Intervention de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, Hôtel de Beauvau
Messieurs les directeurs généraux,
Messieurs les directeurs centraux,
Monsieur le commissaire divisionnaire, chef du RAID,
Messieurs les commissaires divisionnaires de la police judiciaire,
Mesdames et messieurs les officiers, gradés et gardiens de la police nationale,
Messieurs les officiers et sous-officiers de la gendarmerie nationale,
Mesdames, Messieurs,
Vous vous imaginez le plaisir qui est le mien de vous recevoir aujourd'hui, dans les salons de l'hôtel de Beauvau. Si nous sommes souvent appelés à nous rencontrer, les uns et les autres, pour parler des difficultés auxquelles nous sommes confrontés et des moyens engagés pour les résoudre, c'est, aujourd'hui, un formidable succès qui nous réunit.
Ce succès montre que lorsqu'elles sont mobilisées, les forces de police et de gendarmerie de notre pays savent faire preuve d'une très grande efficacité. Mobilisation + détermination = Résultats !
Nous en avons eu, non pas une, mais au moins quatre démonstrations en dix jours : des chiffres de la délinquance réamorçant une tendance à la baisse à la bonne tenue du match OM-PSG vendredi dernier, en passant par la fin de la cavale de Tony MUSULIN qui se savait en bout de course et, bien sûr, la formidable arrestation de Jean-Pierre TREIBER, dont vous avez été les acteurs déterminés.
J'ai déjà fait publiquement état de ma satisfaction après son arrestation, mais je tenais tout particulièrement à adresser mes félicitations à ceux qui ont été les artisans de son interpellation.
I. Depuis l'évasion de Jean-Pierre TREIBER de la maison d'arrêt d'Auxerre, le 8 septembre dernier, nous avons travaillé dans des conditions qui n'étaient pas évidentes.
Nous étions, tout d'abord, sous le feu des projecteurs d'une certaine presse. Oui, la presse nous a gênés dans cette enquête.
La présence incessante de photographes dans la forêt de Bombon ne pouvait, par exemple, que perturber l'enquête. Le fait que la presse achète des photos du fugitif et les publie n'était clairement pas pour aider non plus !
Je vous le dis : celui qui a donné ou vendu les photos au journaliste et a donc mis en danger l'ensemble de votre travail sera identifié et sanctionné. Je m'y engage devant vous.
Je ne fais pas le procès de la presse, je m'interroge seulement sur l'éthique qui anime ceux qui ont accepté sciemment de mettre en danger la recherche d'un évadé, qui plus est soupçonné d'un double meurtre.
De plus, la presse a été elle-même instrumentalisée en donnant à Jean-Pierre TREIBER un visage différent de celui de la réalité.
Figurez-vous quand même que Jean-Pierre TREIBER avait sa marionnette aux Guignols de l'Info ! Mais où sommes-nous ? Dans quelle République du divertissement à tous crins vivons-nous ?
On nous a construits de toutes pièces un homme des bois, un solitaire qui connaissait les forêts comme sa poche, capable de vivre en totale autarcie en se nourrissant de racines. Son histoire, réécrite par des médias en recherche de sensationnel, était devenue une sorte de feuilleton.
On a voulu nous raconter une grande épopée, il ne s'agissait, en réalité, que d'une cavale avortée.
On a voulu nous duper avec un prétendu « homme des bois ». Il était, en réalité, bien au chaud sous un toit.
Nous n'avons, ni les uns, ni les autres, de compassion particulière pour ceux qui, comme Jean-Pierre TREIBER, s'estiment au dessus des lois de la République, bafouent les institutions et narguent les forces de police et de gendarmerie en espérant apitoyer l'opinion. Notre rôle, votre rôle était de retrouver le fuyard et de le remettre à la justice, et c'est ce que vous avez fait.
II. Vous savez que pas un instant, je n'ai douté de votre capacité à atteindre cet objectif.
Je l'ai déclaré à plusieurs reprises devant les médias : tôt ou tard, TREIBER serait arrêté.
Pourquoi me suis-je engagé à ce point devant l'opinion ? D'abord parce que c'est mon rôle et mon devoir de ministre de l'intérieur que d'annoncer que nous remplirons la mission qui nous a été confiée, coûte que coûte. Ensuite parce que je savais pouvoir compter sur votre ténacité sans faille et votre détermination indéfectible.
Car vous le savez mieux que quiconque, la réussite dans une telle entreprise, c'est aussi une affaire de volonté et cette volonté tout le monde l'avait ici.
Cette interpellation est la preuve que dans notre pays, l'évasion est une voie sans issue. Sa cavale n'aura pas duré 3 mois, et dans notre pays, la durée moyenne d'une évasion est de 8 mois. Et surtout, dans 6 cas sur 7, l'évadé est retrouvé. Voilà la réalité.
III. L'interpellation de TREIBER est le fruit d'une mobilisation de moyens importants, matériels et techniques mais surtout humains. Il est le résultat d'un travail collectif exemplaire.
Cela a, d'abord, consisté dans un important travail de surveillance de l'environnement habituel du fugitif et de suivi en temps réel de certains individus particulièrement ciblés.
L'utilisation de moyens techniques sophistiqués a été particulièrement déterminante, et je sais l'importance qu'il y a pour les services de police et de gendarmerie à disposer de technologies avancées. La visite que j'ai effectuée, la semaine dernière, au salon MILIPOL m'a permis de constater à quel point les progrès étaient rapides dans ce domaine.
Certaines informations vous avaient permis, au début du mois d'octobre, de circonscrire un périmètre de recherche bien défini sur lequel a été engagé un dispositif important, avec l'assistance de compagnies de CRS, d'une unité cynophile et d'un hélicoptère. La chance ne devait pas vous sourire ce jour-là, et il a fallu continuer inlassablement ce travail minutieux entrepris depuis déjà un mois.
L'exploitation des renseignements obtenus, ainsi que les divers témoignages recueillis, vous ont ensuite permis peu à peu de resserrer la nasse du filet, en renforçant les surveillances physiques et techniques jusqu'à parvenir, le 20 novembre, à l'interpellation de Jean-Pierre TREIBER, qui se cachait piteusement dans un appartement à Melun.
Ce résultat est, aussi et surtout, le fruit d'une mobilisation humaine d'envergure et sans relâche.
Il ne m'est pas possible de citer chacun d'entre vous, mais je sais la part que vous avez tous prise dans cette réussite.
Aussi, je veux saluer tous les services qui se sont totalement impliqués :
- la direction centrale de la police judiciaire, qu'il s'agisse de l'office central de lutte contre le crime organisé ou des directions interrégionales de Dijon et de Strasbourg et de la direction régionale de Versailles ;
- le Service interministériel d'assistance technique (SIAT) ;
- la gendarmerie.
Enfin, je tiens à féliciter tout particulièrement le RAID qui, comme ce fut le cas en 1987 avec l'arrestation des chefs d'Action directe, en 1993 avec la libération des enfants pris en otage par Human Bomb ou encore en 2003 en arrêtant Yvan Colonna, a été, une nouvelle fois, à la hauteur de sa devise : « Servir sans faillir ».
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Vouspouvez être fiers de ce que vous avez obtenu.
Moi, je suis tout simplement fier de vous.