Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire - Mardi 30 août 2005 - Châtenois (Vosges)
Mesdames, Messieurs,
Poussée par son désir de rendre service, tournées tout entière vers les autres, Laurine DURAND est devenue sapeur-pompier volontaire.
Appelée en intervention, Laurine DURAND a fait front, avec ses camarades.
Victime de son dévouement aux autres lors de cette intervention, Laurine, nous a quittés à 20 ans.
Une vie si courte et pourtant si pleine.
Une claire lueur qui ne brille plus.
C’est cela, qui a été ma première pensée dès que j’ai été personnellement informé à Paris, en temps réel, de l’état de santé de Laurine DURAND, de Paule FOUCHET et de Sébastien ADALID, puis, hélas, de la mort de Laurine.
J’ai aussitôt pensé à vous ses parents, son frère, ses sœurs, sa famille et à tous ses amis sapeurs-pompiers dont elle avait su s'attacher l'estime en très peu de temps, trop peu de temps.
Et puis, je savais que le département des Vosges avait été marqué par d’autres décès de sapeurs-pompiers, dans les années récentes.
Ce département devient hélas celui qui voit la première femme sapeur-pompier morte au feu. Bien triste privilège.
Et aujourd’hui, j’ai tenu à être parmi vous pour vous dire, de vive voix, toute mon émotion et toute ma compassion.
Madame, Monsieur DURAND, Lisbeth, Lucie, Cyril, je m’incline respectueusement devant votre douleur.
Par ma fonction, je le fais en premier lieu au nom de la République française, dans le solennel hommage national, qu’elle doit à ses enfants les plus valeureux.
Mais, soyez-en persuadés, je le fais tout autant à titre personnel : je suis profondément atteint par le décès de Laurine qui s’inscrit dans une suite de plusieurs autres tout récents, également très dramatiques qui bouleversent les familles comme les collègues, même les plus aguerris et qui, je vous le redis avec simplicité, me bouleversent.
Laurine s’est engagée dès l’âge de 17 ans, comme jeune sapeur-pompier. Et dès le jour de ses 18 ans, elle a été recrutée comme sapeur-pompier volontaire.
Dès le 1er décembre 2004, elle accédait à la distinction de sapeur-pompier volontaire de 1ère classe.
J’ajoute, qu’elle était aussi impliquée dans la vie associative, puisqu’elle faisait partie de l'harmonie municipale de Châtenois.
Un bien bel exemple que l’altruisme qui était le sien et qui se trouve être aussi celui de Lucie, sa petite sœur 16 ans, qui vient également d’être recrutée comme sapeur-pompier volontaire et qui était aussi de service ce 25 août.
Je veux dire aux parents de Laurine que ce n’est sûrement pas un hasard des choses si l’on retrouve ainsi de telles vocations dans une même famille. Soyez, malgré votre douleur, remerciés des valeurs que vous avez su transmettre à vos enfants.
De même, en tant que ministre de l’Intérieur, je vous remercie également, Monsieur DURAND, pour votre engagement dans la vie municipale de la commune d’Attignéville, en qualité de 2ème adjoint au maire, après deux précédents mandats en tant que conseiller municipal.
C’est grâce à de tels dévouements que le civisme perdure et que nos communes restent de véritables foyers de démocratie locale. A travers vous, je remercie l’ensemble des élus locaux ici présents.
Que l’exemple de Laurine et le souvenir de son sacrifice soient pour sa famille et pour tous les sapeurs-pompiers volontaires et professionnels la référence qui ne s’efface pas, le point cardinal de notre mémoire.
Cependant, notre profonde affliction, personnelle et collective, nous oblige à nous interroger pour comprendre, dans un de ces mouvements de l’âme humaine qui porte la réflexion haut et droit
« S’interroger pour comprendre » c’est la mission que j’avais d’ailleurs fixée lors de mes premières fonctions au ministère de l’Intérieur, à l’inspection de la défense et de la sécurité civiles.
Cela s’est traduit par la création, en son sein, d’un bureau « prévention des accidents - enquêtes » qui fonctionne depuis le 1er août 2004.
Ce bureau est un outil essentiel de prévention au service direct de tous les sapeurs-pompiers et des acteurs de la sécurité civile.
Il a notamment pour mission de faire une enquête sur chaque événement qui met en jeu la vie des sapeurs-pompiers. Il faut interroger, disséquer. Il faut proposer. C’est pour nous une ardente obligation.
Vous le savez, il se trouve que, malheureusement, dans le département de la Nièvre, nous avons subi la perte de 3 sapeurs-pompiers volontaires, le 18 juillet dernier, dans des circonstances quasi similaires.
Dès les premiers jours d’août, le bureau prévention accidents - enquêtes de la direction de la défense et de la sécurité civiles s’est rendu dans la Nièvre. Il se déplacera également dans les Vosges au début de la semaine prochaine.
Je ne veux pas anticiper ses conclusions définitives, mais d’ores et déjà, je demande que ces deux accidents profitent aux formations incendie des 1er et 2ème niveaux, en améliorant la présentation du risque d’effondrement de bâtiments fragilisés par le feu, et la conduite à tenir.
Car, même si nous n’écarterons pas une part de fatalité, notre devoir à tous est de la contenir et mieux, de la réduire. Nous avons le devoir de veiller à ce que chaque sapeur-pompier rentre à la maison après chaque intervention.
Mesdames et Messieurs, avant qu'on ne procède aux remises des distinctions qui souligneront le mérite et le courage de Laurine DURAND, que le Premier ministre vient de citer à l’ordre de la Nation, je vous témoigne une fois encore, de la façon la plus chaleureuse et la plus cordiale, tout mon soutien personnel dans cette épreuve.