17.09.2005 - 112 ème congrès national des sapeurs-pompiers de France

17 septembre 2005

Intervention de M. Nicolas SARKOZY, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire, lors du 112ème congrès des sapeurs-pompiers de France, à Bourges


Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Mon premier message est de vous présenter les regrets du Président de la République.

De longue date, il était convenu qu'il se rendrait à votre congrès. Vous savez tous les raisons de son absence, et nous lui présentons respectueusement nos vœux les plus chaleureux de complet et rapide rétablissement.

Il connaît bien les sapeurs-pompiers. Et il ne manquera pas de saisir d'autres occasions de contact direct avec vous.
Quant à moi, me revoilà parmi vous pour un nouveau congrès, et j'en suis particulièrement heureux.

Un congrès national des sapeurs-pompiers, cela ne s'oublie pas, tant en raison de la franchise des échanges, que d'une réelle convivialité.

Et le 112ème est bien dans lignée des précédents.

Merci donc de votre accueil de ce matin et de cette inauguration très réussie.

Elle est conforme à ce qu'il y a de meilleur dans la profession : j'ai vu des matériels de pointe, traduisant en permanence votre souci de l'amélioration technique, souvent en liaison avec des partenaires privés, mais j'ai surtout rencontré des hommes et des femmes de conviction.

Vraiment je suis heureux d'être ici.

En trois mois, depuis mon retour au ministère de l'Intérieur, notre dialogue a repris de façon particulièrement dense :

J'ai eu personnellement différents entretiens avec vos représentants, dont deux avec le bureau de votre Fédération, un autre avec les syndicats, huit déplacements inopinés en province pour vous soutenir, soit en pleine action (j'étais encore dans le Gard il y a moins d'une semaine), soit pour me recueillir avec vous dans les moments de deuils.

Car, volontaires et professionnels, vous n'avez pas été épargnés :

Depuis le début de l'année, 18 morts dans les rangs des sauveteurs, dont 14 sapeurs-pompiers, et parmi ces 14, 12 volontaires, dont hélas la première femme.

Je vous propose que nous observions une minute de silence en mémoire de leur sacrifice en y associant les 4 pilotes de la sécurité civile, eux aussi victimes de leur devoir.

Merci.

Je dois dire aussi que l'une de mes fiertés a été de présider votre grand rassemblement à Paris, le 17 juin dernier, à l'Arc de Triomphe, en clôture des journées de la sécurité civile, et de vous recevoir place Beauvau, dans une atmosphère détendue.

Chaque département représenté par son drapeau et sa garde, sur les Champs-Elysées et à l'Etoile, cela a du sens et notre société, j'en suis persuadé, a besoin de tels symboles républicains, de symboles forts. La population massée le long des Champs-Elysées en a apporté la preuve en accompagnant ce défilé par ses applaudissements nourris.

Votre profession a aussi besoin de notre attention soutenue pour ce qui concerne son statut.
Et tout d'abord, pour tout ce qui est lié à votre propre sécurité, c'est un souci primordial, essentiel, car je le dis sans détour le danger auquel vous êtes confrontés ne doit pas vous exposer à l'issue fatale.

Bien sûr, nous n'écarterons jamais complètement la fatalité. Mais ensemble, nous avons le devoir de la réduire pour que vous rentriez à la maison, avec vos familles, qui déjà si souvent acceptent votre engagement, acceptent votre double vie, acceptent les longues heures passées en formation d'abord, en opération ensuite.

A ma demande, tous les services départementaux d'incendie et de secours ont pris à bras le corps les questions de sécurité ; je leur demande de poursuivre inlassablement, d'être inventif, d'écouter les propositions de chacun de leurs sapeurs-pompiers.

Je crois beaucoup en l'initiative individuelle ; il faut qu'elle soit encouragée dans le domaine de la sécurité qui est l'affaire de tous.

Au niveau du Ministère de l'Intérieur, le bureau « prévention-enquêtes accidents » de la direction de la défense et de la sécurité civiles prend son plein essor depuis sa récente création.

J'en profite d'ailleurs pour dire que sous l'impulsion de Christian de LAVERNEE, c'est l'un des vôtres qui a mis en œuvre les premières enquêtes de cette nouvelle structure.

Il a accompagné les premiers pas de ce bureau « prévention-enquêtes accidents », . Depuis je l'ai nommé à mon cabinet, c'est dire l'esprit dans lequel il exerce ses fonctions auprès de moi.

Autre souci, pour ce sujet essentiel de la sécurité :

Sur les 14 sapeurs-pompiers morts en service, 4 sont décédés des suites d'un malaise.
Il nous faut réfléchir ensemble, sans tabou, sur les conditions d'engagement et sur les risques physiques possibles.

D'ores et déjà, l'arrêté du 6 mai 2000 a été actualisé au terme d'une concertation poussée avec votre Fédération, les représentants des services départementaux d'incendie et de secours, et des médecins-chefs.

Il faut bien distinguer deux choses :
l'aptitude médicale stricto sensu d'une part, et la condition physique d'autre part.

Il faut, dans les services départementaux d'incendie et de secours, que les suivis médicaux soient très attentifs à telle ou telle baisse de forme, quitte, je le dis avec sincérité, car cela peut nous arriver à tous, à préserver parfois les hommes contre la confiance qu'ils ont eux-mêmes dans l'appréciation de leur forme physique.

Je le dis, en employant les termes de votre métier : il n'est pas question de « décaler » si la forme physique et mentale n'est pas au rendez-vous ce jour là. Cela peut arriver à tout le monde. À cause de la dangerosité de votre métier, il faut exclure tous les facteurs de risques personnels au moment où vous allez être confrontés à l'intervention, surtout si elle est difficile et qu'elle amène au stress que les médecins connaissent bien.

Mon propos est celui du chef qui veut que ses hommes reviennent à la maison le soir !

Deuxième point sur lequel je veux insister :

La reconnaissance du volontariat.

Nous avons besoin de nombreux volontaires. La fin des conflits Est-Ouest a permis de réduire le format des armées et de suspendre la conscription. En même temps les évolutions  climatiques et les mutations technologiques augmentent les risques et nécessitent des capacités de réponse accrues en cas de crise de sécurité civile. Les sapeurs-pompiers sont devenus la première armée de France avec 245 000 hommes, dont 208 000 volontaires !

Et les 208 000 volontaires ont des attentes. A ce stade il me faut reconstituer la petite histoire de la reconnaissance et de la fidélisation, car c'est une vielle et forte attente de votre part.

Depuis de nombreuses années les sapeurs-pompiers volontaires espéraient un signe fort de reconnaissance et une augmentation de leur allocation de vétérance.

Le message qui prédominait  alors était d'obtenir des trimestres sur l'âge de la retraite professionnelle en fonction du nombre d'années passées en qualité de sapeurs-pompiers volontaires.

Ce vœu a perduré longtemps, jusqu'au début des travaux relatifs à l'avantage retraite. A ce moment la profession s'est aperçue qu'il n'était pas possible de l'exaucer, et cela pour deux raison : du fait du nombre des différentes caisses de retraite des SPV, d'une part et d'autre part que ce système ne s'appliquait qu'aux salariés.

J'ai affirmé mon souhait d'instituer un avantage retraite lors de la remise du rapport FOURNIER le 31 mars 2003 au siège de la FNSPF, puis au congrès national des sapeurs-pompiers à Bourg en Bresse. Le rapport de la mission sur le volontariat préconisait une augmentation de l'allocation de vétérance pouvant aller jusqu'à 150 € par mois.

Les réflexions des groupes de travail qui ont élaboré ce nouveau système ont conduit à la création de la prestation de fidélisation et de reconnaissance avec l'objectif affiché de 1800 euros par an pour tout sapeur-pompier ayant 35 ans et plus d'ancienneté, avec une ouverture des droits après 20 années de service pour offrir à 55 ans une rente annuelle minimale de 450 euros.

Ainsi, le régime est calculé pour que chaque nouveau quinquennat de service améliore la rente, rente que peut encore faire fructifier le sapeur-pompier volontaire lui-même en fonction du  produit de ses propres cotisations.

La loi portant modernisation de la sécurité civile a créé la prestation de fidélisation et de reconnaissance (PFR), mais son mécanisme complexe exigeait un décret attendu de tous ; c'est fait. Il figure dans les pages du journal officiel de ce mercredi 14 septembre. C'est encore une promesse tenue.

Je me félicite du concours apporté par votre fédération dans l'élaboration du dispositif de la PFR, processus où les associations d'élus ont également pris une part très active.

Ce mécanisme nécessitait la création d'une association nationale des SDIS pour en assurer la maîtrise d'ouvrage : C'est fait depuis le 17 mai dernier.

La contractualisation avec un organisme assureur et gestionnaire était également nécessaire.

Toutes les conditions sont aujourd'hui réunies et votre prestation de fidélisation et de reconnaissance prend effet dès cette année. L'État, comme les SDIS y consacreront chacun 20 millions d'euros. Ça c'est pour 2005. Pour 2006, la PFR coûtera 60,3 millions d'euros et d'ores et déjà, je vous assure que l'État a inscrit sa participation dans le projet de loi de finance à hauteur de 30 millions d'euros.

Pour passer de l'allocation de vétérance à la PFR, il a fallu imaginer un dispositif transitoire qui s'applique aux sapeurs-pompiers volontaires totalisant plus de 20 années de service au 1er janvier 2005. Ceux-ci ont droit en outre, à l'allocation de fidélité.

L'objectif que j'avais annoncé en 2003, puis appuyé au ministère des finances en 2004 est atteint en 2005, respectant ainsi l'échéancier que je m'étais fixé, tout en respectant les conclusions du rapport FOURNIER.

Parallèlement à ces travaux relatifs à la PFR, j'ai missionné deux enquêtes relatives à la disponibilité des sapeurs-pompiers, préalables à un groupe de travail quadripartite relatif à la disponibilité des SPV. Une mission conduite par le préfet O'MAHONY relative aux employeurs publics et grands services de l'Etat et une autre mission  confiée à l'inspection générale de l'administration relative aux employeurs privés.

Le groupe de travail m'a remis courant août son rapport.
De nombreuses propositions y figurent. Il y est rappelé notamment l'importance des observatoires départementaux, non pas pour des réunions systématiques mais pour régler les problèmes de disponibilité des SPV, lorsqu'ils existent, avec leurs employeurs.

La création des bureaux du volontariat est préconisée dans tous les départements. La direction de la défense et de la sécurité civiles, lors de sa restructuration en 2004-2005, a anticipé cette conclusion en créant un bureau du volontariat, des associations et des réserves communales, dirigé par l'un des vôtres, en conformité avec la loi n° 2003-811 relative à la modernisation de la sécurité civile.

Les employeurs qui comptent dans leur effectif des sapeurs-pompiers volontaires attendaient aussi un geste fort des pouvoirs publics. On se devait de récompenser et valoriser  l'acte de civisme de  l'employeur  qui favorise le volontariat. J'ai obtenu du ministre du budget que les entreprises qui mettent à disposition des SDIS des salariés pompiers-volontaires pour intervenir pendant les heures de travail, tout en maintenant leur rémunération, bénéficient des dispositions de l'article 238 bis du code général des impôts relatives au mécénat.

Il est désormais admis que la mise à disposition par une entreprise de salariés sapeurs-pompiers volontaires pendant les heures de travail à titre gratuit au profit des SDIS, organismes d'intérêt général au regard de l'article 238 bis précité, constitue  un don en nature ouvrant droit à réduction d'impôt égale à 60% de leur montant dans la limite de 5°/00 du chiffre d'affaires.
Enfin, en ce qui concerne la formation, une concertation entre le ministère de l'intérieur, le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et les organisations professionnelles représentatives des sapeurs-pompiers d'entreprise a permis d'aboutir en juillet 2002 à la création d'une mention complémentaire sécurité civile et d'entreprise.

L'un des objectifs de la mention complémentaire est de valoriser le travail des sapeurs-pompiers volontaires auprès de leurs employeurs.

Cette mention est classée au niveau V de la grille interministérielle des niveaux de formation.

Lors du congrès des sapeurs-pompiers qui s'est tenu en septembre 2002 à Martigues, l'engagement était pris que la démarche engagée devait se poursuivre jusqu'à la mise en place d'un baccalauréat professionnel, diplôme de niveau IV.

La validation des acquis permettra aux sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ayant suivi la formation de chef d'équipe SPP (grade de caporal au moins) d'obtenir le Bac pro par équivalence, sous réserve de validation de l'ensemble des modules composant l'examen du Bac pro.

Ce diplôme permettra de valoriser le SPV au sein de son entreprise.

L'ensemble des travaux que vous avez accompagnés, M. le président, fera l'objet d'une charte que je vous inviterai à signer avec les employeurs publics et privés le mois prochain. Nous pourrons créer par cet accord le label « entreprise » ou « administration partenaire des sapeurs pompiers », pour permettre à tous les employeurs qui s'engagent au service du volontariat dans une convention avec le SDIS, d'afficher de façon officielle la reconnaissance de leur civisme.

Pour les sapeurs-pompiers professionnels, je veux vous répondre, Monsieur le Président, sur la fin de carrière car vous exprimez là un véritable problème, et je n'éluderai pas la question, si difficile soit-elle à résoudre.

Le décret et la circulaire relatifs au projet de fin de carrière sont sortis.

Mais, au-delà de ce nouveau dispositif, une discussion s'est ouverte demandant un déplafonnement des bonifications allant jusqu'à  7 ans pour 35 ans de carrière.
Pour bien situer le débat, il faut, très objectivement, regarder ce qui se fait à côté, c'est-à-dire ce qu'il en est chez les autres personnels actifs du public ou du privé.

Il faut aussi regarder ce que cela coûterait :
En ce sens, je demande que le déplafonnement des bonifications soit objectivement évalué, que l'on mesure l'impact que cela aurait tant  pour la CNRACL que pour la cotisation supplémentaire qui serait payée par le SDIS-employeur et le sapeur-pompier lui-même.

Sincèrement, dans le contexte actuel, mais surtout futur, je ne pense pas que l'augmentation du nombre d'annuités bonifiées soit une voie d'avenir.

Par contre, je souhaite explorer avec vous des formules plus innovantes et sans doute plus faciles à pérenniser, telles que celle du compte épargne temps. Cette solution qui rencontrera des opposants, il ne faut pas se le cacher, pourrait permettre à des sapeurs-pompiers professionnels de conduire une activité plus soutenue notamment en début de carrière. Travailler plus quand on est jeune et en bonne santé, travailler moins lorsqu'on avance en âge et partir plus tôt parce qu'on a pu capitaliser  avant.

J'invite ceux qui le souhaitent à être imaginatifs, et je reste très ouvert aux propositions qui pourraient m'être exprimées par l'intermédiaire de votre bureau fédéral et par les syndicats.

Enfin, d'autres chantiers statutaires sont portés par la Fédération et les syndicats :

Je les soutiens, qu'il s'agisse par exemple des cadres infirmiers et des majors.

Sur les infirmiers de sapeurs-pompiers professionnels d'abord :

À la suite d'un rapport d'orientation présenté par mon prédécesseur lors de la réunion de la conférence des services d'incendie et de secours du 17 mars dernier, un groupe de travail associant la Fédération et les organisations syndicales a participé à l'élaboration d'un projet de décret portant création du cadre d'emplois spécifique d'infirmiers de sapeurs-pompiers professionnels d'encadrement en catégorie A. Il s'agit d'une mesure nécessaire et vous pouvez compter sur ma détermination pour défendre ce projet auprès des autres ministères concernés. La conférence nationale des services d'incendie et de secours et le conseil supérieur de la fonction publique territoriale seront consultés en fin d'année, étapes indispensables avant la procédure d'adoption de ce décret.

Sur les majors :

Sur la base du diagnostic établi par le colonel Gérard COURTOIS, lorsqu'il était chef de l'inspection de la défense et de la sécurité civiles, un travail de concertation a été initié en associant votre fédération et les organisations syndicales.

Il est urgent de préciser les fonctions occupées par les majors en confortant ce cadre d'emplois.

Il importe que les sous-officiers expérimentés puissent avoir accès à ce grade d'officier qui ne doit pas les détourner de leurs fonctions opérationnelles mais au contraire leur donner l'occasion de faire profiter les plus jeunes de leur expérience.

Une prochaine réunion de travail aura lieu à la direction de la défense et de la sécurité civiles le 11 octobre 2005 pour avancer sur ce dossier.

Je demande à Christian de LAVERNEE de me tenir informé des résultats.

Je veux exprimer enfin ma satisfaction concernant les services départementaux d'incendie et de secours.

En effet, la relation étroite qui existe depuis toujours entre les élus locaux et les sapeurs-pompiers avait connu quelques turbulences qui s'étaient manifestées lors de l'examen de la loi relative à la démocratie de proximité. Les élus aiment les pompiers. Ce qu'ils n'aimaient pas à l'époque, c'était l'impression que l'Etat se moquait d'eux. Ils estimaient que l'Etat prenait toutes les décisions en laissant aux collectivités locales le soin d'en assumer la responsabilité financière.

C'est pourquoi, lors du congrès d'octobre 2003, l'ADF avait été jusqu'à souhaiter une étatisation des services d'incendie et de secours.

La loi de modernisation de la sécurité civile a confirmé la départementalisation engagée en 1996. Elle maintient à ce titre l'établissement public départemental tout en confortant la responsabilité du département.

Cependant, il a paru indispensable d'instaurer un meilleur dialogue entre les services de l'Etat, les élus locaux et les sapeurs-pompiers.

C'est ainsi que dès la fin 2003, le dialogue a repris entre les élus et l'Etat au plus haut niveau, et c'est dans ce but que la conférence nationale des services d'incendie et de secours a été créée par l'article 44 de la loi de modernisation de la sécurité civile d'août 2004.

Désormais, tous les projets de loi ou de décret, toutes les mesures nationales concernant les missions, l'organisation et le financement des services départementaux d'incendie et de secours lui sont obligatoirement soumis avant leur adoption.

Cette conférence, tripartite puisqu'elle réunit les élus, les représentants des sapeurs-pompiers et les représentants de l'Etat, constitue l'instance de pilotage et de concertation qui nous manquait.

Cette conférence, installée le 16 décembre 2004, s'est réunie
4 fois et a rendu un avis sur 9 projets de textes réglementaires.

Elle est présidée depuis le 25 mai par le sénateur Eric DOLIGE  qui a su donner à cette conférence toute sa dimension d'instance de concertation et de dialogue. Je le remercie de la finesse et de l'expérience qu'il a déployées pour garantir à chaque collège la possibilité de s'exprimer dans le pluralisme.

La CNSIS est désormais une instance de concertation reconnue qui a un fonctionnement régulier.

C'est bien pour vous - vous avez maintenant des interlocuteurs représentant les élus. C'est bien pour les collectivités territoriales - elles peuvent contrôler ce qu'elles auront à payer. Et donc c'est très bien pour l'État - qui peut jouer sans complexe son rôle dans le pilotage national des SDIS.

Quant au dossier financier, il ne doit plus empoisonner les relations élus – sapeurs-pompiers.

Le financement des secours est bien clarifié par la loi du 13 août 2004.

Le fonds d'aide à l'investissement des SDIS a été doté initialement de 45 millions d'euros en autorisations de programme et crédits de paiement en 2003. Il a fait l'objet depuis d'abondements de ce niveau annuel pour favoriser les programmes nationaux exceptionnels comme le passage des transmissions des SDIS sur une infrastructure partagée avec les policiers, et partageable avec les autres services concourant à l'organisation des secours.

A cet égard, il convient de préciser que j'ai dû intervenir auprès de Bercy afin d'obtenir l'annulation des gels qui devaient frapper le FAI.

C'est ainsi que le programme normal de 2005, soit 46,9M€ vient d'être notifié aux préfets de zones de défense, et les crédits correspondants seront délégués aux préfectures aussitôt que les zones de défense feront connaître le montant de la subvention attribuée à chaque SDIS.

Je m'engage à ce que le montant 2006 du FAI respecte ce niveau de base, c'est-à-dire 45 M€ au minimum, et que les engagements pris par l'Etat soient financés par surcroît.

La loi n° 2004-811 du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile a apporté d'importantes modifications aux modalités de financement et d'organisation des SDIS.

La suppression des contributions communales, à compter du 1er janvier 2008, conduit à faire du département, à terme, l'unique contributeur des SDIS.

Aussi, afin de soutenir les conseils généraux, qui fixent désormais librement leur contribution à ces établissements publics, et de contribuer à couvrir les dépenses des SDIS tant en fonctionnement qu'en investissement, la loi de finances pour 2005 a attribué à chaque département une fraction du produit de la taxe sur les conventions d'assurance automobile, en contrepartie du prélèvement d'un montant équivalent de la dotation globale de fonctionnement.

L'attribution de cette ressource dynamique et évolutive, auquel s'ajoute l'abondement de la DGF pour financer la PFR, constituent la base du pacte politique et financier passé entre l'Etat et les représentants des élus locaux.

Ce pacte a permis d'éviter l'étatisation des SDIS.

Mais la participation de l'État va au-delà.

Les communes conservent la responsabilité de l'organisation et du financement du soutien direct aux populations et du retour immédiat à la vie normale, tandis que les SDIS prennent en charges les opérations directement imputables aux opérations de secours menées dans le cadre de leurs missions. Pour sa part, l'Etat prend à sa charge, au sens de l'expression de la solidarité nationale, le coût des moyens de renforts organisés par les SDIS au profit d'un autre département et la mise en œuvre des moyens nationaux, dès lors qu'ils auront été mobilisés par le représentant de l'Etat dans le département.

Il ne faut pas oublier que la loi offre également d'autres potentialités, comme la possibilité de mutualiser certaines acquisitions pour lutter contre des risques communs à plusieurs départements ou certaines activités comme la formation par exemple. C'est l'objet même des établissements publics interdépartementaux d'incendie et de secours (EPIDIS). Leur gestion par un conseil d'administration représentatif de chaque SDIS participant peut être une source d'économie non négligeable. J'attends, non sans impatience, ceux qui voudront bien faire le premier pas.

Vous avez aussi attiré mon attention sur l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers, Monsieur le président.

Je rappelle que l'Etat contribue au financement de cette école à hauteur de 6,3M€. La prise en charge de la formation des officiers de sapeurs-pompiers et des charges salariales relatives aux élèves officiers, sera désormais assurée par le CNFPT moyennant une surcotisation des SDIS qui ne pourra en aucun cas excéder 2%.

Ainsi, qu'il s'agisse des SDIS, des colonnes de renfort ou de l'ENSOSP, la responsabilité des financements est désormais clairement établie. Cette clarification permet une concertation plus facile entre les acteurs.

Je reviens un instant sur l'Ecole Nationale Supérieurs des Officiers de Sapeurs-pompiers. Le transfert de cette école à Aix en Provence est en bonne voie. Je connais les craintes exprimées par les agents qui ont à subir cette délocalisation. Les sapeurs-pompiers mis à disposition de l'école étaient les plus inquiets car les textes régissant les délocalisations ne les concernent pas directement. Je peux, aujourd'hui, les rassurer. L'arrêté portant agrément de cette opération de délocalisation a été signé par les représentants des ministères concernés le 13 septembre. Il étend aux personnels titulaires et contractuels de l'ENSOSP, quel que soit leur statut, l'indemnité spéciale de décentralisation, l'allocation à la mobilité des conjoints et le complément exceptionnel de localisation en province.

En conclusion de mon propos, je veux resituer le rôle des sapeurs-pompiers de façon plus globale par rapport aux attentes de la population.

Car, il est parfois un peu facile pour certains de faire porter la critique sur telle ou telle action des sapeurs-pompiers.

En effet, la sécurité civile est aussi l'affaire de tous. Le citoyen ne peut pas ou ne peut plus se dédouaner.

Certes, il y a les spécialistes que vous êtes. Mais dans une acception moderne du concept de sécurité civile, vous  ne pouvez être seuls, vous devez être épaulés, sur tout ce qui n'est pas le cœur de votre métier.

L'information préventive, la diffusion des recommandations de comportements, l'alerte puis le soutien aux sinistrés relèvent de la compétence du maire. Il faut développer les plans communaux de sauvegarde et les réserves communales de sécurité civile. Si on y parvient, les sapeurs-pompiers pourront se consacrer à la lutte et aux secours, et compter sur d'autres pour soutenir la population après des inondations par exemple.
Votre métier est suffisamment complexe pour que les genres ne soient pas confondus.

Je le dis clairement : même s'il est très utile, et peut-être même nécessaire, un comité feux de forêt n'a pas le même rôle qu'un centre d'incendie et de secours. Surveiller les massifs forestiers, alerter, guider les renforts ou apporter aux pompiers des bouteilles d'eau, c'est très utile, mais cela ne justifie pas d'engager dans la lutte des gens qui n'ont pas la formation et l'encadrement pour cela. Cela justifie encore moins qu'on les dote d'engins de lutte contre les feux de forêts avec lesquels des hommes non formés vont prendre des risques inconsidérés. Je demanderai aux préfets d'y veiller.

De même, il faut que la culture du risque progresse, et ce de préférence grâce aux populations les plus jeunes.

Cette action de sensibilisation est inscrite dans la loi : un groupe de travail tripartite « Education-Santé-Intérieur » a travaillé sur ces sujets.

Un décret est préparé, et sera prochainement signé, et je demanderai au ministre de l'Education que les maîtres d'école ouvrent les portes de leurs établissements aux acteurs du secours et de la prévention.

De même, je veux souligner le rôle de la radio et de la télévision. Elles sont omniprésentes sur les accidents et catastrophes. Il faut qu'elles participent aussi à la vigilance et à l'alerte, et qu'elles parlent des risques à froid, pour sensibiliser la population ; C'est pourquoi je signerai prochainement une convention avec France-Télévision, après celle que nous avons avec Radio France depuis 2004..

Je souhaite par ailleurs la reconnaissance des associations dans le dispositif de sécurité civile. Mais j'y mets deux conditions :
qu'elles soient agréées et qu'elles soient subordonnées au commandant des opérations de secours.

La réponse aux catastrophes exige la mobilisation rapide de tous les moyens publics et privés et leur coordination efficace sous une direction unique.
Le concours des moyens humains et matériels des associations de sécurité civile s'avère être en l'occurrence d'une richesse toute particulière. Le potentiel humain des grandes associations de secouristes partenaires des pouvoirs publics représente plus de 200 000 bénévoles dont plus de 50 000 équipiers-secouristes, spécialisés dans les secours à personnes en état de détresse physique ou morale, immédiatement disponibles disposant des connaissances nécessaires pour être admis au sein des équipes structurées, hiérarchisées et dotées d'un matériel adapté leur permettant de participer aux secours organisés sous le contrôle des autorités publiques.

Pour être totalement intégrées au système de secours, les associations devront conventionner avec les pouvoirs publics et les SDIS. La convention permettra de définir avec précision les circonstances, les modalités de leurs interventions et leur intégration dans la vie quotidienne du département, dans les exercices et dans les plans de secours.

Un projet de décret portant procédure d'agrément de sécurité civile a été déposé en Conseil d'Etat et fera l'objet par cette institution d'un examen le 20 septembre prochain. Il a été soigneusement concerté avec votre Fédération.

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Toute la société doit être à vos côtés.
Cela se dit, mais cela surtout se réalise :

Aussi, suis-je en mesure de vous annoncer que le Conseil national de sécurité civile sera installé en octobre ; organe indépendant, il s'attachera à éclairer l'autorité gouvernementale sur les grands choix à faire en matière de sécurité civile. Il nous apportera la transparence sur les risques et donc plus de confiance entre les autorités publiques et la population.
Il nous fera gagner en cohérence en développant l'approche interministérielle et pluridisciplinaire.
L'une des premières missions que j'envisage lui confier concerne l'organisation du secours à personne. Elle ne m'apparaît pas satisfaisante dans nombre de départements. Le conseil national de sécurité civile pourrait, dès 2006, ouvrir le débat contradictoire qui s'impose pour clarifier le rôle de tous les acteurs publics et privés.
Votre Fédération est membre titulaire de ce Conseil. Et même deux fois : comme titulaire dans le collège des acteurs du secours, et comme membre associé, au titre des services de santé et de secours médicalisé pour tout ce qui concerne le secours à personne.

Avant de conclure, je n'oublierai pas de citer l'action internationale des sapeurs pompiers. Quand je voyage à l'étranger, je suis content de parler à mes homologues ministres de l'intérieur de coopération en matière de sécurité civile, et pas seulement d'immigration ou de crime organisé. C'est tout aussi gratifiant pour nos relations, sinon plus !
Le réseau de la profession répond toujours présent aux innombrables sollicitations d'assistance technique, d'expertise, de formation : plus de 300 actions dans 60 pays différents en 2005. Vous faites rayonner la France dans un domaine très sensible, et toutes ces actions permettent de mieux comprendre les demandes d'assistance en cas de catastrophe.

Là aussi, les services départementaux d'incendie et de secours sont bien présents, puisque les sapeurs-pompiers participent réellement à de nombreuses actions humanitaires : la présence de certains d'entre vous en Indonésie, ou plus récemment en Louisiane a été le signe de votre intégration dans un dispositif de réponse française et européenne globale dans ces situations de crise.

Vous y avez pleinement tenu votre place.

Tous ces résultats tangibles que j'ai évoqués n'ont pu êtres atteints que par un fort engagement de vos représentants fédéraux, qui ont le mérite de parler d'une seule voix pour 245.000 sapeurs-pompiers répartis dans plus de 8 200 centres. J'en suis le responsable au niveau national. Il faut que je sache ce qui se passe. C'est pourquoi je vois fréquemment votre président et les membres de son bureau.
Je salue leur grande compétence qui est la garantie d'un dialogue de haut niveau avec le Ministère de l'Intérieur.

C'est parce que j'ai des interlocuteurs exigeants et informés que nos réponses aux problèmes de l'heure seront les meilleures et les plus adaptées.

D'ailleurs, le Président de la République m'a demandé d'annoncer qu'il remettrait personnellement à l'Elysée, dès la semaine prochaine, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à votre président, le colonel VIGNON.

Je souligne que par là, le Président de la République veut marquer l'attachement qu'il porte à votre profession, et à la qualité de l'engagement de chacun.

 A cet hommage, j'associe donc chacun des 245 000 sapeurs-pompiers civils. Et tout spécialement ceux qui ont pris des responsabilités dans les associations locales, et les unions départementales ou régionales. Les sapeurs pompiers savent pouvoir compter grâce à eux sur la chaleur du lien associatif et sur la qualité de l'information.

Je l'ai souvent dit : plus je vous connais, plus je partage vos valeurs.

On dit souvent que le ministre de l'Intérieur est le premier flic de France. J'en suis fier. Je serais tout autrement honoré que vous vouliez me considérer comme le premier sapeur-pompier de France.