31.08.2009 - Rencontre avec les associations autour du thème "dialogue jeunesse-police"

31 août 2009

Rencontre avec les associations autour du thème "dialogue jeunesse-police" - Hôtel de Beauvau


J'ai souhaité initier, cet après-midi, avec à mes côtés Xavier DARCOS, Fadela AMARA et Martin HIRSCH, une nouvelle démarche en réunissant autour d'une même table 20 associations nationales et de quartiers et les principaux représentants des forces de l'ordre. Je tiens, d'ailleurs, à remercier chacun d'eux d'avoir fait le choix de répondre à cet appel.

  •  Pourquoi une telle rencontre ?

J'ai souhaité engager cette démarche à partir d'une conviction simple : dans la vie, on ne comprend que ce l'on respecte. Pour mieux se comprendre, il faut savoir qui l'on est, se rencontrer, échanger, dialoguer.

Les médias évoquent souvent le « divorce » entre les jeunes et la police. Je ne me voile pas la face : je sais que les relations entre certains jeunes et les représentants des forces de l'ordre sont parfois, voire souvent, tendues. Certains événements de cet été, notamment à Firminy ou à Bagnolet, en sont un nouvel exemple.

Je sais aussi que les agressions contre les forces de l'ordre ont tendance à se multiplier et chacun sait que le contexte dans lequel les forces de sécurité interviennent est souvent très difficile.
Je ne me résous pourtant pas à l'idée selon laquelle il y aurait d'un côté, des policiers forcément provocateurs et de l'autre côté, des jeunes naturellement violents. Nous devons combattre, ensemble, ce schéma simpliste et faire en sorte qu'il ne corresponde jamais à la réalité. La jeunesse n'est pas d'un seul côté, les policiers eux aussi sont, le plus souvent, des jeunes.

Ce que je sais, c'est que le respect doit être mutuel. La police doit naturellement respecter les jeunes, mais les jeunes doivent aussi respecter la police. Chacun doit faire un bout de chemin vers l'autre.
Pour y parvenir, nous avons eu pendant près de deux heures un premier échange direct, ouvert et sans tabou.

Nous avons posé plusieurs questions : à quoi peuvent être dues la méfiance et, parfois, l'hostilité ? S'agit-il, pour certains, du rejet de toute forme de représentation de l'autorité ou d'un sentiment exacerbé d'injustice focalisé sur ceux qui défendent l'ordre ? S'agit-il d'une hostilité liée à des pratiques policières perçues comme discriminantes ? S'agit-il encore d'une incompréhension sur la gestion de certains événements, insuffisamment expliqués ou trop vite déformés ?

L'objectif de cette première rencontre était d'identifier les éléments qui doivent nous permettre d'organiser notre travail dans les mois à venir. Cette première étape était celle d'un constat partagé afin de partir sur des bases de travail communes.

- A l'issue de ces débats, nous avons pris plusieurs décisions immédiates :
Nous avons, tout d'abord, décidé ensemble de constituer cinq groupes de travail :

  •  Un groupe « Territoires, comportements et pratiques professionnelles», qui aura pour objectif d'identifier, selon les territoires et les situations, les pratiques professionnelles qui favoriseront l'apaisement.
  •  Un groupe « Construire un nouveau respect réciproque et le savoir vivre ensemble ». Les jeunes peuvent ressentir de la méfiance, de l'hostilité ou, tout simplement, de l'incompréhension. Comment changer de regard sur l'autre, comment entretenir la confiance ? Comment obtenir un respect réciproque ? Ce sera la mission de ce deuxième groupe de travail.
  •  Un groupe « Ordre, autorité, loi et sécurité ». Les jeunes ont-ils des attentes qui leur soient propres en matière de sécurité par rapport au reste de la population ? Est-il possible d'isoler les rapports que les forces de sécurité entretiennent avec les jeunes ? La mésentente entre la police et certains jeunes gens tient-elle au rejet, par ces derniers, de toute forme d'autorité ?
  •  Un autre groupe sera consacré à l'« Egalité des chances et à la promotion de la diversité dans les forces de sécurité ». Il est, en effet, essentiel que les forces de sécurité entretiennent un lien permanent avec la population, notamment en représentant la diversité de la société.
  •  Enfin, un groupe « Dialogue en situation de crise ». On constate que, dès lors que se produisent certains incidents ou évènements, les esprits s'échauffent, les rumeurs enflent et les quartiers s'embrasent. Comment expliquer ce phénomène et comment l'endiguer ? Quelles solutions pour désamorcer les situations les plus explosives ?

La coordination de ces travaux a été confiée à l'inspecteur général de l'administration, Didier CHABROL qui en plus d'une grande expérience du terrain comme préfet, a beaucoup travaillé sur la sécurité dans les transports.

Y seront associés les représentants des associations présentes à la réunion, mais aussi ceux qui auront manifesté un intérêt pour la manifestation, ainsi que les élus et les responsables d'organisations syndicales ou représentatives du personnel.

J'ai proposé que nous nous retrouvions dans moins de six mois, soit au début février 2010, afin de tirer un premier bilan de ces travaux et de prendre collectivement des premières décisions concrètes.

  •  Afin de marquer la volonté du Gouvernement de progresser dans la relation entre la police et la jeunesse, j'ai dès à présent pris trois initiatives.

Je rappellerai dès mercredi avec fermeté aux directeurs départementaux de la sécurité publique et aux commandants de groupement de gendarmerie, les règles élémentaires de courtoisie qui s'imposent naturellement dans les relations entre les forces de sécurité et la population, quelle que soit sa classe d'âge. C'est, avant tout, une question de bon sens.

Mais qu'on me comprenne bien : la socialisation des individus, tout comme une vie collective apaisée, passe par l'apprentissage du respect mutuel. Pour leur réussite future dans leur vie d'adulte, ce serait un bien mauvais service à rendre aux plus jeunes que de tolérer aujourd'hui des comportements insultants à l'égard des agents des services publics chargés de la sécurité.
De plus, je créerai, avant la fin du mois de septembre, une équipe de conciliation, composée d'une personnalité indépendante, d'un psychologue, d'un communicant et d'un haut fonctionnaire, qui aura pour mission d'intervenir ponctuellement sur le terrain en vue de désamorcer des situations susceptibles de s'embraser.

J'ai décidé d'orienter, dès cette année, les Journées de la Sécurité Intérieure (JSI), prévues les 10 et 11 octobre prochains, en opération « Dialogue avec la jeunesse », dans toute la France. Il s'agira là d'un événement de terrain, de proximité et d'apaisement et une opportunité de dialogue, de rencontre et d'une meilleure connaissance entre les jeunes et la police.
Tout ceci n'est qu'une première étape.

Je veux qu'avec mes collègues du Gouvernement, nous soyons les représentants d'une « République protectrice et apaisée ».
Protectrice, parce que sans sécurité, nous n'avons pas de liberté.
Apaisée, parce que le rapport de confiance doit être à la base de notre pacte social, et en premier lieu avec les jeunes qui seront responsables de la société de demain.