24.03.2005 - Introduction du séminaire "25 quartiers"

24 mars 2005

Allocution de Dominique de Villepin, Ministre de l'Interieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés Locales


Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs,

- D'abord je veux vous remercier de participer à ce séminaire. Votre présence à tous - élus, préfets, procureurs de la république, inspecteurs d'académie, services de police et de gendarmerie, acteurs du monde social - marque un engagement partagé sous l'autorité du Premier Ministre représenté ici par le Préfet BISCH :
· Engagement pour les valeurs qui fondent notre pacte républicain : la tolérance, mais aussi le droit de chacun d'avoir les mêmes chances dans la vie, quelles que soient les difficultés et les handicaps de départ ;
· Engagement contre les maux de notre société : insécurité, chômage, difficultés du logement.
· Engagement pour une méthode nouvelle : le partenariat entre tous les acteurs locaux : les représentants de Etat, les élus, les professionnels de terrain, les citoyens.

- Le plan pilote 25 quartiers est fondé sur une exigence d'unité :
· Unité d'approche face à une pluralité de problèmes et de situations : il s'agit à la fois de faire reculer la violence et de lutter contre les discriminations, ce qui suppose d'agir ensemble avec les Ministères concernés : Intérieur, Justice, Education nationale, , Emploi et Cohésion sociale, Jeunesse et Sports ;
· Unité d'action sur le terrain autour du Préfet, du Procureur de la République et du Maire, dont la place est centrale dans toute action préventive.

- L'objectif est clair : la République doit se réinvestir dans les quartiers en réaffirmant trois principes :
· D'abord le respect : respect de l'autre, qui implique le respect de la règle commune, et donc le respect de l'autorité de l'Etat ;
· Ensuite le dialogue, seule alternative à la violence aussi bien au sein des familles que sur la voie publique.
· Enfin la fraternité, qui doit nous guider pour relever ensemble le défi d'une société plus juste et plus généreuse.

Pour répondre à cet objectif, le plan pilote nous offre deux atouts essentiels.

1. D'abord il nous permet d'établir le bon diagnostic.

- Pour cela nous avons mis en place une batterie d'indicateurs locaux :
· Pour mesurer la sécurité, un " indicateur de paix publique " : il a permis de mieux appréhender ce que le préfet du Haut-Rhin appelle " l'ambiance du quartier " ;
· Pour évaluer la qualité de la vie scolaire, un indicateur qui s'appuie sur les résultats des établissements, l'évolution du taux d'absentéisme, et le nombre d'incidents et de mesures disciplinaires.

- Nous le savons bien : les habitants des quartiers sensibles ont les mêmes attentes que l'ensemble des Français, même si la tâche y est plus difficile :
· D'abord la protection et la sécurité. Trop souvent ce sont les personnes les plus vulnérables, femmes seules, personnes âgées, enfants et adolescents qui sont les premières victimes de la délinquance. Je pense aux violences quotidiennes, aux trafics, aux rackets, au vandalisme ou encore à l'action des bandes ;
· Ensuite l'éducation : car au cœur des situations les plus difficiles, il y a le risque de décrochage de certains élèves et les formes nouvelles de la violence, dans et autour des établissements scolaires.
· Troisième priorité, l'emploi : le chômage frappe là aussi les jeunes, privant parfois 30 à 50% d'entre eux d'accès à la vie active.

- Mais surtout, nous nous heurtons à une difficulté particulière dans ces quartiers, à une certaine tendance au repli identitaire qui entraîne un triple risque :
· Un risque de marginalisation d'un quartier, menacé de devenir un territoire fermé entretenu par une économie parallèle, sans que chacun prenne réellement conscience du caractère criminel des trafics.
· Un risque pour la sécurité, car ces replis identitaires nourrissent la violence urbaine et portent atteinte à l'autorité de l'Etat ;
· Un risque pour la laïcité dans tous les services publics, face à l'apparition de nouvelles discriminations entre les sexes.

- Ensemble, nous devons nous interroger sur les causes de ces phénomènes de repli :
· Ils sont pour partie dus à certains choix d'urbanisme des quarante dernières années ;
· Ils résultent également des difficultés des politiques sociales d'intégration, qui n'ont pas tenu les promesses de solidarité et de retour à l'ordre ;
· Ils découlent enfin de rapports de force imposés par des groupes qui prétendent imposer dans les quartiers une autre loi que celle de la République.

2. Face à cela le plan pilote nous permet d'agir ensemble

- Malgré les difficultés, des résultats ont été obtenus, avec un net recul de la délinquance dans les quartiers : -7% en moyenne pour la délinquance générale et -12% pour la délinquance de voie publique, soit une baisse d'un tiers supérieure aux moyennes départementales concernées.

- C'est le fruit de la mobilisation de l'ensemble des services de sécurité. Ainsi les GIR ont permis le démantèlement de plusieurs filières :
· 13 quartiers ont fait l'objet d'au moins une intervention d'un GIR.
· Ces actions ont permis l'interpellation et le placement en garde à vue de près de 300 personnes.
 
- Mais c'est aussi le fruit d'un véritable travail d'équipe entre vous tous, préfets, maires, procureurs de la République communauté éducative, , professionnels de la sécurité et de la cohésion sociale :
· C'est ce travail d'équipe que je suis venu saluer avec Dominique Perben, Marie-José Roig et Marc-Philippe Daubresse.
· Nous allons maintenant écouter avec attention les conclusions de vos travaux de la matinée, et à l'issue nous vous présenterons les orientations que le gouvernement va mettre en œuvre à partir de cette expérience.

Je vous remercie.