12.10.2009 - Cérémonie d'obsèques de Franck PALAU et de Ludovic GERARD

12 octobre 2009

Intervention de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales. Nice, caserne Auvare


C'est étreints d'une immense tristesse et d'une intense émotion que nous sommes réunis, aujourd'hui, pour rendre un hommage solennel à Franck PALAU et à Ludovic GERARD, tragiquement décédés dans l'exercice de leur devoir, le mercredi 7 octobre dernier.

Peu après 2 heures du matin, Franck PALAU et Ludovic GERARD, accompagnés de leur collègue Nicolas DERAIL, sont contactés par la police municipale cannoise qui les informe qu'un individu est susceptible de se livrer à un trafic de stupéfiants.

N'écoutant que leur devoir, les trois policiers décident alors de se rendre sur les lieux du signalement. Malheureusement, alors qu'ils empruntent le boulevard Clemenceau à Cannes, ils sont victimes d'un terrible accident de la circulation. Franck PALAU et Ludovic GERARD y perdent la vie, tandis que leur collègue Nicolas DERAIL, installé à l'arrière du véhicule, est sérieusement blessé.

Comme des milliers de leurs camarades partout en France, ils portaient, cette nuit-là, de manière anonyme, totalement mobilisés, avec une conviction chevillée au corps, le combat sans relâche contre la délinquance. En serviteurs exemplaires de l'État, ils avaient choisi de protéger les autres, même si cela signifiait, pour eux, mais aussi pour leur famille, vivre dangereusement au quotidien.

Parce qu'il n'est jamais banal de risquer sa vie, encore moins de la risquer tous les jours, et moins encore de la risquer pour les autres, leur engagement au service de la collectivité restera gravé dans nos mémoires. Je m'incline avec gravité devant eux, qui ont payé de leur vie cet engagement.

I. En ces circonstances particulièrement pénibles, mes premières pensées se portent tout naturellement vers les épouses, les enfants et les familles des deux disparus, ainsi que vers le blessé à qui je souhaite un prompt rétablissement.

- A vous, Madame Nadine PALAU et à vos deux enfants Max et Nastassja et à vous, Madame Frédérique GERARD et à votre petite Ambre, je veux exprimer, au nom du président de la République, du Gouvernement, de mon collègue, et en mon nom personnel, le témoignage de notre plus profond chagrin et de notre très vive compassion. Elus, autorités civiles, autorités judiciaires s'associent pleinement à cet hommage.

- La disparition de deux membres d'une communauté touche forcément la communauté toute entière. Je sais combien ces deux disparitions brutales, déchirantes et, disons-le clairement, totalement injustes affectent cruellement la police nationale. C'est la raison pour laquelle j'ai tenu à être présent, dès le matin du drame, aux côtés des personnels du commissariat de Cannes et, plus spécifiquement, auprès des membres de la brigade anti-criminalité à laquelle appartenaient les disparus. Je tiens à leur renouveler, aujourd'hui, toute ma sympathie, tout mon soutien et toute mon affection.
Une nouvelle fois, cette année, la grande famille de la police nationale est endeuillée par la perte irréparable de deux des siens. Ce lourd tribut illustre le prix élevé acquitté par les forces de sécurité pour protéger nos concitoyens. Les policiers, comme les gendarmes, sont des professionnels qui exercent un métier particulièrement exigeant et très difficile, mais qui, à l'issue de leur service, ont, comme tout un chacun, vocation à rentrer chez eux et à retrouver leur foyer et leur famille. Policiers, ce si lourd tribut, cette douleur, ce deuil ne doivent pas vous faire douter du sens de votre engagement au service de nos concitoyens. Votre courage n'a d'égal que votre détermination.

II. Face au malheur, les mots sont toujours impuissants à traduire la richesse d'une vie.

(1) Franck PALAU est né à Lyon le 3 mai 1963. De son enfance dans la capitale des Gaules, il garde une passion indéfectible pour l'Olympique lyonnais, dont les couleurs - « bleu, blanc et rouge » - vont acquérir, très vite, dans sa vie une place centrale.

A l'âge de 24 ans, il rejoint la police nationale comme élève gardien de la paix en entrant, le 4 janvier 1988, à l'école de police de Paris. Après sa formation, il commence, le 1er octobre 1989, sa carrière à la préfecture de police de Paris et, plus particulièrement, à la direction de la sécurité publique dans le 2e arrondissement de la capitale.

En 1993, Franck PALAU est affecté au commissariat de Nice où il exerce au sein de la brigade de nuit, puis en 1998, au commissariat de Cannes. Après vingt années de bons et loyaux services, Franck PALAU reçoit, en 2008, la médaille d'honneur de la police nationale. Cette distinction vient honorer une carrière remarquable d'où émergent deux actes de bravoure.

Le 6 juin 2008, il maîtrise un individu recherché et particulièrement dangereux. Au cours de cette interpellation, il est blessé d'un coup de serpette. Pour cet acte de bravoure, Franck PALAU reçoit les félicitations du préfet des Alpes-Maritimes et obtient, le 1er janvier dernier, l'avancement à l'échelon exceptionnel de son grade de gardien de la paix.

Moins d'un an plus tard, le 31 mai 2009, il se distingue à nouveau. Faisant preuve d'un calme, d'un sang-froid et d'un courage exemplaires, il participe à l'arrestation, en flagrant délit, de deux cambrioleurs chevronnés. Cette action, menée avec le plus grand professionnalisme, lui vaut les félicitations du directeur départemental de la sécurité publique.

(2) Ludovic GERARD était, comme son ami et coéquipier, un homme de grande qualité. Très apprécié de ses collègues pour lesquels il avait toujours un mot aimable, c'était en outre un sportif accompli, féru de natation, de musculation et de parachutisme et un motard chevronné.

Né à Cambrai, le 25 novembre 1977, il intègre la police nationale en 2001 et rejoint la préfecture de police de Paris en septembre 2002, plus particulièrement à la direction de la police urbaine de proximité dans le 8ème arrondissement.

Affecté en septembre 2003, au service régional de la police des transports et plus particulièrement à la police du métro, Ludovic GERARD se distingue, le 31 juillet 2005, en interpellant dans la station de la gare de Lyon un individu armé d'un révolver chargé et en possession d'une fausse carte de police. Son sens de l'observation, sa capacité d'initiative et son courage lui valent les félicitations de son commissaire.

Le 8 avril 2006, il se signale à nouveau en procédant à l'interpellation, avec des effectifs de la brigade anti-criminalité de Paris, d'un individu en fuite qui venait de commettre un vol de véhicule. Après cinq années de service à Paris, Ludovic GERARD rejoint, le 1er septembre 2007, le commissariat de Cannes.

Avec Franck PALAU et l'ensemble de leurs collègues de la brigade anti-criminalité de Cannes, Ludovic GERARD contribue à l'arrestation, le 23 janvier 2009, d'un trafiquant de stupéfiants et à la saisie de 2 kilos de résine de cannabis.

III. Le sacrifice de Franck PALAU et Ludovic GERARD nous démontre, une nouvelle fois, les qualités d'engagement, d'abnégation et le sens du devoir des policiers.

La noblesse de leur métier, les risques auxquels ils s'exposent, le courage dont ils font preuve quotidiennement, justifient le soutien sans faille que leur doit la Nation tout entière.

La citation à l'Ordre de la Nation, mais aussi les insignes de chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur, la médaille d'honneur de la police nationale à titre posthume, ainsi que la médaille d'or pour acte de courage et de dévouement, que je viens de décerner à Franck PALAU et Ludovic GERARD sont la marque de cette reconnaissance.

J'ai tenu, en outre, à ce que Franck PALAU soit promu brigadier major et Ludovic GERARD, brigadier-chef.

Madame Nadine PALAU,
Madame Frédérique GERARD,

Nous nous inclinons devant votre immense douleur. Et je veux vous redire les sentiments d'estime et d'affection que nous vous portons tous.