Intervention de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, lors de sa visite du salon Milipol 2009
Monsieur le Ministre d'État [pour les affaires intérieures du Qatar, Cheikh Abdallah Bin Nasser Bin Khalifa Al-THANI],
Monsieur le président du salon MILIPOL [le préfet, Alain RONDEPIERRE, également PDG de Civipol Conseil],
Monsieur le commissaire général [Michael WEATHERSEED],
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, naturellement, d'abord saluer la présence, à mes côtés, du ministre d'État pour les affaires intérieures du Qatar, Cheikh Abdallah Bin Nasser Bin Khalifa AL-THANI.
Pour m'être rendu en 2006 à Doha, je sais à quel point le Qatar est un partenaire privilégié, un allié et un pays ami de la France. Mais cet émirat du Moyen-Orient est aussi un contributeur majeur au succès du salon MILIPOL, puisqu'il l'accueille, depuis 1996, une année sur deux en alternance avec la France.
Je voudrais, bien sûr, remercier le Préfet RONDEPIERRE de son aimable invitation. La première fois que j'étais venu visiter le salon MILIPOL, c'était il y a quatre ans, au Bourget, pour représenter le ministre d'Etat, Nicolas SARKOZY. C'est, cette fois-ci et pour la première fois, comme ministre de l'intérieur que je réponds à votre invitation.
I. Au-delà de l'occasion qu'elle m'offre de célébrer les « liens puissants » qui unissent la France et le Qatar, ma présence à cette 16e édition du salon MILIPOL me permet de rendre un hommage appuyé à votre institution qui fête, cette année, son 25ème anniversaire.
-> Je voudrais, tout d'abord, saluer sa formidable réussite.
C'est simple : en un quart de siècle, le salon MILIPOL s'est incontestablement imposé comme LA référence mondiale en matière de sécurité intérieure des États.
Naturellement, le succès du salon s'est fait progressivement. Lors de sa première édition en 1984, le salon attirait 2 000 visiteurs. Mais depuis, les résultats n'ont eu de cesse de s'améliorer avec près de 10 000 visiteurs en 1991, 15 000 en 1995, plus de 20 000 en 2003 et 26 000 visiteurs en 2007, lors de la dernière édition parisienne. Même tendance, côté exposants : de la centaine d'exposants en 1984, nous sommes passés à près de 1 000 en 2007.
Cette montée en puissance s'est accompagnée d'une ouverture vers l'international. Ainsi, alors qu'en 1984, le salon n'accueillait que 3 exposants étrangers, ceux-ci représentaient, en 2007, 65% de l'ensemble des exposants, en provenance de 41 pays différents et de toutes les régions du monde.
C'est désormais une réalité : le salon MILIPOL a acquis une notoriété comparable à des salons aussi prestigieux qu'EUROSATORY pour l'armement terrestre, EURONAVAL, pour les équipements navals ou le Salon de l'Aéronautique et de l'Espace de Paris-Le Bourget.
Cette ouverture comme ce succès sont la preuve que le marché de la sécurité intérieure ne constitue plus une sous-division de celui de l'armement, mais bien un marché à part entière, avec ses propres spécificités.
-> Si ce salon est une telle réussite, c'est aussi parce qu'il a su s'adapter à un marché de niche à la fois foisonnant et divers.
Ce qui fait la force du MILIPOL, c'est sa capacité à réunir tous les acteurs et tous les secteurs concernés. Qu'il s'agisse d'institutionnels ou de professionnels, tous les domaines d'activités sont couverts.
Je pense à la protection des données, aux systèmes d'information et de communication, à la protection des sites industriels et sensibles, mais aussi à l'intelligence économique, à la veille industrielle ou encore à la lutte contre le trafic organisé ou contre le terrorisme.
Il y a quelques minutes, en passant dans les stands, j'ai ainsi pu aller à la rencontre :
• d'entreprises orientées « sécurité civile », comme par exemple :
- ROV Développement, qui produit des robots d'intervention dans des zones dangereuses ;
- NBC Sys, qui a une expertise dans le domaine des risques nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques ;
• mais aussi des sociétés spécialisées dans le domaine de la « sécurité maritime », comme V Navy qui propose des radars et caméras pour identifier toute menace hostile [pirate / terroriste] ou collision en mer.
J'ai également pu visiter le nouvel espace dédié aux risques majeurs, qu'ils soient environnementaux, climatiques, industriels ou terroristes. Cette plateforme réunit autour du ministère de l'intérieur, qui est officiellement chargé de la gestion interministérielle de crise, tous ceux qui sont concernés par les problématiques de prévention, de protection et de gestion de ces risques.
-> Je voudrais, enfin, souligner combien, par son dynamisme et son ouverture sur l'extérieur, ce salon constitue, pour les entreprises françaises une fabuleuse vitrine.
Je me réjouis, par exemple, qu'une société auvergnate, comme I.T.S Digit, basée à Vichy et spécialisée dans la distribution de produits de police technique et scientifique, puisse exposer son savoir-faire à des acheteurs venus du monde entier.
J'en suis convaincu : MILIPOL constitue une chance pour les entreprises, notamment les PME, les plus talentueuses et les plus innovantes.
II. Comme ministre de l'intérieur en charge de la protection de nos concitoyens, je me réjouis de constater que le salon MILIPOL contribue à la politique de sécurité voulue par le Président de la République. Cette politique est à la hauteur de la mission qui m'a été confiée : « la sécurité partout et pour tous ».
-> Nous le savons, nous devons faire face, dans les autres pays comme en France, à des phénomènes tenaces ou nouveaux.
Je pense :
- aux menaces terroristes qui sont toujours présentes ;
- je pense à la criminalité organisée et à la cybercriminalité ;
- je pense aussi à de nouvelles violences urbaines avec des mineurs, notamment des filles, de plus en plus violents ;
- je pense, enfin, au vieillissement de la population qui, s'il est une bonne nouvelle puisque nous vivons plus longtemps, crée aussi, en termes de sécurité, des vulnérabilités inédites.
-> Pour lutter contre ces nouveaux phénomènes et affronter ces nouvelles menaces, nous avons, au ministère de l'intérieur, repensé notre approche de la sécurité en ajustant notre organisation, nos méthodes et nos moyens.
Notre organisation, tout d'abord, avec :
- en matière de lutte contre la délinquance, le rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l'intérieur pour créer un pilotage unique de l'ensemble des forces de sécurité ;
- et, en matière de gestion de crise, la coordination de la réponse des services de l'État, par l'intermédiaire du centre interministériel de crise, situé place Beauvau.
Nous avons, aussi, réorganisé nos méthodes, avec la mise en place de dispositifs et d'unités adaptés.
Je pense à la police d'agglomération, qui permet désormais au Préfet de Police de coordonner l'action de 33 000 policiers de Paris et des trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis).
Je pense, aussi, au projet de police des territoires qui va permettre à la gendarmerie nationale d'adapter ses modes d'action et ses horaires de présence aux rythmes de la vie de nos concitoyens.
Je pense, encore, à la constitution récente de groupes spéciaux d'investigation sur les bandes dans les 34 départements les plus touchés par les violences urbaines et à la désignation de référents dans tous les autres services départementaux d'information générale.
Parallèlement, pour lutter contre les cambriolages qui constituent une véritable violation de l'intimité, j'ai décidé, dès ma prise de fonctions, de créer des cellules anti-cambriolages. 96 cellules départementales et 10 cellules régionales sont aujourd'hui en activité, couvrant ainsi tout le territoire.
Enfin, s'agissant de la sécurité des personnes âgées, j'envisage la création d'une « opération tranquillité aînés » qui permettrait à une personne âgée, seule, de demander à son commissariat ou à sa gendarmerie de passer régulièrement chez elle pour voir si tout va bien. J'ai demandé à un parlementaire, Edouard COURTIAL, de réfléchir à des mesures concrètes et opérationnelles tant je suis convaincu que l'honneur d'une société est de savoir protéger ses aînés.
Nous avons, enfin, adapté nos moyens, avec le recours aux outils et aux techniques les plus avancés.
Je pense, tout d'abord, au développement de la police technique et scientifique de masse, pour lequel 16 millions d'euros vont être mobilisés en 2010 et dont je compte faire un outil essentiel pour l'élucidation des crimes et des délits. J'en ai, par exemple, demandé une utilisation systématique lors des cambriolages.
Je pense, ensuite, aux deux bases de données nouvellement créées, l'une référençant les « personnes dont l'activité individuelle ou collective indique qu'elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique », la seconde concernant les personnes candidates à certaines missions ou fonctions liées à la sécurité publique, comme, par exemple, les policiers et gendarmes, les bagagistes des aéroports, les vigiles, etc.
Ne nous y trompons pas : nous avons besoin de bases de données pour la sécurité de nos concitoyens, et de nouvelles devront être créées à l'avenir.
Je pense, enfin, au déploiement des outils vidéo. Cette priorité s'inscrit dans l'effort de modernisation technologique de la police avec notamment les caméras embarquées lors des interventions, mais aussi le développement de la vidéo-protection, dont les crédits passeront de 12 millions d'euros en 2009 à 20 millions d'euros en 2010. Parce qu'elle est efficace sur le terrain et attendue par nos concitoyens, la vidéo-protection est au cœur de ma politique. J'ai pour objectif que 60 000 caméras protègent les lieux publics en France d'ici fin 2011, c'est-à-dire le triple du nombre actuel.
-> Je terminerai en vous faisant partager une conviction : l'Etat n'a pas le monopole de la sécurité au quotidien. Si le ministère de l'intérieur doit naturellement être la seule entité à pouvoir interpeller les criminels et les délinquants, nous devons travailler avec les entreprises privées œuvrant dans le domaine de la sécurité.
L'État peut partager avec elles certaines compétences, à condition que ces entreprises soient des partenaires loyaux, professionnels et animés d'une véritable éthique.
Comme les principales fédérations professionnelles de ce secteur, je suis favorable à toute mesure de nature à renforcer le professionnalisme des 170 000 personnels des entreprises de sécurité privée, qu'il s'agisse de la délivrance des agréments, de la mise en œuvre, indispensable, de la carte professionnelle, de la formation, voire de l'organisation du contrôle auquel doivent se soumettre tous ceux, organismes ou individus, qui exercent un pouvoir de contrainte.
J'ai récemment réuni les professionnels et mis en place, à cet effet, cinq groupes de travail au sein du ministère et recevrai un bilan d'étape d'ici la fin de l'année. Là aussi, la complémentarité bien ordonnée est le mot clé d'une mobilisation tous azimuts de tous les acteurs de la sécurité.
X
Monsieur le Ministre d'Etat,
Mesdames et Messieurs,
Le stand du ministère de l'intérieur, que j'ai visité, illustre parfaitement notre conception de la sécurité : globale, réactive et adaptée.
En effet, pour la première fois dans l'histoire des salons MILIPOL, le stand du ministère que je dirige regroupe à la fois la police, la gendarmerie et la sécurité civile. Au-delà du symbole de l'unité, c'est le signe que nos forces de sécurité travaillent effectivement en commun pour garantir la sécurité de nos concitoyens.
Mais ce stand est aussi à la mesure de ce qu'est devenu le salon MILIPOL : une véritable réussite.
Je félicite donc ses organisateurs et souhaite à MILIPOL un plein et entier succès pour 2009, et je remercie, encore une fois, le ministre d'Etat du Qatar pour sa présence parmi nous aujourd'hui.