22.01.2010 - Cérémonie d'obsèques du Sergent Sébastien COUTURIER

-  Seul le prononcé fait foi –

Nous sommes rassemblés, aujourd'hui, pour rendre un dernier et solennel hommage au sergent Sébastien COUTURIER.Sapeur-pompier professionnel du service départemental d'incendie et de secours de Charente-Maritime, le sergent COUTURIER est tragiquement décédé dans l'exercice de son devoir, le lundi 18 janvier dernier, jour même de son 33ème anniversaire. 

Comme ministre de l'intérieur, je suis venu vous témoigner, au nom du Président de la République, du Gouvernement, de mon collègue Dominique BUSSEREAU et en mon nom personnel, l'hommage officiel que la République doit à tous ceux qui sont tombés pour elle.
Mais je veux aussi vous faire part de ma peine face à l'injustice d'une vie brisée et d'un destin si tôt interrompu.
Mes premiers mots vont à la famille de Sébastien COUTURIER : à Emma, sa compagne ; à Gladys, son ex-épouse ; à Marie-Claude et Jean-Michel, ses parents ; et tout particulièrement à ses enfants.
Vous êtes encore très jeunes, mais pourtant, j'en suis sûr, vous êtes déjà en âge de comprendre.

Par-delà la douleur, la peine, le chagrin qui vous serrent si fort, ce matin, je veux vous dire combien vous pouvez être fiers de votre père. Vous le savez, il ne faisait pas un métier comme les autres. Il n'est jamais banal de risquer sa vie, encore moins de la risquer tous les jours, et moins encore de la sacrifier pour les autres.
Gardez donc le souvenir de son courage et de son exemple.
Sachez, aussi, que nous veillerons sur vous.
Je me tourne, à présent, vers le caporal Ludovic JOLLY, lui-même blessé lors de cette tragique mission. Chacun de nous peut imaginer votre détresse immense, votre impuissance, et le traumatisme que vous avez subi.

A tous ses camarades, je veux dire ma tristesse, mon émotion, ma solidarité et celle de la Nation toute entière.
A tous les soldats du feu du département de Charente Maritime, je veux dire ici mon soutien dans cette épreuve.
Sébastien COUTURIER est allé au bout de son engagement jusqu'au sacrifice suprême.
Avec cette disparition tragique, c'est toute la famille des sapeurs-pompiers de France qui se trouve endeuillée. 

Sébastien COUTURIER est né ici, en Charente-Maritime, le 18 janvier 1977. C'est un enfant du pays, qui place très tôt sa vie sous le double signe de l'excellence et de l'assistance.
Excellence, tout d'abord, puisque qu'après avoir obtenu son baccalauréat « sciences et technologies tertiaires », option « comptabilité et gestion », il décroche un BTS d'Action Commerciale. Studieux et déterminé, le perfectionnisme chevillé au corps, il passe et réussit le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique.

Assistance, ensuite, puisque, fort de ce diplôme, il fait le choix, à tout juste 18 ans, de passer ses étés comme sauveteur sur les plages lorsque d'autres partent en vacances. C'est ainsi que, trois étés durant, il sert sous l'égide de la Société nationale de sauvetage en mer à Urville-Nacqueville, dans la Manche, en 1995 et 1996, tout d'abord, puis à la plage de la Bouverie à la Tremblade, en Charente-Maritime, en 1997.
C'est donc tout naturellement qu'il s'engage, le 1er novembre 1997, à 20 ans, comme sapeur-pompier volontaire, au SDIS de Charente-Maritime et, plus précisément, au centre de secours principal de Rochefort.
Sportif chevronné, partagé entre le football, la natation, le basket et le rugby - qui était pour lui une passion, comme beaucoup d'entre vous le savent ici -, il effectue son service militaire en 1998, au centre d'essai des Landes, à Biscarosse, où il intègre le service des sports.
Partagé entre son engagement citoyen et son métier d'employé de banque puis de conseiller clientèle au Crédit Agricole de Saint-Jean d'Angély, il choisit sa passion et réussit le concours externe de sapeur-pompier professionnel, le 29 novembre 2002.

Caporal le 1er mai 2006, caporal-chef le 1er mai 2009, il est promu au grade de sergent à titre posthume.
Très investi au sein du corps départemental, Sébastien COUTURIER a toujours gardé, au cours de sa carrière, le souci constant et obstiné de progresser, de se perfectionner, d'acquérir de nouvelles compétences, en suivant de multiples stages dans le domaine de la sécurité et du sauvetage aquatique, des risques technologiques et naturels ou encore des feux de forêt.
Excellent gradé, Sébastien COUTURIER était reconnu tant par sa hiérarchie que par ses collègues du centre de secours de Rochefort. Ceux de La Rochelle-Mireuil, qui le connaissaient depuis quelques jours seulement, voyaient déjà en lui un élément de grande valeur.
Tous ceux avec qui j'ai pu échanger et qui l'ont connu et côtoyé n'ont eu à son égard que des mots empreints d'une profonde considération. Ils m'ont décrit l'intégrité, la droiture et la joie de vivre de cet homme pétri d'idéal. 

La disparition de Sébastien COUTURIER rappelle, une fois de plus hélas, l'abnégation et le sens du devoir qui animent les sapeurs-pompiers de France, qu'ils soient professionnels, volontaires, civils ou militaires.
La noblesse du métier des sapeurs-pompiers, les risques auxquels ils s'exposent, le courage dont ils font preuve quotidiennement, au péril de leur vie, justifient le soutien sans faille que leur doit la Nation tout entière.
Elle rappelle aussi que votre métier est une vocation.
Mais, je vous le dis du fond du cœur : ce n'est parce qu'on a la vocation de porter secours et assistance à son prochain que l'on peut, pour autant, accepter ces sacrifices. Je ne m'y résoudrai jamais.
A la place qui est la mienne, j'aurai toujours à cœur de vous protéger, physiquement, matériellement et juridiquement. Je n'aurai donc de cesse de poursuivre la politique menée qui a permis de faire baisser de plus d'un tiers la mortalité des sapeurs-pompiers en 5 ans.

Le sergent COUTURIER a fait honneur au corps des sapeurs-pompiers. Son courage et son dévouement justifient sa citation à l'ordre de la Nation. La médaille de Chevalier de la Légion d'Honneur et celle de courage et de mérite qui vont lui être décernés sont la marque de cette reconnaissance.

X

Madame Emma BARRIGAUX,
Madame Gladys LECONTE,
Monsieur et Madame COUTURIER,
Je m'incline respectueusement devant votre douleur.
Et je tiens à vous le dire : la Nation tout entière partage votre peine.