Intervention de M. Nicolas SARKOZY, Ministre d'Etat, Ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du Territoire - Signature de la convention de partenariat avec le groupe Vedior - Hôtel de Beauvau
Mesdames, Messieurs,
Je sais que vous aviez hâte que cette convention soit signée, car vous agissez déjà en faveur de nombreux jeunes. Je partage, sachez le, votre impatience et votre enthousiasme. Le temps est à l'action, la situation l'exige.
Les principes que vous défendez correspondent aux convictions que je défends : l'équité, l'égalité, la solidarité et la justice. Ce sont aussi les valeurs fondamentales de notre République. Mais il ne s'agit pas uniquement d'idées et de concepts, ce sont des exhortations à l'action, à la mobilisation, au volontarisme.
Si l'intégration et l'ascenseur social sont en panne, je n'ai jamais eu l'intention d'attendre passivement l'arrivée du dépanneur.
Car, enfin, c'est de l'avenir de la République dont il s'agit, puisqu'il s'agit de l'avenir de notre jeunesse C'est notre responsabilité, notre devoir et notre honneur de le préparer dès maintenant avec conviction, énergie et détermination. Ces valeurs auxquelles nous croyons si fortement, il faut leur donner une réalité.
Il faut abandonner cette idée qu'il faut donner à tous la même chose. Il faut que tous, dans cette société, aient l'espoir de penser leur avenir. Il faut que tous aient accès à l'information et à la formation.
Il faut aller de l'avant, aller au devant de ceux qui en ont plus besoin que les autres pour leur permettre d'occuper, dans la société, la place qui leur est due en fonction de leurs mérites et à laquelle, souvent, ils ne peuvent accéder parce qu'ils n'habitent pas le bon endroit, n'ont pas de carnet d'adresses ou ne portent pas le nom qu'il faut. Je suis vraiment heureux de pouvoir m'exprimer devant vous, comme je l'ai fait le 26 octobre dernier, sur ce sujet qui me tient tout particulièrement à cœur : la discrimination positive à la française, pour une égalité réelle par des mesures efficaces qui permettent d'aider les jeunes en échec scolaire ou qui sont sans affectation scolaire après l’âge de 16 ans et dont personne ne s'occupe puisqu'ils ne sont plus soumis à l'obligation scolaire et ne relèvent pas de la mission locale ou de l'ANPE.
En 2006, je souhaite que ces jeunes, dès 16 ans, intègrent le corps des cadets de la police.
1 000 jeunes âgés de 18 à 25 ans se trouvent, depuis le mois de septembre dernier, en formation en alternance dans les écoles et centres de formation de la police nationale et dans les lycées professionnels afin de se préparer aux concours de gardien de la paix, sous le statut de cadets de la République, option police nationale.
Dans le même objectif, pour la première fois cette année, des "stages sécurité-citoyenneté" ont été organisés, en partenariat avec la société VédiorBis. Il s'agissait de permettre à des jeunes, dont certains issus des 25 quartiers relevant, du Plan de la prévention de la délinquance que j'ai lancé en 2004., d’élaborer un projet professionnel concret.
En 2005, 500 jeunes demandeurs d'emploi, âgés de 18 à 25 ans ont bénéficié de ces stages.
Les modalités d'organisation de ces stages étaient prévues par une convention signée, le 21 janvier 2005 à Toulouse France avec le ministère de l'intérieur.
Ces stages de découverte des métiers de la sécurité se sont déroulés au sein des 8 structures de formation engagées dans le dispositif : les écoles de police de Rouen-Oissel, Roubaix, Paris, Draveil, Montbéliard, Lyon-Chassieu, Nîmes et Toulouse.
Le bilan de cette première opération est encourageant. En effet, des débouchés professionnels se sont formalisés au cours des mois suivant le stage :
62 jeunes ont trouvé un emploi stable, soit dans les métiers de la sécurité, soit dans d'autres domaines d'activités du secteur privé ; ils représentent 13 % de la population des jeunes qui ont participé au stage.
152 jeunes (32 %) ont confirmé leur motivation pour la police nationale. 84 ont passé les sélections pour devenir adjoints de sécurité ou cadets et attendent les résultats. 68 sont en instance d’incorporation ou vont passer les dernières épreuves de sélection pour devenir gardiens de la paix ou officiers de police. 30 jeunes (6 %) préparent les concours d'accès aux métiers de la gendarmerie et des douanes.
C'est pourquoi, il me semble nécessaire de poursuivre l'opération cette année et de l'amplifier. En 2006, ce seront 1000 jeunes qui bénéficieront de ces stages au sein de 11 structures de la formation de la police nationale.
Pour atteindre cet objectif, il convient d'aller chercher les jeunes là où ils vivent, pour leur proposer des débouchés. La continuation de notre partenariat avec la société Vedior va nous permettre de développer cette initiative positive qui permettra de présenter aux jeunes intéressés la diversité et la richesse des métiers de la sécurité qui sont des métiers "au service de l'autre".
Au terme de la semaine, des bilans leur permettront d'affiner leurs projets professionnels et, nous le souhaitons tous, de les concrétiser.
Cette politique que développe le ministère de l'intérieur repose sur trois principes.
Tout d'abord, refuser le statu quo. Accepter la situation en l'état, cela voudrait dire laisser les inégalités se creuser dans notre pays d'une génération à l'autre, d'une partie du territoire à l'autre. Je veux donc changer nos approches et nos méthodes, dans le cadre des règles de notre République.
Ensuite, on ne peut être efficace qu'au prix d'une mobilisation collective. Nous ne réussirons que si nous travaillons tous ensemble avec nos partenaires publics (gendarmerie, douanes, administration pénitentiaire) et privés.
Enfin, le mérite. Ma conviction c'est qu'il faut corriger des inégalités sans en créer d'autres. Il faut compenser les handicaps pour que chacun ait les mêmes chances de réussir, par exemple comme le prévoit cette convention : aller chercher les jeunes des cités, les informer sur les possibilités de stage ou d'emploi dans la sécurité, leur proposer des formations adéquates.
Vous le savez bien, je ne suis pas de ceux qui doutent, je suis de ceux qui agissent et dans ce combat que je mène au nom des valeurs de la République je garde une confiance indéfectible dans l'avenir car je sais qu'il n'y a pas de fatalité et qu'aussi vrai que l'union fait la force, avec des femmes et des hommes aussi volontaires et déterminés que vous, il n'y a aucune raison de céder au pessimisme. L'avenir est ce que nous en ferons et j'ai bon espoir qu'avec vous, nous parviendrons à le rendre plus serein pour l'ensemble de nos concitoyens.
Merci à vous tous.