27.06.2008 - Adieux aux armes du Général d'armée Guy Parayre

Général,
Mesdames et messieurs,
C'est une page de votre existence qui se tourne aujourd'hui. C'est aussi une page de l'histoire de la gendarmerie nationale.
Lorsque j'ai œuvré, en 2004, pour que vous deveniez le premier militaire depuis près de 60 ans à exercer les fonctions de directeur général de la gendarmerie nationale, c'était en toute conscience, en toute confiance. Je connaissais votre force de caractère, votre indéfectible loyauté, votre sens de l'Etat.
Les quatre années passées, Général, ont été, à l'image de votre carrière, remarquables (1), grâce aux qualités personnelles dont vous avez su faire preuve (2).

A) La gendarmerie nationale est aujourd'hui confrontée à des défis de toutes natures. Vous l'y avez préparée avec succès.

Pour améliorer la protection des Français, vous avez su promouvoir les projets les plus novateurs.
Le défi de la modernisation du fonctionnement et la gestion des relations humaines. Vous avez reformé l'organisation, simplifié les relations de travail, amplifié la concertation.
Le défi de la pérennité de la gendarmerie nationale et de son identité militaire. Vous vous êtes personnellement impliqué dans l'élaboration du projet de loi qui confortera bientôt les fondements de l'institution, tout en rénovant son cadre d'action. Sans cesse, vous avez sans cesse rappelé à vos subordonnés qu'au-delà des contingences extérieures, la gendarmerie sera d'abord ce qu'ils en feront eux-mêmes.

B) La Gendarmerie nationale est plus que jamais un acteur fondamental de la protection et de la sécurité de nos concitoyens.

Force armée au service du droit et de la sécurité, la gendarmerie nationale a largement contribué à la baisse de la délinquance engagée depuis 2002.
Elle inspire le respect et la confiance de nos concitoyens.
Elle a largement contribué à la baisse de la délinquance engagée depuis 2002, et accélérée depuis 2007.
Vous avez accru son rayonnement international par votre implication dans la mise sur pied de la Force de gendarmerie européenne, dans les travaux du groupe FIEP (France-Italie-Espagne-Portugal), dans les nombreux accords de coopération conclus en Europe centrale et orientale, au Maghreb, au Proche-Orient, en Amérique latine.

Qualités qui reposent sur une subtile alliance de contraires.

A) Vous avez toujours eu la vision de l'essentiel et le souci du détail.

Votre lucidité sur le contexte général de l'action de l'Etat vous a permis une vision claire des enjeux liés à la gendarmerie nationale.
Il fallait cette clairvoyance et pas mal de pugnacité pour créer les communautés de brigades, malgré le scepticisme, malgré les conservatismes, malgré l'immobilisme.
Il fallait cette complexité de raisonnement et cette simplicité de conviction pour conduire la réforme du commandement et le plan d'adaptation des grades.
De l'énergie, et même de l'obstination, il vous en a fallu pour porter vos projets, pour maîtriser vos dossiers, pour négocier en tous domaines, notamment budgétaires, pour convaincre.

B) Il fallait également la force de l'autorité et la patience du dialogue.

Vous avez toujours su admirablement combiner les deux.
Vous avez incarné l'autorité de la gendarmerie nationale.
Une autorité ferme, sans complaisance avec ceux qui refusent les règles.
Une autorité indiscutée, parce qu'elle en appelle au respect de soi-même et de sa fonction, parce qu'elle s'exprime dans un langage vrai, parce qu'elle place chacun devant ses responsabilités,
Une autorité acceptée, parce qu'elle repose sur l'exigence de l'intérêt général et l'intelligence des aspirations individuelles.
Une autorité respectée, parce qu'elle est incarnée par un homme soucieux de ses subordonnés autant qu'attaché aux exigences de sa mission.
Ce sont aussi vos qualités de dialogue qui ont suscité l'adhésion et le respect d'interlocuteurs venus de tous les horizons.
Responsables politiques, élus, militaires, fonctionnaires ont perçu chez vous la franchise, la clarté d'esprit et le refus de la démagogie. Ils ont admiré l'ouverture et le sens de l'écoute. Ils ont respecté la fermeté des positions et la volonté de convaincre.
Général,
Pendant ces quatre années, vous avez porté la gendarmerie nationale par la densité de votre action, la droiture et la générosité de votre caractère, la force de vos convictions.
Vous avez fait honneur à l'Etat et à la gendarmerie nationale.
Vous laissez à votre successeur une gendarmerie plus forte, plus moderne et plus rayonnante que jamais.
Vos réussites auront été à la hauteur de vos qualités, de votre engagement et de la noblesse de vos idéaux.
En mon nom personnel et au nom du Gouvernement, je veux vous dire que notre estime et notre reconnaissance vous sont à jamais acquises.
Je vous remercie.