19.11.2007 - Réception avec les Maires d'Outre-Mer

19 novembre 2007

Intervention de Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer et des Collectivités Territoriales - Hôtel de Beauvau


Mesdames et Messieurs les Maires
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs
C'est avec beaucoup de plaisir que je vous reçois aujourd'hui, avec Christian Estrosi, à l'occasion du Congrès des Maires de France.
Je vous accueille en qualité de Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales. En cette triple qualité, je tiens à vous dire que vous êtes ici chez vous.
La Rue Oudinot est le lieu de rencontre traditionnel pour tous  nos territoires d'outre-mer. Je n'en ignore pas la valeur symbolique.
La place Beauvau sera désormais une adresse tout aussi familière pour chacun d'entre vous, symbolisant votre place pleine et entière dans ce grand ministère qui met sa force au service de l'Outre-mer. Sachez que vous y serez toujours accueillis et écoutés.
Ma conviction ancienne et profonde est que l'outre-mer est une chance pour la France.
L'un des thèmes de votre congrès est : « le développement durable». Je veux mettre en place les outils d'un développement durable pour l'outre-mer : des outils fondés sur l'excellence économique, adaptés aux spécificités de chaque territoire.
C'est l'enjeu essentiel du projet de loi de programme pour le développement économique de l'outre-mer que je prépare avec Christian Estrosi, et dont il vous a parlé cet après midi.
Ce projet, voulu par le Président de la République, est audacieux.
Les zones franches globales d'activités couvriront l'ensemble des départements d'outre-mer. Chacune de vos communes est concernée. Aucune partie des territoires ne sera délaissée.
Notre ambition commune est de préparer nos départements d'outre-mer à la mondialisation. Permettons-leur de développer leurs atouts dans la concurrence internationale.
Le développement durable a été au cœur de vos réflexions.
L'outre-mer possède à cet égard de nombreux atouts qui peuvent être la base des futurs pôles de compétitivité : les énergies renouvelables, la biotechnologie, la biodiversité, les progrès dans la prévention des risques naturels ne sont pas les moindres d'entre eux.
Je veux les mettre en valeur et les faire connaître.
Je profiterai de la Présidence française de l'Union européenne au 2ème semestre 2008 pour convaincre l'ensemble des Etats membres que l'outre-mer, est une chance pour l'Europe.
Mesdames et Messieurs les Maires, je suis, vous le savez, une élue locale.
Je connais les exigences de votre mission. Je sais ce qu'elle réclame d'engagement personnel et de sacrifices au quotidien.
C'est vers vous que se tournent d'abord les habitants. Votre rôle est essentiel. Vous êtes le ciment de la vie sociale, du service public, de la solidarité.
Le rôle des élus est plus difficile en outre mer qu'en métropole, de par la taille des commune, la situation économique, les contraintes géographiques, les aléas climatiques.
Le passage de Gamède à La Réunion et de Dean aux Antilles, a eu des conséquences dramatiques.
Je veux ici rendre hommage à l'ensemble des Maires des trois départements de la Réunion et des Antilles.
Je veux à travers eux remercier chaleureusement l'ensemble des services municipaux pour leur dévouement, leur mobilisation auprès des populations sinistrées et leur efficacité dans la gestion des conséquences de cette catastrophe.
Etre maire, c'est être souvent le premier confronté aux difficultés et aux décisions qu'elles appellent.
Sachez que l'Etat sera toujours à vos côtés avec les renforts nécessaires en effectifs et en moyens, comme il a su le montrer au cours de ces derniers mois.
Forte de mon expérience d'élue locale, je veux vous dire ma conviction qu'un nouveau partenariat est possible entre l'Etat et les collectivités territoriales.
Ce nouveau partenariat est nécessaire. Il repose sur la confiance.
La confiance doit se traduire par des actions concrètes.

1. D'abord, les maires n'ont pas toujours les moyens de connaître toutes les évolutions législatives ou réglementaires. Les petites communes ne disposent pas toutes de services juridiques pour procéder aux vérifications nécessaires.

Je veux que les préfets, les sous-préfets et les services de l'Etat soient à vos côtés pour vous aider dans votre action, à connaître le droit applicable.

2. Ensuite, les maires doivent pouvoir aborder leur mission avec sérénité.

Je souhaite que le Gouvernement s'intéresse davantage à la question de la responsabilité pénale des élus.
C'est une question qui me tient particulièrement à cœur. J'y reviendrai plus longuement durant le congrès des maires de France, mercredi prochain.

3. Enfin, la confiance dépend du climat de sécurité régnant dans nos communes.

L'Etat est le garant et le premier responsable de la sécurité.
La délinquance enregistrée Outre-mer au cours des dix premiers mois de 2007 offre un tableau contrasté.
La délinquance de voie publique et les atteintes aux biens diminuent, comme en métropole.
En revanche, les violences volontaires contre les personnes ne cessent d'augmenter.
J'ai demandé aux préfets et aux hauts commissaires de prendre des mesures pour enrayer ce phénomène.
Je veux des résultats rapides pour que soit pleinement garantie la sécurité des biens et des personnes. Elle est un droit fondamental.
Liée à l'insécurité, l'immigration irrégulière touche plusieurs départements et collectivités, dans l'Océan indien, mais aussi en Guyane et en Guadeloupe.
Je suis bien sûr en contact étroit avec Brice HORTEFEUX pour garantir la cohérence de l'action du Gouvernement dans ce domaine.
Grâce à l'action des policiers et des gendarmes, plus de 21.000 personnes ont été éloignées  au cours des dix premiers mois de 2007, ce qui correspond à une augmentation de 3% par rapport à 2006.
La sécurité, c'est aussi la sécurité routière. La situation d'ensemble s'améliore, mais certains territoires connaissent une dégradation sensible.
Pour ma part, je refuse la fatalité.
Les opérations de contrôle doivent être orientées vers la recherche des infractions graves, génératrices d'accidents : infractions commises par les utilisateurs de deux roues motorisés, ou dues à l'alcool et à la vitesse.
Mais tous ces efforts doivent être accompagnés d'une responsabilisation des usagers. Votre concours m'est indispensable.
En matière de sécurité, il ne peut y avoir de résultats durables sans une coopération avec les élus.
La sécurité est une chaîne associant des partenaires différents. Leur autonomie doit être respectée mais ils ont le devoir de travailler ensemble.
Une véritable relation de confiance doit s'établir sur le terrain entre les policiers et gendarmes et les maires. Par un dialogue permanent, un travail commun, nous pourrons agir au mieux pour protéger nos concitoyens.
La répression n'est pas le seul volet de la lutte contre l'insécurité.
Je me réjouis de voir que se sont développés dans plusieurs territoires, les contrats locaux de sécurité de nouvelle génération et les contrats urbains de cohésion sociale qui permettent d'apporter des réponses coordonnées et adaptées.
Cette action commune pour la sécurité, nous la retrouverons dans d'autres domaines.
En outre mer comme en métropole, les Maires sont confrontés à de nombreux défis : la gestion des déchets, la maîtrise des finances, l'adaptation du système fiscal local, la participation du citoyen aux affaires locales, l'intercommunalité.
Dans les départements tout comme dans les collectivités d'outre-mer, l'intercommunalité doit être envisagée comme un véritable outil d'action dans les domaines qui dépassent nos communes. Elle est encore inégalement développée outre-mer.
Pour moi, la commune et l'intercommunalité sont complémentaires. Mais il faut sans doute en assouplir la mise en œuvre. Les solutions doivent être pragmatiques.
J'aurai l'occasion de revenir sur certains de ces thèmes mercredi.
Mesdames et Messieurs les Maires, votre tâche est difficile, exigeante, passionnante.
Je veux vous assurer de toute ma confiance et de tout mon soutien. Vous devez savoir que l'Etat est pleinement à vos côtés.
Nos libertés locales ne s'épanouiront que dans une étroite concertation entre les collectivités territoriales et l'Etat, garant de l'intérêt général sur l'ensemble de notre territoire.
C'est ce que j'entendais vous dire aujourd'hui, ici, place Beauvau, où se dessinent quelques-unes de nos grandes ambitions partagées.