La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains ( MIPROF ) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publient pour la première fois conjointement les résultats de l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations. Ce travail s’inscrit dans le cadre du transfert depuis le 1er janvier 2021, conformément à l’arrêté du 17 décembre 2020, des activités de l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) au SSMSI.. Dans ce cadre, le SSMSI reprend notamment le pilotage en partenariat avec la MIPROF de la mesure 8 du plan d’action national contre la traite des êtres humains : « Pérenniser l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations ».
Touchant l’ensemble des pays du monde, la traite des êtres humains est un phénomène criminel complexe à saisir statistiquement en raison de l’invisibilité de ses protagonistes (victimes et auteurs). Les informations connues par les autorités ne représentent qu’une partie du phénomène, c’est pourquoi les données collectées par les associations apparaissent comme essentielles à la compréhension de ce phénomène criminel. En 2020, les 26 associations répondantes à l’enquête ont accompagné plus de 2 200 victimes de traite des êtres humains. En raison de la crise sanitaire et de son impact sur les activités des associations, une baisse de 12 % est constatée entre 2019 et 2020.
Les victimes d’exploitation sexuelle représentent la majorité des victimes (77 %) en 2020, les associations répondantes accompagnant essentiellement des victimes d’exploitation sexuelle. D’autres formes d’exploitation sont également détectées par les associations : 15 % sont victimes d’exploitation par le travail, 6 % de contrainte à commettre des délits, 1 % de mendicité forcée et 1 % d’autres formes d’exploitation. Les profils de ces victimes diffèrent selon les formes d’exploitation subies : majoritairement des femmes pour l’exploitation sexuelle et des hommes pour l’exploitation par le travail hors domestique, les victimes de contrainte à commettre des délits sont généralement mineurs. Les conditions d’exploitation ne sont pas toujours identiques selon les formes d’exploitation, notamment les liens avec les exploiteurs : les victimes d’exploitation domestique le sont souvent par des personnes de leur entourage tandis que les victimes d’exploitation sexuelle sont exploitées par des réseaux criminels. Une attention particulière a été portée dans l’enquête aux mineurs non accompagnés. Il en ressort que 63 % des mineurs suivis par les associations étaient potentiellement des mineurs non accompagnés. Les formes d’exploitation diffèrent également selon le genre : les filles non accompagnées étant majoritairement exploitées sexuellement et les garçons non accompagnés majoritairement victimes de contrainte à commettre des délits.