21.01.2011 - Les résultats de la politique de sécurité en 2010

21 janvier 2011

Intervention de M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration, vendredi 21 janvier 2011.


- Seul le prononcé fait foi -

Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le préfet de police,
Messieurs les directeurs généraux,
Monsieur le président de l'OND,
Mesdames et Messieurs,

Le Président de la République m'a confié une mission claire : améliorer et faire progresser la protection des Français.

La lutte contre l'insécurité a été menée 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 : à Grenoble, à Marseille, en Seine-Saint-Denis comme en tous points de notre territoire, la délinquance a été combattue pied à pied, mètre après mètre.

Je voudrais commencer, ce matin, par remercier les hommes et les femmes de la police et de la gendarmerie nationales, ainsi que tous les autres acteurs de la sécurité - qui ont tous été particulièrement sollicités cette année.

Je mesure toute la difficulté de leur mission. Nous devons tous avoir en mémoire les exigences qu'elle requiert, le travail qu'elle réclame et les drames qu'elle entraîne. En 2010, 19 policiers et gendarmes ont ainsi sacrifié leur vie à la protection de nos concitoyens. Je veux rappeler, ici, le souvenir de ces hommes et de ces femmes à la mémoire desquels j'ai personnellement rendu hommage en me rendant à leurs obsèques.

Je pense, aussi, aux 12 875 policiers et gendarmes blessés dans l'exercice de leur mission en 2010. J'associe à cette pensée la policière municipale Aurélie Fouquet et les pompiers blessés dans le cadre des violences urbaines. Leur engagement au service des autres, de vous tous ici présents, mérite toute notre reconnaissance.

I. 2010 a été une nouvelle année d'action et de résultats au service de la protection des Français.

Grâce à l'intense mobilisation des forces de sécurité, grâce à l'investissement sans faille de chacun des 250 000 policiers et gendarmes de notre pays, grâce à la volonté inébranlable du Président de la République, du Gouvernement et de tous les responsables opérationnels dont certains sont ici ce matin, nous avons, en 2010, chaque jour et chaque nuit, gagné des batailles contre l'insécurité en France.

(1) Je vous l'annonce : 2010 a été la huitième année consécutive de baisse de la délinquance dans notre pays.

En effet, globalement, la délinquance a reculé de - 2,1% en 2010 par rapport à 2009.

C'est un résultat important.

Important, car la baisse est plus marquée encore qu'en 2009, où la délinquance avait globalement baissé de - 1%.

Important, aussi, car il correspond à plus de 70 000 victimes épargnées en une seule année.

Important, enfin, car il est le produit des efforts menés à chaque instant par des hommes et par des femmes dont la noble mission est de nous protéger.

Surtout, nous obtenons des résultats sur chacun des fronts de la délinquance :

  • je pense, d'abord, aux atteintes aux biens comme les cambriolages, les vols à main armée ou les vols de voitures, dont le recul s'est accéléré cette année puisqu'elles sont en baisse de - 1,9% contre - 0,7% en 2009 ;
  • je pense, ensuite, à la criminalité organisée et à la délinquance spécialisée qui recouvre, par exemple, les activités mafieuses, le proxénétisme ou les grands trafics de stupéfiants et qui a reculé de - 6,9% en 2010 ;
  • je pense, enfin, aux escroqueries et infractions économiques et financières qui vont des chèques volés aux abus de biens sociaux et qui, même s'il reste des imperfections statistiques, ont elles aussi reculé plus vite en 2010 qu'en 2009 avec une baisse de -4,3% ;

Nos batailles sont ciblées, les résultats sont au rendez-vous même s'ils doivent être confirmés et amplifiés. En effet, plan opérationnel après plan opérationnel, les forces de sécurité se sont emparées des priorités que je leur avais fixées et ont obtenu des résultats particulièrement significatifs contre les formes de délinquance qui marquent le plus nos concitoyens :

  • concernant les vols à main armée, l'action des forces de sécurité est efficace aussi bien sur le plan dissuasif que sur le plan répressif. Efficacité sur le plan dissuasif, d'abord, car les braqueurs réfléchissent désormais à deux fois avant de passer à l'acte : le nombre de faits constatés, en effet, recule de - 14% pour les vols à main armée visant les commerçants et de - 11,3% pour ceux qui visent les établissements financiers et les transports de fonds. Pour Paris, ces chiffres atteignent même - 22,2% dans le cas des établissements financiers. Mais efficacité sur le plan répressif, aussi, puisque les taux d'élucidation de ces vols progressent, par exemple, de + 17 points dans le cas des établissements financiers et des convoyeurs de fonds ;
  • en outre, concernant la lutte contre les trafics de stupéfiants, le nombre de personnes mises en cause en 2010 pour trafic et revente a progressé de + 5,7%.

(2) Chacun des sept plans d'action ciblés qui constituent notre feuille de route a produit des résultats concrets au profit des Français.

L'objectif de ces plans était et reste d'assurer une réponse à la fois immédiate, ciblée et adaptée aux réalités et aux évolutions de la délinquance. Engagements pris, promesses tenues : les objectifs fixés sont devenus des résultats concrets.

Premier plan, la lutte contre les cambriolages : quels résultats obtenons-nous ?

Je vous le dis : les forces de sécurité sont totalement mobilisées contre cette délinquance souvent vécue par les victimes comme un viol de leur intimité. J'en veux pour preuve l'augmentation du nombre de personnes mises en cause de + 2,3% pour les cambriolages de résidences principales et secondaires et de +15,5% pour ceux de locaux industriels et commerciaux.
Dans certains départements, les forces de sécurité obtiennent des résultats véritablement spectaculaires. C'est le cas, par exemple, dans l'Aisne ou le Bas-Rhin où les cambriolages de résidences principales et secondaires ont connu, en 2010, des baisses à deux chiffres de - 17,4% dans le premier cas et de - 25,5% dans le second.

Je vous le dis : ces résultats sont la conséquence directe du plan d'action opérationnel que nous mettons en œuvre depuis mon arrivée place Beauvau.

Comme je l'ai exigé, le recours à la police technique et scientifique est désormais quasi-systématique sur les lieux de cambriolage.

En outre, les cellules anti-cambriolages, en facilitant le travail de synthèse et de recoupements mené par les forces de sécurité et en permettant aux policiers et aux gendarmes de travailler de manière étroitement coordonnée, portent de durs coups à cette forme de délinquance. A titre d'illustration, j'en veux pour preuve l'interpellation récente, en Seine-Maritime, de deux toxicomanes qui ont reconnu, en garde-à-vue, une centaine de cambriolages par effraction, commis aussi bien en zone police qu'en zone gendarmerie. Déférés devant le Parquet, ils ont été écroués en attente de leur jugement.

Deuxième plan, la lutte contre les trafics de stupéfiants : quels résultats obtenons-nous ?

Cette année, les forces de sécurité ont saisi plus de 55 tonnes de cannabis, plus de 5 tonnes de cocaïne, plus d'1 tonne d'héroïne et plus de 668 500 comprimés d'ecstasy. Ces résultats, ce ne sont pas seulement des chiffres dans un tableau. Ces résultats, ce sont, très concrètement, plus de 560 millions d'euros qui n'enrichiront pas les trafiquants. Ce sont, surtout, plus de 60 tonnes de poison qui ne viendront pas détruire de nouvelles vies, notamment celles de jeunes.

Je vous le dis : en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants, du grand réseau international au deal de proximité, nous ne lâchons rien et nous obtenons des résultats.

En Seine-Saint-Denis, grâce à l'action constante et déterminée du préfet Christian Lambert, près de 10 000 halls d'immeuble ont été investis en 2010 par la police avec, pour conséquence, une hausse de + 20,7% du nombre de faits constatés en matière d'usage et revente de stupéfiants.

Au cours de l'un de mes déplacements sur le terrain, le 9 août dernier, j'ai accompagné les policiers dans l'une de ces opérations. Nous avions alors découvert un tunnel habilement exploité par les trafiquants : pendant que l'un d'eux négociait avec les consommateurs à l'extérieur, un autre préparait sous terre la commande et la lui faisait passer par un trou pratiqué dans le mur une fois l'affaire conclue. De cette manière, le trafiquant exposé aux regards n'avait jamais de drogue sur lui ce qui compliquait considérablement son arrestation. Grâce à notre action ciblée, ces trafiquants ont été mis hors d'état de nuire.

Troisième plan, la lutte pour la protection des personnes âgées : quels résultats obtenons-nous ?

En 2010, et tout particulièrement depuis le lancement au début de l'été du plan en faveur de la sécurité des personnes âgées, la délinquance à l'encontre de nos aînés a reculé :

  • les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont baissé de - 3,8% sur l'année avec une nette accélération du recul de - 6,1% depuis l'entrée en vigueur du plan ; 
  • les vols par ruse, dont nos aînés représentent les deux-tiers des victimes, ont chuté de - 15,5% en 2010 et même de -23,3% depuis la mise en œuvre de notre plan opérationnel ;
  • enfin, les escroqueries et abus de confiance ont également connu une baisse importante de - 6,3% sur l'année, particulièrement nette sur le deuxième semestre où le recul est de - 10,5%.

Je vous le dis, ces bons résultats ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont la conséquence directe de la mobilisation des forces de sécurité et en particulier des 8 268 opérations de sensibilisation qu'elles ont menées depuis juillet auprès de 83 622 personnes âgées pour leur rappeler les "gestes de sécurité" au quotidien.

Parce que, comme je vous l'ai indiqué, les personnes âgées constituent des proies plus faciles pour les escrocs, je voudrais tout particulièrement saluer le travail effectué par la sûreté départementale du Nord qui, après plusieurs mois d'enquête, a mis hors d'état de nuire un malfaiteur suspecté d'au moins 45 vols de ce type.

Grâce à un minutieux travail de recoupements et d'analyses, les enquêteurs en venaient à suspecter un individu déjà recherché en Lorraine, pour des faits similaires commis en 2008. Ayant identifié l'une de ses proches, les policiers l'ont convaincu de lui fixer un rendez-vous et profitaient de l'entrevue pour l'interpeller, au mois d'octobre.

Quatrième plan, la lutte contre les bandes : quels résultats obtenons-nous ?

En matière de lutte contre les bandes violentes, le plan d'action opérationnel que j'ai lancé au mois de mai dernier fait clairement sentir ses effets. Sur les quatre derniers mois de l'année, les affrontements entre bandes ont diminué, par rapport à la même période en 2009, de - 16% sur l'ensemble de notre territoire.

La conséquence directe de ces reculs, ce sont des vies épargnées puisqu'en 2010, nous avons quasiment divisé par deux le nombre de morts dans les affrontements entre bandes.

Dans un département particulièrement concerné par le phénomène, celui du Val-d'Oise, l'action et la détermination des forces de sécurité ont permis, depuis l'été, de résoudre quatre affaires d'affrontements de bandes particulièrement marquantes avec, notamment, l'interpellation de 29 individus.

Je pense, en particulier, au démantèlement récent d'une bande de Villiers-le-Bel. Sur fond de rivalités entre quartiers, ce groupe était impliqué dans une quinzaine de confrontations violentes en six mois avec, pour triste bilan, un mort par balle, trois blessés par armes à feu, deux blessés à l'arme blanche et un blessé à coups de batte de base-ball. A l'issue d'une importante opération de police soutenue par le RAID, les forces de sécurité ont interpellé, le 7 décembre dernier, 5 membres de cette bande dont son leader. Ils ont également saisi des stupéfiants, une bouteille remplie de billes de plomb et plusieurs véhicules utilisés lors d'affrontements avec les jeunes du quartier voisin. A l'issue de leur garde à vue, ces 5 individus ont été déférés au Parquet. L'un d'entre eux a été placé sous contrôle judiciaire et les quatre autres ont été écroués.

Cinquième plan, la lutte contre les violences scolaires : quels résultats obtenons-nous ?

Même si beaucoup reste à faire avec le concours nécessaire des départements et des régions, l'action déterminée du Gouvernement a déjà permis de casser la spirale de la violence puisque les infractions répertoriées ont baissé de près de - 1% au cours de l'année scolaire 2009-2010 par rapport à l'année scolaire 2008-2009. De septembre 2009 à juin 2010, nous avons mené plus de 26 000 opérations aux abords des établissements. En outre, depuis le mois de septembre, les 53 établissements les plus sensibles de notre pays disposent d'un « référent sécurité-école », policier ou gendarme, présent plusieurs fois par semaine au sein même de l'établissement. Je m'étais d'ailleurs rendu, le 20 septembre dernier, en compagnie de Luc Chatel au lycée la mare carrée de Moissy-Cramayel, pour installer l'un de ces policiers référents.

Les choses sont claires : parce que la transmission du savoir ne peut se faire efficacement que dans un environnement dont la violence est exclue, nous mettons tout en œuvre pour protéger les établissements scolaires et leurs abords.

Sixième plan, la lutte contre les hooligans : quels résultats obtenons-nous ?

Dès ma prise de fonctions, je me suis engagé avec détermination dans un combat essentiel : rendre aux stades l'esprit de fête et de camaraderie qui est celui du football. J'ai ainsi créé, en septembre 2009, la division nationale de lutte contre le hooliganisme puis, en février 2010, les sections d'intervention rapide en tenues sportives dont 14 sont aujourd'hui opérationnelles pour sécuriser les matchs et interpeller les hooligans identifiés grâce à des moyens vidéo mobiles.

En parallèle, j'ai renforcé les effectifs dédiés à la sécurisation des rencontres : sur l'ensemble de la saison 2009-2010, ce ne sont pas moins de 525 unités mobiles qui ont été mobilisées à cette fin.

Je vous le dis : depuis le début de la saison 2010-2011, nous n'avons eu à déplorer aucun incident majeur et nous avons amplifié notre action pour démanteler les bandes de hooligans. À la 19ème journée de championnat, le nombre d'interdits de stade s'élève à 572 tandis que le nombre de hooligans interpellés lors des différentes rencontres augmente de + 96% par rapport à la même période lors de la saison précédente.

J'en veux pour preuve, le récent match comptant pour les 32èmes de finale de la coupe de France de football entre Reims et Montpellier. Quelques heures avant le match, n'arrivant pas à chercher des ennuis à des supporteurs adverses, un groupe de montpelliérains s'en prend violemment à deux garçons dans le parc de la Patte d'oie, à Reims. Grâce à l'intervention rapide de la police, ces deux jeunes promeneurs ont pu être protégés tandis que 5 de leurs agresseurs, dont 2 mineurs, étaient interpellés. Jugés en comparution immédiate, les trois majeurs ont été condamnés à des peines allant de 6 à 12 mois d'emprisonnement assorties de 2 à 3 ans de mise à l'épreuve.

J'ajoute que, sur le modèle de ce que nous avions fait le 28 avril dernier à l'encontre de 7 groupes de supporteurs particulièrement violents, j'ai engagé des procédures administratives de suspension contre deux associations de supporteurs du club de Montpellier. Elles devraient aboutir dans les tout prochains jours

Septième plan, la lutte contre l'insécurité dans les transports : quels résultats obtenons-nous ?

En 2010, sur l'ensemble des réseaux de transports en commun de France, nous avons mené plus de 11 000 opérations "coups de poing". Cela représente plus de 30 opérations par jour, c'est-à-dire plus d'une opération par heure.

Comme je l'ai encore constaté moi-même récemment sur le terrain, lors de mon déplacement aux PC sécurité de la RATP et de la police gare de Lyon, c'est grâce à l'implication totale de tous, forces de sécurité, opérateurs de transports comme collectivités locales, que nous ferons progresser la sécurité dans les transports. J'en veux pour preuve ce qui s'est passé à Méru dans l'Oise, le 12 novembre dernier.

Exerçant une veille active sur les images de vidéo-protection de la gare, la police municipale détecte l'affrontement de deux bandes rivales, prévient la gendarmerie dont l'action rapide permet l'interpellation sur place de onze individus originaires de Seine-Saint-Denis. Grâce à la mise à disposition des forces de sécurité, par la SNCF, des images enregistrées par ses caméras de vidéo-protection, 5 individus ont pu être condamnés à de la prison ferme. Lorsque tous les services travaillent main dans la main et s'appuient sur des outils performants, l'insécurité recule concrètement.

Bien sûr, ces victoires remportées ne peuvent nous faire oublier le tragique décès, le 27 décembre dernier, d'une jeune femme volontairement et violemment bousculée dans les couloirs du métro par un voleur en fuite. Comme vous le savez, l'enquête a rapidement progressé et un suspect a d'ores et déjà été arrêté, déféré et écroué.

(3) Pour mesurer tout le chemin parcouru depuis dix ans mais aussi, au passage, rétablir quelques vérités trop rapidement oubliées, procédons ensemble à quelques comparaisons de résultats entre 2000 et 2010.

Prenons, par exemple, le nombre d'infractions commises en 2010 et celui des infractions commises il y a 10 ans, en l'an 2000.

En effet, alors que, selon les chiffres de l'INSEE, la population française s'est accrue d'environ 6 millions de personnes sur les dix dernières années, les infractions enregistrées dans notre pays sont globalement moins nombreuses :

  • alors qu'on recensait 2 820 000 atteintes aux biens en 2000, nous en avons recensé 2 184 000 l'année dernière. En 2010, il y a donc eu 636 000 atteintes aux biens de moins qu'en 2000, soit 636 000 victimes en moins qu'en 2000 alors que, je le redis, notre pays compte 6 millions d'habitants de plus qu'en 2000 ;
  • de même, alors qu'on recensait 8 613 vols à main armée en 2000, nous n'en dénombrions plus que 6 198 l'année dernière, soit près de 2 500 de moins ;
  • le nombre d'homicides commis dans notre pays est passé, quant à lui, de 1 051 en l'an 2000 à 675 en 2010;
  • enfin, le taux d'élucidation est passé de 26,7% en 2000 à 37,4% aujourd'hui, soit un gain de plus de 10 points en 10 ans.

De la même manière, la comparaison de l'évolution de la délinquance entre 1997 et 2002 et depuis que Nicolas Sarkozy conduit la politique de sécurité, parle d'elle-même.

Alors que la délinquance générale avait connu une hausse historique de +17,8% entre 1997 et 2002, elle a baissé, depuis, de

  • 16,2%. Très concrètement, cela signifie qu'en 2010, la délinquance est passée dans notre pays en dessous de son niveau de 1997 alors que la population, elle, augmentait, je le répète, de plus de 5 millions de personnes.

Si l'on se penche plus en détail sur l'évolution des différents types de délinquance, les résultats sont encore plus marquants :

  • après avoir augmenté de + 14,4% entre 1997 et 2002, les atteintes aux biens ont baissé de plus de 30% depuis 2002, ramenant ces délits plus de 20% en dessous de leur niveau de 1997 ;
  • de la même manière, après avoir augmenté de + 12,2% entre 1997 et 2002, ont chuté de la criminalité organisée et la délinquance spécialisée- 23,7% depuis 2002, se situant, cette année, près de - 15% en dessous de leur niveau de 1997.

(4) Enfin, avant de passer aux objectifs pour 2011, je voudrais revenir un instant sur un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre ces dernières semaines, je veux parler des voitures brûlées.

Si j'ai décidé de ne pas rendre public, cette année, le nombre de voitures brûlées au cours de la soirée du réveillon, c'est dans un double souci d'apaisement et de cohérence.

Apaisement, d'abord, car, comme me l'avait fait remarqué Alain Bauer, président de l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales - qui est, je le rappelle, un organisme indépendant -, la publication ponctuelle du nombre de voitures brûlées au cours des nuits du 14-Juillet et du réveillon de la Saint-Sylvestre avait pour seul effet de provoquer une surenchère dangereuse entre les voyous. J'ai voulu mettre fin à un "palmarès" aussi stupide que dangereux.

Cohérence, ensuite, car, notre détermination à lutter contre les incendies de voitures ne se cantonnant pas à deux soirées par an, il était plus logique de rendre public un bilan annuel du résultat de nos efforts.

Mais attention ! Supprimer ces palmarès malsains, ce n'est pas esquiver la réalité.

(i) Je vous l'annonce : nous allons nous doter, en 2011, d'un indicateur fiable et précis du nombre de véhicules incendiés volontairement dans notre pays.

En effet, comme vous l'a très bien expliqué Alain Bauer, nous ne disposons pas du chiffre précis du nombre d'incendie volontaire de voitures en France.

En créant ce nouvel indicateur, notre démarche est double :

  • nous renforçons, d'abord, notre efficacité opérationnelle car les forces de sécurité ne peuvent faire reculer un phénomène dont les contours sont si flous ;
  • nous agissons en totale transparence vis-à-vis de nos concitoyens car ils ont le droit de savoir précisément les risques encourus par des véhicules qui sont bien souvent, pour eux, des outils de travail ou des moyens de transport indispensables.

(ii) En outre, si le nombre brut de voitures brûlées n'a que peu de sens, nous pouvons néanmoins tirer au moins deux leçons de l'année 2010.

Première leçon, en 2010, la tendance est à un recul du nombre de voitures brûlées. En effet, le nombre d'incendies volontaires enregistré par les forces de sécurité dans l'"état 4001" est en baisse de - 4% par rapport à l'année 2009. En outre, nous avons obtenu en décembre 2010, contre les incendies volontaires, notre meilleur résultat depuis 2006, avec moins de 3 000 procédures engagées. Succès en soi, ce bon résultat prend toute sa valeur si l'on se souvient que, ces trois dernières années, les mois de juillet et de décembre constituaient deux pics dans le nombre des incendies volontaires.

Deuxième leçon, tous les incendies de voitures ne sont pas, loin de là, la conséquence de violences urbaines.

Il faut en distinguer trois réalités, responsables, chacune, d'environ un tiers des incendies de véhicules dans notre pays :

  • il y a d'abord, effectivement, les incendies résultant de violences urbaines ;
  • il y a, ensuite, les incendies résultant d'escroqueries à l'assurance ;
  • et il y a, enfin, tous les autres incendies, relevant soit de causes accidentelles, soit de la volonté de détruire des preuves soit, encore, de la propagation d'un incendie volontaire à des véhicules garés à proximité.

Si notre politique de fermeté porte ses fruits, nous ne devons pas, nous ne pouvons pas pour autant nous arrêter là. Nos résultats ne signifient pas que la lutte contre l'insécurité est gagnée. Mais ils renforcent notre détermination à relever de nouveaux défis.

II. Fort de ces résultats mais conscients des défis qu'il reste à relever, nous allons poursuivre, conforter et amplifier, en 2011, notre politique de sécurité au service des Français.

Bien entendu, je ne me satisfais pas des bons résultats obtenus. Je n'ai pas peur de le dire car pour moi, une chose est certaine : à partir du moment où l'on perd l'ambition d'être meilleur, on cesse déjà d'être bon. C'est mon credo, c'est ma philosophie d'action.

Entendez-moi bien : chaque victime est une victime de trop. Pour elles, pour leurs familles, pour notre pays, nous devons et naturellement nous pouvons toujours aller plus loin.

(1) Face à certains résultats encore insuffisants, nous faisons preuve de réactivité.

Nous avons de réelles marges d'amélioration, d'abord, sur les violences aux personnes. Tout le monde le sait, vous les premiers : c'est le grand défi de nos sociétés modernes. La France n'y échappe pas. Si la délinquance globalement est en baisse, les violences aux personnes, elles, ont augmenté de +2,5% sur le plan national, en 2010. Je ferai, à ce sujet, trois remarques.

(i) Première remarque : ces violences aux personnes sont un phénomène qu'il ne faut ni minimiser - tant elles recouvrent parfois des agressions traumatisantes - ni surestimer car elles ne représentent que 13% des faits de délinquance, soit un peu plus d'un fait sur dix.

(ii) Deuxième remarque : nous sommes sur la bonne voie. Ce n'est pas de l'optimisme en l'air, face aux micros et aux caméras. Je le dis au regard des données chiffrées de l'ONDRP qui démontrent, toutes, cette réalité : nous sommes véritablement en passe de stopper la hausse des violences aux personnes. +60,8%, c'était le lourd bilan de l'explosion des atteintes volontaires à l'intégrité physique, entre 1997 et 2002. +2,8%, c'était, en 2009, la hausse que nous avions contenue ! +2,5%, en 2010, cela signifie très concrètement que les violences aux personnes augmentent cinq fois moins vite aujourd'hui.

(iii) Troisième remarque : cette hausse est désormais géographiquement bien circonscrite.

En effet, partout en zone gendarmerie, c'est-à-dire sur 90% de notre territoire, ces violences sont stables, voire très légèrement à la baisse. De la même manière, en zone police, hors Ile-de-France, nous sommes parvenus à une quasi-stabilité des violences aux personnes puisqu'elles n'augmentent plus que de +1%. Nous savons donc parfaitement où se concentre le problème : c'est bien en Ile-de-France c'est-à-dire à Paris, en petite couronne mais aussi en grande couronne, où l'augmentation est telle qu'elle fait tourner au rouge un indicateur partout ailleurs au vert !

Je n'ai pas davantage d'hésitation à vous dire que nous pouvons encore largement améliorer nos résultats et combattre avec plus de force les nouvelles formes de délinquance, comme les vols de téléphones portables.

Il y a quinze ans, l'heure était aux vols d'autoradios ; aujourd'hui, on recense près de 200 000 vols de téléphone portable chaque année. C'est un phénomène nouveau mais réel : sur la seule année 2010, les vols de téléphone portable ont augmenté de près de +40%. Lorsque je me suis rendu, gare de Lyon, le 30 décembre, pour faire le point de la sécurité dans les transports, les policiers de la préfecture de police me l'ont clairement dit : sur le seul mois de novembre, 75% des objets dérobés avec violence dans le métro étaient des téléphones portables et notamment des smart phones.

Ces points noirs identifiés imposent une réponse nouvelle, spécifique et ciblée. Pour cela, et notamment grâce à de nouveaux outils dont nous sommes en passe de disposer, les progrès sont à notre portée.

Comme je l'ai demandé, nous allons, en effet, disposer, à compter du premier trimestre de cette année, d'un nouvel agrégat afin de mieux discerner :

  • d'une part, les violences intrafamiliales des autres agressions physiques ;
  • et d'autre part, l'augmentation des faits qui relèvent de l'action des services de ceux qui relèvent de nouvelles formes de délinquance. On s'offusque en effet d'un chiffre fourre-tout dont l'augmentation résulte aussi, en partie, d'une incitation par les forces de sécurité à porter plainte ! Je pense, par exemple, aux femmes battues. Pour elles, porter plainte, c'est déjà agir : c'est briser la loi du silence, c'est ne pas laisser la violence s'installer.

Dans le même sens, la LOPPSI, qui a été adoptée hier par le Sénat, constitue une véritable boîte à outils au service de la sécurité quotidienne des Français.

Ainsi, les forces de sécurité disposeront de davantage d'outils opérationnels : plus de caméras pour plus de sûreté, des logiciels de rapprochement judiciaire pour plus d'efficacité et de rapidité dans les enquêtes, mais aussi des mesures fortes, nettes et concrètes contre la délinquance du quotidien. Ainsi, puisque les téléphones portables suscitent tant la convoitise des voyous, j'ai fait en sorte que leur vol ne leur soit plus d'aucun profit. A problème ciblé, réponse ciblée. La LOPPSI adoptée, les téléphones volés seront désormais systématiquement neutralisés en bloquant non seulement la carte SIM mais l'appareil lui-même ! Cela ne dépendra donc plus de la seule démarche de la victime mais sera bel et bien généralisé, rendant le vol sans aucun intérêt.

Dans la droite ligne de ces mesures, l'efficacité de la chaîne pénale sera renforcée. Tout comportement délictueux doit être sanctionné et toute sanction doit être appliquée. Cela passe, d'abord, par une prise en charge plus efficace des mineurs délinquants par la justice avec, dans les affaires les plus simples et pour les mineurs déjà connus de la justice, la capacité pour le procureur de saisir directement le tribunal, sans passer par le juge des enfants.

Cela passe, aussi, par l'extension de la possibilité de placer sous surveillance électronique les multirécidivistes, ou par l'application de peines planchers dès le premier délit pour les coupables de violences aggravées telles que les agressions avec arme blanche, arme à feu ou arme par destination.

Enfin, parce que s'attaquer à un représentant de l'ordre public, ce n'est pas seulement attaquer une personne mais bien mettre en cause l'ordre qu'il représente, cela passe, encore, par le renforcement des sanctions à l'encontre de ceux qui s'en prennent aux dépositaires de l'autorité publique.

Je pourrais vous citer encore bien d'autres mesures. Toutes poursuivent le même objectif : inverser la tendance des violences aux personnes. Je ne dis pas que cela se fera demain, encore moins que cela sera facile. Nous avons la méthode, nous avons la volonté et nous obtenons les résultats de notre opiniâtreté.

(2) Outre les problèmes ciblés méthodiquement contrés, nous continuerons, en 2011, d'améliorer notre organisation afin d'optimiser notre efficacité.

Nous continuerons de l'améliorer sur un plan structurel, d'abord, en menant un effort constant d'adaptation au terrain.

La lutte contre la délinquance d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier et a fortiori celle de demain. Parce que la délinquance évolue, nous évoluons avec elle, parce qu'elle se transforme, nous nous transformons avant elle.

(i) Très concrètement, la police d'agglomération, créée le 14 septembre 2009 sur Paris et trois départements de la petite couronne, et qui a commencé à faire ses preuves en 2010, sera perfectionnée et exportée. Perfectionnée grâce à une nouvelle organisation qui est mise en place, depuis le 17 janvier, à Paris, par le préfet de police, Michel Gaudin, et ses équipes pour lui donner sa pleine mesure. Exportée, aussi, puisqu'elle est d'ores et déjà appliquée à Lille, en cours à Lyon, qu'elle le sera dès cet été à Marseille et qu'une phase de consultation s'engage à Bordeaux.

De la même manière, les brigades spécialisées de terrain rattachées non plus à un quartier mais à une zone sensible au périmètre bien circonscrit seront multipliées sur le territoire. Après Perpignan et Toulon, j'entends mettre en place 26 de ces UTeQ nouvelle génération en 2011. J'ai, d'ailleurs, d'ores et déjà écrit aux maires concernés pour le leur proposer.

(ii) Dans le même souci de cohérence de notre action, j'entends mettre un terme aux doublons aussi absurdes que contre-productifs. Aussi, les mutualisations engagées en 2010 seront poursuivies en 2011.

Le rapprochement entre la police et la gendarmerie sera poursuivi. Plusieurs unités communes ont, d'ores et déjà, été créées : des cellules anti-cambriolage en passant par l'unité de coordination des forces d'intervention rassemblant le GIGN et la FIPN, ou les unités de coordination de lutte contre l'insécurité routière ou pour la sécurité dans les transports.

Je vous le dis : mon regard est tout particulièrement tourné vers Grenoble, où j'ai mis en place, le 23 décembre dernier, à titre expérimental, la première unité mixte d'intervention rapide (UMIR) fondée sur une coopération opérationnelle renforcée et exemplaire entre les deux forces puisqu'à cheval sur des zones police et gendarmerie. Lorsque les circonstances l'exigent, cette unité est immédiatement déployée notamment pour enrayer des phénomènes de violences qui peuvent embraser un quartier, comme on l'a connu cet été.

L'enjeu est bien de travailler ensemble pour résoudre un problème local et tout à fait ciblé. D'ores et déjà, j'envisage de déployer ces bonnes pratiques dans d'autres agglomérations, par exemple à Nantes ou Montpellier.

Dans ce souci constant d'améliorer sans cesse notre efficacité, j'ai également engagé une réflexion sur les missions de sécurité publique.

Compte tenu des évolutions démographiques, de la répartition de la population dans l'espace et de son vieillissement, de l'évolution des comportements conjuguée à la demande croissante en matière de sécurité, il est indispensable, comme l'a demandé le Président de la République, le 1er janvier dernier, que nous conduisions une réflexion sur l'évolution et l'adaptation des forces de sécurité aux attentes et aux besoins en matière de sécurité dans les années à venir.

Nous devons constamment être en initiative et en anticipation. J'ai par conséquent demandé au préfet de police, Michel Gaudin, et à Alain Bauer, d'engager une démarche prospective pour me présenter, avant la fin du mois de juin prochain, un livre blanc sur la sécurité publique pour les dix ans à venir.

Ce ne sera pas un rapport de plus qui restera sur un coin de bureau ! C'est un véritable partage d'expertise engagé par des opérationnels qui connaissent mieux que quiconque chaque recoin du terrain et qui savent les ajustements nécessaires. C'est une démarche pragmatique car indispensable, ambitieuse mais réaliste. Ce livre blanc sera bâti sur une analyse fine et précise de l'existant et des adaptations en cours - telle que la police d'agglomération dont je viens de vous parler.
A partir de cette base, il aura pour objectif d'identifier, de recenser, d'évaluer les évolutions possibles et de proposer des solutions concrètes non seulement en matière d'aménagement et d'évolution des métiers en tant que tels mais aussi au niveau des structures et des organisations.

Le but n'est évidemment pas de réaménager ce qui marche bien ! Cela n'aurait aucun sens. Notre seul objectif demeure de toujours et encore mieux répondre aux attentes de la population.

Continuer d'améliorer notre organisation pour que la sécurité règne et que le crime soit puni, c'est aussi un travail collectif qui engage tous les acteurs de la sécurité.

Au cœur de ce travail collectif, l'Etat assume son rôle régulateur et met en commun ses compétences : des coopérations opérationnelles avec les services de police ou de gendarmerie sont établies et fonctionnent, que ce soit avec les services de l'éducation nationale, sous l'autorité de Luc Chatel, pour assurer la sécurité des enfants dans les collèges et lycées, ou avec les services du ministère du budget, sous l'autorité de François Baroin, pour frapper les délinquants au portefeuille.

Les GIR sont ainsi l'exemple parfait des coopérations mises sur pied : composé de policiers et de gendarmes mais aussi d'un inspecteur des impôts, d'un agent de l'URSSAF et d'un agent de la Caisse primaire d'assurance maladie, c'est une véritable petite armée au service de l'éradication des trafics.

La sécurité est d'abord une mission régalienne de l'Etat, mais c'est aussi l'affaire de tous, chacun dans son rôle, à sa place, dans sa complémentarité.

Le maire, d'abord, avec les moyens humains dont il dispose, notamment les polices municipales, et ceux techniques, comme la vidéoprotection ou les contrats locaux de sécurité, a été placé au cœur du dispositif de prévention, grâce au plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d'aide aux victimes.

Les 3 500 polices municipales qui comptent, sur toute la France pas moins de 18 000 agents, seront, en 2011, plus encore mobilisées. La LOPPSI désormais adoptée, de nouvelles missions vont leur être attribuées. Par ailleurs, un rapport sur les missions et compétences des polices municipales vient de m'être rendu, j'en tirerai sans délai toutes les conséquences.

De la même manière, la professionnalisation et la moralisation des acteurs de la sécurité privée, actuellement en pleine expansion, sera lancée cette année, sous l'autorité du préfet Jean-Louis Blanchou, nommé, en septembre dernier, délégué interministériel à la sécurité privée. Ce dernier en a une forte expérience, notamment sur les plateformes aéroportuaires. Une étape va être franchie avec la création prévue par la loi du conseil national des activités privées de sécurité, le CNAPS, qui sera chargé de délivrer, de suspendre ou de retirer les différents agréments, autorisations et cartes professionnelles.

Je vous le dis : pour 2011, je veux en appeler à une "union sacrée contre l'insécurité". Nous avons besoin de toutes les volontés et d'une prise de conscience collective et assumée des rôles à jouer.

Enfin, parce que l'on parle trop des délinquants et pas assez des victimes, j'entends faire de l'attention qui leur est portée et du suivi qui leur est nécessaire, une préoccupation première.

D'ores et déjà, nous ne sommes pas restés les bras ballants : avec le plan national de prévention de la délinquance et d'aide aux victimes d'octobre 2009, les postes dédiés à l'accueil des victimes dans les commissariats et brigades sont passés, l'année dernière, de 118 à 350. Aujourd'hui, très concrètement, 3 800 gendarmes sont référents "violences intrafamiliales", 339 policiers sont référents "accueil et victimes" et 242 autres le sont pour les violences conjugales.

(3) Parallèlement, nous allons donner un coup d'accélérateur à cinq priorités opérationnelles :

Première priorité : les plans nationaux seront poursuivis, ajustés et amplifiés.

Avec ces sept plans d'action ciblée comme gouvernail, nous maintiendrons le cap de notre politique de sécurité pour que les résultats obtenus ne soient véritablement qu'un début. En 2011, très concrètement, je prendrai trois exemples.

  • le plan anti-cambriolages continuera de mobiliser les forces de sécurité, des actions de sensibilisation des victimes potentielles seront conduites dans les zones sensibles cartographiées et la PTS continuera à être systématiquement déployée ;
  • le plan de lutte contre les bandes violentes sera réajusté et doublement ciblé sur les bandes à démanteler en priorité et sur les lieux dans lesquels elles ont l'habitude de se retrouver : à bord des établissements scolaires, des gares et des centres commerciaux ;
  • contre les trafics de stupéfiants, un délégué national à la lutte contre la drogue est aujourd'hui même nommé. Il s'agit du préfet Patrick Espagnol, ici présent. Concrètement, il sera chargé d'assurer l'unité d'action en matière de stupéfiants des services dépendant du ministère de l'intérieur et ceux qui relèvent des finances - douanes et services fiscaux.

Parallèlement, les actions coups de poing seront intensifiées. Des actions internationales, prévues par le pacte européen contre la drogue, signé en juin, seront mises en œuvre, comme par exemple les fouilles des bâtiments suspects en mer et une coopération accrue des officiers de liaison dans les pays d'Asie centrale et des Balkans. J'ajoute que je tiens tout particulièrement à ce que dans le cadre du G8 cette question majeure des stupéfiants soit abordée et qu'un groupe de travail lui soit dédié.

Deuxième priorité : les publics les plus exposés au risque de l'insécurité seront mieux protégés.

Ces publics exposés, trop souvent attaqués, nous les connaissons : les professions de santé, les débitants de tabac, les bijoutiers, les gérants de stations services ou les commerçants, qu'ils exercent dans des centres commerciaux ou exploitent des commerces de proximité.

Un haut fonctionnaire leur est désormais dédié, l'inspecteur général de la police Bertrand Michelin. En fonction depuis la fin du mois de septembre, ses premiers contacts sont particulièrement bien perçus et prouvent que cette mission répond à un véritable besoin. Celui, d'abord, d'avoir un interlocuteur central, clairement identifié, qui va rechercher avec les représentants de ces professions les solutions les mieux adaptées à leurs problèmes de sécurité, tout en tenant compte de la spécificité de leurs activités.

Celui, également, de coordonner les dispositifs de sécurité existants en faisant remonter les bonnes pratiques expérimentées sur le terrain, afin de les mettre au profit du plus grand nombre.

Troisième priorité : la délinquance insidieuse du quotidien sera traquée.

Nous continuerons à combattre la mendicité agressive, les occupations illicites des cages d'escalier, les motos et cyclomoteurs débridés comme les réseaux de prostitution qui demeurent dans certains quartiers bien identifiés ou en périphérie des grandes villes ; autant de faits de délinquance ou d'incivilités qui perturbent la tranquillité des Français et alimentent directement le sentiment d'insécurité.

Quatrième priorité : j'entends exploiter toutes les possibilités offertes par la loi du 5 mars 2007 sur la prévention de la délinquance, pour donner un nouvel élan à notre politique.

Parce que la délinquance touche désormais plus d'adolescents, parfois même des enfants, nous devons assumer un rôle de vigie et instaurer, pour eux, les conditions d'un choix possible : celui d'une vie paisible qui ne se gâche pas et ne gâche pas celle des autres.

C'est toute la difficulté alors qu'il est simple de comprendre l'attrait pour un enfant de 10 ans de "guetter" et de gagner ainsi, en une seule journée, l'argent de poche qu'il n'aurait jamais pu espérer.

Cette prévention, nous la devons aussi aux victimes et à toutes celles qui, grâce à notre action, ne le seront pas. C'est bien une politique de prévention active et permanente, que j'entends renforcer :

  • par le déploiement de la vidéoprotection, prévu par la LOPPSI. 8 000 à 9 000 caméras supplémentaires seront installées cette année, portant à environ 45 000 leur nombre total ;
  • les maires seront mobilisés pour que partout où cela est nécessaire et notamment dans les grandes villes, soient mis sur pied les conseils des droits et devoirs des familles qui produisent partout où ils sont implantés leurs effets ;
  • enfin, je veux que la population soit mieux associée à notre politique car s'impliquer c'est comprendre et faire accepter. Pourquoi, par exemple, ne pas multiplier l'implantation des citoyens volontaires police ou gendarmerie pour des actions de sensibilisation ou de prévention ? Pourquoi encore ne pas développer, dans les écoles, les associations, auprès des syndicats ou dans les instances consulaires, la venue de responsables notamment opérationnels des services de police ou de gendarmerie, pour parler de leur métier, de leurs difficultés, des enjeux à relever ? Je compte en particulier sur Didier Chabrol qui vient de prendre les rennes du secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance : c'est un homme expérimenté qui connait aussi bien les secteurs publics que privés et notamment les transports.

Enfin, cinquième et dernière priorité : alors que nous venons de passer sous la barre des 4 000 tués sur les routes de France, je veux continuer de faire de la sécurité routière une priorité.

Ces progrès confirment qu'il n'y a pas de fatalité dans les drames de la route. Ils nous confortent dans nos efforts en matière d'éducation et de prévention comme dans notre intransigeance dans la répression des infractions face à l'irresponsabilité d'une minorité de conducteurs. Je ne veux pas d'une action molle, laxiste et complaisante.

Pour poursuivre dans cette voie, et conformément aux objectifs fixés par le Président de la République, un plan d'action spécifique est en cours d'élaboration et sera mis en œuvre dans les toutes prochaines semaines.

En 2010, une fois de plus, grâce à une forte mobilisation, grâce à de nouvelles organisations, et grâce à de nouvelles méthodes d'action, la délinquance a reculé en France.

Comme il est de tradition en ce début d'année, je terminerai mon propos en souhaitant à la presse une bonne et heureuse année 2011 : une année de liberté, de santé et d'objectivité.

Que 2011 soit, pour vous et pour ceux qui vous sont chers, remplie de réussites professionnelles et de satisfactions personnelles qui font tout l'équilibre et le sens de la vie.