Lors de la séance de questions d'actualité au gouvernement du mardi 15 février 2011 à l'Assemblée nationale, Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration a répondu à une question du député du Rhône, Philippe Meunier, à propos des migrants tunisiens qui ont débarqué sur l'île italienne de Lampedusa.
Philippe Meunier, député UMP du Rhône
Ma question s'adresse à Monsieur le ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration. Monsieur le Ministre, l'Italie subit actuellement une vague d'immigration massive provenant de Tunisie, si une partie de ces immigrants souhaite rester en Italie, un grand nombre d'entre eux veulent se rendre en France, alors que le chômage frappe très durement les peuples européens et que nos déficits publics et sociaux sont abyssaux, alors que la Tunisie a mis fin au pouvoir du clan Ben Ali et qu'un élan démocratique s'installe dans ce pays, nos compatriotes ne comprendraient pas une absence de réaction forte de la part de la France et de l'Europe, le gouvernement de la France doit rappeler que nous ne pouvons pas accueillir ces personnes sur notre territoire. Monsieur le Ministre, pouvez-vous indiquer à la représentation nationale quelle est la teneur de vos discussions avec vos homologues Italien et Tunisien à ce sujet et dans quels délais les mesures de reconduite aux frontières de ces immigrants illégaux seront-elles mises en œuvre ?
Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre mer, des collectivités territoriales et de l'immigration
Monsieur le président, Mesdames et messieurs les députés, Monsieur le député Philippe Meunier. Le peuple tunisien est un peuple ami et notre rôle est naturellement d'accompagner ce grand mouvement démocratique qui s'est exprimé. Deuxième réalité, vous avez eu raison de le souligner, l'Italie doit faire face à un afflux massif de migrants clandestins de Tunisie, ce sont 5.500 migrants qui se sont rendus sur les côtes italiennes, notamment sur l'Ile de Lampedusa depuis le 1er janvier et, à titre indicatif, c'est à rapprocher de l'ensemble de l'année 2010 où c'était limité à 4.400, donc sur 12 mois. Face à cela, nous devons naturellement agir, et d'ailleurs les autorités tunisiennes l'ont elles-mêmes bien comprises puisqu'elles ont réagi avec beaucoup d'efficacité et il n'y a plus depuis lundi matin d'arrivée de migrants sur ces côtes italiennes du fait des mesures que les autorités tunisiennes ont prises elles-mêmes ; Ensuite, la réponse doit être une réponse européenne, parce que la politique d'immigration est une politique concertée, partagée, qui s'appuie principalement d'ailleurs sur le pacte européen que la France avait fait adopter pendant sa présidence, adopté à l'unanimité par tous les gouvernements quelles que soient leurs sensibilités et cette politique européenne nous donne les moyens d'agir, notamment au travers de l'agence FRONTEX qui a des moyens opérationnels pour faire face à ce type de défi. Enfin, Monsieur Meunier, je vous le dis, là règle qui s'appliquera c'est celle de notre politique migratoire, un étranger en situation irrégulière a vocation à être reconduit dans son pays d'origine, sauf situation humanitaire particulière, donc, n'en doutez pas, chacun doit bien en avoir confiance, ce n'est l'intérêt ni de la Tunisie - qui l'a parfaitement compris - ni de l'Europe, ni de la France, que d'encourager et d'accepter ces migrations clandestines.