04.09.2003 - Obsèques des trois sapeurs pompiers du Var décédés le 1er septembre 2003

4 septembre 2003

Intervention de Monsieur Nicolas SARKOZY Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés locales - Cérémonie à la Seyne sur Mer


Nous sommes aujourd'hui rassemblés par la tragédie, celle qui a frappé il y  a trois jours  Georges Lahaye, Michel Giovannini et Patrick Zedda. Nous sommes rassemblés pour leur rendre l'hommage qui leur est du par la Nation, et que le Président de la République est venu dès mardi leur témoigner. Mais nous sommes aussi réunis pour nous associer à la douleur de leurs familles, et de leurs proches, que je veux saluer tout particulièrement. Et pour partager  toute la peine, toute l'émotion, si intenses, si  perceptibles, de tous  les sapeurs pompiers de la Seyne sur Mer, du Var et de toute la France.

La mort n'est pas seulement pour les sapeurs-pompiers un risque redouté. Une fois de plus, elle a frappé et avec cruauté. Ce deuil, c'est  bien sûr le vôtre, mais  la Nation veut en partager le fardeau. Car elle sait que le risque qu'ils ont pris ils l'ont accepté pour les autres. Nous voulons,  pour donner tout son sens à leur action, leur dire que nous savons  bien la conscience qu'ils avaient du risque pris. Leur dire aussi notre reconnaissance devant le choix si noble et difficile qui a été le leur en devenant sapeurs pompiers.

C'est cela, le vrai courage, celui des sapeurs pompiers que je salue si souvent, et devant lequel je m'incline  aujourd'hui, au nom de tous les Français. C'est le courage du danger, jamais ignoré, mais pleinement assumé .
On ne parle pas assez de ceux qui se sacrifient pour les autres, et, beaucoup trop de ceux qui empoisonnent la vie des autres.

La solidarité  de la Nation est acquise à tous les soldats du feu . A tous  ceux qui  se battent aujourd'hui encore par milliers contre les incendies, pour sauver  d'autres qu'eux mêmes. Cette solidarité, qui va bien au delà des mots, s'exprime aujourd'hui avec une force toute particulière, Accepter le risque d'être blessé, voire de mourir, pour venir au secours des autres,  aujourd'hui, tous ensemble, ici, mais avec nous tous les Français nous réalisons ce que cela signifie .

Chacun connaît les circonstances du drame de ce lundi 1er septembre, la brutalité avec laquelle  le feu a encerclé le camion qui assurait une mission de protection entre les communes de Grimaud et de Collobrières, et à bord duquel se trouvaient Georges, Michel, et Patrick.

Chacun connaît aussi la qualité de ces hommes, qui depuis longtemps avaient affirmé leur vocation. Depuis 23 ans, Georges Lahaye, était sapeur pompier ; après avoir été volontaire, il  avait même choisi d'en faire son métier. Michel Giovannini était sapeur pompier volontaire  depuis 17 ans, comme son père l'avait été avant lui ; Patrick Zedda  s'était engagé depuis déjà dix ans en tant que  sapeur pompier volontaire .

Tous trois, je le sais, étaient connus, et estimés  de tous à la Seyne sur Mer, avec des caractères bien sûr différents, des passions différentes,  mais la même humanité et la même constance de  dévouement aux autres. Tous trois étaient entourés d'une famille,  d'une femme et d'enfants,  qu'ils aimaient, qui les aimaient,  d'amis qui les appréciaient. 

Je veux m'adresser à leurs enfants pour leur dire combien ils doivent être fiers de leurs pères. Leur sacrifice n'est pas vain. Aujourd'hui, le terrible incendie du massif des Maures est enfin maîtrisé, au prix d'un incroyable déploiement de courage et d'énergie. Mais notre esprit notre volonté et notre intelligence ne peuvent que se révolter contre leur mort injuste. J'ajoute qu'il est révulsé à la pensée que peut être le feu qui les a touchés a pu être délibérément allumé par des criminels. 

Je veux le dire aux familles en les regardant bien en face, que nous ferons tout pour retrouver les coupables, les punir, les châtier avec l'extrême sévérité qu'ils méritent.

La cellule spécialement mise en place par la gendarmerie ne sera démantelée que lorsqu'ils seront retrouvés. Il faut maintenant que l'on sache que ceux qui font cela le paieront cher. Il faut que l'on sache que l'on ne peut jouer avec la vie d'hommes qui ont choisi de se dévouer pour les autres.

Adjudant Georges Lahaye, Adjudant Michel Giovannini, Caporal Patrick Zedda, la France vous témoigne aujourd'hui sa profonde reconnaissance. Elle le fait par la citation de vos noms  à l'ordre de la Nation, par la remise de la légion d'Honneur et par celle de la médaille d'or pour acte de courage et de dévouement.

Mais surtout, je voudrais le dire avec la conviction que j'exprime le sentiment de tous les Français : Votre exemple restera à jamais gravé dans la mémoire et le cœur de vos concitoyens .

Nous ne vous oublierons pas, tout simplement, parce que nous n'en avons pas le droit.