22.06.2007 - Cérémonie de baptême de la 57è promotion des commissaires de police

22 juin 2007

Intervention de Mme Michèle ALLIOT-MARIE lors de la cérémonie de baptême de la 57ème promotion des commissaires de police "Edouard VIGNERON". ENSP Saint-Cyr au Mont d'Or


Mesdames et Messieurs les commissaires,

Je suis heureuse de partager avec vous cet instant solennel du baptême de votre promotion.

Cette cérémonie restera gravée dans vos mémoires et celles de vos proches.

En choisissant de devenir commissaires de police, vous avez choisi d'exercer vos responsabilités au service de la loi et des Français.

C'est un métier d'exigence. Il nécessite de solides connaissances juridiques et techniques, comme du savoir-faire.

C'est aussi un métier profondément humain.

Demain ce sont des hommes et des femmes que vous allez encadrer. Ce sont d'autres femmes et d'autres hommes, notamment les victimes, dont vous devrez prendre en compte les difficultés.

Membres d'un corps de direction, hauts fonctionnaires, vous assumerez de lourdes responsabilités.

A Saint-Cyr au Mont d'Or, vous avez reçu une formation d'excellence. Elle vous a préparés à ce qui constituera le cœur de votre mission : servir sans relâche la sécurité de nos concitoyens, faire respecter l'autorité de l'État, défendre les libertés publiques et les institutions démocratiques, protéger les plus faibles et assurer la tranquillité de tous.

Elle vous a préparés à porter haut les valeurs de la police nationale.

Pour illustrer la noblesse et la grandeur de cette mission, vous avez choisi Edouard VIGNERON pour parrain de votre promotion.

Vous ne pouviez pas faire meilleur choix en cette année où la Nation toute entière a rendu, au Panthéon, un hommage solennel aux Justes de France.

Pendant la seconde guerre mondiale, sous l'Occupation, le secrétaire de police Edouard VIGNERON dirigeait le service des étrangers du commissariat central de Nancy.

A la faveur de ses fonctions, il organisa des filières d'évacuation des résistants alsaciens et lorrains. Il sauva de la déportation et d'une mort certaine plusieurs centaines de Juifs.

Sans se préoccuper du danger omniprésent, Edouard VIGNERON a opté pour le camp de la Justice, de l'honneur, de la tolérance, de la fraternité. Il a refusé l'indifférence, l'aveuglement, l'antisémitisme, les discriminations, le racisme.

Par ce choix, vous affirmez que vous êtes prêts à un engagement aussi total et déterminé que celui de votre parrain.

Pour faire vivre la nécessaire exemplarité qui en résulte, il vous faudra satisfaire à trois exigences : le respect absolu de la déontologie, l'efficacité dans la direction des services placés sous votre autorité, la maîtrise des multiples aspects du métier de commissaire.

Le respect de la déontologie sera la condition première de votre réussite, du soutien et de la confiance des Français.
Le manquement de l'un peut mettre en cause la crédibilité de toute l'institution.

La loi de la République ne se négocie pas.

Je soutiendrai toujours sans faille les policiers injustement accusés, mais je sanctionnerai aussi sans faiblesse ceux qui portent atteinte à l'honneur de la police nationale.

La deuxième condition de votre réussite sera votre capacité à diriger.

L'autorité hiérarchique ne s'exerce plus aujourd'hui comme autrefois.

Elle passe par l'explication, la pédagogie, l'association à la préparation puis à la mise en œuvre des décisions.

Le dialogue n'est pas l'indécision. Il renforce au contraire la légitimité de l'autorité.

Il vous reviendra de veiller avec ouverture et respect sur vos collaborateurs, en les maintenant au meilleur niveau opérationnel.

Diriger c'est aussi faire preuve en toutes circonstances de discernement dans l'action.

Imposer par la force publique le respect de la loi, exige une analyse prompte et lucide des situations et un choix de moyens proportionnés.

Diriger, c'est obtenir des résultats. Dans la lutte contre la délinquance, vous devrez fixer des objectifs, déterminer les moyens de les atteindre, analyser les causes des échecs pour mieux les surmonter, vous doter d'indicateurs qui permettent l'évaluation.
La troisième condition de votre réussite tient à votre adaptation aux contextes les plus divers.

Vous serez des hauts fonctionnaires dans l'action. Chaque fois que les circonstances l'exigent, n'hésitez pas à conduire personnellement les opérations sur le terrain.

Au quotidien, votre métier vous conduira à gérer les moyens mis à votre disposition, qu'ils soient matériels ou immobiliers.

Ce n'est pas une simple question financière.

C'est la condition de la qualité de l'accueil des victimes et du service du public. C'est aussi celle de la qualité de vie de vos collaborateurs, et donc de leur efficacité.

Le métier de commissaire est un métier qui s'exerce dans la société. Vous agirez quotidiennement en relation et partenariat étroit avec les collectivités territoriales, les élus, les acteurs de la vie locale, le tissu associatif et social.

Magistrats de l'ordre administratif et judiciaire, vous serez constamment en relation avec le corps préfectoral et les magistrats du siège comme du parquet.

Il vous faudra veiller particulièrement à la qualité de ce lien avec les autorités judiciaires. C'est la garantie de continuité et de qualité de la chaîne de la sécurité.

Vous devrez également tirer le meilleur profit du développement accéléré des technologies modernes.

La police technique et scientifique, les matériels de détection, de protection ou de surveillance, les systèmes de transmission embarqués, sont autant de moyens nouveaux pour élucider les enquêtes, faciliter les interpellations et renforcer la sécurité.

J'entends en faire une priorité dans la prochaine LOPSI.

Enfin, la dimension européenne et internationale est fondamentale tant pour identifier de meilleures techniques que pour agir dans des domaines transnationaux tels que le terrorisme, le crime organisé ou la cybercriminalité.

Je saisis cette occasion pour saluer ici les 16 auditeurs étrangers de votre promotion.

Je me félicite de voir ainsi des expériences différentes s'entrecroiser et s'enrichir mutuellement.
Mesdames et Messieurs les commissaires,

Il est de notre responsabilité de vous préparer au mieux aux difficiles responsabilités que vous allez exercer. C'est ce qui est fait ici.

Pour autant, dans un monde en constante évolution, face aux formes toujours renouvelées de délinquance, nous devons accroître encore la professionnalisation nécessaire à la prise du premier poste et à l'exercice du métier de commissaire.

J'ai décidé d'initier une réforme de la formation dans cet établissement afin de renforcer les connaissances techniques notamment dans les domaines propres aux directions spécialisées, tels que la police judicaire ou le renseignement.
J'ai demandé au DGPN de me faire des propositions afin que la 59ème promotion commence à en bénéficier.

Mesdames et Messieurs les commissaires,

Je vous ai remis l'écharpe tricolore distinctive de vos fonctions, symbole de votre autorité et de votre devoir.

Je lis dans vos regards, comme dans celui de vos familles, la fierté légitime de porter ce symbole de la République.

Sachez faire le meilleur usage des pouvoirs qui vous sont aujourd'hui conférés.

Je suis certaine, pour ma part que vous saurez vous montrer dignes de la confiance que je vous accorde et au-delà de moi la Nation toute entière.

Tous mes vœux vous accompagnent pour vos nouvelles missions.