31.07.2007 - Cérémonie de sortie de la 211ème promotion des élèves gardiens de la paix de l'ENP de Roubaix

31 juillet 2007

Discours de Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer et des Collectivités Territoriales.


  Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Dans quelques instants vous allez changer de statut : vous étiez élèves, vous devenez gardiens de la paix.
C'est un grand jour, pour vous et vos familles. C'est un moment important de votre vie. Vous entrez dans ce métier que vous avez choisi, au service de l'Etat et de des Français
Je partage votre émotion, votre fierté et votre joie.
Je vous félicite pour votre réussite, comme je félicite à travers la France vos 1249 camarades de promotion des 12 écoles et centres de formation de la police nationale.   
J'ai choisi de venir partager ce moment solennel avec vous ici, à Roubaix. Dans cette école de police réputée pour la qualité de son enseignement, sont formés des gardiens de la paix, des adjoints de sécurité et des cadets de la République.
Le major des gardiens de la paix de l'ensemble des écoles, Fabien Vigneron, 26 ans, vient de vos rangs. Qu'il reçoive toutes mes félicitations.
Après avoir accompli une remarquable scolarité, il a choisi de rejoindre la direction interrégionale de la police judiciaire de Lille.
Ce choix symbolise et illustre votre volonté de servir votre pays. Il "solennise" votre engagement de protéger les citoyens, dans le respect des valeurs de notre République et des règles de droit.
Tous, vous devenez « gardiens de la paix ».
Cette appellation est porteuse d'exigence et de noblesse.
Votre mission est de lutter contre l'insécurité, de protéger la vie, d'assurer la tranquillité des Français, de défendre les libertés publiques.
C'est une mission difficile, une mission à risque. Elle exigera de vous, courage, détermination, disponibilité et générosité.
Ces qualités, vous les possédez. Je le sais.
Avec l'ensemble des promotions de l'année 2007, vous avez choisi pour parrain Jean-Richard ROBINSON, gardien stagiaire de 31 ans, père de deux enfants, abattu en service le 15 avril 2006, en Guyane.
Son équipage, requis pour un vol à main armée dans un squat, s'était retrouvé face à quatre individus cagoulés et porteurs d'armes à feu. Ils menaçaient plusieurs ressortissants du Guyana.
Jean-Richard ROBINSON se lance alors à la poursuite de deux suspects. Ils ouvrent le feu vers lui et, malgré son gilet pare-balles, le touchent mortellement.
Avec vous je veux saluer ici sa mémoire, son engagement, son courage.
Je veux dire à ses proches, à ses enfants, la fierté légitime qu'ils peuvent éprouver de son sens du devoir et de son comportement.
Jean-Richard ROBINSON illustre le lourd tribut que paie au quotidien la police nationale.
En ce jour symbolique, je veux saluer la mémoire, le courage et l'abnégation de tous ceux qui ont été tués ou gravement blessés dans l'exercice de leurs fonctions. Je pense aussi à leurs familles.
Vous tous, jeunes gardiens de la paix, vous allez désormais, au quotidien, prendre part à la lutte contre toutes les formes de délinquance.
Vous répondrez ainsi à l'attente de protection de nos concitoyens et notamment des plus fragiles.
Vous protégerez leurs libertés, leurs biens, leurs vies.
Responsables de la sécurité, vous avez par voie de conséquence, un rôle tout particulier à l'égard des victimes.
N'oubliez jamais leur souffrance lorsqu'elles solliciteront votre aide. Vous les accompagnerez avec cœur et humanité.
Au-delà des victimes, c'est la population toute entière qui a besoin de vous. A ses yeux, vous êtes les premiers, les plus proches garants de la paix et de la tranquillité publiques.
La confiance entre la police et la population est une des conditions de notre efficacité.
C'est pour y contribuer que j'entreprends actuellement de conduire des réunions de cohésion dans les quartiers considérés comme particulièrement difficiles.
Mais l'action que je mène n'a de sens que si elle est prolongée au quotidien par votre propre attitude.
Je sais que vous en avez conscience et que vous y êtes attachés.
Le renforcement de la confiance entre la population et la police, passe par des liens avec tous les acteurs : élus locaux, et notamment les maires, membres des associations, de l'éducation nationale, du tissu commercial et industriel.
Ces liens supposent la connaissance des personnes et des lieux, et donc une présence dans la durée.
Je souhaite pour cela des agents bien intégrés, une police localisée, qui connaisse son quartier, sa population, ses responsables.
La future Loi d'Orientation et de Programmation pour la Sécurité Intérieure présentée à l'automne comprendra un volet sur l'accompagnement des policiers dans leur vie personnelle et familiale, pour faciliter la fidélisation.
Contre la criminalité, un excellent travail a été accompli. Les résultats obtenus depuis 2002 sont remarquables.
En 5 ans, plus de 1.150.000 victimes ont été épargnées.
Le taux d'élucidation a considérablement progressé.
Ce véritable bond en avant témoigne de l'engagement sur le terrain des policiers et des gendarmes.
Pour autant, il est de notre devoir commun d'aller encore plus loin.
Nous devons offrir toujours plus de sécurité aux Français et particulièrement aux plus faibles et aux plus démunis.
A défaut de pouvoir toujours empêcher un fait délictueux, il convient de tout faire pour en retrouver les auteurs.
Un fait non élucidé est un constat d'échec. C'est, pour les victimes, une interrogation légitime sur l'efficacité des pouvoirs publics.
Une affaire élucidée, c'est au contraire une victime rétablie dans ses droits, et un renforcement du nécessaire lien de confiance entre la population et la police.
Il vous revient, dans la continuité de ce qui a été engagé, de mener des actions de prévention et de dissuasion, mais également des actions répressives contre les délinquants et notamment les auteurs de violence.
Même si votre effort prioritaire devra porter sur les violences aux personnes, il convient de n'oublier aucune forme de délinquance.
Trafic de drogue, crime organisé, cybercriminalité, délinquance routière, immigration clandestine sont à combattre avec la même détermination.
La lutte contre le terrorisme, nouvel impératif majeur de notre société, exige également une vigilance de tous les instants et le développement d'une véritable culture d'échange et de partage du renseignement opérationnel.
Dans l'exercice de votre difficile métier, rappelez-vous que le discernement doit, en toutes circonstances, accompagner le respect scrupuleux de la déontologie.
Avant de recourir aux prérogatives de la puissance publique et d'user de la contrainte légitime, vous devez, à chaque instant, en évaluer l'opportunité pour agir de façon adaptée et proportionnée.
Parce que policier, chacune et chacun d'entre vous, dans tous les instants de sa vie professionnelle et privée, sera dépositaire de l'image de l'ensemble de notre institution.
Vous devez donc, en toutes circonstances, être irréprochables et intègres, car vous représentez l'Etat.
Vous intégrez une police moderne, qui sait, grâce au renouvellement des équipements, des moyens de communication, des armements et des techniques d'intervention, anticiper et s'adapter aux perpétuelles évolutions de la société qu'elle sert.
Afin de répondre aux attentes des Français et aux défis du futur, je souhaite, avec la nouvelle Loi d'Orientation et de Programmation pour la Sécurité Intérieure qui sera présentée à l'automne au Parlement, aller plus loin encore dans la modernisation des moyens des services, rationaliser et mieux utiliser les ressources de notre système global de sécurité.  
En temps qu'agents du corps d'encadrement et d'application, la réforme des corps et carrières qui se poursuivra jusqu'en 2012 vous concerne en premier lieu et valorise votre métier.
Tout au long de votre carrière, vous aurez aussi la possibilité de progresser et d'évoluer, notamment vers le corps de commandement, en validant vos acquis et faisant reconnaître vos compétences, vos résultats et vos mérites.
Je souhaite, à travers ce message, souligner l'importance de la formation dans la police nationale.
La formation initiale que vous terminez aujourd'hui est indispensable.
Tout au long de votre parcours professionnel, la formation continue devra être toujours plus enrichissante et vous assurer une réelle promotion sociale.
Elle garantira une qualité et une efficacité toujours plus grandes de votre action sur le terrain.
Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,
A l'heure où vous vous engagez dans la vie professionnelle au service des autres, je forme les vœux les plus chaleureux pour que chacune et chacun d'entre vous connaissent dans l'exercice de ses fonctions, la satisfaction du devoir accompli et la reconnaissance légitime de nos concitoyens.
Vous êtes les représentants de la puissance publique, de l'Etat et de son autorité, au service des Français.
Je serai exigeante envers vous.
Vous pourrez, en retour, compter sur mon indéfectible soutien si vous êtes injustement mis en cause.
Je serai à vos cotés dans l'épreuve, car je n'accepte pas que ceux qui ont fait le choix de servir l'Etat républicain et de protéger nos concitoyens, puissent être pris pour cible.
J'adresse à chacune et chacun d'entre vous mes encouragements et l'assurance de mon estime. Je vous exprime toute ma confiance.