13.09.2004 - Conférence de presse de M. DE VILLEPIN à l'aéroport de FES-SAÏSS

13 septembre 2004

Conférence de presse de M. DE VILLEPIN, ministre de l'Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales


Permettez-moi d'abord de vous dire tout le plaisir que j'ai de vous voir ce matin.
C'est ma première visite au Maroc comme Ministre de l'Intérieur et je voudrais remercier les autorités marocaines pour la chaleur de leur accueil.

Mes remerciements vont bien sûr d'abord à Sa Majesté le Roi Mohammed VI qui m'a reçu ce matin. Mes remerciements vont aussi à mon collègue et ami, le Ministre de l'Intérieur Mustapha Sahel et le Ministre délégué, Fouad Ali El Himma.

Pour resituer cette visite dans son contexte et marquer les avancées qu'elle a permis au cours de ses différentes réunions de travail, je veux d'abord insister sur le cadre global dans lequel elle se situe. Ce cadre, c'est le partenariat rénové qui a été défini par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président Jacques Chirac.

Nous avons voulu avec mon collègue, le Ministre de l'Intérieur marocain, nous inscrire délibérément dans ce cadre d'un partenariat stratégique, de façon énergique, de façon volontaire, conscients que nous sommes que les défis auxquels le Maroc et la France sont confrontés, sont des défis communs. Qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse de la lutte contre les trafics de stupéfiants, qu'il s'agisse de l'immigration clandestine, nous sommes Maroc et France, confrontés à ces problèmes.

Nous mesurons, par ailleurs, à quel point ces défis s'inscrivent dans un cadre régional qu'il nous faut apprécier, et c'est bien sûr en liaison avec l'ensemble des partenaires concernés : partenaires du sud de la Méditerranée, partenaires de l'Europe et au premier chef nos amis espagnols. Et vous savez à quel point nous avons la volonté d'avancer rapidement dans le cadre de la coopération sur ces grandes questions avec l'Espagne. Le Président de la République était hier en liaison avec le Chancelier Schröeder, avec M. Zapatero, et j'ai rencontré moi-même à plusieurs reprises mon collègue et ami, José Antonio Alonso, avec lequel nous avons développé une véritable volonté et un certain nombre d'axes de travail. Donc, vous voyez que tout cela s'inscrit dans une stratégie complémentaire où chacun apporte son énergie et sa volonté d'avancer.

Je détaillerai donc les trois principaux points que nous avons évoqués.

D'abord, la lutte contre le terrorisme et vous savez à quel point les relations entre nos deux pays sont des relations exemplaires. Les attentats de Casablanca et de Madrid ont conduit au renforcement des liens opérationnels entre nos deux pays et les échanges que nous avons pu avoir hier et ce matin ont bien montré, tant au niveau politique qu'au niveau des services, à quel point cette volonté de travailler en commun, de partager l'information, était forte.

Nous avons, par ailleurs, décidé de dynamiser les échanges de renseignements que nous avons, pouvant aller jusqu'à l'organisation d'opérations conjointes.

En ce qui concerne la lutte contre les trafics de stupéfiants, nous voulons là aussi nous attaquer résolument à ce fléau. Vous savez que j'ai fait de la lutte contre la drogue, contre le trafic de drogue une des priorités de mon action. J'ai ouvert un chantier consacré à ce fléau, et nous avons décidé, entre la France et le Maroc, de renforcer notre coopération policière. Un officier de liaison français sera dorénavant associé étroitement au travail des services marocains. Il sera dans les prochains jours affecté à Tanger, donc rapproché de la zone qui est concernée, donc plus près de la zone d'où viennent les trafics. Et un officier de liaison marocain sera lui-même accueilli en France dans les mêmes conditions.
Nous avons, par ailleurs, décidé la création d'un pôle franco-marocain dans la lutte contre le trafic de drogue. Il permettra aux policiers français et aux policiers marocains de mener conjointement des enquêtes.

Enfin, nous avons décidé de créer une plate-forme de renseignement sur les trafiquants de drogue. Elle sera mise en place très rapidement pour faciliter le travail et l'échange entre nos deux pays. Une réunion sera organisée au début du mois d'octobre pour finaliser la création de cette plate-forme de renseignement.
La lutte contre les réseaux sera facilitée par les échanges de renseignements que nous pourrons développer entre nos deux pays, notamment à partir des 165 Français qui sont aujourd'hui détenus au Maroc. Nous voulons mieux connaître le profil, le contour de ces Français. Et les échanges que nous pourrons avoir à partir, justement, de ces Français incarcérés au Maroc, pourront être utiles dans le démantèlement des filières. Car, vous le savez, en ce qui concerne le trafic de drogue, l'objectif c'est de lutter en profondeur, d'éradiquer ce fléau et donc de nous attaquer à ces filières.

En ce qui concerne l'immigration irrégulière, je partirai d'abord d'un double constat : la volonté de la France de continuer dans sa politique d'accueil. Vous le savez, il y a près de 500.000 Marocains qui vivent régulièrement et qui résident en France. Vous savez par ailleurs, que les étudiants marocains forment la plus forte communauté étudiante en France : près de 30.000 étudiants. Mais bien évidemment, cela implique que nous soyons exigeants, que nous soyons vigilants face à l'immigration régulière. Une politique d'accueil doit aller avec pour contrepartie bien évidemment cette vigilance et cette exigence.
Nous avons donc décidé d'aller plus loin pour améliorer les contacts entre nos services d'immigration : deux officiers de liaison seront nommés dans les prochaines semaines, l'un français auprès des services marocains, l'autre marocain en France. En outre, une réunion bilatérale se tiendra très prochainement afin d'accélérer les procédures de réadmission des migrants illégaux. Nous voulons faire en sorte que les procédures qui permettent de mieux contrôler, de mieux vérifier ces flux soient plus opérationnelles, notamment en ce qui concerne les laissez-passer consulaires.

Enfin, la France est prête à aider pour sa part le Maroc dans ses efforts pour maîtriser sa propre immigration irrégulière en provenance du Sud. Le Maroc est un pays de rebond, une partie de l'immigration passe sur son sol. Donc, dans la mesure de nos moyens, nous sommes prêts à nous mobiliser pour l'aider à faire face à cette immigration.

Ce partenariat privilégié entre la France et le Maroc s'inscrit dans le cadre de la coopération, je l'ai dit, avec nos grands partenaires : c'est vrai bien évidemment dans l'ensemble du Maghreb, c'est vrai dans l'ensemble européen et en particulier avec les pays du sud de l'Europe. L'outil que constitue le 3+3 dans notre esprit doit, bien évidemment, prendre toute sa place face à la lutte contre les fléaux dont j'ai précédemment parlés.

Nous avons abordé, aussi bien sûr, la coopération dans le domaine de la sécurité civile. Vous savez à quel point nous avons bien travaillé dans le passé sur ces questions. Les suites de la catastrophe d'Al Hoceima ont aussi, bien sûr, été évoquées. La mobilisation en France se poursuit. Elle sera coordonnée d'ici la fin du mois de septembre dans un plan de soutien à la reconstruction de la province.
Un fonds de solidarité prioritaire d'appui à la modernisation de la sécurité civile est aussi en cours d'élaboration et nous sommes convenus d'accélérer son élaboration après que sa mise en œuvre s'engage début 2005. Nous avons évoqué aussi un projet qui tient très à cœur de nos amis marocains, c'est tout ce qui concerne la coopération administrative, tous les plans de décentralisation. La France, vous le savez, est engagée elle-même, dans un grand plan de décentralisation et de déconcentration. Dans ce domaine, nous souhaitons évidemment partager notre expérience entre nos deux pays.

Donc, vous voyez, nous avons un agenda chargé, nous sommes convenus d'une réunion bilatérale à haut niveau qui pourrait se tenir le mois prochain pour préciser l'ensemble de ces dispositifs et je tiens à noter, d'ores et déjà, l'importance des avancées qui ont été marquées par ces entretiens et notre volonté d'inscrire justement ces priorités qui ont été fixées dans le cadre de notre stratégie respective au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

Question (quotidien " L'Opinion ", organe du Parti de l'Istiqlal) :
- Doit-on s'attendre à des arguments nouveaux de la part de la France dans la voie de la résolution du conflit du Sahara ?

- Comment jugez-vous le comportement des autorités marocaines en matière de lutte contre le terrorisme ?

- Quels sont, d'après vous, les véritables commanditaires de l'opération de séquestration des deux confrères journalistes français en Iraq et comment expliquez-vous la longueur des négociations et les tergiversations dans la voie de la libération des otages, sachant que la France a jusque-là opté pour une politique de neutralité dans le conflit ?

R : Sur la première question, la France a des capacités qui ne sont pas aujourd'hui les miennes puisque je parle en tant que Ministre de l'Intérieur. J'ai évoqué, y compris avec mon homologue actuel, ces questions du Sahara occidental dans le passé, lors de sa visite à Paris comme envoyé de Sa Majesté, nous avons bien sûr évoqué la situation du Sahara occidental.

Aujourd'hui, vous connaissez la position de la France. Elle souhaite apporter tout son soutien à la recherche de la meilleure solution possible à ce conflit et notre volonté de faire avancer les choses dans le cadre des Nations Unies. L'attitude de la France, vous avez pu la mesurer au cours des dernières années, des derniers mois. Donc, vous savez à quel point nous sommes mobilisés pour apporter notre soutien à la recherche d'une solution qui soit la meilleure possible bien sûr pour le Maroc et pour l'ensemble de la région.

Vous évoquez la position du Maroc vis-à-vis du terrorisme. Je crois que nous avons aujourd'hui une conscience commune des enjeux et bien évidemment, cela justifie notre mobilisation. La qualité du travail qui est fait au quotidien entre nos services, la qualité de la coopération et des échanges qui existent entre nos deux pays montre à quel point cette prise de conscience est le fait justement d'une menace qui n'épargne personne.

Nous sommes aussi soucieux d'inscrire cette volonté, face au terrorisme, dans le cadre d'une stratégie qui prenne en compte tous les effets du terrorisme, y compris sa dimension stratégique et le fait que le terrorisme s'appuie sur un terreau qui le nourrit et qui implique que nous soyons mobilisés pour la recherche de solutions aux crises. Et vous savez que tant en Iraq, tant au Proche-Orient, nous sommes mobilisés pour prendre en compte cette dimension-là.

Si nous voulons être efficaces dans la lutte contre le terrorisme, il faut une politique d'extrême fermeté, de grande concertation, utilisant tous les moyens qui existent et qui sont à notre portée sur la scène internationale : les moyens du renseignement, les moyens financiers, la lutte contre le blanchiment, car les circuits de financement du terrorisme doivent constituer une priorité, lutter contre ces moyens de financement, bien évidemment aussi les moyens policiers, les moyens judiciaires. Nous n'avons pas exclu les moyens militaires. Vous connaissez la mobilisation de la France dans le cadre de l'Afghanistan. Mais nous devrons une fois de plus prendre en compte la dimension propre, identitaire et sur laquelle joue très profondément le terrorisme et donc ne pas ignorer la nécessité d'apporter des réponses.

Je pense qu'il y a, aujourd'hui, sur la réflexion sur le terrorisme véritablement une très grande convergence entre nos deux pays. Parallèlement, il y a le même souci de se situer dans le respect de l'Etat de droit. La conviction de la France, c'est que, par ce terrorisme, nous devons être plus que jamais respectueux de nos valeurs, de nos convictions, de l'esprit de la démocratie, c'est un atout dans la lutte contre le terrorisme. Et nous ne devons pas nous laisser dicter nos comportements, nous ne devons pas être otages de la violence. Au contraire, nous devons affirmer avec force, car il s'agit de montrer, que face au terrorisme, nous ne cédons pas à la peur, nous ne cédons pas à la tentation de l'usage de la force en dehors du cadre légal et du cadre international. Donc, c'est bien dans cet esprit de concertation, de coopération, de respect de ce que nous sommes, de respect de l'Etat de droit, que nous inscrirons nos efforts et c'est je crois le même esprit qui est aujourd'hui celui du Maroc.

En ce qui concerne nos deux compatriotes, vous savez que nous sommes pleinement mobilisés pour obtenir leur libération. Vous savez à quel point l'unité de la communauté nationale dans toutes ses dimensions, les Français se sont pleinement mobilisés. Le soutien que nous avons reçu dans le monde arabe de la part d'autorités religieuses, parfois à travers le monde, est évidemment un élément très fort qui nous permet d'espérer que cette libération pourra intervenir rapidement. Et vous connaissez aussi la complexité de l'Iraq et de la situation de crise, de chaos même parfois qui existe dans ce pays et qui rend évidemment tout dénouement rapide difficile. Donc, nous le faisons avec patience, avec confiance mais évidemment en utilisant toutes les ressources qui sont les nôtres sur le plan de la diplomatie, sur le plan de la présence sur place. Nous ne baissons pas les bras. Nous sommes au contraire soucieux de nouer tous les fils possibles.

Q (Reuters) : Quelle évaluation faites-vous des efforts entrepris par les autorités marocaines dans la lutte contre le trafic de drogue et l'immigration clandestine ? Croyez-vous que ces efforts vont dans le bon sens, souhaité par la France et conforme aux politiques de l'Union européenne ?

R : Ce que je peux vous dire avec conviction et avec force c'est que les entretiens que j'ai eus aujourd'hui marquent clairement notre volonté d'avancer ensemble dans la même direction.

La prise de conscience, d'une part du lien qui existe entre ces différents fléaux - le terrorisme, le trafic de stupéfiants, l'immigration clandestine -, nous voyons les liens qui existent. Et je pense, et elles me l'ont exprimé hier et ce matin très fortement que les autorités marocaines sont parfaitement conscientes du lien qui existe - nous l'avons vu dans les attentats terroristes récents- il y a un lien très fort entre ces différents fléaux. A partir de là, bien évidemment il faut agir ensemble. Chacun isolément, bien sûr, nous avons des moyens spécifiques, mais si nous voulons être efficaces, il faut coordonner nos efforts dans le respect les uns des autres, mais coordonner cet effort. Et je crois que cette rencontre, ces réunions de travail que nous avons eues marquent une véritable volonté d'avancer ensemble, une véritable percée sur ces différents sujets puisque nous avons pu dégager des axes opérationnels d'action qui vont structurer notre volonté d'action, nos programmes au cours de prochains mois. Et notre souci sera bien évidemment d'intensifier jour après jour pour être plus efficaces ces différentes coopérations.

Donc, je crois que véritablement de ce point de vue-là, c'est un souci partagé, c'est une volonté d'action partagée qui existe entre la France et le Maroc, conformément une fois de plus au cadre qui avait été fixé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président de la République : ce partenariat négocié qui, dans le domaine qui est le mien -ces questions de sécurité,  de  sécurité  intérieure-,  constitue  vous  le  savez  véritablement  une  exigence stratégique. Si nous voulons être efficaces, nous devons agir de façon totalement concertée, en liaison avec les partenaires régionaux qui évidemment peuvent apporter un concours, apporter une énergie et un élan et nous devons le faire avec le souci de l'effectivité, c'est-à-dire de prendre des mesures concrètes. C'est ce que nous avons fait au niveau des différents représentants français et marocains, prendre des mesures concrètes, se donner des rendez-vous, évaluer les résultats et à partir de là, semaine après semaine, mois après mois, réduire la capacité justement que ce soit dans le domaine du terrorisme, que ce soit dans le domaine des trafics de drogue ou de l'immigration irrégulière, réduire la capacité de ceux qui sont en face de nous à agir et à penser nos propres dispositifs. Donc, je crois que plus nous sommes capables de nous concerter, de prendre des mesures efficaces ensemble, plus nous pourrons avancer dans la bonne direction.

 Q : (Quotidien arabophone " Al Ahdath Al Maghribia ", presse indépendante de gauche proche de l'USFP)
II a été question au cours des dernières semaines, des derniers mois de créer des camps de réfugiés dans les pays maghrébins, en attendant une certaine régularisation de leur situation.
Pensez-vous que cela soit faisable et en avez-vous parlé avec les autorités marocaines ?

 R : Nous avons évoqué différentes pistes. Nous n'avons pas évoqué cette réflexion spécifique qui est celle de constituer des ensembles qui permettraient d'accueillir un certain nombre de réfugiés sur cette rive sud de la Méditerranée.
Notre conviction c'est qu'il faut envisager toutes les solutions qui soient susceptibles, à la fois de réduire évidemment ces flux migratoires - nous l'avons vu encore récemment avec l'afflux en Libye de réfugiés venus du sud du Sahara- donc, toutes les capacités et tous les moyens qui sont susceptibles de réduire ces flux, de mieux contrôler ces flux, mais nous devons le faire avec le souci de l'efficacité mais aussi de l'humanité.

De ce point de vue, tout au long des discussions qui ont été menées dans le cadre de l'Union européenne, la France a affirmé la nécessité de prendre en compte cette dimension très fortement. De ce point de vue, et j'ai souvent évoqué ces questions avec nos partenaires allemands, je crois qu'il y a encore du travail à faire. Nous devons envisager un certain nombre d'hypothèses, mais nous devons faire en sorte aussi que ces différentes hypothèses, ces différentes solutions qui pourraient être mises en place satisfassent à nos exigences, satisfassent à nos convictions parce que dans ce domaine, l'exigence de résultat est importante mais la façon d'y parvenir est aussi très importante. Donc, il ne s'agit pas d'imaginer de parquer un certain nombre de populations qui outre déjà la manipulation à travers un certain nombre de filières, la situation sur le plan humain et familial extrêmement éprouvante qui seraient les leurs, se retrouveraient dans des situations de parcage qui seraient évidemment inacceptables.

Donc, réfléchir à la façon de canaliser cette immigration, de réduire, de faire en sorte à travers un certain nombre de dispositifs bien évidemment qu'elle soit mieux contrôlée mais de le faire un peu plus dans la fidélité de nos valeurs. Nous avons, je crois, dans ce domaine beaucoup de travail à faire. Nous souhaitons le faire en totale concertation parce que les dispositifs, pour être efficaces, doivent être partagés. C'est-à-dire que si un pays décide de prendre des mesures de son côté sans le soutien des autres, évidemment cette politique n'aura pas véritablement de résultats. Nous avons beaucoup réfléchi avec nos amis allemands, nos amis anglais, espagnols et italiens dans le cadre du G5. Nous pouvons faire des propositions au reste de l'Europe, mais je crois que nous devons véritablement ne pas accepter la situation actuelle. Nous voyons effectivement ces flux grandir. Donc se mobiliser, réfléchir dans le cadre d'une immigration voulue mais mieux choisie, je crois que c'est important, nous ne pouvons pas laisser faire aujourd'hui ces grands mouvements de migration qui sont profondément déstabilisateurs pour un certain nombre de pays que ce soit dans la rive sud de la Méditerranée mais aussi bien évidemment en Europe, mais en même temps essayer de trouver les solutions qui soient les plus respectueuses.

Q : (Al Jazira) Y a-t-il moyen aujourd'hui de voir naître un axe Rabat-Paris-Madrid pour coiffer et coordonner toutes ces politiques, surtout en matière de lutte contre terrorisme ?

 R : Ce partenariat avec le Maroc existe. La volonté commune avec l'Espagne existe aussi.

 Donc, le fait que nos trois pays puissent se concerter encore davantage dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, dans le domaine de la lutte contre le trafic des stupéfiants ou encore dans le domaine de la lutte contre l'immigration clandestine, me paraît naturel. Je crois que c'est la volonté de nos trois pays.
Nous allons à nouveau évoquer évidemment cette question avec José Antonio Alonso que je dois recevoir prochainement à Paris. Il s'agit pour chacun d'entre nous de préciser les modalités de cette action. Je crois qu'aujourd'hui effectivement les conditions sont réunies pour que nous puissions ensemble franchir une nouvelle étape. C'est l'esprit dans lequel nous devons travailler, l'esprit de dialogue, l'esprit de respect mutuel, je crois qu'il y a aujourd'hui des conditions tout à fait favorables pour que nous puissions franchir une étape supplémentaire.

 Q : (APS, Agence de presse algérienne)
-  Qui conduira la délégation française à la réunion du 5+5 à Alger ? On a entendu dire que ce serait M. Jean-Louis Borloo. Est-ce que vous-même, Monsieur le Ministre, participerez à cette réunion? Qu'attendre concrètement de cette réunion? Qu'est-ce qui y sera proposé ?

- Où en sont les négociations pour la libération des deux confrères en Iraq ?

R : Sur la deuxième partie de votre question, j'ai déjà évoqué ce point. Vous comprendre qu'il est difficile de rentrer dans les détails, compte tenu de la complexité des choses sur le terrain. Mais une fois de plus, je l'ai rappelé, nous tirons tous les fils et nous voulons croire à une prochaine libération. Notre dispositif à la fois à Bagdad, dans la région, notre mobilisation, l'unité dont témoigne l'ensemble de notre communauté nationale, je crois, sont les meilleurs atouts en vue d'une telle libération.

En ce qui concerne la prochaine réunion que vous évoquez, Jean-Louis Borloo doit y participer. Mais les propositions que la France sera amenée à faire font l'objet de délibérations au sein du gouvernement français extrêmement précises et approfondies. Nous aurons l'occasion d'en reparler lors de cette réunion.

Je vous remercie.