08.03.2005 - Question au Gouvernement sur la lutte contre l'immigration clandestine

8 mars 2005

Réponse de M. de Villepin à la question de Chantal Brunel, député de la Seine-et-Marne, portant sur la lutte contre l'immigration clandestine.


Chantal Brunel

Notre pays doit accueillir dignement les étrangers qui respectent les lois de notre République.

Cependant, un grand nombre d'entre eux, souvent accompagnés d'enfants mineurs, vivent sur notre territoire en situation irrégulière et, à juste titre, le Gouvernement fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité. Selon les chiffres officiels, le nombre de mesures d'éloignement est passé de 9 000 en 2002 à 16 000. Monsieur le ministre de l'intérieur, vous avez déclaré ces résultats insuffisants et fixé des objectifs plus ambitieux à vos services.

Les conditions indignes de semi-esclavage dans lesquelles vivent nombre de ces femmes en situation irrégulière et leurs enfants heurtent les femmes et les mères que nous sommes sur tous les bancs de cette assemblée.

Monsieur le ministre de l'intérieur, comment allez-vous concilier l'indispensable fermeté à l'encontre de l'immigration irrégulière et le devoir d'humanité et de générosité de notre pays ?

Dominique de Villepin, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales

L'honneur de la politique est de fixer des règles claires. Et ce gouvernement a choisi la fermeté vis-à-vis d'une immigration clandestine nourrie par des filières mafieuses qui visent à exploiter des hommes, des femmes et des enfants. Aussi ai-je décidé d'augmenter le nombre de reconduite aux frontières. Dans quelques semaines, je proposerai au Président de la République et au Premier ministre de créer une véritable police de l'immigration, un service central de l'immigration capable de rassembler l'ensemble des capacités et l'autorité nécessaire à une vraie politique globale contre l'immigration irrégulière. Faut-il faire des exceptions pour les mineurs et les jeunes adultes ? Faut-il élargir le bénéfice des allocations familiales aux jeunes en situation irrégulière ? La réponse à ces deux questions est non car ce sont des étrangers en situation irrégulière.

Dans le même temps, parce qu'une politique d'humanité correspond à l'héritage de notre République et à l'exigence d'universalisme de la France, j'ai donné instruction aux préfets d'étudier au cas par cas les situations difficiles, et particulièrement celles des mineurs isolés en cours de scolarité ou de formation.

Modifier la règle générale, ce serait faire le jeu des filières mafieuses, ouvrir la voie à l'exploitation d'enfants et à la délinquance et permettre l'entrée en France de parents et de familles en toute légalité. Le Gouvernement doit mener à la fois une politique de fermeté et une politique d'humanité !