21.08.2010 - Cérémonie d'obsèques du sapeur pompier François LE VOUËDEC

21 août 2010

Intervention de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales - Cérémonie d’obsèques du sapeur pompier François LE VOUËDEC - Plouay (Morbihan)


- Seul le prononcé fait foi -

Mesdames et Messieurs,
Madame et Monsieur LE VOUËDEC,
Madame,
 
J’ai tenu à être parmi vous, ce matin, pour rendre un ultime et solennel hommage à François LE VOUËDEC, décédé mercredi alors qu’il se portait au devant d’un feu.
 
Mes premiers mots vont à sa famille : Madame et Monsieur LE VOUËDEC, Mikaël, Thomas, ce drame vous a enlevé un fils et un frère admiré et aimé.
 
Virginie, cette tragédie vous a pris soudainement le compagnon de votre vie.
 
 Vous, ses camarades sapeurs-pompiers du Morbihan, vous avez perdu dans cet accident un collègue apprécié sur lequel vous saviez pouvoir compter.
 
 La France a perdu un serviteur dévoué, un homme d’engagement, un héros du quotidien.
 
 En ce jour de tristesse et de recueillement, je suis venu vous dire que nous sommes avec vous, que nous partageons votre douleur et que nous veillerons sur vous.
 
Le drame qui nous réunit aujourd’hui s’est produit dans le quartier Kesler-Devillers de Lanester.
 Depuis quelques mois, les immeubles HLM de ce quartier font l’objet d’une campagne de rénovation. Mercredi, un incendie s’est déclaré sur un chantier, au sommet d’une tour de dix étages.
 
Tandis que les habitants évacuent l’immeuble, François LE VOUËDEC, accompagné de deux de ses camarades, se précipite au devant du feu. Alors que tout trois prennent pied sur le toit, deux explosions retentissent. Touché à la tête, François LE VOUËDEC meurt sur le coup.
 
Il faut, pour se porter ainsi au devant du danger, un immense courage et je veux saluer, ici, la bravoure de François LE VOUËDEC. Je voudrais aussi dire tout mon soutien et tout mon respect aux deux sapeurs-pompiers qui l’accompagnaient. Au-delà du chagrin qu’ils éprouvent, je sais qu’ils sauront trouver la force nécessaire pour continuer leur mission au service de la sécurité des Français.
 
J’ajoute qu’une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de ce départ de feu et que j’ai demandé à la police de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire.
 
 I. La mort tragique de François LE VOUËDEC nous rappelle que, chaque jour, les sapeurs-pompiers de France risquent leur vie pour porter secours à leurs concitoyens. 
 
(1) Qu’ils soient professionnels, volontaires, civils ou militaires, les sapeurs-pompiers partagent la même abnégation.
 
Je vous le dis : ces hommes et ces femmes qui mettent leur vie au service de leurs concitoyens en détresse font preuve d’un engagement et d’un dévouement exceptionnels.
 
Par les risques auxquels ils s’exposent sans faillir, ils sont, chaque jour, plus dignes de leur devise « sauver ou périr ».
 
Lorsque, comme mercredi, l’un des leurs disparaît, c’est la Nation toute entière qui se trouve endeuillée, c’est la République dans son ensemble qui leur exprime sa reconnaissance et son soutien.
 
(2) Assurant leurs missions dans des conditions souvent extrêmes, les sapeurs pompiers payent hélas parfois de leur vie cet engagement.
 
Devant vous aujourd’hui, je pense tout particulièrement, aujourd’hui, au major Damien HOCHET, mort le 23 décembre dernier alors qu’il partait en intervention.
 
Je pense au sergent Emmanuel MAGNAN qui l’accompagnait et qui, surmontant cette épreuve, a repris le service, il y a quelques semaines.
 
Je pense au caporal Anthony LE BOT, blessé dans ce même accident et qui devait reprendre son service au moment où François LE VOUËDEC trouvait la mort.
 
Pour tous ces hommes, pour tous leurs collègues du Morbihan, de Bretagne et de France, pompier est, bien plus qu’un métier, un engagement de vie.
 
 II. Cet engagement de tous les instants au service de ses concitoyens, François LE VOUËDEC l’assumait plus que tout autre.
 
(1) Le parcours professionnel de François LE VOUËDEC le démontre clairement : il était un pompier dans l’âme.
 
Après son bac littéraire obtenu en 2000 à Lorient, il se lance sans attendre dans la vie active et occupe plusieurs postes d’intérimaire dans des entreprises de menuiserie et de livraison.
 
C’est en avril 2003 qu’il s’engage comme sapeur-pompier volontaire, chez lui, dans sa ville de Plouay. Dès lors, sa voie est toute tracée : agent administratif au sein du centre de traitement de l’alerte du SDIS du Morbihan, il passe le concours de sapeur-pompier professionnel et intègre, le 1er septembre 2007, le centre de secours d’Hennebont. 
 
Pour ses camarades comme pour ses chefs, François LE VOUËDEC devient rapidement un homme sur lequel on peut compter. Très posé, heureux de vivre, passionné par son métier, il est aussi toujours volontaire pour secourir toutes les détresses.
 
C’est ainsi que, sans hésiter, au début de l’année, durant quatre semaines, il fait partie des 9 sapeurs-pompiers du Morbihan déployé en Haïti pour porter assistance aux victimes du séisme meurtrier du 12 janvier. La valeur professionnelle et les qualités humaines dont il a fait preuve à cette occasion, lui ont d’ailleurs valu de recevoir, en juin dernier, la médaille pour acte de courage et de dévouement.
 
De retour d’Haïti, il poursuivait sa prometteuse carrière au centre de secours d’Hennebont. Promu au grade de caporal, il devait recevoir ses galons de vos mains, Monsieur ROPERT, le 4 décembre prochain, à l’occasion de la Sainte-Barbe, sainte patronne des pompiers.
 
(2) Sapeur-pompier professionnel exemplaire, François LE VOUËDEC restait un homme au service de ses concitoyens durant ses temps libres.
 
En effet, il ne cessait jamais d’être pompier : son service terminé à Hennebont, il redevenait sapeur-pompier volontaire à Plouay. C’était, mais je ne vous apprends rien, un homme comme on en rencontre peu.
 
Très apprécié des Plouaysiens, François LE VOUËDEC était, enfin, un sportif accompli, porté par sa bonne humeur et son altruisme vers des sports collectifs. Il était ainsi licencié du club de football Avenir de Plouay et membre de l’équipe départementale des sapeurs-pompiers du Morbihan.
 
 
Face à un tel dévouement, un engagement aussi total et un professionnalisme aussi irréprochable, c’est la Nation toute entière qui s’incline respectueusement devant l’exemple de François LE VOUËDEC.
 
Par son engagement poussé jusqu’au sacrifice suprême, François LE VOUËDEC fait honneur aux 250 000 sapeurs-pompiers de France.

Son courage et son sens du devoir justifient pleinement sa citation à l’Ordre de la Nation. Les insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur et la médaille d’or pour acte de courage et de dévouement que je vais lui décerner sont la marque de l’hommage appuyé que lui rendent ses pairs, de l’estime que lui doivent tous les Français et de la reconnaissance de la République.
 
François LE VOUËDEC, reposez en paix.