Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, est intervenu sur le thème de la lutte contre la délinquance à l'occasion de la séance de questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale du mardi 1er juin 2010, en répondant à une question de Marylise Lebranchu, députée du Finistère.
Merci, Monsieur le Président.
Ma question s'adresse au ministre de l'intérieur.
Je voudrais dire ma révolte devant la violence qui envahit notre société ; je suis sûre que des millions de gens de notre pays partagent ce sentiment. De semaine en semaine c'est de pire en pire.
Voir des images de policiers agressés à l'arme automatique, c'est peut-être admissible quand ça se passe dans des mauvaises séries américaines, pas quand ça se passe en France. C'est une citation, Monsieur le ministre, de ce que nous entendions semaine après semaine, lorsque nous étions au gouvernement. Et c'est même l'actuel président de la Commission des Lois qui l'a prononcée. D'autres députés hurlaient au ministre "d'assassin". A chaque évasion on demandait la démission de la ministre de la Justice. A chaque incident, la démission du ministre de l'intérieur. Vous avez pu prendre acte, Monsieur le ministre de l'intérieur, que nous avons choisi sur un sujet majeur qui est l'équilibre de la société ; nous avons choisi un langage de responsabilité, nous n'avons jamais cédé à cette tentation, y compris quand Bernard Accoyer me montrait du doigt à l'époque en me disant que tous les dysfonctionnements étaient dus à l'insuffisance des magistrats ou de nombre de policiers. Et c'est en responsabilité encore, Monsieur le ministre de l'intérieur, qu'effectivement nous voyons avec vous plus 7,9% d'agressions dans les transports ; nous voyons aussi plus de 4,5% en glissement, des violences physiques.
Monsieur le ministre il est temps de se poser la question des moyens. Parce que neuf mille postes de policiers en moins sur trois ans, c'est vraiment un mauvais pari sur l'avenir et nous vous attendons sur ce sujet.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, Madame le ministre Marylise Lebranchu.
Oui, nous menons un combat sans relâche contre la délinquance, et j'en remercie - j'imagine comme vous - les policiers, les gendarmes, avec le concours des policiers municipaux qui sont totalement mobilisés.
Mais c'est vrai que ce combat, Madame le ministre, vous avez oublié de le souligner, produit des résultats.
Depuis 2002 il y a une baisse de 33% des vols avec violence. Une baisse de 40% des morts. Une baisse de 15% de la délinquance générale. Une augmentation de 50% du taux d'élucidation. Quant au nombre d'attaques de fourgons il y en avait 24 an l'an 2000 ; il n'y en a eu simplement - même si c'est trop - trois ou quatre toutes ces dernières années. Quant à la lutte contre les trafics de stupéfiants, les saisies ont augmenté de 100% sur les premiers mois de cette année et deux mille cent vingt personnes ont été interpellées sur les quatre premiers mois. Alors je vous le concède bien volontiers, naturellement ceci doit être conforté, naturellement ceci doit être amélioré.
Mais malheureusement, madame Lebranchu, vous et vos amis vous n'avez pas souvent été au rendez-vous dès lors qu'il a fallu prendre des initiatives. Vous avez voté contre la loi sur les bandes, dont on mesure aujourd'hui les premiers effets puisque hier, pour la première fois, des personnes ont été condamnées sur la base de cette loi que vous n'avez pas votée. Vous vous êtes opposés systématiquement... systématiquement au développement des fichiers et des bases de données alors que ceux-ci sont indispensables. Sur la seule année 2009 près de dix mille affaires ont été directement résolues grâce aux fichiers des empreintes digitales. Vous avez été hésitants, résistants même pour un grand nombre d'entre vous, face à la vidéo-protection. Alors que celle-ci - les affaires récentes le démontrent - est à l'origine de l'identification et de l'interpellation immédiate de ceux qui ont commis les agressions de... ou dans un Parc de l'Oise.
La réalité elle est très simple. C'est que nous agissons et en agissant nous dérangeons. Nous dérangeons les trafics. Nous dérangeons le business tranquille. Ça signifie que les délinquants doivent le savoir. La puissance publique finit toujours par l'emporter.