08.10.2008 - PFUE - Séminaire ATLAS

8 octobre 2008

Intervention de Michèle ALLIOT-MARIE, ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer et des Collectivités Territoriales lors du Séminaire ATLAS


Mesdames, Messieurs,

Le terrorisme international fait peser un risque permanent sur nos démocraties.

Depuis le 11 septembre  2001, le terrorisme islamiste est devenu l'ennemi mondial.

Madrid en mars 2004, Londres en juillet 2005, les projets d'attentats découverts depuis en Allemagne, au Danemark ou en Italie, nous l'ont tragiquement rappelé.

La première responsabilité de nos Etats est d'apporter à nos concitoyens une protection à la hauteur de la menace.

Permanente, la menace est évolutive.

Le terrorisme islamiste ne se résume pas à l'appel à la guerre entre monde musulman et monde occidental. Il tend désormais vers une contestation fondamentale de nos sociétés et de nos valeurs.

Les conflits irakien, israélo-palestinien et afghan sont autant de terrains d'entraînement pour les extrémistes.

Internet apporte au terrorisme un vecteur nouveau d'endoctrinement, de recrutement et de structuration de ces réseaux.

Dans ces conditions, le risque du passage à l'acte est de plus en plus difficile à déceler.

Un devoir de vigilance accru s'impose.

Nous avons la responsabilité d'anticiper toutes les éventualités pour ne pas être pris au dépourvu.

Il nous revient d'adapter nos instruments pour garder toujours un temps d'avance sur le terrorisme international.

Définir une véritable stratégie de prévention est devenu une nécessité absolue.

Ministre de l'Intérieur, j'ai voulu doter la France des moyens d'anticiper toutes formes d'attaques terroristes.

Trois priorités guident mon action :

- Mieux déjouer, en amont, les projets d'actions terroristes. Le regroupement des services de renseignements au sein de la nouvelle Direction Centrale du Renseignement Intérieur permet de gagner encore en efficacité.

- Anticiper l'évolution des menaces, c'est avoir une réflexion sur les changements à venir. C'est pourquoi j'ai créé au sein du ministère de l'Intérieur une délégation à la prospective et à la stratégie, chargée d'améliorer notre analyse des enjeux et d'assurer la diffusion d'informations ciblées, en lien direct avec les besoins opérationnels.

- Nous devons développer la coopération internationale. Vous en êtes un excellent exemple. La coopération franco-espagnole contre l'ETA, formalisée par les accords de décembre 2007, en est un exemple.

La prévention est un aspect majeur de la lutte contre le terrorisme. Il n'est pas le seul.

Lutter contre le terrorisme, c'est aussi être à même de réagir, si le pire arrive.

Le Livre Blanc français de sécurité et de défense place le ministère de l'Intérieur au cœur du dispositif de gestion de crise.

Dans ce cadre, j'ai décidé de donner au ministère de l'Intérieur les moyens de sa mission avec la création d'une salle de crise dotée des technologies de pointe, à même d'accueillir, dès l'été prochain, en permanence toutes les composantes interministérielles concernées, et les plus hautes autorités de l'Etat.

Au plan opérationnel, il est vital de disposer d'unités spécialisées, prêtes à agir en cas d'attaque terroriste.

- Les évènements des jeux olympiques de Munich en 1972 ont montré la nécessité de disposer d'unités spécialisées dans la libération d'otages.

Depuis, les Etats membres de l'Union Européenne se sont dotées d'unités d'élites : le GSG9 en Allemagne, le groupe KOBRA en Autriche, le groupe DIANE en Belgique. Vous êtes aujourd'hui 34 unités européennes impliquées dans l'action contre le terrorisme.

- En France, il existe deux unités d'élites, capables de répondre à des situations extrêmes :

- Le GIGN, qui a acquis, depuis 1974 une solide expertise dans de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.

- Le RAID, qui participe depuis 1985 à la lutte contre toutes les formes de terrorisme et de grand banditisme.

Ces deux unités sont complémentaires. C'est pourquoi j'ai décidé de les faire travailler ensemble, pour multiplier leurs échanges sur les techniques d'intervention et leur permettre de s'appuyer mutuellement dans les situations d'engagement opérationnel extrême.

Des exercices communs permettent aujourd'hui avec succès de renforcer interopérabilité et capacité à affronter les actions hostiles les plus redoutables.

Confrontés aux mêmes risques, nos Etats ont développé des savoir-faire dans la gestion des situations extrêmes.

Il est de l'intérêt de tous de partager cette expérience dans le cadre de la coopération européenne. C'est l'ambition du groupe ATLAS.

ATLAS est le modèle d'une coopération réussie dans la lutte contre le terrorisme.

La méthode du réseau ATLAS, c'est le pragmatisme et l'échange.
 
Groupe de travail informel, il est à l'opposé des organisations technocratiques qui nuisent parfois à l'action commune.

Informel, mais structuré : la décision du conseil du 23 juin 2008 permet en effet la collaboration entre vos unités spéciales en cas de crise sur le territoire européen.

Le réseau ATLAS rapproche les unités spéciales, et confrontent vos analyses et vos savoir-faire.

Il permet la mise en commun, en cas d'urgence, de capacités et de compétences que seules vos unités détiennent.

Il permet la mise en œuvre concrète de la solidarité européenne en situation de crise.

Le réseau ATLAS est un acquis. Il doit servir de référence à notre action commune contre le terrorisme. 

Mais il faut aller au-delà.

Je veux en faire un modèle pour la coopération des polices européennes.

Un réseau commence certainement par une liste de points de contacts sur un document du Conseil. Mais il ne peut pas se réduire à cela.

Pour être efficace, il a besoin de formations, de procédures, de technologies. Il ne s'agit pas de créer de nouvelles structures, mais de les faire converger.

Mon ambition est de placer cette convergence au cœur de l'Europe de la sécurité.

Ce qui vaut; dans le cadre du terrorisme; doit valoir également pour le reste de la coopération policière.

Cet acquis s'inscrit dans la priorité de la Présidence française de l'Union européenne.

Notre priorité est de travailler à une convergence croissante des polices européennes.

Appliquons à l'ensemble de la coopération policière la méthode qui a réussi pour ATLAS.

En effet, la convergence c'est d'abord d'apprendre à travailler ensemble sur le terrain.

Prenons l'exemple des commissariats européens : j'ai proposé à mes partenaires d'étendre le dispositif. Nous y sommes parvenus. Nous avons atteint un meilleur niveau de convergence.
Autres exemples, les centres de coopération policière et douanière, et les patrouilles mixtes en zones frontalières. Ce qui se passe aux frontières peut avoir une relation avec les activités terroristes. L'argent de la criminalité organisée, de la drogue en particulier, peut financer des opérations terroristes.

Dans ces trois domaines, j'en ai la conviction, nous allons parvenir à un niveau supérieur de convergence sur le terrain.

Le fait est là : nous sommes dans une dynamique de convergence.

Bien entendu, l'avenir dans ce domaine, c'est de rapprocher nos formations et de rationaliser nos méthodes, de sorte que le travail en commun, à l'image de ce que vous avez fait du dispositif ATLAS, devienne la culture européenne.

Mesdames, Messieurs,

Je vous exprime ma reconnaissance pour le travail que vous réalisez.
Agir contre le terrorisme est une exigence. Travailler ensemble est une nécessité.

Vous contribuez, par votre action commune, à toujours mieux protéger nos concitoyens contre la violence aveugle.

Vous pouvez compter sur mon soutien au nom de la Présidence française de l'Union Européenne.

Elle soutient votre effort pour rapprocher des pratiques encore trop disparates.

Elle soutient votre action au service de notre sécurité et de nos libertés.

Je vous remercie.