12.07.2005 - CIAT - Pôle de compétitivité

12 juillet 2005

Intervention du ministre d'Etat, de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire - Genopole Evry (Essonne)


Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les élus, Cher Christian Blanc,
Monsieur le directeur et Cher Pierre Tambourin,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui sur le site du Génopôle d'Evry. Cette journée revêt pour moi une signification toute particulière.

Il y a quelques mois de cela, je me suis rendu dans la région de Grenoble, à Crolles plus précisément, pour lancer la politique de développement des pôles de compétitivité et annoncer le dispositif de soutien conçu à cet effet. J'étais alors ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Certains d'entre vous sans doute en ont gardé un souvenir précis puisqu'ils avaient à l'époque bien voulu faire partie de la délégation qui m'accompagnait. Pierre Tambourin, qui a la gentillesse de m'accueillir aujourd'hui, était de ceux là, et je ne l'ai pas oublié. Si ma mémoire est bonne, il y avait aussi Dominique Vernay, responsable de la recherche du groupe Thalès. Je me réjouis de voir que, l'un et l'autre, vous n'avez pas perdu une minute à votre retour pour impulser la dynamique fédératrice qui a conduit au dépôt de deux très belles candidatures au label gouvernemental de pôle de compétitivité, label attribué par voie d'appel à projets comme je l'avais préconisé. Je me réjouis de voir vos efforts et plus largement les efforts de tous ceux qui se sont joints à vous, entreprises, chercheurs, universitaires, collectivités locales, récompensés ce matin par les décisions prises en comité interministériel d'aménagement du territoire. Les pôles de compétitivité "Systém@tic " et "Méditech Santé", respectivement centrés sur les logiciels complexes et sur les biotechnologies, figurent en effet parmi les projets les plus ambitieux et les plus prometteurs distingués par le Gouvernement.

Je n'oublie pas non plus que le principal inspirateur de cette politique, Christian Blanc, était aussi du voyage. Chacun sait ici que le rapport qu'il a remis, par la clarté et la profondeur de ses analyses, a joué un rôle déterminant. Cher Christian, vous étiez venu me le présenter à Bercy. Vous m'aviez convaincu que les pôles de compétitivité pouvaient être une composante majeure de la stratégie industrielle plus volontariste que je m'employais à promouvoir. J'avais acquis la conviction que notre pays ne pouvait faire l'économie d'un socle industriel fort et compétitif, fort et compétitif parce qu'innovant. C'est parce que je ne croyais pas à la fatalité de la croissance molle, de la désindustrialisation et des délocalisations, c'est parce que j'avais confiance dans nos atouts, dans nos ressources, dans les gisements d'énergies et les capacités de mobilisation de nos forces vives et de nos territoires, que j'ai pesé de toutes mes forces pour que les réflexions et les propositions de votre rapport prennent corps dans notre politique économique et trouvent leur traduction dans les faits.

Je ne voulais pas que votre travail, si important pour la préparation de l'avenir, connaisse le sort réservé à tant de rapports pertinents : l'enlisement puis l'étouffement dans la gangue de nos pesanteurs, de nos rigidités, de nos frilosités. Il fallait passer à l'action.

La préparation du projet de loi de finances pour 2005 a été l'occasion d'amener les pôles à se cristalliser autour des mesures de soutien.

La loi rappelle de fixer les critères constitutifs d'un pôle de compétitivité, d'en rappeler la finalité, de définir une méthode et d'arrêter des mesures de soutien. Les critères constitutifs : des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation supérieure conjuguant leurs ressources et leurs compétences pour, dans un secteur d'activité et un territoire donnés, développer ensemble des projets de recherche-développement et d'innovation industrielle. La finalité : stimuler la compétitivité de notre industrie et l'attractivité de nos territoires en confortant leurs capacités à imaginer les produits, les activités et les emplois de demain. La méthode : la procédure de l'appel à projets car les synergies locales et partenariales ne se décrètent pas d'en haut. Les mesures de soutien : des aides de l'Etat et des collectivités locales, des exonérations fiscales et des allègements de charges sociales associés à la délimitation de zones de recherche-développement.

Cela n'a pris que quelques mois. Il aura cependant fallu beaucoup de volonté et d'énergie. Naturellement pour vaincre certaines réticences de l'administration. "C'est juridiquement impossible; cela ne marchera pas; nous ne disposons pas des crédits nécessaires", et même "on a déjà essayé de le faire" –on a d'ailleurs si bien essayé de le faire que personne n'en a jamais rien su. Mais il fallait aussi convaincre la Commission européenne du bien-fondé de la démarche. Il faut le dire, elle l'a vite acceptée, car la politique des pôles de compétitivité s'inscrit pleinement dans les objectifs européens fixés au Sommet de Lisbonne : renforcer le potentiel de recherche et d'innovation des économies européennes.

La journée d'aujourd'hui est donc une très bonne journée. Elle clôt avec succès une première étape décisive pour la politique des pôles de compétitivité lancée l'an dernier. La mobilisation suscitée par l'appel à projets dans tous les domaines et dans tous les territoires a été proprement extraordinaire, dépassant nos attentes les plus optimistes. Des acteurs d'horizons différents, qui n'étaient pas habitués à se rencontrer et à se parler, se sont regroupés, mettant en commun leurs savoirs, leurs savoir-faire et leurs moyens, pour élaborer des stratégies partagées et définir des projets structurants de développement. J'y vois un réel motif d'espoir et de confiance dans les capacités de notre pays. Cela révèle un formidable appétit pour l'avenir, pour l'innovation et pour la croissance. Nous nous devions d'y répondre et d'être à la hauteur de cet élan exceptionnel. C'est ce que nous avons décidé de faire lors du CIADT de ce matin. L'Etat va encourager les pôles et accompagner leurs projets. Au cours des trois prochaines années, l'Etat, les agences de recherche, la Caisse des Dépôts et Consignations et l'ANVAR mobiliseront plus d'un milliard et demi d'euros d'aides. C'est un effort considérable auquel les autres collectivités, Régions, Départements, intercommunalités, communes, ne manqueront pas de s'associer.

Mais ces aides financières ne serviraient à rien sans la qualité des partenariats que vous avez construits, ni la volonté commune de faire vivre ce réseau patiemment tissé. Les pôles franciliens dédiés à la santé et aux logiciels complexes, comme les autres pôles labellisés, ne sont pas seulement des pôles en raison de l'existence d'une concentration d'entreprises, de laboratoires de recherche, de grandes écoles et d'universités. Mais parce que ces acteurs, publics et privés, se rapprochent pour jouer en équipe et créer un milieu fertile à l'innovation. C'est avant tout la consistance des synergies et la qualité des projets que le gouvernement a tenu à distinguer.

Et dans cette optique, c'est ce qu'a fort bien mis en évidence Christian Blanc, la proximité géographique est un atout majeur. Certains diront : la proximité, les territoires, le local, c'est dépassé, les nouvelles technologies de l'information permettant de s'affranchir des distances et des délais. Eh bien ils se trompent. Pour concevoir et financer des projets communs, pour partager des technologies et des procédés sensibles, il ne suffit pas de pouvoir échanger des données en temps réel. Il faut établir des liens de confiance et connaître ses partenaires. Pour cela, la proximité physique est irremplaçable. Pourquoi certaines entreprises sont-elles prêtes à supporter des coûts supérieurs pour s'implanter dans la Silicon Valley, la City de Londres ou à proximité du MIT à Boston? Parce que lorsque les idées bouillonnent et que les compétences se rassemblent sur un territoire, c'est là qu'il faut être, même si c'est de prime abord plus cher, même si les coûts de production sont plus élevés. Parce que lorsqu'un territoire est dans un secteur donné aux avant-postes de l'innovation, on n'a pas envie de le quitter et de ne plus être dans le coup, là où les choses se jouent.

C'est tout le sens des pôles de compétitivité : favoriser l'émergence d'un cadre de confiance propice aux rencontres et aux échanges formels, mais aussi informels; créer, Cher Christian, un écosystème de la croissance.

Cela doit conduire à renouveler en partie notre approche des politiques d'aménagement du territoire. Lorsque cela se justifie, nous devons savoir rassembler et concentrer nos forces, en évitant d'affaiblir des dynamiques de polarisation dont bénéficie l'économie nationale dans son ensemble.

Cela veut dire aussi que les politiques d'aménagement du territoire ne concernent pas seulement la province. C'est aussi un enjeu majeur pour la région Île-de-France. Nous devons également avoir une vision d'avenir pour le développement de cette région qui concentre un potentiel économique et scientifique incomparable, en France mais aussi en Europe. Pourtant, les atouts de cette région sont insuffisamment valorisés et manquent de visibilité. La révision du SDRIF, le schéma directeur de la région, que l'Etat vient d'engager avec les collectivités locales, doit être l'occasion de donner un nouveau souffle et de nouvelles perspectives au développement de la première région française. Le futur schéma devra notamment intégrer les exigences liées à la mise en place des pôles de compétitivité. Ce n'est pas qu'une affaire d'aménagement foncier, d'équipements immobiliers, de dessertes en voies de communication et d'accès aux réseaux de télécommunication à très haut débit. C'est également une question de services aux personnes et aux entreprises qui participent de l'animation et de la convivialité des sites. Je pense par exemple aux logements, aux commerces, aux loisirs, aux espaces de restauration et de détente.

Car l'un des ingrédients essentiels de la réussite des pôles, c'est évidemment la qualité des conditions de vie et de travail, en même temps qu'un environnement favorable aux liens sociaux et aux échanges, un environnement conçu pour procurer aux différents acteurs des occasions de mieux se connaître, y compris en dehors des cadres institutionnels et professionnels. A cet égard, force est de constater que le Plateau de Saclay est encore largement inorganisé. La montée en puissance des pôles de compétitivité franciliens, pour produire tous ses fruits, doit aller de pair avec l'amélioration de la situation actuelle. Je sais qu'une mission de réflexion a été confiée dans ce sens à Christian Blanc. Je compte sur la DATAR et le préfet de région pour examiner avec attention vos propositions, Cher Christian, et me faire rapidement des propositions sur leur mise en œuvre, élaborées en concertation étroite avec les collectivités locales et les protagonistes des deux pôles en question.

La réussite des pôles de compétitivité et de leurs projets dépendra également de deux autres éléments importants : la pertinence de leur mode de gouvernance d'une part, la dynamisation du contexte scientifique et économique dans lequel ils s'inscrivent d'autre part.

Le mode de gouvernance tout d'abord. Je le dis avec clarté et fermeté, la stratégie et les choix décidés par les pôles de compétitivité doivent être avant tout gouvernés par des préoccupations industrielles, scientifiques et technologiques. C'est donc en premier lieu aux entreprises, aux organismes de recherche et aux établissements d'enseignement supérieur qu'il revient d'orienter et de faire vivre la démarche. En d'autres termes, les collectivités locales n'ont pas vocation à piloter les pôles, ce qui risquerait dans la plupart des cas de soumettre les orientations sectorielles et territoriales à des influences politiciennes, sinon carrément idéologiques, hors de propos avec les buts recherchés. Le rôle des collectivités est d'appuyer la démarche, en accompagnant la réalisation des projets, par des interventions directes et indirectes. Nous resterons très vigilants sur ce point capital, en veillant à ce que les soutiens accordés par l'Etat servent bien des objectifs définis par les principaux protagonistes, à savoir les industriels et les chercheurs.

La dynamisation du contexte ensuite. L'impact des pôles sur la croissance sera d'autant plus élevé que notre système d'enseignement supérieur et de recherche sera performant. Or, les faiblesses de ce système sont connues.

Notre enseignement supérieur et notre recherche manquent de moyens. A l'heure où on ne parle que de société de l'innovation et de la connaissance, est-il normal qu'en France la dépense moyenne par étudiant soit sensiblement moins élevée que la dépense moyenne par élève du premier et du second degré ? Était-il également normal de ne pas augmenter, voire de relâcher, notre effort de recherche quand on sait son importance cruciale pour le rang de notre pays en Europe et dans le monde ? Il est urgent de recouvrer des marges de manœuvre pour accroître l'effort de la nation en faveur de ces deux priorités absolues que sont l'enseignement supérieur et la recherche. C'est ce que, conformément aux engagements pris, le gouvernement a commencé à faire. Mais il ne faut pas se limiter à déverser la manne financière, plus d'un milliard d'euros supplémentaire par an. Sans réforme de fond de notre système d'enseignement supérieur et de recherche, cet effort budgétaire considérable pour un pays endetté aura été vain.

Car l'insuffisance des résultats obtenus devient préoccupante dans une économie mondialisée, où la qualité des systèmes d'enseignement supérieur et de recherche est la clef de la compétitivité.

Comment peut-on accepter que des classements internationaux placent la meilleure université française au 66ème rang mondial ? Comment peut-on comprendre que nous déposions deux fois moins de brevets par habitant que l'Allemagne ? Comment peut-on laisser notre part de marché dans les exportations de haute technologie régresser continûment depuis 5 ans ?

Pour prendre l'exemple du domaine stratégique des sciences de la vie, que symbolisent ces lieux, comment peut-on se contenter de reculer à la 9ème place pour les citations scientifiques? Loin derrière des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, l'Allemagne, la Corée du Sud et même désormais la Chine. Juste devant l'Inde, la Suisse et l'Espagne. Comment se résigner à ce que les jeunes entreprises de biotechnologies, moins nombreuses en France que chez nos principaux partenaires, y grandissent également moins vite et doivent de plus en plus souvent trouver ailleurs, outre-Atlantique, outre-Manche, les moyens de leur développement? Peut-on accepter de voir nos jeunes chercheurs s'expatrier pour trouver des environnements plus favorables à la conduite de leurs travaux et à leur épanouissement professionnel ?

Je ne veux pas que la France, et plus largement l'Europe, manquent le virage des biotechnologies comme a été manqué dans les années 1970 le virage de la micro-informatique, dominée depuis par les Américains et les Asiatiques. Je ne me satisfais pas d'une situation où ce sont les autres qui produisent des ordinateurs et des logiciels, demain des médicaments, et où la France, elle, se spécialiserait dans le rôle de conscience universelle et la production de réglementations éthiques. A nous les principes, aux autres les innovations, les richesses et les emplois qualifiés. Et au bout du compte, on ne peut même plus faire respecter les principes qu'on s'est donné parce qu'on dépend des choix de société faits dans d'autres pays. Je rappelle que les enjeux de la recherche en santé et des biotechnologies sont considérables, pas seulement d'un point de vue éthique, mais également sous l'angle financier, industriel et bien sûr sanitaire. Près d'un nouveau médicament sur deux est déjà issu des biotechnologies. Cela fait réfléchir lorsqu'on sait que les Français figurent parmi les premiers consommateurs mondiaux de médicaments et que la collectivité consacre environ 150 Md€ par an au financement des dépenses de santé.

Je fais une proposition : que l'on réfléchisse à l'instauration d'un statut de la jeune entreprise innovante cotée. Aucune jeune entreprise de biotechnologies n'a réussi son introduction en bourse depuis 1999. 6 seulement sont cotées à la bourse de Paris contre 45 au Royaume-Uni et plus de 300 aux États-Unis. Ce statut de la jeune entreprise cotée serait assorti pendant 8 ans d'exonérations fiscales sur les plus-values, l'ISF et les droits de succession. Il emporterait également des allègements de charges sur les rémunérations des chercheurs. Cela contribuerait à lever les réticences des investisseurs providentiels et des fonds de capital-développement, en compensant l'étroitesse du marché français des financements qui complique la sortie des investisseurs. Cela accroîtrait le rendement des fonds investis et inciterait au renforcement des capacités de recherche des sociétés concernées.

Il ne s'agit pas, en disant cela, d'oublier la recherche fondamentale et encore moins de l'opposer la recherche appliquée. Cette opposition n'a aucun sens. Ce n'est pas l'une contre l'autre ou l'une sans l'autre. Ce doit être l'une avec l'autre. Les pays les plus performants en recherche appliquée sont aussi ceux qui disposent d'une recherche fondamentale de premier plan. Le MIT, pourtant très tourné vers la sphère privée, a obtenu 36 prix Nobel !

Dans les sciences de la vie, c'est une évidence. La progression des connaissances permise par la recherche fondamentale n'a de sens que si elle est mise au service de l'homme, en aidant à l'amélioration de sa santé et de son bien être. Ce ne sont pas les représentants de l'association française de lutte contre les myopathies qui me démentiront. Qu'il me soit permis à travers eux de saluer le rôle croissant et indispensable que le milieu associatif joue dans le développement de la recherche médicale. Je veux dire mon admiration devant la dignité, le courage et la mobilisation extraordinaires des malades et des familles qui se battent pour faire reculer la souffrance et la maladie.
S'il faut davantage de moyens pour notre enseignement supérieur et notre recherche, il faut aussi davantage de réformes pour davantage de résultats.

Notre effort de recherche est cloisonné et dispersé à l'excès. Les synergies entre recherche publique et recherche privée sont trop limitées. Outre les problèmes de cohérence qui en découlent, il en résulte un saupoudrage et des redondances contre-productives. C'est d'ailleurs très français ce réflexe qui consiste à ne jamais rien remettre en cause, à répondre à de nouveaux enjeux par de nouvelles structures, de nouveaux statuts, de nouveaux emplois et de nouvelles dépenses, sans aucune réorganisation des strates successives précédemment accumulées.

Notre système de recherche est par ailleurs marqué par un clivage unique au monde entre l'enseignement supérieur et la recherche, et par le manque d'autonomie, de taille critique et de moyens de la recherche universitaire. L'avenir de la recherche française est dans la structuration de campus de recherche autour d'un certain nombre d'universités puissantes, autonomes, mieux gouvernées, elles-mêmes immergées dans des pôles de compétitivité tels que les vôtres.

J'évoquerai plus particulièrement trois axes de réforme qui m'apparaissent tout à fait essentiels.

Premier axe : après avoir affirmé leur autonomie théorique, nous devons enfin faire entrer nos universités dans l'ère de l'autonomie réelle et effective. Cela suppose notamment de moderniser l'architecture de leur gouvernance et de leur pilotage. Cela implique en outre de leur accorder beaucoup plus de latitudes dans la gestion de leurs ressources, humaines, immobilières et budgétaires.

Deuxième axe de réforme : la place des universités dans l'effort de recherche doit être mieux reconnue et confortée. De fait, les universités, ou du moins une partie d'entre elles, sont devenues des opérateurs de recherche avec lesquels il faut compter. Même s'ils s'effectuent sous le label des grands organismes, les travaux de la majorité des unités de recherche sont désormais accueillis dans les universités. Il faut en tirer les conséquences et permettre à celles-ci de définir et de conduire leur propre politique de recherche. Le renforcement de l'autonomie stratégique et financière des universités doit s'accompagner d'une plus grande autonomie scientifique.
Troisième axe de réforme : nous devons créer les conditions d'une évaluation plus transparente et plus rigoureuse de la qualité des formations délivrées et des travaux scientifiques menés. Pour la recherche, cela signifie que la logique des projets et la culture des résultats doivent prévaloir sur la logique des structures, des statuts et des financements récurrents. C'est la raison pour laquelle je plaide pour qu'au niveau national nos grands organismes nationaux soient recentrés sur leurs missions d'agences de moyens. Pourquoi ne pas envisager des agences de recherche rénovées chargées de financer des projets de recherche présentés par des équipes intervenant dans les universités ? La création de l'Agence nationale de la recherche est un  premier pas dans cette direction. Il importe maintenant que la logique positive qui a présidé à cette novation ne soit pas dévoyée.

J'ai conscience de l'ampleur de la tâche et de la réforme que je viens d'esquisser. Mais je crois profondément qu'il s'agit là de l'une des réformes les plus importantes pour l'avenir de notre pays. Sa mise en œuvre, qui doit être progressive et reposer sur le volontariat des établissements qui veulent le changement, apportera une dynamique considérable à notre potentiel national et aux pôles de compétitivité.

Mesdames et Messieurs, vos projets, qui concernent des secteurs éminemment stratégiques et mettent en jeu des technologies-clefs, portent de grands espoirs pour notre pays, pour son économie et pour sa recherche. Vous pouvez compter sur ma détermination et toute mon énergie pour vous aider à remporter la bataille dans laquelle vous vous êtes engagés : celle de l'excellence scientifique, de l'innovation, de la croissance et de la compétitivité.