14.01.2010 - Les résultats de la politique de sécurité en 2009

14 janvier 2010

Intervention de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Hôtel de Beauvau


- Seul le prononcé fait foi -

Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur le préfet de police,
Messieurs les directeurs généraux,
Mesdames et Messieurs,
    Je remercie le président de l’Observatoire national de la délinquance, Alain BAUER, de nous avoir exposé les chiffres de la criminalité.
    Je voudrais, pour ma part, intervenir sur les résultats de l’action que je mène contre la délinquance depuis ma prise de fonctions en juin dernier.

I. Je vous l’annonce : malgré huit premiers mois un peu difficiles, 2009 restera comme la septième année de baisse consécutive de la délinquance en France.

-> Après six ans de baisse très significative grâce à l’action de Nicolas SARKOZY, comme ministre de l’intérieur puis comme Président de la République, nous avons assisté, au cours du printemps et de l’été, à une augmentation légère mais bien réelle de la délinquance.

Entre septembre 2008 et août 2009, par rapport aux 12 mois précédents, la délinquance générale a, ainsi, augmenté de +0,62%, tout spécialement à partir du mois de mars. Et dans certains domaines, elle a crû beaucoup plus fortement : +13% pour les cambriolages des habitations principales.
Cette tendance à la hausse n’avait rien de mystérieux : notre société est de plus en plus violente, les formes de délinquance évoluent et nécessitent une adaptation permanente de notre réponse. Je m’en étais entretenu avec mon prédécesseur, Michèle ALLIOT-MARIE, qui en était parfaitement consciente. Je tiens ici à rendre hommage à son action et à sa détermination sans faille.

-> Je le dis clairement : cette tendance à la hausse de la délinquance du printemps et de l’été était, pour moi, inacceptable. Surtout, j’avais la conviction qu’elle n’était pas inéluctable.
Inacceptable parce que, comme ministre de l’intérieur, j’ai une mission très claire qui m’a été confiée par le Président de la République : assurer la sécurité de nos concitoyens partout et pour tous.
Cette légère tendance à la hausse était inacceptable aussi, parce qu’incompatible avec la culture du résultat que le Président de la République avait instaurée dès 2002.

-> Je ne suis pas de ceux qui excusent la délinquance au prétexte de la crise économique mondiale. C’est pourquoi, plutôt que de jouer avec les mots, je me suis tout entier investi dans l’action et ce, dès ma prise de fonctions.

Jour après jour, réunion après réunion, déplacement après déplacement, je me suis acharné à écouter, à mobiliser, à épauler chacun des acteurs de la sécurité, bref à fixer un cap et à m’y tenir.
J’ai donné à l’ensemble des acteurs de la sécurité un objectif ambitieux : obtenir, sur les 4 derniers mois de l’année, de meilleurs résultats que sur la même période de 2008, et tout mettre en œuvre pour que, dans toute la mesure du possible, l’ensemble de l’année 2009 soit une nouvelle année de baisse de la délinquance. Ce n’était pas un vœu caché mais, au contraire, un objectif public. Je l’avais déjà exprimé devant vous.

-> Pari pris, pari tenu : les objectifs fixés sont devenus des résultats concrets.

Ces résultats, quels sont-ils ?

  •     dès le mois de septembre, la tendance à la hausse de la délinquance a été cassée avec une stabilisation de +0,35% par rapport à septembre 2008 ;
  •     un mois plus tard, nous avons renoué avec la tendance à la baisse en enregistrant non plus une stabilisation, mais bien une forte diminution : -5,94% de la délinquance générale ;
  •     cette baisse s’est confirmée au mois de novembre, avec un nouveau recul de la délinquance générale de l’ordre de -2,23% par rapport au même mois de l’année précédente ;
  •     enfin, je vous l’annonce : cette baisse s’est, une nouvelle fois, confirmée au mois de décembre, avec un recul de -7,82%.

Dans l’immense majorité des départements, 85 exactement, la délinquance a baissé en décembre.
Au total, nous avons atteint l’objectif puisque, sur le dernier quadrimestre de l’année, nous faisons mieux que sur la même période en 2008, avec une baisse globale de -4% de la délinquance générale.

-> Au-delà de ces bons résultats, nous sommes en face d’une double rupture :

  •     rupture sur les quatre derniers mois de l’année 2009 et la même période de l’année 2008 ;
  •     et rupture entre la hausse des huit mois premiers mois de l’année 2009 et la baisse enregistrée à la fin de l’année.

J’en veux pour preuve :

  •     une baisse de la délinquance de proximité de -4,54% pendant les quatre derniers mois de 2009 alors que celle-ci avait augmenté de + 0,11 % lors des 8 premiers mois de l’année ;
  •     une baisse du nombre d’atteintes aux biens de -2,96% pendant les quatre derniers mois de 2009 alors que celles-ci avaient augmenté de +0,41% sur les 8 premiers mois ;
  •     une baisse du nombre de cambriolages de -1,48% pendant les quatre derniers mois de 2009 alors que ceux-ci avaient augmenté, là encore, de +7,41% sur les 8 premiers mois ;
  •     une baisse du nombre de cambriolages de résidences principales de -3,34% pendant les quatre derniers mois de 2009 alors que ceux-ci avaient augmenté de +14,5% lors des 8 premiers mois de 2009 ;
  •     enfin, une baisse des atteintes volontaires à l’intégrité physique de -0,14% lors des quatre derniers mois de 2009 alors que celles-ci avaient enregistré une hausse de +4,38% sur les 8 premiers mois de l’année ;

Je me souviens que la presse, dans un objectif d’information fidèle à la réalité, avait su relayer largement la légère tendance à la hausse du printemps et de l’été. Je me souviens, par exemple, de titres comme celui d’un grand quotidien régional : « Les chiffres de la délinquance repartent à la hausse ». Un autre quotidien titrait, pour sa part, sur « La hausse de la délinquance ». Un autre grand quotidien avait titré « Les violences aux personnes en hausse ». Un grand hebdomadaire avait titré, quant à lui, sur « la forte hausse de la délinquance ». Un autre hebdomadaire s’interrogeait sur l’ « échec » en matière de délinquance.

Je suis persuadé que, toujours dans ce même souci d’information, ces organes de presse sauront relayer nos résultats, avec une visibilité semblable, et ce, d’autant plus que la baisse aujourd’hui enregistrée est beaucoup plus importante que la hausse alors soulignée.

-> Ce dernier bon quadrimestre permet d’obtenir une baisse de la délinquance générale sur l’ensemble de l’année 2009 par rapport à l’année 2008.
Pour l’ensemble de l’année 2009 :

  •     la délinquance générale baisse de -1,04% ;
  •     la délinquance de proximité recule de -1,43% ;
  •     les atteintes aux biens diminuent de -0,71%.

S’agissant des atteintes volontaires à l’intégrité physique, si celles-ci augmentent de +2,76% sur l’ensemble de l’année 2009 par rapport à 2008, cette tendance à la hausse a malgré tout été cassée en fin d’année puisque, comme je viens de le souligner, sur les quatre derniers mois de 2009 par rapport à la même période en 2008, la baisse est de l’ordre de -0,14%.
Il en est de même pour les cambriolages – qui ont crû de +4,40% en 2009 par rapport à 2008 : là aussi, cette tendance à la hausse a été inversée puisque, sur les quatre derniers mois de 2009 par rapport à la même période en 2008, la baisse est de l’ordre de -1,48%.

   -> Les bons résultats de l’ensemble de l’année 2009 nous permettent de mesurer tout le chemin parcouru depuis 2002 :

  •     -14,41% pour la délinquance générale ;
  •     -35% pour la délinquance de proximité ;
  •     -27,18 % pour les atteintes aux biens, soit plus de 800 000 victimes épargnées pour l’année 2009 par rapport à l’année 2002 ;
  •     -28% pour les cambriolages, soit 120 000 appartements, maisons d’habitation ou locaux industriels et commerciaux épargnés pour l’année 2009 par rapport à l’année 2002.

    Le taux d’élucidation, lui, a augmenté de près de +12 points tant en zone police avec près de 37%, qu’en zone gendarmerie avec près de 41%.
J’en tire un enseignement : lorsque la volonté est là, lorsque la détermination est là et lorsque la mobilisation est là, les bons résultats sont, eux aussi, au rendez-vous.
 N’en déplaise aux Cassandre, la culture du résultat, voulue par Nicolas SARKOZY et qui n’a rien à voir avec la politique du chiffre, porte ses fruits. Il n’y a de notre part aucune autosatisfaction tant les problèmes à régler ou les défis à relever sont encore nombreux. Mais chacun peut l’observer : la politique de sécurité voulue par le président de la République est un succès au service des Français.

II. Ces bons résultats, nous ne les avons pas obtenus par hasard.

    Je les explique de quatre manières.

(1) Ils sont dus, avant tout, à une mobilisation renforcée.

-> Concrètement, j’ai mobilisé l’ensemble des acteurs de la sécurité en leur donnant des objectifs, mais aussi en étant à leur écoute

    De mes déplacements en Afrique comme ministre de l’immigration, j’ai retenu ce proverbe : « Seul on va vite, mais ensemble on va loin ».
Déterminé à traduire cette profonde leçon de sagesse en actions concrètes, j’ai réuni, dès le 15 juillet, tous les préfets au ministère pour leur demander de répondre à la triple attente de protection, d’autorité et de justice qu’expriment nos concitoyens.
    Ces instructions, je les ai également données aux directeurs départementaux de la sécurité publique, ainsi qu’aux commandants de région et de groupement de la gendarmerie nationale, le 2 septembre dernier.

    De plus, j’ai reçu à plusieurs reprises les responsables de la sécurité des 5 départements les plus performants et des 5 les moins performants pour comprendre la situation, identifier les bonnes pratiques et adapter les modes d’action.
    J’ai également demandé au directeur général de la police nationale, Frédéric PECHENARD, et au directeur général de la gendarmerie nationale, le Général GILLES, trois comportements :

  •     concentrer l’action et les moyens sur les problématiques de délinquance les plus cruciales propres à chaque territoire ;
  •     promouvoir une coopération opérationnelle la plus développée possible en multipliant les actions conjointes police-gendarmerie ;
  •     enfin, se rendre eux-mêmes régulièrement sur le terrain.

    A ce propos, vous vous doutez bien que je ne me suis pas contenté de donner des directives depuis mon bureau, puisque je me suis déplacé plus d’une cinquantaine de fois sur le terrain, pour aller là où il y avait des difficultés à analyser et des succès à valoriser.

-> Les acteurs locaux de la sécurité ont également été particulièrement sollicités, notamment au travers des plans départementaux contre la délinquance.
Dès le mois de septembre, j’ai chargé les responsables locaux de la sécurité d’établir, dans chaque département, un plan d’action comprenant des mesures opérationnelles pour lutter plus efficacement contre les infractions en hausse. Je leur ai demandé de ne pas hésiter à me proposer des méthodes innovantes, à sortir des schémas de pensée classiques, à prendre des risques pour articuler au mieux, sur le terrain, les objectifs et les moyens à disposition avec les spécificités et les particularismes de chaque département. J’ai ensuite naturellement veillé à diffuser ces bonnes pratiques.

-> Parce que la sécurité de nos concitoyens est l’affaire de tous, j’ai été à l’initiative, par exemple, de nouveaux partenariats avec les entreprises de la sécurité privée. La sécurité est un domaine où l’État peut partager avec elles certaines compétences. Comme les principales fédérations professionnelles de ce secteur avec lesquelles nous entretenons un dialogue fructueux, je suis favorable à toute mesure visant à renforcer le professionnalisme des 250 000 personnels des entreprises de sécurité privée.

Dans le même souci de coordination des acteurs de la sécurité, je me suis attaché à développer une collaboration opérationnelle renforcée avec les polices municipales.

-> Dernier exemple en date de cette mobilisation générale de tous les acteurs de la sécurité : la nuit de la Saint-Sylvestre.

Pour cette nuit devenue, au gré des années, hautement sensible, notre mobilisation a été sans précédent. Grâce à la présence de 45 000 policiers et gendarmes et 50 000 pompiers, il n’y a pas eu de violences urbaines ni d’incident important. Les quelques troubles à l’ordre public ont été maîtrisés très rapidement, preuve de l’efficacité et de la réactivité des forces de sécurité. Malgré les efforts faits par certains professionnels du dénigrement, personne, d’ailleurs, n’a pu démontrer le contraire.

Cette mobilisation renforcée pour obtenir des résultats et non pour « faire du chiffre » comme certains aimeraient à le faire croire, est d’abord le fruit d’efforts d’hommes et de femmes dont je veux saluer le courage, la mobilisation et la détermination. Je tiens à les en remercier et je leur dis, aujourd’hui, toute ma reconnaissance et tout mon soutien.
J’ai tenu que puisse être à mes côtes pour présenter les résultats, en plus du préfet de police et des deux directeurs généraux, trois acteurs de terrain s’étant illustré en 2009 pour des actes méritants :

  •  une gardienne de la paix du 10ème arrondissement de Paris ;
  •  une sous-officier de gendarmerie de Palaiseau ;
  •  et un gardien de la paix stagiaire de Nice.

(2) Si nos bons indicateurs sont le résultat d’une mobilisation renforcée, ils sont aussi dus à une organisation que nous avons perfectionnée.

-> Sur un plan structurel, je pense au rattachement de la gendarmerie nationale au ministère de l’intérieur, étape majeure de l’histoire de la sécurité de notre pays.
Avec la loi du 3 août 2009, voulue par le Président de la République, nos forces de sécurité sont désormais placées sous un commandement unique, dans le respect de l’identité militaire des gendarmes.
L’objectif est opérationnel : donner plus d’efficacité à notre sécurité, en mutualisant nos moyens, en développant notre synergie et en renforçant notre maillage territorial.
Symbole de ce rapprochement, le directeur général de la gendarmerie nationale, le Général GILLES, est installé avec son cabinet, depuis le 23 novembre dernier, à mes côtés, place Beauvau.

-> Je pense aussi, naturellement, à cette évolution essentielle qu’est la mise en place de la police d’agglomération. A Paris et dans sa petite couronne, ce sont, désormais, 33 000 hommes et femmes qui assurent la sécurité de 6,4 millions d’habitants sous le commandement unique du préfet de police, Michel GAUDIN, dont je tiens à saluer l’implication personnelle et quotidienne.
Ce nouveau mode d’action a, d’ores et déjà, permis de nombreux succès, notamment dans la lutte contre le trafic de drogues, dans la prévention des violences urbaines ou dans le traitement des événements sportifs et festifs importants.

Ces enseignements nous encouragent à faire bénéficier cette innovation d’autres grandes agglomérations.
Dans ce même esprit d’une approche par bassin de vie et de délinquance, la gendarmerie nationale a porté l’action sur le contrôle des flux en concevant une police des territoires qui sera lancée cette année.

-> Au-delà des questions de structures et de méthodes, j’ai voulu donner un coup d’accélérateur au développement de la vidéo-protection, en association avec les maires.
Nous le savons, cet outil permet non seulement de prévenir les infractions, mais aussi d’identifier les voyous en flagrant-délit. C’est l’exploitation de la vidéo-protection qui a, par exemple, permis d’identifier et d’interpeller, en octobre dernier, les trois auteurs présumés du viol d’une jeune fille de 18 ans, commis en réunion, le 18 avril 2009, dans le train entre Poissy et Les Mureaux (78). Des rapprochements ont pu être faits entre les enregistrements datant du jour du viol et ceux réalisés la veille à l’occasion d’un contrôle d’identité.

Si notre pays compte, aujourd’hui, environ 22 000 caméras de protection sur la voie publique, j’entends tripler ce chiffre d’ici 2011, en lien étroit avec les collectivités locales. L’objectif est bien de 60 000 caméras.

En 2009, nous avons d’ores et déjà financé 75 réseaux de vidéo-protection et j’ai mené une véritable démarche de sensibilisation auprès des maires tant et si bien que depuis la fin de l’année, j’ai pu observer une évolution des mentalités : les réfractaires d’hier sont devenus les convaincus d’aujourd’hui. Grâce à la police d’agglomération, nous avons fait tomber les frontières du périphérique et grâce à la vidéo-protection, nous faisons reculer les carcans idéologiques !
(3) Mobilisation renforcée, organisation perfectionnée, mais aussi réactivité systématique. Dès qu’un problème apparaît, je le traite sans délai.
Je prendrai 5 exemples.

    -> Premier exemple : chaque fois qu’il y a eu des événements dans des quartiers sensibles, nous avons apporté une réponse rapide et dépêché sur place suffisamment d’effectifs pour éviter toute violence urbaine.
    Cela a incontestablement permis d’éviter, au cours du second semestre 2009, que des incidents ou des violences n’embrasent durablement un quartier ou un territoire.

    -> Deuxième exemple : la lutte contre les violences dans et aux abords des stades. Alors que les premiers matches de football du championnat de France de Ligue 1 2009/2010 étaient émaillés d’incidents violents, symptôme d’une radicalisation de pseudo-supporteurs, j’ai décidé, sans attendre, de créer une division nationale de lutte contre le hooliganisme.

    De plus, nous avons établi un nouveau partenariat avec les clubs et la ligue professionnelle de football pour adapter notre dispositif. Désormais, tout est mis en œuvre pour éloigner des stades, ceux qui, par des cris, des gestes ou des banderoles, se rendent coupables de violences ou de propos à caractère raciste ou antisémite.

    -> Troisième exemple : la lutte contre l’insécurité routière. En octobre, au vu des tendances, j’ai voulu donner un important coup de collier à la lutte contre la l’insécurité routière et un coup d’arrêt à l’accroissement du nombre de morts sur les routes, en transmettant des instructions très fermes aux préfets, policiers et gendarmes.
    Ce coup de collier a permis d’inverser la tendance pour le mois de décembre avec une chute de -18,5% du nombre de tués par rapport à décembre 2008.
Ainsi, le bilan 2009 fait apparaitre une légère baisse du nombre des tués, mais également une baisse importante du nombre d’accidents. Nous avons ainsi permis à près de 10 000 personnes de ne pas être blessées sur nos routes.

-> Quatrième exemple : face aux deux récentes attaques de transports de fonds, et bien que leur nombre soit en très nette diminution d’année en année, j’ai immédiatement réagi. Plusieurs réunions ont été organisées à mon cabinet depuis le mois de décembre, la dernière avant-hier, pour renforcer la sécurité des convoyeurs de fonds comme celle des DABistes.

-> Enfin, cinquième et dernier exemple, après l’attentat avorté du 25 décembre dernier contre le vol Amsterdam-Détroit, j’ai pris, sans délai, conformément aux instructions du Président de la République, un certain nombre de mesures opérationnelles pour renforcer la sécurité aérienne.

Je me suis rendu, le 30 décembre, à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle afin de m’assurer du renforcement de la présence policière dans les zones publiques aéroportuaires, par une augmentation de la fréquence des patrouilles et un durcissement du contrôle transfrontalier des titres de transports par le personnel de la PAF.
Au-delà de l’effectivité de ces mesures et avant même l’attentat avorté du 25 décembre, j’avais engagé, le 30 novembre dernier à Bruxelles lors d’une réunion du Conseil des ministres de la justice et des affaires intérieures, des démarches, avec mes partenaires européens, pour que soit mis en place, à l’échelle du continent européen, un système, dit PNR [Passenger Name Record], permettant d’identifier très en amont, c’est-à-dire avant même leur arrivée à l’aéroport, les individus suspects.

(4) Enfin, la quatrième raison de nos bons résultats se situe dans une réponse ciblée à chaque type d’insécurité.

-> La délinquance est multiforme et chaque type de délinquance appelle à la fois une mobilisation spécifique et une réponse adaptée. C’est un des principes clés de l’action que j’entends développer.
-> C’est ce que nous avons fait avec la constitution de groupes spéciaux d’investigation sur les bandes, désormais en place dans les 34 départements les plus touchés par les violences urbaines et la désignation de référents dans tous les autres services départementaux d’information générale.
Le 2 novembre dernier, par exemple, un adolescent âgé de 14 ans était découvert conscient mais grièvement blessé sur un quai de la gare de Torcy, en Seine-et-Marne. La victime avait été frappée de plusieurs coups de couteau dans le dos et d’un autre à la nuque, dans un train en gare de Lognes.

Les premières investigations faisaient ressortir qu’il s’agissait d’un affrontement entre deux bandes provenant l’une, d’un quartier de Lognes, et l’autre, d’un quartier de Torcy. La vidéo-protection de la gare de Lognes était immédiatement exploitée et permettait, après investigations, d’identifier l’auteur présumé des coups de couteau.
-> De la même manière, face à la recrudescence des cambriolages, j’ai créé des cellules spécifiques anti-cambriolages. 96 cellules départementales sont en activité, couvrant ainsi tout le territoire.
Grâce à elles, le 27 décembre dernier, les gendarmes de Haute Corse interpellaient en flagrant délit un individu qui cambriolait les locaux d’un restaurant. Son complice se constituait prisonnier dès le lendemain.

L’affaire en serait restée là si la cellule anti cambriolage du département n’avait procédé à certains recoupements qui ont permis d’imputer pas moins de trente cambriolages à ces deux individus, pour un butin d’environ 100 000 €.

Dans le même esprit, j’ai étendu l’opération « Tranquillité Vacances » qui, depuis déjà longtemps, a fait ses preuves durant l’été, à chaque période de congé, comme ce fut le cas pour ceux de la Toussaint et, plus récemment, ceux de Noël.

-> Je ne me préoccupe pas seulement de la sécurité de l’habitation mais aussi de la sécurité dans l’habitation, dans la famille.
Les violences intrafamiliales sont une réalité abjecte que j’entends combattre de toutes mes forces avec l’aide des brigades spécialisées que j’ai créées à cet effet. Couvrant l’ensemble du territoire, elles permettent d’adapter les méthodes d’intervention de la police et de la gendarmerie pour faire face à des situations difficiles qui touchent des publics particulièrement vulnérables, qu’il s’agisse des femmes battues, des mineurs victimes de violences et des personnes âgées maltraitées.
Le 6 janvier dernier, grâce aux investigations menées par la brigade de protection de la famille de la sûreté départementale des Bouches-du-Rhône, l’auteur présumé de la séquestration et de la torture d’une jeune femme de 21 ans, a, ainsi, été interpellé.

Cet individu de 20 ans, ex-petit ami, lui infligeait des sévices devant sa jeune sœur handicapée de 13 ans et leur fils de huit mois. Brûlée au 2ème et au 3ème degré, la jeune femme refusait pourtant de collaborer à l’enquête. Aujourd’hui déféré au parquet, le jeune homme a été placé en détention provisoire.

-> De la même façon, le fléau de la drogue réclame de notre part un vrai changement de braquet, notamment en ce qui concerne la lutte contre le deal de proximité.
Rien qu’entre le 18 et le 31 décembre derniers, sur Paris et la Seine-Saint-Denis, dans le cadre de la police d’agglomération, 56 trafics de drogue ont été démantelés. Dans la capitale, ces affaires ont donné lieu à 32 interpellations et à 22 interpellations pour le seul département de la Seine-Saint-Denis.
Vous le voyez, nous interpellons les trafiquants. Mais nous saisissons aussi la drogue. Sur la base de renseignements fournis par l’office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, les services de police judiciaire de Montpellier et de Marseille ont interpellé, le 17 décembre dernier, dans l’Hérault, cinq trafiquants internationaux de stupéfiants, dont deux arrivaient en voilier en provenance du Venezuela. 141 kilogrammes de cocaïne ont été saisis lors du déchargement. A soixante euros le prix moyen de la revente pour gramme de cocaïne, cela représente 8 460 000 euros. Ces individus appartiennent au milieu du grand banditisme de la région Languedoc-Roussillon.

Ils ont été mis en examen pour trafic de stupéfiants et écroués. Un sixième individu, se sachant identifié et recherché, s’est présenté depuis aux services de police.
Pour amplifier et coordonner notre action tant au niveau national qu’au niveau international, nous avons élaboré un plan anti-drogue. J’ai installé dans ses fonctions, le 10 décembre, le préfet Jean-Paul BONNETAIN. Conformément aux décisions du Président de la République, il est chargé de coordonner l’ensemble des services qui contribuent, au plan administratif et au plan opérationnel, à la lutte contre les trafics de drogue, notamment les trafics de proximité.

-> Cette stratégie de la réponse ciblée, nous l’avons appliquée, enfin, aux grandes surfaces, aux grandes enseignes, mais également aux petits commerces à l’occasion des fêtes de fin d’année.
J’ai ainsi expressément demandé au préfet de police et aux préfets de mettre en place un dispositif, à la fois préventif et dissuasif, sur le territoire de la police d’agglomération parisienne. Concrètement, ce plan anti « vols à main armée » permet de prévenir les « hold-up » proprement dits mais aussi les actes malveillants et dissuader les délinquants de passer à l’acte.
Le 11 décembre, les policiers de la BAC de Marseille ont interpellé en flagrant délit l’auteur présumé d’un vol sous la menace d’une arme blanche ainsi qu’une tentative de braquage de deux magasins de quartier. Le suspect était trouvé en possession d’un couteau de cuisine et du butin. Depuis avril 2008, 35 vols ou tentatives au préjudice de magasins de la même enseigne avaient été répertoriés à Marseille, commis par un malfaiteur selon les mêmes modes opératoires.
Des dispositifs de sensibilisation et de surveillance ayant été mis en place, et forts des images extraites de la vidéo-protection, les policiers ont pu confondre l’individu interpellé qui reconnaissait la totalité des faits qui lui étaient reprochés.

Que les choses soient claires : je n’accepterai jamais que notre territoire devienne le « libre-service » des voyous, des malfrats et des petits caïds.
Ainsi, comme me l’a demandé le président de la République,

  • -    grâce à une forte mobilisation,
  • -    grâce à une nouvelle organisation,
  • -    grâce à de nouvelles méthodes ciblées,
    en 2009, une fois de plus, la délinquance a reculé en France.

Je veux saluer le travail de tous ceux qui ont permis d’obtenir ces résultats et aux premiers rangs, préfets, policiers et gendarmes. Mon objectif pour cette année qui commence est simple : continuer à faire baisser durablement la délinquance sous ses différentes formes.
Cela suppose une mobilisation, mais aussi une meilleure connaissance des agissements des délinquants comme des résultats de notre action. Nos instruments de pilotage et de mesure des résultats doivent s’adapter aux évolutions de la délinquance et se diversifier.

    Peut-on se satisfaire, par exemple, que la cybercriminalité ne soit pas comptabilisée en tant que telle ?
    Peut-on se satisfaire, aussi, de l’absence de la mesure des violences intrafamiliales ?
Qu’en est-il de la mise en cohérence des statistiques policières et judiciaires pour mesurer l’efficacité de la chaîne policière et pénale ?
    Qu’en est-il, plus globalement, de l’évaluation de la performance à court et moyen termes de nos politiques ?

En 2010, nous souhaitons donc aller plus loin. Comme l’a souligné Alain BAUER, nous devons nous doter d’outils complémentaires statistiques. Nous proposons de mettre en place une nouvelle architecture qui poursuivra trois objectifs :

  •     distinguer l’évolution constatée de la délinquance et la performance des services : pour séparer ce qui relève des faits constatés et ce qui relève de l’action des services ;
  •     adopter une approche plus qualitative afin de mieux mesurer l’efficacité de l’action engagée et de services rendus ;
  •     mesurer à terme l’action, non pas seulement de la chaîne policière, mais de l’ensemble de la chaîne de la sécurité : nous ne voulons plus nous contenter de savoir combien de délinquants sont interpellés, par exemple pour un cambriolage, mais nous voulons savoir aussi combien sont condamnés et combien de peines sont exécutées. Nous le devons aux victimes.

Vous le voyez, il ne s’agit pas de casser le thermomètre mais de le rendre plus précis pour mieux appréhender les attentes de la population et mieux évaluer les réponses que nous y apportons.

    En ce début d’année, je terminerai mon propos en vous souhaitant à tous une bonne et heureuse année 2010. Chaque année davantage, vous êtes des acteurs de notre société. Cela vous donne du pouvoir mais aussi une responsabilité : je ne peux donc que vous souhaiter en 2010, plus que jamais, tout à la fois, une grande liberté, une belle santé et une réelle objectivité.

 Face au refus de la réalité, je préfère la vérité des faits.
Face à l’idéologie, je préfère les idées.
Face aux donneurs de leçons, nous choisissons l’action.
Vous le voyez, la politique de sécurité voulue par Nicolas Sarkozy depuis 2002, c’est la force des idées, c’est le choix de l’action, c’est la culture du résultat.