Intervention de Mme Michèle ALLIOT-MARIE lors des obsèques du Major Michel JOACHIM à Guéret
Mesdames, Messieurs,
C'est dans l'émotion et la tristesse que nous sommes rassemblés aujourd'hui à Guéret pour rendre un dernier et solennel hommage au major Michel JOACHIM, mort dans l'exercice de ses fonctions.
Avec cette disparition tragique, c'est toute la gendarmerie qui se trouve une nouvelle fois endeuillée.
Pour la cinquième fois cette année, l'un des siens disparaît en service. Ce décès affecte une nouvelle fois la famille des motocyclistes, qui paye un lourd tribut à la lutte contre toutes les formes de délinquance.
A à son épouse Sylvie, à ses enfants Jonathan et Jérémie, à ses proches et à tous ses camarades, le Ministre de la défense Hervé MORIN et moi-même, voulons dire notre tristesse, notre compassion, notre solidarité ainsi que celle de la Nation toute entière.
Ma présence et celle à mes côtés d'Hervé MORIN, sont l'expression de l'hommage que le gouvernement entend rendre solennellement au serviteur exemplaire de l'Etat qu'a été Michel JOACHIM, dont la carrière était tout entièrement tournée vers la sécurité des Français.
Nos pensées vont également vers l'adjudant Christophe ESTIVAL et vers le gendarme Pascal PERET, tous deux blessés lors de cette mission, et vers leurs familles.
A tous les gendarmes du groupement départemental de la Creuse, nous voulons dire notre soutien dans cette épreuve.
Nous tenons à leur exprimer notre reconnaissance ainsi qu'aux militaires de la section aérienne de Limoges pour leur intervention immédiate pendant et après le drame.
Madame JOACHIM, Jonathan et Jérémie,
Face à une disparition aussi brutale, je sais que toute consolation semble vaine.
Sachez que nous partageons votre douleur, et que nous veillerons sur vous.
Major JOACHIM
Après votre service militaire dans l'arme blindée et cavalerie, vous décidez de vous engager dans la gendarmerie nationale.
Le 1er octobre 1984, vous entrez à l'école de sous-officiers de gendarmerie de Montluçon.
A votre sortie d'école, vous êtes affecté au peloton d'autoroute de Châtellerault.
Admis à suivre l'exigeante formation de motocycliste à l'école de gendarmerie de Fontainebleau, vous obtenez de vos formateurs une appréciation en tous points élogieuse.
Motocycliste de cœur et de métier, vous vous distinguez par votre sérieux, votre volonté et votre engagement.
Creusois d'origine, fidèle à vos racines, vous demandez et obtenez de retourner dans votre région d'origine, en étant affecté à la brigade motorisée de Guéret.
Vous y révélez à vos chefs votre dévouement, votre disponibilité, votre conscience professionnelle, votre esprit d'initiative et votre rigueur.
Vous obtenez la qualification d'officier de police judiciaire en 1993 et êtes promus au grade de maréchal-des-logis/chef le 1er juillet 1994.
Affecté à la brigade motorisée de Limoges, vous obtenez l'entière confiance de vos chefs, par vos remarquables résultats tant en police judiciaire qu'en sécurité routière.
Promu adjudant le 1er janvier 1999, vous prenez le commandement de la brigade motorisée de Brive.
Votre sens de l'organisation, votre clairvoyance, vos qualités de meneur d'hommes et votre autorité font de vous un chef apprécié et écouté.
Le 2 septembre 2002, vous prenez le commandement de la toute nouvelle brigade motorisée de Bourganeuf.
Vos qualités humaines et professionnelles vous permettent d'y résoudre de nombreuses affaires de police judiciaire.
Collaborateur précieux et apprécié du commandement, gradé de confiance et de la plus haute valeur, vos résultats dans la lutte contre la délinquance, qu'elle soit routière ou de voie publique, vous valent un témoignage de satisfaction du général commandant de la région de gendarmerie sud-ouest.
Vous êtes promu adjudant-chef en 2005.
Major JOACHIM,
Ce vendredi 25 mai, apprenant qu'un individu venait de commettre une infraction pénale, c'est tout naturellement que vous tentez de l'intercepter.
L'adjudant ESTIVAL, le gendarme PERET et le gendarme BONDY, tous trois sous vos ordres et en service commandé sur une autre commune, se mettent immédiatement en route pour couper la route au fuyard.
L'individu tente de vous échapper, en multipliant les manœuvres dangereuses.
En haut d'une côte a lieu le choc dramatique qui vous a coûté la vie.
Le malfaiteur parvient à s'échapper mais sera rapidement interpellé.
Il devra répondre de ses actes devant la justice.
Je souhaite que leur sanction soit à la hauteur de la gravité des faits.
Major JOACHIM,
Vous saviez les dangers de votre mission : celle d'assurer la sécurité des Français. Vous l'avez menée jusqu'au bout, avec une détermination et un engagement personnel sans faille.
Animé par la recherche permanente de l'excellence, courageux, loyal et disponible, vous exerciez vos fonctions avec professionnalisme et humanité.
En choisissant le service de la France, vous saviez que votre engagement pouvait vous conduire au sacrifice suprême.
Major JOACHIM
Au moment de vous remettre la médaille militaire et la médaille de la gendarmerie avec citation à l'ordre de la Nation que justifient votre conduite, le Ministre de la Défense et moi-même nous inclinons respectueusement devant vous, qui avez payé de votre vie votre engagement et vos convictions.
Nous ne vous oublierons pas.