Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire, lors de son déplacement à Palavas-les-Flots dans l'Hérault.
Mesdames, Messieurs,
J'ai tenu à venir aujourd'hui à Palavas pour faire le point de notre dispositif de renfort dans les zones de fortes affluences estivales. Vous savez toute l'importance que j'attache au principe d'adaptabilité et de réactivité de nos services de sécurité.
La police nationale, la gendarmerie nationale et les sapeurs-pompiers doivent en permanence avoir le souci de faire évoluer leur dispositif en fonction de la demande de sécurité ou de secours.
En l'espèce dans notre pays, qui est je le rappelle au passage la première destination touristique au monde, nous assistons chaque été à des transferts de population importants, ce qui induit des modifications fortes de la demande de protection et de sécurité. Si la sécurité est primordiale pour les Français, elle est aussi un élément fondamental de l'attractivité touristique de notre pays.
Concrètement, nous faisons en sorte au niveau national que les dispositifs de prévention des risques s'adaptent aux migrations estivales. C'est vrai dans le domaine de la sécurité routière, c'est vrai dans le domaine de la lutte contre les incendies. C'est vrai a fortiori en matière de lutte contre la délinquance où il nous faut à la fois faire face à une délinquance saisonnière sur les principaux lieux de villégiatures et éviter des phénomènes de violence urbaine dans les quartiers sensibles des grandes agglomérations.
S'agissant des actions de prévention à destination des jeunes qui habitent nos grands ensembles urbains, nos programmes habituels comme « Ville-Vie-Vacances », « opération tranquillité vacances », « centres de loisirs pour la jeunesse », « opération prévention été », font désormais partie intégrante de notre panoplie d'actions et sont bien connus. Ils illustrent à leur manière le volet préventif indispensable à toute politique globale de sécurité. Vous savez l'importance que j'attache à ce volet préventif de notre action qui verra sa traduction prochaine dans un projet de loi dont la discussion débutera au sénat dès le 13 septembre. Je m'étais engagé à porter ce projet auquel je tiens, ce sera chose faite à l'automne.
Concernant les lieux de villégiature, nous mettons en place un système de renforts saisonniers qui vise à combattre la délinquance et renforcer les moyens de secours pour assurer la sécurité de nos concitoyens sur les plages, en montagne, bref là où ils se trouvent. Ce sont plus de 5200 policiers et gendarmes supplémentaires qui assurent ces missions de police générale et de sécurisation durant les mois de juillet et août.
Mais ces chiffres globaux très importants ne doivent pas occulter une réalité de terrain fondée sur une complémentarité des moyens mis en œuvre et une synergie avec l'ensemble des acteurs locaux qu'il s'agisse des élus et en particulier des maires et de leurs services, des services départementaux, hospitaliers, de transports et de voiries, des polices municipales ou des sociétés de secours…
En fait et on le mesure parfaitement ici à Palavas où la population passe de moins de 10.000 habitants en temps normal à près de 100.000 en haute saison, ce sont tous les acteurs de la sécurité intérieure qui se mobilisent pour faire en sorte que les moments de loisirs et de détente des français se passent dans les meilleures conditions pour tous.
Je remercie donc tous ceux ici présents qui depuis plusieurs mois ont préparé minutieusement cette saison estivale et qui tout au long de cette saison sont sollicités, de jour comme de nuit, pour répondre, souvent dans l'urgence, à des demandes de la population.
Dans le département de l'Hérault, qui voit sa population quasiment doubler pendant les mois d'été, le dispositif estival se traduit par l'arrivée de près de 300 policiers et gendarmes et 400 pompiers qui viennent en renfort de leurs collègues territoriaux. Naturellement, ces renforts, sous le contrôle du Préfet, sont répartis de façon la plus judicieuse possible pour couvrir dans l'espace et le temps les demandes multiples de sécurité de toute nature. Il faut une analyse fine et actualisée des situations si l'on veut peser sur le cours des choses.
Si l'on observe l'évolution de la délinquance dans le département de l'Hérault entre 2004 et 2005 durant la période de juin à septembre inclus, on constate une baisse de la délinquance générale de 3,7%, soit 1133 faits de moins, et une baisse de la délinquance de vois publique de 4,77%, soit 807 faits de moins. Ce sont, mesdames et messieurs, autant de victimes en moins. Il faut continuer dans cette direction.
Les moyens que nous avons vus il y a quelques instant sur la plage illustrent bien la diversité et la complémentarité recherchées. Nous devons faire de la prévention, de la dissuasion et aussi avoir une capacité de réaction immédiate pour éviter que des situations ne dégénèrent. Nous devons aussi mettre un terme au plus tôt aux agissements des individus qui ne viennent pas ici pour se détendre mais pour empoisonner la vie des autres.
La sécurité, c'est aussi celle des vacanciers dans leurs occupations de loisir. La baignade ou les randonnées ne sont pas sans danger. Les déplacements en voitures ou en deux roues peuvent aussi, en période de forte circulation, être l'occasion de risques accrus d'accident. Je suis donc convaincu de l'importance des campagnes invitant à la prudence, rappelant les mesures parfois toutes simples de vigilance mais qui font leur preuve. Les vacanciers dans leur immense majorité sont attentifs à ces consignes et il ne faut rien négliger en la matière.
Les maires, qui parmi leurs nombreuses responsabilités, ont en charge la sécurité des plages et plans d'eau disposent pour faire face à cet accroissement d'activité saisonnière d'une panoplie de moyens. Parmi ceux-ci, et par voie de convention, les maires peuvent recourir aux maîtres nageurs sauveteurs des CRS ou de la SNSM, aux plongeurs et sauveteurs aquatiques des services d'incendie et de secours. Pour répondre à ces demandes, ce sont notamment plus de 1200 sapeurs-pompiers volontaires saisonniers qui sont recrutés chaque année par 11 départements côtiers. C'est un effort remarquable.
Dans l'Hérault, concrètement ce sont donc 342 nageurs sauveteurs, sapeurs-pompiers, CRS, employés saisonniers des communes qui contribuent à la surveillance des plages et baignades. Sur la seule commune de Palavas, 8 postes de secours totalisant 23 sauveteurs aquatiques assurant la sécurité des estivants.
Les feux de forêts constituent un autre risque saisonnier qui affecte d'abord nos régions les plus méridionales. Le week-end dernier encore, six militaires des unités d'intervention de la sécurité civiles ont été gravement brûlés alors qu'ils luttaient contre un feu vers Calenzana en Haute-Corse. Je n'ai pas oublié non plus l'accident de l'avion bombardier d'eau léger loué par le SDIS dans lequel le pilote a perdu la vie. C'était le 14 août 2005 à Valras-plage.
Cela m'amène naturellement à insister sur l'importance des mesures de prévention . Dans le département de l'Hérault, elles sont bien intégrées par l'ensemble des acteurs. Le débroussaillage y est pratiqué avec rigueur et l'urbanisme prend bien en compte ce risque. Les résultats en témoignent avec seulement 260 ha de surfaces brûlées en moyenne chaque année.
Si ce département est marqué par une forte affluence saisonnière, il connaît également tout au long de l'année une activité soutenue en termes de sécurité. Depuis le début de l'année j'observe que la délinquance générale est stabilisée (+0,46%) mais que la délinquance de voie publique régresse de manière significative (-4,06%). En zone de police la délinquance a été mieux contenue ces derniers mois que dans la zone relevant de la gendarmerie, qui a souffert de la diminution de la présence de forces mobiles en sécurisation, diminution liée aux besoins exprimés dans le même temps en matière d'ordre public au niveau national mais aussi au niveau départemental du fait de la crise qui affecte le monde viticole.
J'espère que dans les mois à venir le climat social dans notre pays sera plus apaisé que celui que l'on a connu depuis l'automne dernier et que les forces mobiles de sécurité (CRS et gendarmes) pourront de nouveau apporter un concours significatif en matière de sécurisation.
Le dispositif de renfort mis en place à Palavas est représentatif de ce que l'on retrouve un peu partout sur le littoral méditerranéen mais aussi sur les autres façades maritimes. Mais la commune de Palavas se distingue pour avoir également été concernée en septembre 2003 par une mesure de redéploiement entre la police et la gendarmerie.
Je rappelle que j'ai voulu conduire ces redéploiements pour donner une meilleure cohérence à nos territoires en matière de répartition des forces afin d'optimiser l'emploi de nos moyens et au final bien entendu améliorer le servie rendu aux Français.
Dans l'Hérault j'ai agréé les propositions qui consistaient à faire passer en zone de police des communes limitrophes des villes de Montpellier et de Béziers car elles étaient dans le même bassin de délinquance. A l'inverse, il était également cohérent que les communes de Pézenas et Palavas, situées au cœur de la zone gendarmerie lui soient rattachées.
Je vous remercie tout particulièrement Monsieur le Maire pour avoir partagé cette logique et apporté votre contribution à cette réforme, notamment au travers de la construction d'une nouvelle brigade. Celle-ci est d'une grande fonctionnalité, très bien située au plan opérationnel, regroupe l'ensemble des personnels, ce qui améliore leur disponibilité et réduit les délais d'interventions. J'ajoute que les gendarmes et leurs familles ont conscience de bénéficier d'un cadre de vie particulièrement soigné et cela ne peut avoir que des effets positifs.
Pendant la période estivale la brigade voit ses effectifs passer de 15 à 22. Dans le même temps elle active un poste provisoire à l'effectif de 14 à Carnon, tandis qu' un détachement de surveillance et d'intervention à l'effectif de 16 est spécialement constitué pour intervenir sur ce secteur. Ainsi au total, on passe de 15 à 50 militaires pour répondre en période d'affluence aux besoins de sécurité. J'ajoute que la brigade dispose en outre d'un concours de réservistes qui équivaut pendant l'été à un renfort quotidien de trois personnels supplémentaires. La réponse de l'Etat me semble à la hauteur des enjeux.
Cet effort est d'autant plus nécessaire que près de la moitié de la délinquance constatée à Palavas se concentre sur la période estivale. Cette délinquance est pour l'essentiel une délinquance importée liée à de petites bandes organisées ou des voyous qui profitent de l'affluence pour se livrer aux prédations traditionnelles. La vie nocturne s'accompagne aussi, comme en tout lieu festif et animé, de risques d'altercations et de coups et blessures ainsi que de nuisances. Il est donc primordial d'être à tout moment en capacité de dissuader les éventuels fauteurs de troubles.
Vous l'avez compris, Mesdames et Messieurs, la paix et la tranquillité des zones connaissant une forte affluence saisonnière est pour moi une priorité et un défi à relever. Pour cela il faut certes des moyens et une capacité d'adaptation de nos institutions. Il faut également un esprit d'équipe et de partenariat avec les collectivités locales et l'ensemble des autres intervenants. Il faut enfin et surtout des hommes et des femmes décidés qui ont compris le sens de leur mission et qui s'engagent. Je suis heureux de constater qu'à Palavas, comme dans les autres stations du littoral français nous pouvons compter sur de tels hommes et de telles femmes.