28.01.2010 - Cérémonie à la suite de la profanation de stèles au cimetière juif de Cronenbourg

28 janvier 2010

Intervention de M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales à Cronenbourg.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Grand Rabbin de Strasbourg,
Mesdames et Messieurs,

-> Hier, nos compatriotes commémoraient le 65ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau et la journée internationale en mémoire des victimes de l’Holocauste. Le temps était au recueillement, au respect et à la dignité.

Hélas, hier, nous avons aussi appris la dégradation de plusieurs des stèles situées dans ce cimetière juif de Cronenbourg, ici, à Strasbourg.

18 stèles étaient souillées de croix gammées, 13 autres étaient renversées. Pire encore, l’une d’elles était entachée d’une mention que l’on voulait à jamais révolue : « Juden Raus » - « les Juifs dehors ».

-> Cet attentat à la mémoire des personnes ici inhumées, cet attentat à la mémoire de tous les juifs d’Alsace, cet attentat à la mémoire de tous les juifs de France, nous l’avons appris avec tristesse, avec désolation, avec consternation. 

Parce que lorsqu’un juif de France est insulté, c’est l’ensemble de la communauté nationale qui est blessée.

Parce que de tels actes sont une insulte à la civilisation.

Parce que de tels actes sont l’expression de la sauvagerie et de l’inhumanité.

Car ils insultent profondément la mémoire des défunts qui reposaient jusqu’alors en paix.

Car ils offensent leurs familles.

Car ils portent atteinte aux valeurs de respect et de dignité qui sont aux fondements de notre société.

Car ils font, hélas, réapparaitre le visage hideux de l’antisémitisme.

-> Comme ministre de la République, je tiens solennellement à vous dire ma peine et à exprimer, au nom du chef de l’Etat et du Gouvernement tout entier, la solidarité de la Nation.

Comme ministre de la République, je tiens, plus encore, à réaffirmer que nous n’accepterons aucun de ces actes, aucune de ces violences, aucune de ces insultes.

C’est avec une détermination sans faille, c’est avec une volonté absolue que nous combattons tous les individus et tous les groupuscules qui cherchent à attiser la haine, au mépris de nos principes, de nos valeurs et de nos lois.

Je le dis ici, à Strasbourg, à vos côtés : face à ces marginaux qui refusent d’appliquer les règles du « vivre-ensemble », il n’y a qu’une seule réponse : la condamnation morale et la sanction pénale.

Le ou les auteurs de cette profanation doivent savoir qu’ils ne resteront pas impunis : ils doivent être, impérativement et rapidement, interpellés, déférés à la justice et sanctionnés avec la plus grande sévérité.

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Grand Rabbin de Strasbourg,
Mesdames et Messieurs,

Chaque fois qu’un citoyen, quelles que soient ses origines ou sa religion, est atteint pour ce qu’il est ou pour ce en quoi il croit, c’est la France qui s’en trouve offensée.

C’est une conviction profonde.

C’est un principe pour l’action de l’Etat.

Car il n’y a pas de place sur le territoire de la République pour les extrémismes, d’où qu’ils viennent.

La France que nous aimons, celle qui se reconnaît dans les principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité inscrits au fronton de nos écoles et de nos mairies, n’acceptera jamais de transiger sur le respect de nos valeurs fondamentales.