25.06.2003 - 7ème promotion d'élèves lieutenants de police

25 juin 2003

Intervention de Monsieur Nicolas SARKOZY Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés locales


Mesdames et Messieurs,

Vous êtes maintenant officiers de police. Permettez-moi de vous féliciter tant pour votre choix d'intégrer la Police nationale que pour votre réussite. Et mes félicitations vont naturellement aussi aux 19 auditeurs étrangers qui ont choisis l'ENSOP.
C'est un moment solennel qui nous réunit avec vos familles dont je perçois toute la fierté. Permettez-moi de m'excuser auprès de celles et ceux qui n'ont pu nous rejoindre dans la mesure où j'ai été contraint de modifier la semaine passée la date de notre rencontre.

Vous allez désormais porter les insignes de la Police Nationale. C'est un immense honneur et une formidable responsabilité. Quelle plus belle mission, en effet, que celle de protéger la vie et la tranquillité de nos concitoyens ?
Je sais que le choix de la Police Nationale est d'abord une conviction. Vous aurez parfois des moments difficiles. Il faut savoir affronter le danger. Il faut soutenir le regard de la victime et lui apporter sa chaleur humaine. Il faut aussi savoir écouter ses habitants, leurs satisfactions comme leurs insatisfactions.
Votre vie ne sera pas la plus facile mais elle sera sans aucun doute l'une des plus passionnantes car l'enjeu de votre mission est noble.
Il y a un an, je m'engageais avec les officiers de la précédente promotion à donner un coup d'arrêt massif à l'insécurité. Cet engagement, nous l'avons tenu grâce à la détermination de vos collègues qu'ils soient policiers ou gendarmes.

En 2002, la délinquance a été stoppée. Depuis le début de l'année la baisse est significative : - 6 % de faits constatés dont - 12,5% pour la délinquance de voie publique. Il s'agit de la baisse la plus importante depuis 1995.
Lorsque vous considérez ces statistiques, ne voyez pas les chiffres mais plutôt les 181 000 victimes évitées et les 800 personnes qui n'ont pas été tuées dans un accident de la route.

Vous intégrez la Police Nationale pour poursuivre ce travail et relever le défi. J'ai voulu vous donner les moyens de réussir. Deux lois ont été votées : une loi de programmation de moyens, et une loi qui donne à la police les moyens juridiques de son action. Le plan de redéploiement entre les zones de police et de gendarmerie a été décidé. La modification de l'emploi des forces mobiles est entrée dans les faits. Les Groupes d'Intervention régionaux deviennent la hantise des trafiquants. Je ne reviendrai pas sur ces points.

Vos priorités sont maintenant d'agir contre les violences urbaines, contre la criminalité organisée, contre la délinquance routière mais aussi contre l'immigration clandestine qui cache souvent de véritables réseaux d'exploitation d'êtres humains.

J'attends que dans votre action vous ayez constamment le souci de la victime et de la déontologie. Ceux qui ont souffert de la délinquance ne doivent pas en plus souffrir d'un manque de considération de l'Etat. N'oubliez pas que vous êtes d'abord les protecteurs des victimes.
Votre ligne d'action est aussi le plus strict respect de la déontologie. Ne vous excusez pas de faire appliquer la loi. Mais veillez à ne jamais porter atteinte à son texte ou à son esprit. L'exemplarité de votre attitude, de vos propos, de votre tenue, l'exemplarité des fonctionnaires dont vous assurez la responsabilité sont la condition même de l'efficacité de votre action et de mon soutien.
Cette exigence est un impératif quotidien pour vous, dans vos relations avec les Français mais aussi avec vos services. Dans mon esprit, un officier n'est pas un exécutant, c'est un responsable d'équipe.

Vous acquerrez le respect, non par votre grade, mais par votre compétence, votre esprit de décideur et votre courage face à des situations difficiles. Vous devrez toujours montrer l'exemple.

Il vous faudra être constamment au fait des dernières techniques d'intervention, de l'évolution de la législation ou encore des progrès de la police scientifique et technique. Cette exigence de formation continue, vous devez l'avoir pour vous-même comme pour vos collaborateurs. J'ai d'ailleurs voulu que le schéma directeur de la formation pour les années 2003 à 2007 soit la déclinaison de la politique de sécurité intérieure.
N'en doutez pas, je serai exigeant vis à vis de vous car je vous considère bien comme les responsables du commandement et de l'encadrement de la Police Nationale. Je sais aussi que vous en avez les capacités. J'ai confiance en vous.
C'est pour cela que je tiens à ce que des postes à responsabilité particulière soient confiés aux plus expérimentés d'entre vous : à ce jour, le quart des circonscriptions de sécurité publique et le dixième des directions départementales de renseignements généraux sont dirigés par des officiers. J'ai demandé au directeur général de la police nationale que le redéploiement police-gendarmerie soit l'occasion de confirmer cette politique par une révision de la nomenclature des postes. Au total, ce sont près de 170 postes auparavant réservés à des commissaires qui seront désormais confiés à des officiers.

Cette confiance est aussi à l'origine de la réflexion engagée depuis le 5 décembre dernier sur l'évolution des métiers de la police nationale et le positionnement relatif des corps de la police nationale entre eux.
Les propositions qui m'ont été remises me conduisent à affirmer de façon plus nette les fonctions propres de chacun d'entre eux, à améliorer leur polyvalence, à renforcer la fluidité entre eux, à rehausser leur niveau de recrutement et à les engager dans la voie de la revalorisation.
S'agissant de votre corps, il convient de renforcer le rôle et les responsabilités d'encadrement des officiers de police dans le commandement opérationnel des services. Je crois en effet nécessaire de reconnaître que votre corps exerce des responsabilités correspondant à la catégorie A, qu'il doit être recruté au niveau du bac + 3 et que son régime indiciaire doit être revu en conséquence.
Naturellement, cette reconnaissance est un engagement réciproque. Le passage à la catégorie A exige plus de polyvalence, un recentrage de vos tâches sur de véritables missions d'encadrement, l'adaptation de vos effectifs, de votre régime horaire et surtout une responsabilisation accrue. Vous serez bien évidemment les premiers acteurs de la culture du résultat et du principe de l'évaluation.

Mesdames et Messieurs les officiers, je veux enfin saluer le choix de l'éponyme de votre promotion. Vous avez voulu qu'elle porte le nom de deux officiers exemplaires du courage et de la conviction des Policiers. Le capitaine Patrick LE ROUX et le lieutenant Yves MEUNIER ont été tués en se portant au secours de personnes agressées à leur domicile par plusieurs individus armés. C'était le 16 octobre 2001 au Plessis-Trévise dans le Val de Marne.
Chacun perçoit la grandeur de leur courage mais aussi le drame de ces familles brisées. Patrick LE ROUX avait 34 ans, il était marié et père d'un enfant. Yves MEUNIER avait 27 ans, il a été marié à titre posthume et son enfant est né deux mois après son décès.
Vous avez honoré leur mémoire. Je veux m'associer à cet hommage et redire à leurs familles que leur douleur est aussi la mienne comme celle de chacune et chacun d'entre vous. Je peux vous assurer que les 646 officiers de police présents aujourd'hui portent avec une grande fierté le nom de leur promotion, Patrick LE ROUX et Yves MEUNIER.
Mesdames et Messieurs les officiers de police, à l'aube de votre vie professionnelle, je forme les vœux les plus chaleureux pour que chacune et chacun d'entre vous trouve dans le beau métier qui est le vôtre la satisfaction du devoir accompli et de la reconnaissance de nos compatriotes.