d’exploitation par le travail, 6 % de contrainte à commettre des délits, 1 % de mendicité forcée et 1 % d’autres formes d’exploitation.
Les profils de ces victimes diffèrent selon les formes d’exploitation subies : majoritairement des femmes pour l’exploitation sexuelle et des hommes pour l’exploitation par le travail hors domestique ; généralement des mineurs pour les victimes de contrainte à commettre des délits. Les conditions d’exploitation varient selon les formes d’exploitation, notamment les liens avec les exploiteurs : les victimes d’exploitation domestique le sont souvent par des personnes de leur entourage proche tandis que les victimes d’exploitation sexuelle le sont par des réseaux criminels.
Une attention particulière a été portée dans l’édition 2022 de l’enquête aux mineurs non accompagnés. 63 % des mineurs suivis par les associations étaient potentiellement des mineurs non accompagnés. Ces mineurs sont généralement des victimes de contrainte à commettre des délits (84 %).
Les associations ainsi que les services de sécurité font part du développement de l’utilisation des nouvelles technologies, d’internet et des réseaux sociaux à des fins d’exploitation. Les réseaux criminels y ont notamment recours pour recruter leurs victimes, les contrôler ou encore organiser l’exploitation.
Données_Traite des êtres humains