23.02.2005 - Coopération policière et douanière franco-italienne

23 février 2005

Intervention de Dominique de Villepin le 21 janvier à Modane à propos de la lutte contre l'immigration irrégulière.


Permettez –moi d'abord de dire à quel point je suis heureux d'accueillir ici à MODANE mon collègue et ami Juseppe PISANO pour une journée franco-italienne ici à MODANE et qui a lieu ici à MODANE et qui a lieu en même temps à ROME puisque le Président du Conseil italien et le Premier Ministre travaillent sur les affaires économiques de leur côté.

Nous sommes mobilisés à l'occasion de l'inauguration de ce centre de coopération policier et douanier pour lutter contre l'émigration irrégulière et renforcer le contrôle des frontières. Et la présentation qui nous a été faite ce matin montre bien qu'il y a une pression migratoire forte à la frontière puisqu'il y a eu en 2004 plus de 5 000 reconduites. Ce sont souvent des Pakistanais, des Indiens, des Roumains, des Marocains. Beaucoup passent la frontière pour se rendre dans le nord de la France, dans le CALAISIS.

Il est donc important de pouvoir faire face à cette pression migratoire le plus près des frontières. Et c'est pour cela que nous voulons renforcer notre coopération bilatérale avec des patrouilles mixtes comme celles que nous venons de voir ce matin, italiennes et françaises. Nous voulons que ces patrouilles mixtes puissent faire leur travail à la frontière mais contrôler aussi les axes routiers. Il faut que les axes routiers soient bien contrôlés et nous voulons étendre cette coopération et ces contrôles dans le domaine ferroviaire, faire des contrôles ferroviaires. Nous avons fait une expérimentation à la fin de l'année dernière, au mois de décembre et nous avons réalisé plus de 400 interpellations. Nous allons donc multiplier ces contrôles et ces interpellations.

De la même façon, cette coopération bilatérale, nous voulons l'étendre à l'échelle européenne et en particulier dans le domaine du contrôle maritime et nous nous associons aux efforts engagés par l'Italie dans le cadre des opérations « NETPTUNE » avec d'autres partenaires européens pour faire face à cette immigration clandestine qui arrive par la mer. Nous voulons aussi développer notre coopération pour la protection des frontières de l'Europe. Nous sommes fortement engagés pour aider la Roumanie face à l'immigration irrégulière qui transite par son pays et nous allons donc travailler ensemble au centre de contrôle (inaudible).

 Il y aura très prochainement une rencontre de haut niveau qui sera organisée entre les directeurs de la police italienne et la police française qui précisera les mesures nécessaires sur l'ensemble de ces sujets,  contrôle frontalier et contrôle de l'émigration . Nous avons évoqué bien sûr la perspective des jeux olympiques de Turin en 2006 et j'ai dit clairement à mon ami Juseppe que nous soutiendrons leurs efforts et leurs actions pour que ces jeux olympiques se déroulent dans les meilleures conditions.

Nous sommes également mobilisés contre le fléau que constituent les trafics de stupéfiants. Nous avons évoqué la nécessité de nous mobiliser davantage encore contre les réseaux de crimes organisés qui cherchent à développer ces trafics et nous sommes d'accord pour développer une plate-forme régionale européenne dans les Balkans, en Europe Centrale, pour empêcher ces stupéfiants de venir  jusque chez nous. Il est essentiel donc que la mobilisation puisse avoir lieu très en amont. Voilà brièvement ce que je voulais vous dire de ces entretiens et je laisse la parole à mon ami Juseppe.

Y a-t-il  des questions ?

Ces patrouilles ont-elles vocation à devenir franco-espagnoles, franco-belges (inaudible) ?

Nous avons de part et d'autre engagé des coopérations avec l'ensemble de nos voisins. Ces patrouilles mixtes, j'ai eu l'occasion de les voir travailler sur place à KEHL avec nos amis allemands et de la même façon avec nos amis espagnols sur les Pyrénées. Donc c'est bien la marque de notre volonté de travailler en commun, de la même façon d'ailleurs dans le CALAISIS quand je me suis rendu avec mon homologue britannique où nous avons des équipes communes qui surveillent de part et d'autre.

Donc je crois que c'est la mobilisation des nos pays pour faire face à des défis communs. Juseppe l'a bien rappelé, ces défis de l'émigration irrégulière, ces défis des grands trafics de crime organisé, qu'il s'agisse des trafics de drogue, qu'il s'agisse de trafics d'êtres humains, qu'il s'agisse terrorisme. Donc cela implique une mobilisation. Ce n'est pas chacun d'entre nous de façon séparée, c'est tous ensemble en unissant nos moyens, ce qui nous permet d'être beaucoup plus efficace.

L'opération que nous avons engagée durant le mois de décembre et qui a permis véritablement de réaliser un certain nombre de patrouilles, de contrôles routiers, eh bien a  montré à quel point nous étions plus efficaces puisque nous avons réalisé plus de 400 interpellations. Donc cela montre bien qu' il faut les développer dans le domaine routier. Il faut les développer dans le domaine ferroviaire par davantage de contrôles.

 Il est beaucoup plus facile et beaucoup plus efficace d'opérer ces contrôles dans la proximité de la frontière, dans la zone frontalière parce que les reconduites sont beaucoup plus simples plutôt que d'attendre que ces mêmes populations se retrouvent à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière. Donc je crois que c'est à la fois l'intérêt de nos deux pays et en même temps une règle d'efficacité.

A combien on estime la diminution des personnes qui sont arrivées jusqu'à Calais justement à la suite de cette patrouille ?

Alors une fois de plus l'opération que nous avons réalisée, nous l'avons réalisée au mois de décembre. Nous allons multiplié ces opérations Ce qui est certain, c'est qu'on a parlé de 400 et quelques interpellations pour cette partie du mois de décembre. Vous pouvez multiplier. C'est une opération qui a été faite sur vingt jours. Vous pouvez multiplier ce que cela peut donner sur une année. Ce sont plusieurs milliers d'immigrés irréguliers en moins qui seront susceptibles donc d'être arrêtés à la frontière.

 Mais ce qui est certain aussi c'est que le message est directement reçu par les réseaux car vous le savez, derrière l'émigration clandestine, il y a des réseaux mafieux qui cherchent à exploiter des femmes, des hommes, des enfants. Et donc, ils prennent conscience de la fermeté de la réponse qui est la nôtre et ils sont donc dissuadés de tenter à nouveau le passage. Donc je crois que l'efficacité, elle est beaucoup plus importante que le nombre de personnes interpellées parce que ces réseaux comprennent notre détermination.

Je suis tout à fait d'accord avec ce que Juseppe PISANO vient de dire. Nous avons besoin d'une coordination toujours accrue, de nos efforts et de la législation européenne. Et c'est ce à quoi nous travaillons. Nous avons besoin de mieux définir les règles, les accords de réadmission, les accords de coopération qu'il faut développer vis-à-vis des pays d'origine et nous avons besoin d'une grande politique de coopération de l'Europe vis-à-vis des pays d'origine, d'Afrique, d'Asie de façon  à permettre de fixer ces populations sur place. Nous avons besoin de trouver des moyens ensemble de contrôle communs : le développement de l'agence des frontières  européennes, le travail que nous faisons en coopération bilatérale avec un certain nombre des pays qui vont constituer la nouvelle frontière extérieure de l'Europe. Nous avons parlé de la Roumanie. C'est notre responsabilité et c'est un combat, c'est une mobilisation que nous voulons faire. Voilà.