Intervention de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, lors de la garden party au secrétariat d'État à l'outre-mer à Paris, Hôtel de Montmorin
Madame le Ministre, chère Marie-Luce,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le délégué interministériel,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C'est un grand plaisir d'être aujourd'hui parmi vous, rue Oudinot, dans cette belle maison des Français de l'outre-mer.
Ce plaisir est d'autant plus grand que je suis accueilli par ma collègue et amie Marie-Luce PENCHARD, avec qui je constitue désormais, sur la politique de l'outre-mer, un binôme soudé, engagé et déterminé.
Chère Marie-Luce, en te désignant, le Président de la République a fait, certes, le choix de la compétence et de la ténacité. En nommant une ultramarine, il a, par le même coup, mis fin à cette coutume étrange qui privait les originaires de l'outre-mer de la direction de ce ministère.
Si nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour donner le coup d'envoi des festivités du 14-Juillet et honorer nos concitoyens et nos territoires ultramarins.
Au même titre que les bals populaires qui auront lieu, ce soir, dans toutes les communes de France, que le défilé militaire qui se déroulera, demain matin, sur les Champs-Élysées ou que les feux d'artifice qui ponctueront, demain soir, ce long weekend festif, la garden party de l'outre-mer participe à la célébration de notre unité nationale.
Cette réception doit être l'occasion, pour chacun, métropolitains comme ultramarins, de se rappeler combien, au-delà des aléas de l'Histoire, nos histoires se confondent, nos sangs se mêlent, nos destins se conjuguent.
I. Je veux, en effet, partager avec vous cette conviction : sans l'outre-mer, la France ne serait pas la France.
Tout d'abord, l'outre-mer confère à notre pays une présence mondiale, puisqu'il nous permet d'être au contact de 3 océans :
Sans compter les îles inhabitées aux abords de l'Antarctique comme la Terre Adélie et Clipperton.
Au total, nous disposons du deuxième domaine maritime du monde après celui des Etats-Unis, ce qui nous donne droit à une zone économique exclusive d'échanges de 11 millions de kilomètres carrés.
L'outre-mer, ce sont également des richesses qui nous placent au cœur des enjeux économiques.
Je pense aux ressources énergétiques à terre : au pétrole et au bois de Guyane, mais aussi au nickel de Nouvelle-Calédonie, qui en abrite, à elle seule, le quart des réserves mondiales.
Je pense, aussi, à l'accès privilégié aux ressources de la mer : pêche, minerais et hydrocarbures en sous-sol.
Je pense, également, aux pôles d'attraction touristique que sont les Antilles et la Réunion.
Je pense, enfin, aux implantations stratégiques que constituent les stations météo et de recherche scientifique situées dans les îles australes et, bien entendu, la base spatiale de Kourou en Guyane, qui met sur orbite la moitié du marché mondial des satellites de communication et d'observation.
L'outre-mer, c'est enfin un apport humain incommensurable.
Ce sont naturellement de grands hommes : Aimé CESAIRE, Félix EBOUÉ, Gaston MONNERVILLE, qui ont, en compagnie de beaucoup d'autres, écrit parmi les plus belles pages de notre histoire commune.
En matière de tolérance et de respect des différences, l'outre-mer a apporté à la France une vision différente de celle de beaucoup de ses voisins. J'ai notamment été marqué, comme le Président de la République, par le message de paix porté par Aimé CESAIRE.
Moins de 24 heures après ma prise de fonctions, j'ai tenu à accompagner le chef de l'État lors de son déplacement en Martinique et en Guadeloupe.
Sur le terrain, j'ai pu constater que la relation qui unit la métropole à l'outre-mer exige de rechercher en permanence l'égalité de traitement entre tous nos compatriotes. Dans ce domaine, je veux tout particulièrement saluer l'action du délégué interministériel à l'égalité des chances des Français d'Outre-mer, Patrick KARAM.
II. Si beaucoup a été fait depuis 2007, les défis d'avenir ne manquent pas.
De mon déplacement aux Antilles, je tire aussi un enseignement très clair : nos compatriotes ultramarins, loin de contester l'Etat, demandent au contraire sa présence et une action résolue de sa part.
Il nous revient, par exemple, d'assurer la continuité territoriale, de favoriser l'accès aux emplois publics mais, aussi, de lutter contre la vie chère.
En tant que ministre de l'intérieur, j'entends également assurer en outre-mer, comme en métropole, la sécurité partout et pour tous. La sécurité est le premier droit de nos concitoyens, elle est le premier de mes devoirs. Je m'engage à prêter une attention toute particulière à nos départements et collectivités d'outre-mer, dont la situation en la matière est parfois préoccupante.
Le cap fixé par le Président de la République est clair : le statu quo ne peut servir de politique pour l'outre-mer. Il faut évoluer, aller de l'avant, sans renier pour autant les acquis de la départementalisation depuis 1946, mais en identifiant les limites du modèle pour mieux les dépasser.
En Martinique et en Guadeloupe, j'ai pu rencontrer, écouter et entendre nos compatriotes antillais et constater que les états généraux de l'outre-mer, voulus par le chef de l'État, rencontrent, sur place, une véritable adhésion. Pourquoi un tel intérêt ? Parce qu'il y a, je crois, une urgente nécessité à débattre de sujets concrets qui touchent à la vie quotidienne de nos concitoyens d'outre-mer.
Cette consultation, dont la phase locale est bientôt achevée, a permis à tous ceux qui le souhaitaient de d'exprimer leur vision des changements nécessaires. Il nous reviendra bientôt de réaliser la synthèse de ces propositions, afin de construire un nouveau projet pour l'outre-mer.
(1) En matière institutionnelle, par exemple, le débat qui s'ouvre est celui du juste degré d'autonomie, celui de la responsabilité, celui de l'équation unité – singularité, ainsi que l'a déclaré le Président de la République.
Nous devons utiliser toutes les ressources et toute la souplesse de notre Constitution pour bâtir un modèle institutionnel adapté à l'histoire ou aux spécificités de chaque département ou collectivité.
Parallèlement, nous devons réformer profondément l'Etat territorial outre-mer, afin de doter les préfets et les services placés sous leur autorité de la capacité à répondre avec efficacité et réactivité aux demandes exprimées par nos concitoyens ultramarins et leurs élus.
(2) En matière économique, je me réjouis du vote, très consensuel, de la loi d'orientation en mai dernier. Nous disposons désormais d'une véritable boîte à outils, dans laquelle les acteurs économiques ultramarins peuvent trouver un appui pour les aider à traverser des temps particulièrement difficiles. Il nous faut maintenant réfléchir plus loin, afin de construire une économie de production, de bâtir un développement équilibré et durable, créateur d'emplois et de richesses pour chacun des territoires.
Au cœur de cette réflexion, on trouve bien entendu plusieurs sujets qui ont été soulignés avec force lors des événements de cet hiver, comme la maîtrise des prix, du carburant en particulier, et la nécessité de faire respecter une meilleure concurrence entre les acteurs présents sur des marchés restreints et insuffisamment ouverts sur leur environnement régional.
(3) Enfin, en matière sociale et culturelle, nous devons respecter le passé, tout en recherchant de nouveaux modes d'expression collective. Les modalités d'un dialogue social renouvelé me semblent particulièrement essentielles.
Mesdames et Messieurs, chers amis,
La question de la place et de l'avenir de l'outre-mer au sein de République est passionnante. Le champ de réflexion et de proposition qui s'ouvre devant nous est à la fois stimulant et exigeant. Le premier Conseil interministériel de l'outre-mer, qui se tiendra en octobre prochain, s'annonce comme une étape fondatrice. Je suis fier, Marie-Luce, de pouvoir compter sur ta détermination et ton enthousiasme pour mener à bien, à mes côtés, ces chantiers exaltants.
Je vous invite, à présent, à profiter des splendides buffets qui honorent la diversité culinaire de notre territoire, car c'est aussi cela l'outre-mer, une grande et belle tradition de fête et de convivialité.