10.10.2007 - IFTAR - Grande Mosquée de Paris

10 octobre 2007

Intervention de Mme Michèle Alliot-Marie Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités territoriales à la Grande Mosquée de Paris


Monsieur le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, cher Docteur BOUBAKEUR,

Mesdames et Messieurs les membres du conseil d'administration et du bureau du Conseil Français du Culte musulman,

Mesdames et Messieurs les présidents et membres des conseils régionaux du culte musulman,
Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Merci, cher Docteur BOUBAKEUR, pour la chaleur de votre accueil, qui ne doit pas seulement aux fonctions que nous exerçons respectivement, mais aussi et surtout à une ancienne et très profonde amitié à laquelle j'associe tous les membres de la communauté musulmane France.

C'est avec une joie profonde que je suis avec vous ce soir, comme amie et comme ministre chargé des relations avec les cultes, pour partager ce repas qui marque la rupture du jeûne.

Ce mot de partage symbolise précisément l'esprit dans lequel je conçois mes relations avec vous : être à vos côtés non seulement pour partager vos traditions, vos espérances, mais aussi pour identifier et mettre en oeuvre une politique ambitieuse au profit d'un culte musulman pleinement intégré au sein de notre République.

Nous y travaillons ensemble depuis longtemps. La création de l'aumônerie musulmane aux armées en a été en 2005, un résultat visible d'importance. Je suis heureuse de saluer ce soir monsieur Arbi, aumônier militaire en chef du culte musulman.

Il nous appartient désormais d'aller au-delà.

L'Etat et les pouvoirs publics, et le ministre chargé des cultes que je suis, ont nous le savons tous, des responsabilités éminentes à l'égard de tous les cultes.

La première d'entre elles est de permettre à tous ceux qui le souhaitent de pratiquer librement la religion de leur choix. J'entends exercer pleinement ces responsabilités, dans un esprit de dialogue et d'ouverture.

L'Islam de France mérite un engagement fort de l'Etat. Il vous est pleinement acquis et depuis longtemps. L'histoire de la Grande Mosquée de Paris où nous sommes rassemblés ce soir en atteste.

L'avenir de l'islam de France est riche de promesses et d'espérances si nous nous en donnons tous les moyens.

Je suis résolument optimiste.

En effet, l'Islam de France est aujourd'hui organisé, structuré, et pleinement intégré au sein de la République.

Il sera, plus que jamais, organisé et structuré autour des institutions qui le représentent auprès des pouvoirs publics et agissent en son nom. Je pense en tout premier lieu au Conseil français du culte musulman et aux CRCM.

Je tiens à saluer ici l'œuvre accomplie par le CFCM et son président, cher Docteur BOUBAKEUR, pour sa contribution décisive à l'affermissement d'un islam français modéré et intégré.

Vous l'avez justement indiqué, Monsieur le recteur, l'Islam de France est aujourd'hui apaisé et serein. Nous vous le devons. Soyez en remercié chaleureusement.
Nous devons ensemble consolider ces acquis.
Cela passe notamment par un renforcement des institutions représentatives, et donc du CFCM et des CRCM.

Ces conseils doivent être renouvelés au printemps prochain, conformément à leurs statuts.

Il vous appartient donc de conduire la consultation électorale du printemps 2008.  

L'Etat sera à vos côtés, et répondra bien entendu aux sollicitations que vous pourriez exprimer pour mettre en œuvre ce processus complexe mais indispensable, qui seul permettra d'assurer la continuité et la diversité de la représentation du culte musulman.

Il appartient dans le même temps à l'Etat de conforter cette institution qui a déjà trouvé sa place dans le paysage institutionnel, mais qui doit disposer des moyens des ambitions que nous plaçons en elle.

A cet effet, je soutiens et accompagne la mise en place effective de la Fondation par le président pressenti et le conseil d'administration pour les Œuvres de l'Islam, crée il y a déjà deux ans, mais qui demeure une virtualité à ce jour.

J'en attends beaucoup dans deux directions principales: le financement du CFCM et de ses missions d'une part, l'implantation des lieux de culte sur le territoire d'autre part.

A ce dernier titre, je souhaite que soit élaboré un schéma directeur des implantations en étroite concertation avec les élus et notamment les maires, légitiment attentifs à ces questions.

A l'été, vous avez bien voulu accepter ma proposition d'assurer la présidence de la Fondation, Monsieur le recteur et je vous en remercie vivement.

Vous avez souhaité que l'Etat contribue au fonctionnement de l'institution en mettant à sa disposition un directeur général issu du ministère de l'Intérieur.

J'accède à votre souhait. Des locaux et des moyens de fonctionnement sont d'ores et déjà identifiés. Le conseil d'administration inaugural se réunira dès le 16 octobre.
Je me réjouis de voir cette Fondation devenir très prochainement une réalité concrète (qui saura répondre aux interrogations de fond de l'Islam de France).

L'engagement de l'Etat et le mien ne s'arrêteront pas aux institutions. Ils concernent aussi le fonctionnement concret du culte musulman. Je pense notamment à la formation des imams de France au sein d'établissements universitaires.
Ce dossier est essentiel. De son aboutissement dépend en effet l'effectivité de la lutte contre le fanatisme et les extrémismes. Je sais que nous partageons tous cette préoccupation.

Je soutiens donc les projets de formation en cours d'élaboration car il est de la responsabilité de l'Etat de veiller à l'intégration de l'Islam au sein du pacte républicain.

Donner un corpus de connaissances et de réflexions sur la place des religions dans un Etat de droit, c'est précisément l'objet de la formation juridique, historique et économique qui sera prochainement dispensée par la Faculté des sciences économiques et sociales de l'Institut Catholique de Paris.
Ce projet est de la compétence des pouvoirs publics, comme il appartient aux autorités religieuses d'exercer leurs responsabilités dans l'ordre théologique.
Un certain nombre d'attentes fortes se sont également exprimées au cours des travaux de la commission MACHELON.
Je pense notamment aux aspirations légitimes des musulmans de France à être inhumés en France, auprès des leurs, au sein d'espaces confessionnels. J'ai installé hier le groupe de travail technique auquel vous êtes évidemment associés qui a pour mission l'élaboration à court terme des dispositions nécessaires à la mise en œuvre de ces différentes propositions et réflexions.
Enfin, je tiens à vous confirmer que les instructions ont été données aux Préfets pour la coordination de la préparation d'un déroulement de l'Aïd conforme à vos attentes légitimes et dans le respect de la législation sanitaire de notre pays.

Monsieur le Recteur,

Mesdames et Messieurs,

Vous l'avez compris, je suis à vos côtés pour construire très concrètement le présent et l'avenir de l'Islam de France.

Je sais pouvoir compter sur vous pour prendre toutes vos responsabilités à mes côtés.

Ensemble, nous intégrerons définitivement les musulmans de France au sein d'une communauté nationale dont ils sont pleinement membres, et nous repousserons les tentations extrémistes et séparatistes.

Je vous renouvelle tous mes vœux les plus chaleureux pour vous mêmes et vos familles.

Je vous remercie.