dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19, ayant donné lieu notamment aux mesures exceptionnelles de confinement de la population à partir du 17 mars 2020, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) s’est organisé pour maintenir la production et la publication des principaux indicateurs mensuels de la délinquance enregistrée par les services de sécurité. Néanmoins, les indicateurs présentent des évolutions très atypiques en mars et en avril 2020, dont l’interprétation s’avère très complexe, pour plusieurs raisons. Tout d’abord le confinement a fortement influencé les conditions de dépôt de plainte, pour les victimes et les forces de sécurité. Ensuite, certaines formes de délinquance ne peuvent pas s’exercer dans le contexte de confinement, tandis que d’autres sont renforcées. Enfin, le confinement a débuté à la mi-mars, ce qui situe le mois de mars à un niveau intermédiaire entre celui de février (avant confinement), et celui d’avril (entièrement en confinement). De même, le déconfinement progressif à partir du 11 mai pourrait avoir un effet sur les séries qui sera analysé dans les prochaines notes mensuelles de conjoncture.
Toutes les données chiffrées habituelles sont fournies mais, contrairement à la pratique usuelle, les évolutions du cumul des trois derniers mois ne sont pas commentées : seules sont décrites les évolutions du mois d'avril par rapport à mars, avec un rappel des tendances récentes.
Les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie ne recensent pas la totalité des infractions commises, notamment parce que toutes les victimes ne se font pas connaître. Les indicateurs contenus dans cette publication donnent une information sur l’évolution de la partie enregistrée de la délinquance subie.
Au cours du mois d’avril 2020, dans le contexte exceptionnel de la crise sanitaire liée au covid-19, la plupart des indicateurs conjoncturels des crimes et délits enregistrés ont fortement diminué par rapport au mois de mars 2020. Cette baisse poursuit celle enregistrée au mois précédent, alors que la plupart des indicateurs étaient en hausse sur la période récente. Les baisses les plus marquées sont observées pour les vols sans violence contre des personnes (-54 %) et les vols violents sans arme (-48 %). Les baisses sont moins fortes pour les escroqueries (-26 %) et les vols avec armes (-24 %). En revanche, les coups et blessures volontaires (y compris violences intrafamiliales) sont stables par rapport au mois de mars. Les homicides sont en baisse au mois d’avril.
68 faits d’homicides (y compris coups et blessures suivis de mort) ont été enregistrés en en avril 2020 après 70 en mars et 70 en février. Le total des trois derniers mois (208 victimes) est moins élevé que celui des trois mois précédents (248 victimes).
Les coups et blessures volontaires sur les personnes de 15 ans ou plus (y compris les violences intrafamiliales) enregistrés par les forces de sécurité sont stables en avril 2020 après une très nette baisse au mois précédent (- 33 %), dans le contexte de la crise sanitaire. Parmi ces coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus, la part des violences intrafamiliales enregistrées s’était accrue entre juillet et la fin de l’année 2019 : cette hausse peut s’expliquer notamment par un effet positif du Grenelle des violences conjugales (septembre à novembre 2019), lequel a pu inciter les victimes à davantage déposer plainte et favoriser un meilleur accueil par les services de sécurité. Après s’être repliée en février, la part des violences intrafamiliales enregistrées est nettement remontée en mars et plus encore en avril.
Après avoir atteint un premier point haut en juillet 2018, le nombre de coups et blessures volontaires avait enregistré des fluctuations avec une légère tendance à la baisse. Après un rebond en mars 2019, il s’inscrivait depuis sur une tendance très marquée à la hausse.
Les violences sexuelles enregistrées par la police et la gendarmerie diminuent très nettement (-32 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse plus marquée au mois précédent (-42 %).
Dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration de l'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de violences sexuelles enregistrées augmentait depuis fin 2017. La tendance à la hausse était marquée sur la période récente.
Les vols avec armes enregistrés par la police et la gendarmerie diminuent très nettement (-24 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse encore plus marquée au mois précédent (-43 %).
Après une stabilisation au deuxième semestre 2018 à un niveau plus faible que les années précédentes, les vols avec armes enregistraient une légère tendance à la hausse depuis mai 2019.
Les vols violents sans arme enregistrés par la police et la gendarmerie diminuent très nettement (-48 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse du même ordre au mois précédent (-45 %).
Le nombre de vols violents sans arme s’était nettement replié entre février et mai 2019, puis avait connu un rebond en juin. Il fluctuait depuis autour d’une tendance globalement stable.
Le nombre de vols sans violence contre des personnes enregistrés par la police et la gendarmerie diminue très nettement (-54 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse du même ordre (-51 %) au mois précédent.
Les vols sans violence contre des personnes avaient augmenté entre novembre 2018 et février 2019. Cette hausse avait été plus que compensée par les nettes baisses des mois d’avril et mai 2019. Le rebond constaté en juin 2019 était suivi d’une tendance à la hausse.
Les cambriolages de logements enregistrés par les forces de sécurité diminuent très nettement (-44 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse similaire au mois précédent (-44 %).
Après une hausse en décembre 2018, les cambriolages de logements s’étaient stabilisés sur les quatre premiers mois de 2019, avant d’enregistrer une faible baisse jusqu’en août. Ils s’étaient stabilisés globalement depuis septembre 2019 avec quelques fluctuations.
Les vols de véhicules (automobiles ou deux roues motorisés) enregistrés par les forces de sécurité, diminuent très nettement (-30 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse un peu plus marquée au mois précédent (-37 %).
Après s'être stabilisé depuis mai 2019 à un niveau plus bas que les années précédentes, les vols de véhicules enregistrés étaient repartis à la hausse depuis le dernier trimestre 2019.
Les vols dans les véhicules enregistrés par les services de sécurité diminuent très nettement (-46 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse du même ordre au mois précédent (-45 %).
La forte hausse des vols dans les véhicules en décembre 2018 avait été plus que compensée par les baisses enregistrées entre avril et juin 2019. Après un rebond en juillet, les vols de véhicules s’inscrivaient sur une tendance marquée à la hausse.
Les vols d’accessoires sur véhicules enregistrés par les forces de sécurité diminuent très nettement (-36 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse un peu plus marquée au mois précédent (- 45 %).
Après une stabilisation en 2018 à un niveau plus bas que les années précédentes, le nombre de vols d’accessoires sur véhicules était sur une tendance à la baisse au premier semestre 2019. Depuis la fin de l’année 2019, il repartait à la hausse.
Les destructions et dégradations volontaires (y compris contraventions) enregistrées par les forces de sécurité diminuent très nettement (-37 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse un peu plus marquée au mois précédent (-43 %).
Après une très forte hausse en décembre 2018, dans le contexte des mouvements sociaux, les dégradations avaient reflué jusqu'en mai 2019. Enregistrant ensuite des fluctuations autour d’une tendance quasiment stable, elles étaient reparties à la hausse en fin d’année 2019.
Les escroqueries enregistrées diminuent très nettement (-26 %) en avril 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, après une baisse encore plus marquée au mois précédent (-46 %).
Orientées à la hausse depuis la mi-2018, avec d'amples fluctuations, les escroqueries s’étaient stabilisées sur le premier semestre 2019 après la forte augmentation de janvier avant de repartir à la hausse.
Les séries conjoncturelles présentées dans cette publication portent sur les crimes et délits (1) enregistrés par la police et la gendarmerie. Ceux-ci sont comptabilisés au mois d’enregistrement, avec quelques cas particuliers (pour plus de détails voir les Interstats Méthode n°2
et 3
). Les requalifications des infractions, y compris suppressions, sont prises en compte jusqu’à la date à laquelle sont arrêtées les comptabilisations, c’est-à-dire, pour chaque mois, au début de mois suivant.
Deux éléments sont à prendre en compte dans l’interprétation du niveau et des évolutions de ces séries :
- le délai d’enregistrement, qui peut créer un décalage temporel entre le moment où les faits de délinquance se sont déroulés et le moment où ils sont comptabilisés dans ces séries;
- le taux de plainte, qui a un impact à la fois sur le niveau et, s’il n’est pas stable, sur l’évolution de la délinquance enregistrée. L’enquête Cadre de vie et sécurité (Insee-ONDRP-SSMSI) réalisée auprès de la population permet d’évaluer les taux de plainte. Ainsi par exemple selon cette enquête en moyenne sur la période 2011-2017 seule une victime sur huit de violences sexuelles hors ménage porte plainte, contre trois sur quatre pour les victimes de cambriolages.
Pour les résultats complets de l’enquête CVS voir : https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/Actualites/Rapport-d-enquete-cadre-de-vie-et-securite-2018
Par rapport aux séries statistiques issues des enregistrements par la police et la gendarmerie, les données brutes de certaines séries ont fait l’objet de corrections portant sur la période de 2012 à 2015. L’ensemble de ces traitements est présenté en détail sur le site web Interstats dans le document Interstats Méthode N° 9 .
Le comptage des homicides fait l'objet de retraitements à partir de l'année de référence 2015 (cf encadré de la fiche "Homicides" - Insécurité et délinquance en 2018 : premier bilan statistique , janvier 2019, et Interstats Méthode N° 9 .
Des éléments descriptifs de la série des violences sexuelles ont été fournis dans la partie méthodologique de l'Interstats Conjoncture du mois d'avril 2019 ( N°43 ), ainsi que dans l' Interstats Méthode N°12 paru en juillet 2019. Des éléments descriptifs de la série des escroqueries et de celle des destructions et dégradations volontaires ont été fournis dans les parties méthodologiques respectivement des Interstats Conjoncture du mois de mai 2019 ( N°44 ) et du mois de juin 2019 ( N°45 ), et dans les Interstats Méthode N° 13 et 14 parus en septembre 2019.
La méthode de correction des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO), mise en place lors de la première publication de ces séries en octobre 2015 et présentée sur le site web Interstats dans les documents Interstats Méthode N° 5 et 7 , est modifiée depuis la note de juillet 2019, en prenant en compte les données connues jusqu’au mois de mai 2019, conformément à la pratique internationale recommandée d’une mise à jour annuelle des modèles. Les changements portent seulement sur quatre sous-séries de délits enregistrés par la gendarmerie : les vols violents sans arme, les vols sans violence contre des personnes, les cambriolages de logements et les vols de véhicules. L'incidence sur les séries concernées est marginale.
La périodicité mensuelle des indicateurs de la délinquance présente notamment l’intérêt de refléter l’incidence de certains évènements ponctuels, tels qu’un grand rassemblement populaire. Néanmoins, les séries mensuelles sont en partie soumises à des fluctuations qui peuvent s'inverser d'une période à l'autre, sans réelle signification. De plus, lorsque les séries sont très heurtées, le modèle de traitement statistique de désaisonnalisation peut présenter des problèmes de robustesse, avec des risques de révisions des données d’un mois sur l’autre. Aussi est-il recommandé d’attendre au moins deux observations mensuelles avant de juger d’un retournement d’évolution.
(1) La série des dégradations inclut également les contraventions.