13.04.2005 - Interview de Dominique de Villepin sur LCI

13 avril 2005

Interview de Dominique de Villepin sur LCI


P.-L. Séguillon 
Hier, vous étiez dans la Drôme, vous assistiez à un exercice de sauvetage à l'occasion d'une simulation d'une catastrophe technologique, en l'occurrence le déraillement d'un train portant des matières dangereuses. Et participaient à cet exercice, baptisé Euratech, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et la République tchèque. Autrement dit, est-ce que cela ne démontre pas, a contrario qu'au fond, la coopération européenne, la solidarité européenne fonctionne très bien et cela continuera très bien à fonctionner, quel que soit l'issue du référendum le 29 mai prochain.
Dominique de Villepin
C'est certainement l'une des illustrations de cet esprit de la solidarité européenne que nous avons vu en action, puisque nous étions confrontés hier, dans la simulation que nous faisions, à des problèmes qui ne pouvaient pas être réglés sur le seul espace français. Près de 1.000 blessés, 200 très grands brûlés, alors que notre capacité, dans ce domaine, était d'une cinquantaine de lits dans la journée d'hier. Donc, il fallait trouver d'autres hôpitaux pour accueillir ces blessés, pour mettre en place une zone d'exclusion, une zone de confinement dans la partie habitée, au-delà des 500 mètres où toute présence avait été interdite. La coopération et la solidarité de l'Europe sont déterminantes dans ces moments-là. Nous l'avons vécu, nous, Français, en 2003, avec les inondations, avec les feux de forêts et nous l'avons vécu aussi pour d'autres pays, quand, vis-à-vis de l'Italie ou du Portugal, nous avons apporté notre propre concours. Aujourd'hui, dans le projet de traité constitutionnel, il y a une clause de solidarité qui institutionnalise cette nécessité de l'assistance mutuelle. Donc, c'est bien le contraire de ce que vous venez de dire. Le projet de traité constitutionnel va institutionnaliser, va permettre d'aller plus loin. C'est dans ce sens que nous avons voulu tirer les leçons des évènements dramatiques de la fin de l'année dernière, par exemple, pour la projection d'une force européenne dans l'Asie du Sud-Est. C'est pour cela que la France propose la création d'une force d'intervention rapide de sécurité civile, où nous pourrions mutualiser nos moyens, mettre en place une équipe de planification et de coordination.

P.-L. Séguillon 
Dans un ouvrage intitulé "L'homme européen", que vous avez publié hier, en collaboration avec J. Semprun, l'ancien ministre de la Culture de F. Gonzales, qui est socialiste, même communiste, chez Plon, au-delà de la Constitution, vous défendez l'ambition européenne. Mais vous dites dans votre livre, qu'au fond, les Européens sont sans cesse hésitants entre le courage et le repli. Est-ce que les Français, aujourd'hui, ne sont pas tentés, de votre point de vue, à voir les résultats des sondages, par le repli ?

Dominique de Villepin
C'est une tentation qui a marqué toute l'histoire de l'Europe et qui est aussi au cœur de l'aventure française. La vérité, c'est que dans les moments de crise, de difficulté, nous avons toujours su trouver en nous la force du sursaut. C'est ce qui fait et rend ce débat si important. Le président de la République a choisi d'organiser un grand rendez-vous démocratique et on voit à quel point ce débat démocratique est essentiel, parce que les Français se posent des questions. Et parce que si ces questions n'étaient pas posées dans le cadre démocratique, on imagine que les choses pourraient conduire à encore plus de frustration et de mécontentement. Donc là, la démocratie montre bien sa vitalité. Que chacun d'entre nous, je dis bien chacun, se pose des questions, c'est tout à fait normal. La ligne de partage, aujourd'hui, à quelques semaines du scrutin, elle se situe en chacun de nous. Chacun d'entre nous pèse les arguments du "oui", les arguments du "non". Les sondages photographient, à un instant donné, ce mouvement permanent de balancier, car c'est un mouvement de bascule permanent, une fois de plus, dans chacune de nos consciences. Nous arrivons dans cette période où le vote a tendance à se cristalliser parce que chacun veut se faire une idée de ce qu'il fera. Et c'est là où l'enjeu devient essentiel, c'est là où il faut sortir son crayon et faire des additions. Si vous prenez chaque Français, chaque Français tire aujourd'hui un profit de l'Union européenne. J'étais hier dans la Drôme, où je rencontrais dans une ferme des agriculteurs... 

P.-L. Séguillon 
Oui, mais vous dites "tirer un profit", mais vous avez lu comme moi l'article de J. Jaffré hier : est-ce que les Français n'ont pas peur de cette Europe ?

Dominique de Villepin
Mais c'est bien là où le débat démocratique doit nous permettre d'aller jusqu'au bout ! Prenons le cas des agriculteurs : ils reçoivent chaque année de Bruxelles, de l'Europe, dix milliards d'aides, garanties jusqu'en 2013. Jamais l'agriculture française n'a eu une telle visibilité sur le moyen ou long terme. Nous avons obtenu en 2002, grâce à l'engagement du président de la République, d'un certain nombre de nos partenaires et, au premier chef, de nos partenaires allemands qui sont l'un des premiers contributeurs dans ce domaine, qu'ils fassent des concessions importantes. Croyez-vous que si la France votait "non", et que nous nous retrouvions sur un strapontin au fond de la classe, alors même que nous allons engager en Europe des négociations budgétaires pour les prochaines années, qu'ils seraient tentés de faire les concessions qu'ils ont faites ? Pourquoi les ont-ils faites ? Parce que la construction européenne, aujourd'hui, c'est un tout, c'est une aventure où chacun trouve dans la dynamique de l'Europe, à la fois en termes de puissance, en termes de paix, en termes de démocratie, à la fois en termes d'ambition pour l'Europe, chacun y trouve son compte. Si la France vote "non", c'est cet élan qui est brisé. Donc, je crois qu'il faut que chacun soit au fait de la réalité. Bien évidemment, il n'y aura pas...

P.-L. Séguillon 
Est-ce que la réalité, ce n'est pas, par exemple, la loi de dérégulation postale votée hier en deuxième lecture, à l'Assemblée nationale, en conformité avec une directive européenne, et dont les Français ont le sentiment qu'elle est cause de la suppression des bureaux de poste dans chaque localité ?

Dominique de Villepin
Mais P.-L. Séguillon, c'est pour cela que je vous dis, sortez votre calepin et votre crayon, allez jusqu'au bout de ce dossier postal ! Le fait d'avoir d'un côté le service postal, de l'autre côté, une agence bancaire ne met pas fin au service postal, bien au contraire, il le conforte. Et c'est là où la Constitution introduit, pour nous, Français, une série de notions essentielles parce qu'elle les institutionnalise et les consacre : le service public, la diversité culturelle, la vocation sociale. Dans le domaine des services publics, les Français sont, à juste titre, très attachés à leur service public. Il n'est pas question pour la France de revenir là-dessus. Mais nous devons le faire dans le respect d'un certain nombre de règles, c'est-à-dire quand il y a effectivement service public que personne d'autre ne peut faire - et à chaque Etat d'en décider - il n'y a pas de concurrence possible. On peut rester dans la situation actuelle. Quand il s'agit de domaines où la concurrence s'exerce par exemple, le service public qui exercerait au-delà de nos frontières, alors, là, la question se pose.

P.-L. Séguillon 
Prenons deux exemples concrets : aujourd'hui, l'industrie européenne, notamment l'industrie française, est menacée par les exportations massives de textile en provenance de la Chine. Qu'est-ce qu'on constate ? Que les Américains, qui connaissent le même problème, immédiatement, prennent un certain nombre de mesures ; du côté européen, le commissaire au Commerce extérieur réfléchit, consulte, et on sait que cela prendra beaucoup de temps. Est-ce que demain, avec la Constitution, on aura une gouvernance économique plus efficace ? Vous ne le croyez pas ?

Dominique de Villepin
Mais bien sûr que si. Regardez l'organisation de l'Eurogroupe. Grâce à la Constitution, nous aurons demain une capacité de gouvernance économique et sociale beaucoup plus forte en Europe. C'est-à-dire une capacité à avancer parce que nous aurons une règle du jeu et que nous serons mieux organisés. Pour prendre l'exemple du textile, il y a 200.000 Français qui vivent du textile aujourd'hui, il y a 2,5 millions d'Européens. Nous serons plus forts pour défendre justement, nos arguments et aller vers les clauses de sauvegarde indispensables. Mais imaginez que nous soyons, Français, tous seuls dans notre coin. Croyez-vous que nous pourrions établir tous seuls les clauses de sauvegarde susceptibles de dissuader la Chine ? Qu'est-ce qui se passerait ? La Chine, immédiatement, fermerait son marché aux produits français et nous serions les grands perdants. Donc, l'union fait la force, et le fait d'être plus organisés nous permet de peser davantage dans le monde, à l'heure où se sont les grands ensembles qui sont capables de peser. 1,3 milliard de Chinois, 1 milliard d'Indiens, 300 millions d'Américains. Donc, pour la France, il ne s'agit pas d'effacer notre pays, au contraire, il s'agit d'être plus fort dans un ensemble mieux organisé. Ce que je défends à travers la Constitution européenne, c'est d'abord la France, une France qui sera plus forte d'une Europe mieux structurée, mieux organisée. 

P.-L. Séguillon 
Mais vous reconnaissez que l'Europe, ce n'est pas la France en grand, comme l'ont dit certains ministres de votre Gouvernement.

Dominique de Villepin
L'Europe d'aujourd'hui, nous le voyons, elle est très largement d'inspiration française. L'homme, le citoyen qui est au cœur de cette Europe, c'est le citoyen issu de 1789. La notion de défense des services publics, c'est la notion que nous défendons ; la vocation sociale, c'est bien le modèle que nous défendons entre un esprit de solidarité et un esprit de liberté. C'est un équilibre français, qui aujourd'hui, rassemble les Européens. J'ai confiance que dans le domaine de la laïcité, même si le terme n'existe pas, nous sommes aujourd'hui en avance par rapport à d'autres pays, permettant justement, entre la sphère publique et la sphère privée de trouver cette juste mesure. Donc, il faut que les Français mesurent les capacités qui sont les leurs, aient la fierté de considérer que ce qu'ils représentent est essentiel pour l'Europe, essentiel pour le monde. Un monde qui n'aurait pas une Europe organisée serait un monde instable, où seule la puissance américaine jouerait. Et ce serait un monde voué aux seules forces de l'ultralibéralisme. Et c'est là où les partisans du non font un tour de passe-passe, de livrent à une partie de bonneteau, c'est qu'ils laissent entendre que voter non, c'est plus de protection. Vous avez évoqué l'exercice Euratech, je pourrais prendre le même exemple dans le domaine de la lutte contre le terrorisme où l'immigration irrégulière. Voter non, c'est nous laisser, au contraire, sans capacités d'organisation, sans règles communes par rapport au grand vent de l'ultralibéralisme et de la mondialisation.

P.-L. Séguillon 
Si les Français ne partagent pas naturellement l'enthousiasme dont vous faites preuve en ce moment, est-ce que ce n'est pas parce qu'ils répondent à une autre question que celle qui est posée ? Autrement dit, parce qu'ils n'ont pas été entendus en mars 2004 après les régionales, parce qu'ils n'ont pas été entendus au printemps 2004 après les européennes qui avaient quand même sanctionné le Gouvernement, un Gouvernement qui est resté en place, un Premier ministre qui est resté en place, eh bien, aujourd'hui ils répondent "non" à côté de la question...

Dominique de Villepin
Ce que vous sous entendez, c'est que, dans le fond, nous ferions un caprice, nous nous offririons le luxe de dire "non" tout en sachant que ce serait alors un chemin extrêmement difficile et douloureux pour tous les Français. Et c'est pour cela...

P.-L. Séguillon 
Est-ce qu'il n'y a pas une responsabilité du chef de l'Etat qui, n'ayant pas écouté alors la sanction des Français, risque aujourd'hui d'en payer le prix au référendum ? 

Dominique de Villepin
L'Histoire avance, et l'Histoire, aujourd'hui, nous soumet, nous tous les Européens, à une question qui engage notre avenir de Français et d'Européens. Et cette question, il ne faut pas la mélanger avec d'autres questions. Vous savez, toute la journée, vous avez des sujets d'agacement. Quand vous êtes au volant de votre voiture, ce n'est pas parce que vous vous êtes disputé avec votre femme que vous allez griller le feu rouge. Nous sommes dans la même situation. 

P.-L. Séguillon 
Ça arrive ...

Dominique de Villepin
Mais c'est une erreur et c'est très grave. Parce que c'est la vie, votre vie et celle des gens qui sont susceptibles de traverser qui est en cause. Donc, je dis simplement "prenez votre calepin, prenez votre crayon, faites vos comptes, faites les additions. Qu'est-ce que serait la France du "non" ? Une France qui vivrait dans une Europe sans visage : pas de président du Conseil européen, pas de ministre des Affaires étrangères européen, donc une Europe qui pèse moins dans le monde, une France qui n'affirmerait pas ses valeurs dans le monde, ses valeurs sociales, ses valeurs de service public ; ce serait une Europe moins organisée, une Europe qui, tout à coup, connaîtrait un court-circuit. Là où certains qui préconisent le "non" parlent d'électrochoc salutaire, la seule chose que nous aurions, c'est un court circuit, une Europe en panne, qui douterait d'elle-même dans un monde où elle est attendue. Vous avez, parce que vous êtes un homme vigilant, P.-L. Séguillon, vu ce sondage de l'université du Maryland, qui disait : "Quel est le continent de la planète où ; aujourd'hui, il y a le plus d'attentes, où l'on espère le plus ?" Eh bien, c'est l'Europe. Et quel est le pays qui est susceptible d'apporter le plus dans le monde aujourd'hui, le pays dont on attend la contribution la plus forte ? Eh bien, c'est la France ? Alors, que la France d'Ariane, la France d'Airbus, que la France d'Iter, que cette France qui est capable d'être championne du monde dans des grands domaines industriels, qui est capable de relever des défis au niveau de ses PME, qui est le premier investisseur en Pologne - car je sais que l'élargissement cause souvent beaucoup d'inquiétudes... Regardez à quel point nous sommes capables de gagner des marchés. Nos agriculteurs ignorent que les exploitations de l'Est sont souvent des petites exploitations, souvent très peu compétitives, avec des coûts parfois très supérieures à leurs propres coûts, tout simplement parce que si la main d'œuvre n'est pas chère, la compétitivité est faible. Donc, un crayon, un calepin et un vrai choix pour la France. 

P.-L. Séguillon 
Est-ce que vous espérez du président de la République qu'il retourne la situation dans la semaine qui vient, à travers la prestation télévisée qui va être la sienne ?

Dominique de Villepin
Le référendum, c'est d'abord une question posée par le président de la République aux Français. Mais le référendum, c'est un choix en conscience de chaque citoyen. Donc j'attends de chacun d'entre nous qu'il fasse sa petite révolution - et je souhaite que ce soit la révolution du "oui" - dans sa conscience. Ne mélangeons pas les choses ! Vous savez, il y a beaucoup de sujets d'agacement dans une journée, mais il y a un moment où il faut faire silence, revenir sur l'essentiel et se dire : qu'est-ce qui est bon pour moi, qu'est-ce qui est bon pour la France, qu'est-ce qui est bon pour le monde ? Eh bien, c'est le "oui" qui nous ouvre un chemin, parce que nous sommes alors fidèles aux efforts des générations précédentes. N'oublions pas ce qu'ont fait nos parents au lendemain de la Guerre : reconstruire la France, reconstruire l'Europe, donner une place à cette Europe, défendre des valeurs. Et d'un coup de plume, nous tirerions un trait sur tout cela ? Ce n'est pas l'idée que je me fais de la France et je sais que les Français seront au rendez-vous. Je leur fais confiance. 

P.-L. Séguillon 
Vous avez dit que la responsabilité comme telle du président de la République n'était pas engagée dans ce référendum. Sauf qu'il a signé ce traité : s'il est désavoué par les Français, que doit-il faire ?

Dominique de Villepin
Qu'est-ce qu'un référendum, P.-L. Séguillon ? 

P.-L. Séguillon 
Ce n'est pas un plébiscite, je suis d'accord...

Dominique de Villepin
C'est un outil démocratique exceptionnel. Et nous sommes un grand pays. Et c'est parce que nous sommes un grand pays que le président de la République a décidé de consulter les Français. Une démocratie, qui est capable régulièrement de s'interroger sur des grandes questions, avec la force et l'énergie que donne le peuple français à un choix référendaire, c'est un pays de forte vitalité. Ce référendum nous interpelle donc, une question nous est posée, nous répondons "oui" ou "non". Et, une fois de plus, la responsabilité du président de la République n'est pas engagée, parce que sinon, c'en serait fini du référendum. Et c'est donc un aspect très important de la démocratie qui serait mis au placard. Cela, nous ne le souhaitons, personne ne le souhaite. Donc, je vous dis ne mélangeons pas tout, pas d'amalgame, pas de caprice, pas de mélange : il y a là une question qui nous est posée, sur un sujet essentiel pour notre avenir et celui des Français. Ce jour-là, consacrons-nous à la réflexion sur la bonne réponse. 

P.-L. Séguillon 
Quelle que soit la réponse le 29 mai, estimez-vous que le quinquennat a besoin ensuite d'un nouveau départ ?

Dominique de Villepin
C'est ce que j'appelle "mélanger les plats". Je suis un passionné de la gastronomie... 

P.-L. Séguillon 
Je ne dis pas ça par hasard !

Dominique de Villepin
Je le sais bien ! Oh, je vous vois venir ! J'adore me mettre à table. Et quand je me mets à table, j'aime bien avoir une entrée, un plat, le fromage et le dessert. Et quand je prends mon entrée, je ne suis pas nécessairement très envieux de savoir ce qui vient comme plat principal, parce que je suis gourmand. Eh bien, en démocratie, c'est pareil. Là, nous avons un rendez-vous. Ce rendez-vous est sur l'Europe. Consacrons-nous à ce rendez-vous, utilisons toute notre énergie pour gagner. Et puis ne mélangeons pas la politique nationale... 

P.-L. Séguillon 
Mais c'est important pour les Français de savoir ce qui va se passer par la suite... Vous sentez-vous responsable de la suite ?

Dominique de Villepin
C'est important, mais le président de la République fera les choix qu'il doit faire, dans le domaine de la politique intérieure, sans que nous ayons à mélanger les choses dans cet enjeu qui est celui de l'Europe. Une fois de plus, si nous mélangeons tout, nous ne répondrons pas à la question qui nous est posée.

P.-L. Séguillon 
Alors je vais poser la question différemment. Sans mélanger les choses, répondez-moi très franchement : est-ce que vous estimez qu'après deux ans et demi d'exercice, le gouvernement de J.-P. Raffarin est un gouvernement nécessairement usé et fatigué, et qu'il faut un remplacement ?

Dominique de Villepin
D'abord, je constate que le gouvernement de J.-P. Raffarin travaille, avance. Nous l'avons vu récemment sur la loi sur l'école, je le vois tous les jours dans mon propre ministère... Nous venons d'adopter, le Premier ministre nous a donné le feu vert, le grand projet qui va changer la vie des Français, sur l'identification nationale électronique sécurisée, qui va nous permettre d'avoir chacun une carte d'identité, un passeport avec des identifiants biométriques. Voilà un grand projet. Et je présente dans quelques jours le projet sur l'immigration irrégulière, à la demande du président de la République et du Premier ministre, et nous allons, avec une exigence de grande fermeté, faire face à ce qui est un grand défi aujourd'hui, pour la France et pour l'Europe. Donc vous voyez que le Gouvernement marche. Ne confondons pas les choses. Le président de la République a cette responsabilité, le Gouvernement est au travail, le Gouvernement se bat, parce que l'intérêt de la France aujourd'hui, c'est clairement d'avancer vers le "oui" et d'expliquer les enjeux de ce référendum. Une fois de plus, chaque chose en son temps.