Réponse de Monsieur Dominique de VILLEPIN à la question de Monsieur Alain MERLY Député du Lot-et-Garonne
QUESTION de M. Alain MERLY :
M. Le Président, Mes chers collègues,
Ma question s'adresse au Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés Locales,
Par arrêté du 26 février dernier, votre prédécesseur a prononcé l'expulsion de M. BOUZIANE, ressortissant algérien se disant imam et résidant à Vénissieux.
Cette expulsion était motivée par les relations étroites entretenues par l 'intéressé avec les franges les plus radicales du mouvement salafiste, appelant à la violence et à la guerre sainte.
Vous avez mis cette mesure à exécution le 20 avril. Entre temps, M. BOUZIANE avait tenu publiquement des propos inadmissibles appelant à la violence physique contre les femmes, ce qui ne faisait que confirmer la nécessité de l'expulsion.
Une décision de justice a pourtant suspendu l'arrêté d'expulsion, ce qui permet, pour l'instant, à cette personne de rentrer en France.
Cette situation est difficilement compréhensible par l'opinion.
Quelles mesures entendez-vous prendre pour éviter qu'elle se renouvelle et pour que de tels personnages puissent être effectivement éloignés de notre pays ?
REPONSE de M. DE VILLEPIN :
- Parce que l'action terroriste a changé d'échelle, comme l'ont démontré les attentats du 11 septembre et du 11 mars ;
- Parce qu'entre le discours intégriste et l'action terroriste, il y a une continuité réelle :
- Prédicateurs extrémistes, organisateurs d'attentat et poseurs de bombe partagent les mêmes objectifs.
- Ils partagent aussi la même violence et la même haine qui représentent un dévoiement de la religion musulmane
- Nous devons à la fois refuser tout amalgame entre musulman et islamiste, et conduire une politique de fermeté :
- Avec un principe clair avec détermination, mobilisation : prendre toutes les dispositions nécessaires à la protection des citoyens, réduire les risques et l'incertitude, avec tous les moyens à ma disposition
§ Je m'appuierai sur les moyens judiciaires, qui permettent de remonter les filières et produisent des résultats dans le long terme ;
- Face aux urgences, je dois m'appuyer aussi sur la voie administrative, dont j'assume la responsabilité en vertu de l'ordonnance de 1945
- Avec une volonté claire, en réglant les problèmes juridiques qui se posent à nous et que vous avez rappelé
- C'est pourquoi je souhaite inclure les incitations aux violences contre les femmes dans l'ordonnance de 1945, afin que de telles provocations donnent lieu à des expulsions ;
- C'est pourquoi je souhaite aussi que le juge des arrêtés ministériels d'expulsion soit le Conseil d'Etat, afin de mieux prendre en compte à la fois la défense des droits individuels et les impératifs de l'Etat républicain.
- Nous le savons tous : il s'agit là de questions d'importance nationale. Puisqu'il faut faire évoluer la loi, faisons-le, fidèles à nos grands principes républicains.