15.09.2010 - 75ème anniversaire du Service de protection des hautes personnalités

15 septembre 2010

Intervention de M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Musée de l'air et de l'espace, le Bourget.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le préfet de police,
Monsieur le préfet,
Monsieur le directeur général de la police nationale,
Monsieur le chef du SPHP,
Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux d’être présent parmi vous, aujourd’hui. Si mes fonctions m’imposent de "vivre" avec plusieurs membres du SPHP au quotidien et me permettent de constater, chaque jour, leur professionnalisme, leur discrétion et leur réactivité, c’est un honneur de rencontrer pour la première fois l’ensemble des hommes et des femmes qui composent ce service prestigieux et reconnu dans le monde entier.

I. Nous sommes rassemblés, ce matin, pour célébrer le 75ème anniversaire du Service de protection des hautes personnalités. Célébrer un anniversaire, c’est, avant tout, l’occasion de revenir sur une histoire.

(1) Souvenons-nous : l’idée d’un service de protection des hautes personnalités est née dans un contexte de tensions marqué par quelques tragiques attentats.

Alors que le XIXème siècle avait été marqué par des révolutions et que la IIIème République avait connu l’assassinat de deux de ses présidents, Sadi Carnot et Paul Doumer, il a fallu attendre l’épisode dramatique de l’assassinat, en 1934, du roi Alexandre 1er de Yougoslavie et de Louis Barthou, ministre français des affaires étrangères, pour inventer l’idée d’un service de protection des personnalités.

En effet, le 9 octobre 1934, le cortège du roi Alexandre 1er de Yougoslavie, alors en visite officielle en France, est pris pour cible de plusieurs coups de feu, dans les rues de Marseille. Le roi s’écroule, abattu par un extrémiste macédonien. Dans la fusillade, le ministre des affaires étrangères et ancien ministre de l’intérieur, Louis Barthou, qui avait pour mission de l’accueillir, est mortellement blessé.

Au-delà de sa résonnance historique, cet événement dramatique mit en lumière la nécessité impérieuse de mettre en place un service de police spécialisé dans la gestion des voyages officiels du président de la République et des hautes personnalités étrangères en visite en France.

(2) C’est donc de ce constat que naît ce qui est alors appelé le Service des Voyages Officiels (SVO).

Par instruction interministérielle en date du 1er mars 1935, portant sur l’organisation des voyages officiels et les mesures relatives à la sécurité des chefs d’Etat, le service est mis sur pied.

Dès lors, la préparation des déplacements se fait minutieuse : les itinéraires sont systématiquement reconnus, des plans-types de cortèges sont définis, des renseignements sont recueillis, les unités et services intervenants sont coordonnées ; bref, le bon déroulement des événements est méthodiquement assuré.

A l’issue de la Seconde guerre mondiale, le SVO est confirmé dans ses activités ; le retour à la paix est, en effet, propice à l’organisation de nombreuses visites de chefs d’Etat étrangers. Les premières escortes motorisées font leur apparition et, en 1948, la "CRS1" est placée sous l’autorité directe du chef du service des voyages officiels. Elle a, alors, une double mission :

  • assurer la protection des personnalités françaises et étrangères ;
  • escorter le président de la République dans ses déplacements.

L’attentat manqué du Petit-Clamart, le 22 août 1962, contre le général de Gaulle, et qui bouleversa les Français, montra la nécessité d’un service chargé de la protection du chef de l’Etat et, par voie de conséquences, des institutions de la République.

(3) Naturellement, comme tous les services de police, les "VO" ont évolué pour adapter, au plus près des défis du monde moderne, leur organisation et leur fonctionnement.

Garantir un haut niveau de sécurité, quelles que soient les circonstances, suppose de connaître, de cerner et de maîtriser les nouvelles menaces que constituent, par exemple, l’accroissement des tensions internationales et la montée des terrorismes.

Les policiers du SVO, - rebaptisé en 1994 sous l’impulsion du ministre de l’intérieur Charles Pasqua, Service de protection des hautes personnalités - le savent, ils doivent, à tout moment, et malgré les précautions les plus élevées, parer à l’imprévu, agir souvent dans l’urgence mais toujours avec efficacité pour répondre à des menaces en constante mutation.

II. Les missions aujourd’hui confiées au SPHP en font un service d’élite d’une haute technicité.

(1) La protection rapprochée est la première des missions confiées aux fonctionnaires de police du SPHP.

Initialement chargé de la sécurité du plus haut dignitaire français, le président de la République, et de la protection et de l’accompagnement des hautes personnalités françaises et étrangères, les missions des hommes et des femmes du SPHP ont été étendues à des personnalités non gouvernementales menacées et exposées comme les magistrats antiterroristes et certains ambassadeurs.

Ce sont, ainsi :

  • plus de 100 missions permanentes au profit de hautes personnalités françaises ;
  • et plus de 800 missions temporaires chaque année, au profit de personnalités étrangères en visite en France ou de personnes ponctuellement menacées, qui sont assurées dans une vigilance de tous les instants.

(2) Dans une parfaite complémentarité, les policiers du SPHP assurent aussi l’organisation des déplacements officiels.

En étroite coopération avec les autres services de la police nationale, les "hommes du dernier rempart" jouent, en effet, un rôle clé dans l’organisation des déplacements ou lors de la tenue de sommets internationaux.

Les exemples ne manquent pas et traduisent, à eux seuls, l’exigence de leur mission.

Ce ne sont pas moins d’une centaine de manifestations qui ont pu, entre le 1er juillet et le 31 décembre 2008, ponctuer la présidence française et requérir la vigilance et l’implication totale du Service.

De la même manière, c’est le Service de protection des hautes personnalités qui a, en étroit partenariat avec la police allemande, assuré l’organisation et la sécurité du sommet de l’OTAN, à Strasbourg-Kehl, les 3 et 4 avril 2009. Outre celle du Secrétaire général de l’OTAN, il s’agissait d’assurer la protection de 12 chefs d’Etat, 18 chefs de gouvernement, 28 ministres des affaires étrangères et 27 ministres de la défense. Pour cette seule mission, ce sont 751 personnes que le SPHP a engagées, soit 514 fonctionnaires de police et 237 conducteurs officiels.

Plus près de nous encore, les 31 mai et 1er juin 2010, le 25ème sommet France-Afrique a rassemblé à Nice les représentants de 53 pays, sous la coprésidence de Nicolas Sarkozy et du président égyptien Hosni Moubarak et où je me suis rendu. Au total, ce sont près de 60 délégations comptant plus de 600 invités officiels, mais également 200 représentants du milieu économique et 500 journalistes à la sécurité desquels il a fallu veiller dans un périmètre étroit, fortement urbanisé et où la circulation était particulièrement mal aisée : autant de données à prendre en compte dans l’organisation, des mois à l’avance, du dispositif.

(3) Enfin, s’il est mis à contribution sur le sol français, ce savoir-faire est également sollicité à l’étranger.

C’est un engagement méconnu, mais les hommes du SPHP exportent aussi leur savoir-faire lors de missions à hauts risques et dans les pays qui en ont le plus besoin.

Former ces hommes qui demain prendront la relève, c’est leur transmettre bien sûr des techniques, pointues, de protection rapprochée, d’appréhension d’une situation, de tirs, mais c’est aussi leur léguer des valeurs fortes comme le respect, la confiance, la solidarité et l’abnégation. De l’Afghanistan au Pakistan, en passant par le Liban, les policiers de ce service hors du commun font ainsi la fierté de la France. Je l’ai moi-même constaté le 8 mai dernier, en visite à Kaboul.

III. Mais le SPHP n’est pas simplement une force policière d’excellence, c’est avant tout une communauté de femmes et d’hommes unis par le même esprit de service et animés par le même sens du devoir.

(1) Pour ces policiers d’exception, en quête de l’excellence, seule compte la réussite d’une mission.

L’erreur n’est tout simplement pas envisageable.
Protéger une personnalité en toutes circonstances, nous savons tous ce que cela veut dire.
C’est être capable de faire barrage de son corps. C’est être capable de mettre en jeu sa vie.
Si l’on doit trouver une définition à la notion de l’engagement, je crois que vous l’incarnez mieux que quiconque.
Toujours en déplacement, sur le sol français comme à l’étranger, vous manifestez une disponibilité à toute épreuve dont votre vie familiale se ressent nécessairement. Plus qu’un métier, vous le savez, votre engagement est une vocation.

(2) Derrière cette vocation, ce sont 775 hommes et femmes [713 hommes et 62 femmes] qui ont fait l’objet d’une lourde et exigeante formation.

Chacun d’entre eux est passé, après cinq années minimum d’ancienneté, par une sélection des plus rigoureuses, éprouvant ses qualités physiques et morales : tests psychologiques et linguistiques, épreuves physiques parfois aux limites de la résistance humaine, examen de tir et de conduite de véhicule.

Après l’affectation au sein du Service, c’est une nouvelle formation de quatre semaines qui s’est enchaînée à l’Ecole nationale de police de Rouen-Oissel pour apprendre les rudiments de la protection rapprochée, de la conduite rapide des véhicules, de la détection des explosifs et de l’utilisation du défibrillateur.

Il est important, notamment, que dès cette période, chacun puisse se familiariser avec le matériel très technique mis à disposition, qu’il s’agisse des véhicules blindés, du matériel de détection, ou des armes dont vous pouvez être dotés. Cette formation initiale et continue aux techniques professionnelles spécifiques est plus que jamais un outil essentiel d’adaptation du service aux évolutions du monde contemporain.
Mesdames et Messieurs,

Cette journée est l’occasion pour moi de souligner que la culture professionnelle, c’est non seulement du savoir-faire et une expérience partagée, mais c’est aussi une histoire où se forgent les traditions et où se puisent les références.
Cette histoire, pour le SPHP, s’est bâtie durant 75 ans. C’est une histoire faite de moments forts, de moments de grande fierté, de devoir accompli, mais aussi de joies simples et d’esprit confraternel.
Ce sont aussi, bien sûr, des moments de grandes tensions et de pression continue qui ont ponctué ces 75 années durant lesquelles le  SPHP a toujours honoré la confiance placée en lui.
Vous appartenez à un service qui, du fait de la discrétion qu’imposent les missions qui lui sont confiées, reste méconnu du public. Aujourd’hui, vous sortez de l’ombre pour fêter, pour la première fois, l’anniversaire de la création de ce service. Alors bon anniversaire à ceux qui sont aujourd’hui présents, bon anniversaire à ceux, nombreux, actuellement en mission et longue vie au SPHP !