29.06.2006 - Déplacement de M. Nicolas SARKOZY en Guyane

29 juin 2006

Intervention de M.Nicolas SARKOZY Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire, sur le thème de la sécurité, lors de son déplacement en Guyane, à la mairie de Saint Laurent du Maroni


Monsieur le Maire, Cher Léon Bertrand,
Monsieur le Ministre de la Justice et de la Police du Surinam,
Mesdames, Messieurs,

Ma présence à Saint-Laurent-du-Maroni aujourd'hui a, pour moi, une saveur toute particulière car je me rappelle avec émotion ma précédente visite, il y a 3 ans. C'est la troisième fois que je viens en Guyane en tant que Ministre de l'Intérieur. Certains diront que c'est beaucoup par rapport aux pratiques passées. Je ne peux, pour ma part, m'empêcher de penser que ce n'est pas assez, compte tenu de l'ampleur des enjeux auxquels nous avons collectivement à faire face sur ce territoire tout à fait unique de la République.

C'est de Saint-Laurent-du-Maroni que j'ai choisi de m'exprimer sur la sécurité dans le département.

L'Ouest Guyanais apparaît, en effet, d'une certaine manière, comme « un espace périphérique dans une collectivité ultra périphérique ». Structuré par les fleuves, l'Ouest Guyanais est une porte qui donne sur le continent Sud américain avec ses 520 km de frontière le séparant du Surinam. Eloignée du centre de la République et même de Cayenne, Saint-Laurent-du-Maroni et l'Ouest guyanais forment pourtant une frontière pionnière, un front de développent qui font honneur à la France !

Je sais qu'ici les identités sont multiples et complexes. Créoles, amérindiens, bushinengués, et métropolitains ont des héritages culturels propres mais c'est bien leur appartenance à la République qui fait leur unité et qui fait leur force. Tu es, toi-même, cher Léon, de par tes origines multiples, l'incarnation de cette unité. Cette unité a fait ta force et tu es, aujourd'hui, un Ministre de la République.

Je suis fier d'être ici, avec vous, aujourd'hui parce que je me dis que, plus que d'autres, vous avez éprouvé concrètement, dans vos vies, les espoirs mais aussi parfois les limites de l'appartenance à la République. Et je veux saluer tous ceux qui ont construit ce département de la Guyane par le travail de leurs mains alors que les conditions matérielles ont souvent été rudes.

Je suis venu pour continuer et amplifier le travail que nous avons engagé, localement et dans la durée, en matière de sécurité. Partout en Guyane, la population exprime des attentes fortes et légitimes par rapport à l'Etat. Je les ai entendues. Et je veux réaffirmer, aujourd'hui, que si l'Etat ne peut tout, il vous doit la sécurité, cette sécurité sans laquelle aucun développement n'est possible.

*  *
La Guyane n'est pas un département tout à fait  comme les  autres. Il y a une exception guyanaise. Avec une superficie grande comme celle du Portugal, la Guyane est le seul département d'outre-mer à avoir des frontières terrestres, ou plutôt fluviales, immenses et qui sont depuis toujours de véritables lieux d'échanges.

Vous attendez de l'Etat qu'il garantisse, non seulement au plan des principes mais aussi au quotidien et de manière très  concrète, comme en tous points du territoire national, la sécurité des personnes et des biens, indispensable à l'épanouissement des individus et au nécessaire  développement de votre économie.

Les enjeux à relever sont importants. Notre modèle français agit en effet comme un aimant vis-à-vis de populations riveraines plus démunies. Or, si la Guyane a toujours été une terre d'accueil et de brassages humains aussi riches que divers, et peut à juste titre s'en enorgueillir, son présent et son avenir ne doivent pas être hypothéqués par  des flux migratoires non maîtrisés.

 Il n'est pas possible, en particulier, de nier la réalité d'une immigration clandestine, et la cohorte inévitable des problèmes de toutes sortes qu'elle engendre. C'est vrai  au plan sanitaire et social, c'est vrai en matière de logement et de scolarisation,  mais cela se ressent aussi, même si je suis attaché à ne stigmatiser personne, en termes  d'insécurité.

Depuis le début de cette année les forces de l'ordre ont elles mêmes payé un lourd tribut puisque deux gendarmes et un policier sont morts dans l'accomplissement de leur devoir. Un climat de violence se manifeste hélas partout, dans les villes bien sûr - Cayenne, Kourou, Saint-Laurent ne sont pas épargnées -, mais aussi sur le reste des zones littorales et en forêt. L'assassinat récent de deux employés de la réserve des Nouragues sur la rivière Arataï est venu malheureusement illustrer cette situation qui n'est pas acceptable. Je le dis très clairement, je ne suis pas disposé à laisser les choses en l'état ou, pis encore, à laisser la situation se dégrader.

Mesdames, Messieurs je connais la réalité de la situation, j'ai d'ailleurs été très attentif aux différentes initiatives que nombre de vos élus, toutes tendances confondues, ont prises, parfois à plusieurs reprises ces derniers mois, pour me relayer vos préoccupations et vos attentes.

J'ai bien entendu votre message, ça ne vous surprendra pas. Je ne vois d'ailleurs pas comment il pourrait en aller autrement et pourquoi je m'intéresserais à la situation des quartiers sensibles de métropole et, en même temps, je me désintéresserais de l'outre-mer.

Certes, une législation adaptée aux spécificités de la Guyane existe déjà, mais il fallait aller encore plus loin. Je vais y revenir. Mais en pratique, il importe aussi que l'Etat, dans le strict respect de nos  règles de droits, manifeste sa ferme volonté de garantir ici comme ailleurs la souveraineté nationale et aide à préparer un avenir qui corresponde aux aspirations et aux valeurs des Guyanais.

Dès mon retour au Ministère, il y a un an, j'ai demandé un état des lieux précis afin d'apporter une réponse globale, mobilisant tous les acteurs concernés, et s'inscrivant dans la durée. Il fallait d'abord commencer à débloquer un certain nombre de chantiers et relancer une dynamique d'ensemble. Mais, avant de préciser ma politique de sécurité pour la Guyane, je veux vous présenter un bilan actualisé de la délinquance.

*  *

Il me paraît tout d'abord important de préciser qu'en Guyane, les chiffres de la délinquance sont issus du même outil qu'en métropole. Il n'y a pas de spécificité dans le décompte : c'est une règle générale et absolue. J'ai entendu, à cet égard, certaines  interrogations quant à la publication des statistiques, j'ai donc décidé qu'elles seraient désormais publiées mensuellement. Chacun doit pouvoir mesurer l'évolution de la délinquance.

J'ajoute que  les statistiques concernant les départements d'Outre-Mer seront dorénavant publiées avec les autres états mensuels.

Si l'on s'en tient à une lecture globale des statistiques, la délinquance générale est en hausse de 20. 40% depuis le début de l'année. Mais, d'emblée, je tiens à préciser que nous devons considérer ces chiffres à l'aune de l'importante  part prise par la lutte contre l'immigration irrégulière dont on ne peut que se féliciter. Les infractions liées au séjour irrégulier représentent en effet, depuis le début de l'année, 4807 faits sur un total de 10 292, soit 47 %.

Je veux aussi que chacun sache que cette action qui explique en grande partie la hausse de la délinquance constatée continuera à être menée avec fermeté et détermination, car, enfin, on ne peut à la fois traiter plus d'étrangers en situation irrégulière, donc constater plus d'infractions, et avoir des chiffres à la baisse.

Si l'on examine les infractions, hors celles liées à l'immigration irrégulière, on s'aperçoit alors que la délinquance recule de 2.20%.
Lorsque nous abordons les  problèmes de criminalité stricto sensu, il nous faut donc veiller à ne pas globaliser les statistiques sauf à commettre une erreur de lecture majeure.

Si l'on considère la délinquance de voie publique qui est celle qui nourrit le sentiment d'insécurité alors que constate-t-on ?

Celle-ci est en baisse de 8.16% depuis le mois de janvier. Cela ne signifie pas que tous les problèmes sont réglés, mais simplement que l'action des forces de police et de gendarmerie porte ses fruits. Le nombre de personnes mises en cause est en augmentation de 41%, celui des gardés à vue de 23.8% et celui des écroués de 50%.
Le nombre de faits élucidés progresse de plus de 35% et le taux d'élucidation est de près de 65%.  Je tiens donc à saluer le travail accompli tout en insistant sur la nécessité de continuer car la situation actuelle ne peut être considérée comme satisfaisante. L'insécurité persistante est durement ressentie par les Guyanais dans leur vie quotidienne.

Aussi, serai-je également attentif à ce que ce soit l'ensemble de la chaîne pénale qui dispose des moyens nécessaires et suffisants pour faire face aux enjeux de sécurité que l'Etat doit relever.

Une mission d'audit conjoint Intérieur-Justice a été expressément mandatée  à cet effet. Les conclusions de son premier volet qui portait sur les moyens et l'organisation des forces de sécurité viennent conforter les pistes de progrès que j'ai retenues et que je vais vous présenter dans quelques instants.

Quant au second volet de la  mission qui vient tout juste de s'achever et qui s'intéressait davantage aux moyens de la Justice, il appartiendra naturellement à mon collègue Garde des Sceaux de prendre les mesures qu'il jugera opportunes et je lui fais toute confiance. Sans m'immiscer  dans son domaine de compétence, je suis persuadé cependant qu'il saura être très attentif à la question qui a été soulevée concernant l'insuffisance de moyens au niveau du greffe du tribunal.

Sans doute aussi nous faudra-t-il voir ensemble avec les élus du département comment renforcer davantage, à l'instar de ce qui existe ailleurs, les dispositifs mis en place par le département pour aider à la réinsertion des jeunes en difficulté. 

*  *

Je tiens maintenant à vous préciser les orientations que j'ai retenues pour la Guyane, depuis mon retour il y a un an. J'avais  adressé, dès le 31 octobre, dernier mes premières directives au Préfet en matière de lutte contre l'immigration, dans lesquelles je lui ai fixé des objectifs volontairement ambitieux en matière de reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière. 7500 reconduites devront ainsi être effectivement exécutées en 2006, soit une hausse de plus de 30 % par rapport aux deux années antérieures.

De fait, le nombre de reconduites n'a cessé d'augmenter. Ainsi, si l'on compare sur les cinq premiers mois des  trois derniers années, on en était à 2330 éloignements en fin mai 2004, 2055 fin mai 2005 et  3928 fin mai  2006, soit plus 47%. Sur un rythme annuel, cela représente 9400  éloignements.

Mais J'ai voulu aussi renforcer la législation pour mieux tenir compte de la réalité de votre situation. C'est pourquoi dans le texte de loi relatif à l'immigration et à l'intégration qui  sera définitivement voté demain par le Parlement, j'ai demandé que le Procureur puisse ordonner la destruction des embarcations fluviales non immatriculées ayant servi à commettre des infractions liées à l'immigration clandestine, qu'il puisse ordonner également l'immobilisation et la neutralisation des véhicules terrestres ayant servi à commettre les mêmes infractions.

J'ajoute, qu'avec mon accord, plusieurs amendements du Sénat, à forte valeur opérationnelle, ont été retenus :
- le dispositif prévu pour la neutralisation des véhicules terrestres a été étendu aux aéronefs ;
- le périmètre de « visite sommaire » des véhicules par les forces de l'ordre a été étendu à la route départementale 6 et à la route nationale 2 sur la commune de Roura ;
- les agents des sociétés de transport en commun non urbain seront habilités à exiger la production du titre de séjour ;

Un observatoire de l'immigration en Guyane sera également mis en place.

Il était également indispensable de mettre aux normes le centre de rétention administrative de Rochambeau et de faire passer sa capacité de 38 à 62 places. Les travaux de réhabilitation seront achevés en fin d'année et ceux d'extension démarreront dans la foulée.

S'agissant des effectifs de la Police aux Frontières de Saint Georges de l'Oyapock, j'avais indiqué que les effectifs, alors de 24 fonctionnaires, passeraient à 36 en 2006 et 60 en 2008. Cette montée en puissance doit se faire en parfaite synchronisation avec les travaux nécessaires pour donner sur place aux policiers des locaux fonctionnels  et avec  l'ouverture d'un pont sur le fleuve. Nous serons à ces rendez-vous.

Concernant la sécurité publique à Cayenne,  avant la fin de l'année, 20 policiers supplémentaires seront affectés à la compagnie départementale d'intervention afin de créer une troisième section. Je demande, d'ailleurs, que l'on accélère le relogement des policiers afin de mener à bien cette opération. Une enveloppe de 600 000 euros a été débloquée et j'attends désormais une mise en œuvre rapide et concrète et en tous les cas dès octobre 2007. Cette troisième section devra occuper le terrain la nuit. Il faut que notre organisation colle aux horaires des délinquants.

Quant à la construction du  nouvel hôtel de police qui est pour moi une priorité absolue, je remercie d'abord le maire de Cayenne d'avoir mis à disposition un grand terrain très bien placé. Avant d'engager les travaux, ce terrain sera dépollué et devra présenter toutes les garanties de salubrité et de sécurité pour accueillir dans des conditions dignes de ce nom le public et les policiers. La superficie de ce terrain permet également d'envisager la construction d'un stand de tir.

En attendant la mise en place des effectifs de la troisième section de la CDI,  le préfet a reçu des instructions de ma part pour engager sur Cayenne des gendarmes mobiles. Ils contribuent d'ores et déjà à  la sécurité publique, notamment en centre ville. Vous m'avez compris, je veux des réponses pragmatiques.

Cette solution est aujourd'hui possible car j'ai fait réaffecter au profit de la Guyane des  moyens qui étaient jusqu'à présent sur Saint Pierre et Miquelon et qui, objectivement, me paraissent plus utiles dans votre département.

Ces moyens supplémentaires donnent une marge de manœuvre nouvelle au préfet, sans pour autant dégarnir les secteurs de Saint Laurent et de Kourou où les besoins sont également avérés, ni diminuer l'action de l'Etat en forêt, en particulier au travers des opérations Anaconda qui visent à déstabiliser les réseaux clandestins d'orpaillage et à laisser aux Guyanais le bénéfice des richesses de leur sous-sol.

J'avais annoncé aussi que je voulais, pour relever les défis auxquels est confrontée la Guyane, une approche globale et une synergie des moyens de l'Etat. J'ai donc souhaité que l'on développe plus activement, sous l'égide du Préfet, la coopération entre les Armées, la gendarmerie et la police.

Ces démarches sont désormais formalisées dans un protocole qui sera signé cet après-midi en ma présence entre le Préfet  et le Commandant supérieur des forces armées. Les Armées apporteront ainsi leur aide dans le recueil de l'information et la manifestation de la présence de l'Etat. Leur participation s'appliquera à la surveillance des frontières et des zones forestières, à la lutte contre l'orpaillage illégal et l'immigration clandestine. Concrètement, en plus de ce qui se faisait déjà, notamment le transport aérien des unités de gendarmerie, elles pourront être amenées à occuper temporairement des sites d'orpaillage démantelés ou  à procéder à des évacuations par voie aérienne, à l'intérieur du département,  des clandestins interpellés en forêt sous la responsabilité de la gendarmerie.

Je serai attentif, avec le ministre de la Défense, à ce que nos efforts conjoints et complémentaires s'inscrivent dans la durée.

*  *
Naturellement,  si dès l'automne dernier, j'ai annoncé une première série de décisions qui pour certaines se sont déjà concrétisées et pour d'autres sont sur le point d'aboutir, je n'ai jamais considéré que les choses étaient pour autant totalement réglées. Il s'agissait, dans mon esprit, de la première étape d'un processus plus ambitieux. Je pense en particulier que nous devons être encore plus performants en matière de lutte contre la délinquance. J'ai donné instruction au Préfet de fixer des objectifs précis qui sont autant d'engagements et j'ai veillé à lui donner les moyens correspondants.

Cet après-midi, à Cayenne, je rencontrerai l'ensemble des chefs de service pour leur préciser mes attentes.

Je veux aborder maintenant, devant vous tous, ces mesures nouvelles que j'ai retenues pour prolonger les actions en cours.

Il faut tout d'abord que l'on mène une action encore plus résolue contre le travail clandestin, contre les filières d'immigration et d'orpaillage illégal. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de créer un groupe d'intervention  régional (GIR) permanent dès cet été. Ce sera, comme en métropole, un vrai GIR.

A cet effet, des gendarmes et policiers viennent d'être affectés au sein de l'unité d'organisation et de commandement qui constitue l'état-major d'analyse et d'animation du dispositif. Ils  seront rapidement renforcés par des fonctionnaires des  services fiscaux, des douanes, du travail et de l'emploi. Les objectifs précis qui leur seront assignés seront définis en commun par le Préfet et le Procureur de la République. J'attends beaucoup de cette structure à vocation interministérielle car il est indispensable de réunir l'ensemble des compétences pour agir en profondeur sur ces phénomènes.

Les GIR ont déjà fait leurs preuves. En métropole, depuis leur création, ils ont participé a plus de 2 100 affaires, conduisant  au placement en garde à vue de près de  15 000 personnes, saisissant plus de  1500 armes, 5 tonnes de résine de cannabis, 86 kilos d'héroïne, 56 kilos de cocaïne et l'équivalent de près de  48 millions d'euros.

Je demande également aux services de police et de gendarmerie d'intensifier leur action dans ces trois  domaines, ainsi qu'en matière de lutte contre les stupéfiants. Je ne reviens pas sur les objectifs chiffrés que le Préfet vient de fixer.

Je te confirme également, mon cher Léon, l'affection à Saint Laurent du Maroni de neuf militaires supplémentaires de la gendarmerie dans les mois qui viennent.

J'ai demandé, par ailleurs, au Directeur général de la gendarmerie de renforcer le Groupe des pelotons mobiles qui dispose de savoir-faire particuliers. Ce sont ainsi 14 sous-officiers supplémentaires qui seront très rapidement affectés. En outre, d'ici septembre sera activé un Centre opérationnel de la gendarmerie. Celui-ci sera en liaison permanente avec le centre d'information et de commandement  de la police mais aussi avec le centre opérationnel de défense, chaque fois que le Préfet aura décidé de son ouverture. Ceci va contribuer à améliorer, de jour comme de nuit, la coordination des interventions sur le terrain.

Au plan immobilier, la gendarmerie entreprend, à ma demande, les démarches pour installer à Matouri une brigade. Cela permettra ainsi aux gendarmes qui partent aujourd'hui de Cayenne et dans le meilleur délai mettent une vingtaine de minutes pour se rendre sur les lieux de leurs interventions, d'être immédiatement à pied d'œuvre.  Des procédures rapides seront engagées pour que la nouvelle brigade puisse ouvrir ses portes courant 2008. Mais, sans attendre, je demande au Préfet de rechercher, auprès de la municipalité, des locaux pouvant être mis gracieusement à disposition pour ouvrir un poste provisoire.

J'avais demandé au Préfet, dans l'attente de l'arrivée en 2007 d'un hélicoptère bi-turbine de la gendarmerie aux capacités supérieures à celles de l'actuelle machine, de recourir à la location d'un hélicoptère privé adapté, pour intensifier les opérations de surveillance et d'intervention, en particulier dans les secteurs difficiles d'accès. C'est désormais chose faite.

Pour renforcer la lutte contre l'immigration irrégulière, il est aussi indispensable de développer les relations avec les pays voisins. Lutter contre les clandestins, c'est les empêcher de pénétrer sur notre territoire, les reconduire dans leur pays d'origine le cas échéant, conclure des accords internationaux afin de tarir la source. Je veux m'attarder avec vous sur ce  point.

Dès l'automne dernier, pour la première fois, il a ainsi été possible grâce à une volonté réelle d'avancer sur ces questions et de reconduire dans leur pays des ressortissants Guyaniens, ce qui n'avait alors jamais été fait.  Il faut continuer, quels que soient les obstacles réels ou supposés qui sont parfois invoqués pour ne pas agir.

Dans le même  esprit, j'ai voulu également que l'on intensifie notre coopération avec les autorités du Surinam. C'est le but de l'accord  que je vais signer avec Monsieur Santokhi, Ministre de la police et de la justice du Surinam. Nous pourrons  désormais effectuer des patrouilles mixtes de gendarmes ou policiers français et de policiers  Surinamiais sur le fleuve Maroni et sur ses berges, sur une profondeur de deux kilomètres de part et d'autre. Cette disposition très pratique mettra fin au sentiment d'impunité qu'avaient jusqu'alors les délinquants dès qu'ils arrivaient sur les berges du fleuve. De même, nous détacherons prochainement, à Albina et à Saint Laurent, un agent de liaison  intégré en qualité d'observateur dans le cadre des opérations en cours.

Vous l'avez compris, Mesdames et Messieurs, nous sommes engagés dans une démarche d'excellence. Nous avançons avec pragmatisme et détermination. Nous comptons sur la mobilisation de tous. Les policiers et les gendarmes, bien sûr, à qui je demande beaucoup et sur lesquels je sais pouvoir compter mais aussi à tous les autres acteurs de la sécurité.

Cette exigence d'excellence, nous la devons aux Guyanais et nous n'avons pas le droit de les décevoir.