19.06.2007 - Installation de M. Michel Gaudin à la Préfecture de Police

19 juin 2007

Intervention de Mme Michèle ALLIOT-MARIE lors de l'installation de M. Michel GAUDIN à la Préfecture de Police


Monsieur le Maire de Paris,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Préfet de Police,
Mesdames et Messieurs les Préfets,
Mesdames et Messieurs les Directeurs, 
Général,
Mesdames, Messieurs,

Après trois années passées à sa tête, Pierre MUTZ a quitté la Préfecture de Police. Il continue à servir la Capitale et la Région d'Ile-de-France comme Préfet de Région.
La cérémonie au cours de laquelle j'installe aujourd'hui Michel Gaudin est un évènement important pour Paris, pour les Parisiens et pour la police nationale.

Héritière de la Prévôté de Paris et de la Lieutenance Générale de Police, la Préfecture de Police, a forgé son identité dans l'Histoire.

Lieu de tradition, sa capacité d'adaptation aux nouveaux besoins et aux nouveaux défis y est aussi une constante.

Depuis le 19ème siècle, les innovations majeures dans la pratique de la police en France – qu'elles soient la formation, la gestion de la voie publique ou encore l'investigation judiciaire – ont eu pour cadre la Préfecture de Police.

Ces dix dernières années, son personnel a montré une extraordinaire faculté à faire évoluer de façon radicale l'organisation des services et la pratique quotidienne des métiers.

C'est l'illustration des immenses ressources sur lesquelles nous pouvons compter pour affronter les enjeux d'aujourd'hui et de demain.
Forte aujourd'hui de 34.000 fonctionnaires et agents, elle s'appuie sur une organisation sans équivalent.

Le Préfet de Police a une triple responsabilité.
Il garantit la sécurité, celle des Parisiens et celle aussi des millions de visiteurs annuels.
Il protège dans cette ville-capitale, siège des Pouvoirs Publics, les institutions nationales et internationales qui y ont leur siège, sans oublier l'ensemble des représentations diplomatiques étrangères.
Préfet de la zone de défense de Paris, il est responsable de la coordination des actions de l'Etat dans le cadre de la protection de plus de 12 millions de Franciliens.
Ainsi, pour la Préfecture, le mot "police" se décline dans toute sa signification étymologique et dépasse la seule lutte contre la délinquance.

Au cœur de la cité, elle agit au plus près des habitants, les protège contre les risques sanitaires ou accidentels, les accueille dans leurs démarches administratives, leur rend la vie quotidienne plus facile, les secoure face aux périls.
Ce service de nos concitoyens exige une excellente coopération avec la Ville de Paris.
Ses élus, ses agents apportent leur incontournable connaissance du terrain.
J'ajoute, et ce n'est pas négligeable, qu'elle concourt au financement de la Préfecture de Police pour le volet municipal de ses missions.

Ce rapprochement avec les municipalités est, à mes yeux, de plus en plus indispensable pour nous permettre de répondre aux attentes des citoyens et aux évolutions de la société, de la délinquance, du besoin de protection des personnes ou des biens, d'exigence d'accueil et de prise en compte des victimes.
En matière de sécurité, comme l'ensemble de la police nationale, la Préfecture de Police doit satisfaire aux objectifs fixés par le Président de la République pour les cinq années à venir.
J'entends soutenir cette mobilisation en faisant porter l'effort sur cinq points majeurs :

- Première exigence, il faut continuer à faire baisser la délinquance, surtout celle de voie publique. Elle a, notamment à Paris, a régressé au cours des 5 premiers mois de cette année. Pour autant, c'est celle qui touche le plus nos concitoyens au quotidien.
Dans une ville à laquelle un réseau de transport en commun particulièrement dense permet d'accéder avec une rapidité extrême, et où la moitié des délinquants interpellés ne résident pas, il convient à la fois d'accentuer la présence sur la voie publique et d'amplifier la coordination régionale.

Paris doit ainsi rester l'une des capitales les plus sûres du monde.

- Deuxième exigence, l'élucidation des affaires. Il faut la faire progresser.
Un fait non élucidé, c'est un constat d'échec et, pour les victimes, une interrogation légitime sur l'efficacité des pouvoirs publics.
A contrario, une affaire élucidée, c'est une victime rétablie dans ses droits, et un renforcement du lien de confiance entre la population et la police. J'y suis particulièrement attachée.
La police technique et scientifique est un élément incontournable de la réussite des enquêtes. Elle doit bénéficier, surtout dans la Capitale, de moyens nouveaux et performants, adaptés aux évolutions technologiques et aux exigences toujours croissantes de qualité.

Les laboratoires de Police parisiens, reconnus pour l'expertise de leurs personnels scientifiques, doivent bénéficier des infrastructures indispensables à leur mission.

Le renouvellement des locaux et la mise à niveau des matériels de haute technologie doivent se faire sans retard. J'y veillerai avec beaucoup d'attention.

- La lutte contre les filières de toutes sortes qui contribuent aussi bien à la criminalité organisée qu'à l'insécurité courante, doit être intensifiée. C'est notre troisième exigence.

Notre devoir permanent de protection des plus faibles, des plus vulnérables exige de combattre à tout instant les trafics de stupéfiants, de main d'œuvre, et d'êtres humains.

Enfants exploités, femmes battues, personnes âgées maltraitées, toutes ces victimes de violences physiques et morales doivent savoir qu'elles peuvent compter sur l'engagement total de chaque policier pour les aider et les protéger.

- Quatrième exigence : moderniser notre approche en introduisant les technologies les plus nouvelles. Je veux étendre leur utilisation en soutien de l'exercice traditionnel de la mission de sécurité.

Outre les moyens matériels modernes de protection, de dissuasion, de recherche et d'intervention, je souhaite développer nos moyens d'analyse et d'anticipation des risques permettant d'assoir une réponse adaptée.

J'entends dans ce domaine doter le ministère de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, d'une direction chargée de l'analyse stratégique.

La Préfecture de Police y apportera naturellement son concours.

- Enfin, je sais qu'il n'est pas de police efficace sans l'engagement et le dévouement de celles et ceux qui la font vivre. Je veux souligner leurs mérites et alléger leurs contraintes extérieures.

J'ai conscience des difficultés particulières de la région parisienne, notamment en matière de transport et de logement. Elles sont un obstacle à une fidélisation des effectifs.

J'entends que soit immédiatement engagée une réflexion sur les moyens d'améliorer la qualité de vie des agents de l'Etat qui contribuent à la sécurité.

Je ne doute pas que la Préfecture de Police saura se montrer exemplaire dans l'action qui s'engage.

Monsieur le Préfet de Police, vous prenez la direction d'une institution dont la disponibilité, la capacité de réaction devant l'urgence, la culture de l'exigence et du dépassement de soi sont chaque jour mises au défi.

Parfait connaisseur de la Police Nationale pour l'avoir dirigée durant de longues années, rien ne vous est étranger dans le fonctionnement de cette administration riche de particularités.
A la tête de cette grande institution, vos qualités humaines et professionnelles, votre expérience et votre détermination vous permettront – je n'en doute pas un instant – de faire aboutir avec succès les chantiers qui vous attendent.
Dans cette lourde mission dont vous a chargé le Gouvernement, vous bénéficiez de toute ma confiance.

En ma qualité de ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, je vous confie, Monsieur le Préfet de Police, les clefs de cette grande Maison.

Je vous souhaite, ainsi qu'aux 20 000 policiers, 8 000 sapeurs-pompiers et 6 000 cadres et employés administratifs placés sous votre autorité, d'obtenir les succès que méritent celles et ceux qui ont fait le choix de travailler au service de la sécurité de leurs concitoyens, parfois jusqu'au sacrifice.

Je vous engage également à maintenir la relation privilégiée et le dialogue permanent avec le Maire et les élus de la Capitale, pour le bien-être des Parisiens.

Je sais pouvoir compter sur votre loyauté et votre dévouement. Vous pouvez compter sur mon soutien.

A vous Monsieur le Préfet de Police, et à tous ceux qui sont appelés à œuvrer sous votre autorité, j'adresse mes vœux les plus sincères de pleine et entière réussite.