21.04.2010 - Cérémonie d'adieu aux armes du général d'armée Roland GILLES

21 avril 2010

Discours de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Caserne des Célestins


– Seul le prononcé fait foi –
              
    Monsieur le directeur général de la gendarmerie nationale,
    Mon Général,
    Mesdames et Messieurs,
    Mon Général, c’est avec émotion que je m’adresse à vous, aujourd’hui, pour votre adieu aux armes.
    Emotion, tout d’abord, puisque pour vous avoir eu à mes côtés depuis mon arrivée place Beauvau, je connais vos grandes qualités humaines, personnelles comme professionnelles. La médaille de la gendarmerie que je viens de vous remettre en est un véritable témoignage.
    Emotion, aussi, puisque vous partez après avoir accompli votre mission. La gendarmerie nationale fait désormais pleinement partie du ministère de l’intérieur.
L’émotion se mêle à l’enthousiasme, puisque votre successeur est, comme vous, un gendarme. Un gendarme que vous avez contribué à former, puisqu’il était jusqu’ici votre adjoint.

I. Général GILLES : acteur de terrain, homme de réflexion, vous avez parfaitement réussi dans la mission qui vous a été confiée comme directeur général de la gendarmerie nationale.

(1) Tout au long de votre carrière, vous avez su démontrer que vous étiez à la fois un acteur de terrain et un homme de réflexion.
    -> Vous avez, d’abord, toujours été un homme d’action et de terrain. Dans vos différents postes, vous êtes ainsi remarqué pour votre engagement total et sans faille et votre capacité à assumer des responsabilités lourdes et délicates sur le terrain.
Votre rapide montée en grade est, d’ailleurs, le signe de cette compétence :

  •     vous avez, au début de votre carrière, commandé successivement un peloton de gendarmerie mobile de Versailles Satory, une compagnie de la gendarmerie départementale de Bellac en Haute-Vienne, et le groupe d’escadrons de Joué-les-Tours ;
  •     à la tête du groupement sensible de gendarmerie départementale de la Haute-Garonne à Toulouse, en 1995, la qualité de votre commandement est soulignée par les autorités aussi bien militaires que civiles et judiciaires ;
  •     de même, appelé à commander la légion de Corse de 2001 à 2004, vous réussissez à faire l’unanimité sur place.

-> Homme de terrain, vous êtes, aussi, un homme de réflexion. Tout au long de votre carrière militaire, vous avez, outre vos responsabilités opérationnelles, occupé, en effet, divers postes de conception et de direction.
    Ce n’est aucunement un hasard si vous êtes sorti major de votre promotion à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan ou si l’on a pensé à vous pour devenir chargé d’études et instructeur auprès de la mission d’assistance militaire à la République du Cameroun.
Vous avez aussi fait de fréquents passages à la direction générale de la gendarmerie nationale :

  •     dès 1983, vous êtes affecté à la sous-direction « organisation-emploi » de ce service ;
  •     après de nouveaux passages sur le terrain, vous êtes nommé, en 1993, au cabinet du directeur général de la gendarmerie nationale et devenez, en 1997, chef du bureau du « personnel officier » ;
  •     devenu général de brigade, vous assumez les fonctions de chef de cabinet du DGGN avant d’être nommé major général en 2006.

    Élevé en 2008 au rang de général d’armée, vous prenez dans la foulée vos fonctions de directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN). Ce poste consacre votre carrière exemplaire au sein de cette magnifique institution qu’est la gendarmerie nationale.
(2) Action et réflexion ; connaissance du terrain et aptitude à concevoir : il a bien fallu toutes ces qualités pour que vous puissiez accomplir, comme directeur général de la gendarmerie nationale, votre mission d’intégrer la gendarmerie au ministère de l’intérieur.
    -> Ouvert dès 2002 par Nicolas SARKOZY alors ministre de l’intérieur, cet immense chantier a toujours eu un objectif clair : placer l’ensemble des forces de sécurité intérieure sous l’autorité du même ministre afin de gagner en efficacité et de créer une nouvelle cohérence. D’abord simplement placée « pour emploi » sous l’autorité du ministre de l’intérieur, la gendarmerie nationale a été ensuite pleinement rattachée à la place Beauvau par une décision du Président de la République du 29 novembre 2007, puis par la loi du 3 août 2009. D’une ampleur inédite pour la gendarmerie nationale depuis deux siècles, cette loi a permis d’adapter l’architecture de la sécurité intérieure aux défis du XXIème siècle.
    -> Une fois la décision prise, encore fallait-il la mettre en œuvre. Telle a été votre mission, et cette mission, vous l’avez accomplie.

  •     Vous avez, d’abord, vaincu un certain nombre de réticences inhérentes à tout changement institutionnel majeur. Je sais, mon général, que vous n’avez pas ménagé vos efforts et que vous avez entrepris de véritables « tours de France » pour aller expliquer le sens de cette évolution à tous vos personnels ;
  •     vous avez, parallèlement, pu faire valoir la spécificité de son statut, à savoir l’identité militaire de la gendarmerie. Je l’ai toujours dit parce que j’en suis tout à fait convaincu : ce rapprochement des forces de sécurité intérieure ne peut être productif que s’il est synonyme de complémentarité et non de juxtaposition ou, pire, de compétition. Il doit s’effectuer dans un esprit d’équilibre et dans le respect de l’identité de chacun. Votre identité militaire a été confortée par le Parlement. Elle est un apport précieux à l’ensemble des forces de sécurité de notre pays.

    -> Au-delà de cette mission institutionnelle que vous avez su accomplir, vous avez dirigé toute l’action au quotidien menée par la gendarmerie nationale afin de protéger au mieux nos concitoyens sur tous les territoires.
Qu’il s’agisse des très bons résultats obtenus par la gendarmerie départementale et les unités spécialisées dans la lutte contre la délinquance au quotidien, qu’il s’agisse de la maîtrise des troubles à l’ordre public comme ceux qui ont gravement affecté certains départements d’outre-mer début 2009 ou qu’il s’agisse de missions internationales de formation comme l'Afghanistan, la gendarmerie est devenue, plus que jamais, une force de sécurité à la fois professionnelle, moderne et efficace.
(3) Aujourd’hui, mon général, vous faîtes votre adieu aux armes. Pourtant, vous allez continuer à servir la France. Je vous sais parfaitement apte à réussir dans les nouvelles fonctions d’ambassadeur que vous assumerez très prochainement. La diplomatie, c’est l’art de convaincre, mais c’est aussi l’art de vaincre.
Avec votre départ, c’est, en tout cas, la première étape de l’intégration de la gendarmerie au ministère de l’intérieur qui s’achève. Je veux, une fois encore, vous adresser toute ma reconnaissance pour votre implication totale à mes côtés. Aujourd’hui, s’ouvre une nouvelle étape avec l’arrivée du Général MIGNAUX comme nouveau directeur général de votre arme. Cette cérémonie me donne, une nouvelle fois, l’occasion de saluer le formidable travail qu’effectuent au quotidien les 98 000 personnels militaires et civils de la gendarmerie nationale.

II. A nouvelle étape, nouveau chef. Nous faisons toute confiance au général MIGNAUX pour honorer, comme nouveau directeur général de la gendarmerie nationale, les missions que nous lui confions.

(1) C’est à dessein, tout d’abord, que je parle, non pas de rupture, mais de nouvelle étape.
    La décision du président de la République de vous nommer, général MIGNAUX, s’inscrit dans une logique de continuité.
    Conseiller au cabinet du ministre de l’intérieur, Nicolas SARKOZY, alors que le rapprochement entre la police et la gendarmerie en était à ses premiers pas, vous avez, ensuite, été l’adjoint du général GILLES durant la première phase de l’intégration. Vous avez, par conséquent, déjà une parfaite connaissance de vos nouveaux dossiers, et votre arrivée à la tête de la gendarmerie apparaît donc toute naturelle.
    Parallèlement, le fait de nommer, une nouvelle fois, un gendarme à votre tête est le signe de la confiance que le Président de la République et le Gouvernement accordent aux militaires de la gendarmerie nationale.
Confiant dans le choix du Président, je vous souhaite, mon général,  une pleine réussite dans vos nouvelles fonctions. Mais peut-être devrai-je vous souhaiter, aussi, du courage et de la détermination. Ayant en charge la sécurité de nos concitoyens, nous ne pouvons, en effet, nous permettre aucun échec, quels que soient par ailleurs les défis à surmonter.
(2) Pour vous aider à relever ces défis, j’ai fixé des priorités pour mieux assurer la sécurité des Français que je vous demande de mettre en œuvre.
-> Sur le plan opérationnel, d’abord :

  •     la lutte contre les cambriolages et les trafics de stupéfiants constituent deux priorités absolues. Nous obtenons des résultats, et ceux-ci doivent être pérennisés et amplifiés. Je compte sur vous pour rester totalement mobilisé contre ces deux fléaux qui touchent nos concitoyens dans ce qu’ils ont de plus précieux, la santé de leurs enfants et le respect de leur sphère privée ;
  •     vous devrez, aussi, contribuer à faire front face aux nouvelles formes de violences. Je pense, bien sûr, aux phénomènes de bandes violentes ou à l’insécurité dans les transports. Ces violences n’interviennent pas uniquement en zone police, elles relèvent aussi souvent de vos compétences. Là encore, notre mobilisation commence à porter ses fruits. Là encore, notre combat est permanent et doit être sans relâche.

-> Sur le plan de l’organisation, ensuite, vous devrez parvenir à un équilibre subtil entre respect des spécificités de la gendarmerie et nécessaire adaptation de nos forces de sécurité aux enjeux d’une sécurité plus globale.
Votre tradition militaire n’a rien d’accessoire : elle est le garant d’une force capable de se mobiliser instantanément face à une crise nationale d’ampleur ; elle est la caution d’une force prête à faire rayonner, partout dans le monde, l’expertise française en termes de maintien de la paix et de reconstruction de l’Etat de droit.
Conserver un statut spécifique ne signifie pas pour autant, naturellement, refuser toute évolution et tout partenariat. J’en suis convaincu, face à une violence aux formes multiples, nous devons innover en modernisant la cohérence territoriale de nos forces. C’est par la mise en œuvre concomitante d’une police d’agglomération et d’une police des territoires que nous parviendrons à vaincre ce fléau qu’est la délinquance. Nous obtiendrons, ainsi, tant pour la gendarmerie nationale que pour la police nationale, des dispositifs plus homogènes et mieux adaptés pour relever le défi d’une plus grande sécurité au quotidien pour nos concitoyens.
Général GILLES, à travers cet adieu aux armes, nous vous exprimons toute notre gratitude et tout notre respect. Je sais tout l’attachement que vous portent les femmes et les hommes que vous avez commandé tout au long de votre carrière militaire.
Général MIGNAUX, nous vous souhaitons bon courage pour vos nouvelles fonctions et vous faisons pleinement confiance pour relever les défis de votre institution, au service de la sécurité de nos concitoyens.