Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, a répondu à une question du député de Seine-et-Marne et président du groupe UMP, Jean-François Copé, sur les violences survenues dans le cadre de la contestation de la réforme des retraites, lors de la séance de questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale du mercredi 13 octobre 2010.
Monsieur le président, il n'est pas courant qu'on intervienne deux fois successives pour interroger le gouvernement, mais la gravité de la situation l'exige.
Hier, à ce même micro, j'ai évoqué le malaise que suscitait dans les rangs de notre groupe UMP le silence du Parti socialiste devant la perspective de voir des lycéens manifester contre la réforme des retraites.
Ce malaise s'est transformé en indignation devant les déclarations, hélas sans ambiguïté, de madame Royal indiquant, je cite : "je demande aux lycéens de 15/16 ans de descendre dans la rue". La position de madame Royal est extrêmement grave. D'abord, parce qu'elle lève le masque sur le projet effectif du Parti socialiste, d'instrumentaliser nos jeunes avec tous les risques de dérapage que cela induit.
A Meaux, la ville dont je suis le maire comme de très nombreuses villes aujourd'hui, dans les centres villes, des violences se sont produites, elles sont inacceptables et elles sont le fait de jeunes.
Ensuite, parce que c'est de la part du Parti socialiste, parti de gouvernement, monsieur Ayrault, un nouveau signal d'irresponsabilité. Je vous demande donc solennellement, monsieurAyrault , de désapprouver les propos de madame Royal dont la gravité commande qu'elle soit de votre part une réaction et je le dis, si monsieur Ayrault ne le fait pas, et si les responsables socialistes ne désapprouvent pas madame Royal, ce sont les Français qui le feront, et nous saurons le leur rappeler.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur le président Jean-François Copé.
Vous avez raison, il est tout à fait normal, dans une démocratie, que le droit de manifester soit pleinement respecté, mais il est parfaitement inacceptable simultanément que ce droit soit détourné par quelques individus qui recherchent l'affrontement, la provocation et l'agression. Si la journée d'hier s'est déroulée dans des conditions globalement pacifiques, c'est vrai que plusieurs incidents l'ont entachée, vous évoquez Meaux où des casseurs se sont mêlés aux lycéens, je pourrais évoquer le bureau du député maire de Montélimar qui a été saccagé, ou même des camps où des individus liés au mouvement anarcho-libertaire ont jeté des projectiles sur les policiers.
Face à ces agissements qui relèvent de la délinquance, mais en rien du droit de manifester, la réponse est la fermeté : 61 interpellations ont été prononcées, 45 personnes ont été mises en garde en vue, 17 sont convoquées d'ores et déjà par la justice. Mais à la réponse de la police et la justice à celles-ci doit s'ajouter effectivement la responsabilité politique, et j'invite chacun des responsables publics à ne pas mélanger les genres.
Il y a d'une part l'expression démocratique tout à fait respectable qui est le droit de contester, qui est le droit de contester cette réforme, mais il y a de l'autre côté une volonté de certains, vous avez raison, monsieur Copé, une volonté de certains d'en entraîner dans un mouvement qui ne les concerne en rien.
Donc, je vous le dis, nous ne tolèrerons dans ce domaine aucune violence, nous ne tolèrerons aucune agression et nous ne tolérerons aucune manipulation.