31.03.2006 - Obsèques du gendarme Erik MECUCCI MICUCCI

31 mars 2006

Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, lors de la cérémonie des obsèques du Maréchal des Logis Chef Erik MECUCCI MICUCCI, à Saint-Malo


Mesdames, Messieurs,

Nous sommes réunis aujourd'hui  en présence des autorités administratives, judiciaires et militaires et des élus d'Ille-et-Vilaine pour honorer la mémoire du maréchal des logis-chef Erik Mecucci, promu Major à titre posthume,  et pour dire à son épouse Maud, à ses enfants Lea et Theo, à sa famille, à tous ses proches et camarades combien nous partageons  la peine immense qui est la leur.

Ma présence à vos côtés témoigne de l'hommage que le gouvernement rend  solennellement à ce serviteur exemplaire de l'Etat qu'a été Erik Mecucci durant une carrière riche, pleine de promesses, malheureusement trop tôt interrompue.

Je tiens aussi à m'exprimer au nom de la Ministre de la Défense Madame Alliot-Marie, qui, retenue par un engagement officiel regrette de ne pouvoir être avec nous.

Sachez Madame que notre écoute et notre soutien vous sont acquis. Ils iront, soyez en assurée, bien au-delà de notre présence à cette cérémonie. 

Avec la disparition tragique de votre mari, c'est toute la communauté gendarmerie qui est aujourd'hui endeuillée et cela, hélas, pour la sixième fois depuis le début de cette année.

Mais ce sont aussi, vous le savez, l'ensemble des 6 000 motocyclistes de la gendarmerie qui exercent une mission indispensable et exaltante mais aussi dangereuse, et au de-là, ce sont aussi tous les acteurs de la sécurité routière, quels que soient leur corps d'appartenance et leur statut, qui sont en peine.

Erik Mecucci est né le 8 août 1969 à Dinan, dans le département tout proche des Côtes d'Armor. Après avoir passé son baccalauréat, il est appelé sous les drapeaux  le 1er janvier 1993, en qualité de gendarme auxiliaire.

A l'issue de sa période de formation initiale au centre d'instruction d'Auxerre, il peut choisir, en raison de ses excellents résultats, une unité dans la région qu'il affectionne tout particulièrement : la Bretagne. Il fait ainsi ses premières armes au sein du peloton de surveillance et d'intervention de Rennes.

Il va y découvrir, en sillonnant de jour comme de nuit tous les secteurs de la compagnie de Rennes, différentes facettes du service public de la gendarmerie. Il va éprouver aussi les liens forts de camaraderie qui se tissent entre les hommes animés par un même idéal. Très motivé, il opte sans hésiter pour un volontariat service long et s'engage dans la voie de l'encadrement. Il franchit les différents niveaux qui lui permettent d'être rapidement promu au grade de maréchal des logis du contingent. Soucieux d'élargir ses premières expériences de terrain, il effectue un détachement en brigade territoriale, à Cancale, puis un autre au Centre opérationnel de la gendarmerie d'Ille et vilaine à Rennes.

Fort de ses convictions, après les vingt quatre mois effectués au titre du service national qu'il a en outre su mettre à profit pour passer avec succès les épreuves de sélection pour devenir sous-officier de gendarmerie, il rejoint dès le 14 mars 1995 l'école de Châtellerault. Grâce à ses excellentes aptitudes et à un travail assidu, il achève en mars 1996 sa scolarité d'élève-gendarme dans les tous premiers de sa promotion.

Il choisit  alors de servir en gendarmerie départementale en se rapprochant le plus possible de sa Bretagne. Ambitionnant de faire une carrière motocycliste, il est affecté au peloton d'autoroute de Pont-L'Evêque dans le Calvados.

D'emblée, il s'intègre à son unité et s'adapte parfaitement à ses nouvelles fonctions. Dès sa première année de présence, il est ainsi indiqué dans sa notation qu'il est un "sous-officier brillant sous tous rapports" et l'année suivante il est précisé "qu'il mérite une entière confiance et qu'il possède une réelle envergure".

Ses qualités foncières lui permettent d'entreprendre sans délai la formation très sélective de motocycliste, dispensée à l'Ecole de Fontainebleau. De retour dans son unité, il sait qu'il vient de franchir une première étape importante par rapport aux objectifs qu'il s'est fixés et continue à donner au quotidien le meilleur de lui-même.

Toujours soucieux de progresser, il se lance, dès qu'il réunit les conditions, dans la préparation au diplôme d'officier de police judiciaire. Il veut en effet disposer le plus rapidement possible de l'ensemble des prérogatives prévues par la Loi pour remplir ses missions de sécurité routière et de police sur la route avec la plus grande efficacité. Grâce à un travail constant, souvent effectué sur son temps personnel et avec le soutien et la compréhension de son épouse, il obtient ce diplôme en 2001.

Dans la foulée également, sa demande de mutation pour la brigade motorisée de Redon est agréée. Il poursuit ainsi son cheminement professionnel et familial, et va alors participer, aux côtés de ses camarades de l'escadron de sécurité routière d'Ille et Vilaine, aux actions très énergiques engagées sous la houlette des autorités pour réduire une accidentalité très forte dans le département. Dans la zone gendarmerie, le nombre de tués sur la route entre 2002 et 2005 va chuter en effet de 116 à 57. Ce résultat, fruit d'une mobilisation collective et d'une grande détermination, est exemplaire au regard du nombre de vies humaines épargnées.

Ayant pleinement confirmé dans cet emploi ses qualités, il est inscrit au tableau d'avancement de l'année 2004 et rejoint avec son nouveau grade la brigade motorisée de Saint-Malo pour exercer la fonction d'adjoint au commandant de brigade. Dès son arrivée, il est mis en situation de faire ses preuves puisqu'il assure pendant plusieurs mois le commandement par intérim de l'unité. Lors du stage de perfectionnement motocycliste qu'il effectue au printemps 2005, il est apprécié comme étant "particulièrement qualifié au pilotage" et comme "possédant toutes les qualités requises pour être formateur permanent au centre national de Fontainebleau".

Suscitant l'adhésion de ses subordonnés et la confiance de ses chefs, Erik Mecucci semble tout naturellement promu à un brillant avenir. Il est d'ailleurs encouragé à entreprendre au plus tôt la préparation pour devenir officier.

Le destin en a malheureusement décidé autrement. Le 28 mars 2006, alors qu'il vient d'effectuer avec le gendarme Talvat Xavier un service de contrôle de la vitesse sur la nationale 176 entre Dol de Bretagne et Dinan, il est surpris par une forte averse qui est en fait un véritable mur de grêle. Il chute mortellement sur une chaussée rendue brusquement très glissante. Son camarade, motocycliste également confirmé, chute lui aussi et est très gravement blessé. Nous avons une pensée particulière pour lui et sa famille. Nous suivons de très près l'évolution de son état de santé et nous lui souhaitons tous nos vœux de rétablissement.

Au cours des 13 années pendant lesquelles il a servi dans la gendarmerie, le Major Mecucci a constamment donné le meilleur de lui-même. A la personnalité rayonnante, passionné par son métier, animé par le service public, il était un véritable exemple pour ses camarades et ses subordonnés et bénéficiait de la considération de ses chefs.

Erik Mecucci avait très tôt décidé de se consacrer à la sécurité de ses concitoyens. La voie qu'il avait choisie, celle de la sécurité routière, est parmi les plus exposées et difficiles. Beaucoup de progrès ont été accomplis, dans ce domaine, ces dernières années dans notre pays mais beaucoup reste encore à faire pour que l'ensemble des usagers adoptent une conduite véritablement apaisée. C'est ce à quoi s'employait chaque jour, par tous les temps, le major Meccuci avec l'ensemble de son équipe. Il avait accepté, en toute conscience, de mettre en jeu sa propre sécurité pour préserver la vie ou l'intégrité physique d'autrui.

A l'image de nombre de ses camarades, il a fait don de sa vie en accomplissant son devoir. Son engagement total au service du public a valeur d'exemple et restera gravé dans nos mémoires.

A vous Madame qui venez de perdre  votre mari , à vos deux jeunes enfants qu'il adorait, à vous ses parents qui aimiez et étiez fiers d'Erik, je renouvelle toute ma compassion et vous réaffirme mon total soutien.

Major Erik Mecucci, nous nous inclinons respectueusement devant vous. La médaille d'or de la défense nationale avec palme de bronze que je vais vous remettre rappelle tout à la fois votre appartenance à la communauté militaire ainsi que la valeur exemplaire des services que vous avez rendus.

Cette médaille constitue aussi un ultime salut de vos chefs et de vos pairs qui vous expriment de manière concrète leur amitié, leur respect et leur reconnaissance.

Major Mecucci reposez en paix.