Intervention de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Bièvres
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le préfet,
Monsieur le député,
Monsieur le maire,
Monsieur le directeur général de la police nationale,
Monsieur le chef du RAID,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de vous retrouver, aujourd'hui.
Lorsque j'étais venu ici même, le 1er décembre dernier, à l'occasion du lancement de la force d'intervention de la police nationale, j'avais été frappé de constater que ce site abritait, depuis près de trois siècles, des hommes et des femmes de mission. Des séminaristes des missions étrangères aux premiers policiers du RAID installés dès 1985, les hommes et femmes qui ont foulé ce sol ont tous été portés par un destin hors du commun.
Aujourd'hui, nous sommes rassemblés pour célébrer le 25ème anniversaire de la création de votre unité d'élite. 25 ans, c'est l'âge de la pleine maturité, celui des choix essentiels dans la vie, c'est également celui des ambitions et de l'engagement.
25 ans, c'est une histoire faite de moments forts - des moments de grande fierté, de devoir accompli, de joie simple lorsqu'on réussit ensemble là où d'autres auraient peut-être renoncé - et ce sont, aussi, des moments de tensions, parfois de profonde affliction, quand le sort frappe durement.
I. En 25 ans, le RAID a toujours honoré la confiance qui avait présidé à sa création.
(1) Le RAID est né dans un contexte de tension, marqué par de nombreux attentats terroristes à travers le monde.
L'assassinat des athlètes israéliens, en septembre 1972, lors des jeux olympiques de Munich, par un commando palestinien avaient fortement marqué les esprits, tout comme la prise en otage des ministres de l'OPEP à Vienne, en décembre 1975.
La France, surtout, était, depuis 1979, en proie à une vague d'attentats perpétrés par une unité terroriste : « Action Directe », notamment responsable de la mort de deux policiers, tués dans une fusillade, avenue Trudaine, à Paris, en mai 1983. Dans le même temps, les terroristes séparatistes corses multipliaient ce que l'on a appelé les « nuits bleues ».
Dans ce contexte de violence terroriste exacerbée, la constitution d'un groupe d'intervention capable de gérer les situations les plus graves ou de prendre en compte des incidents majeurs comme les prises d'otage, la maîtrise de forcenés ou les arrestations d'individus particulièrement dangereux, est apparue comme une impérieuse nécessité.
Et c'est de cette nécessité qu'est né le RAID, en 1985.
(2) Votre renommée s'est bâtie au fil des années, au travers d'opérations souvent spectaculaires et, pour certaines, largement médiatisées.
Le RAID, « Recherche, assistance, intervention, dissuasion », n'a jamais démenti sa réputation en agissant souvent dans l'urgence, toujours dans la discrétion et surtout l'efficacité.
Je pense, bien sûr, à la prise d'otages du palais de justice de Nantes, le 19 décembre 1985. Les trois preneurs d'otages, lourdement armés, sont mis hors d'état de nuire à l'issue d'une crise qui aura duré 36 heures et à l'issue de laquelle une trentaine d'otages, dont 4 magistrats, sont libérés, sains et saufs. Le RAID n'avait alors que quelques semaines d'existence et suscitait déjà l'intérêt de nombreuses polices étrangères désireuses de s'inspirer de ses méthodes.
Mais il y a eu, aussi, l'arrestation des terroristes d'« Action Directe » à Vitry aux Loges, le 19 février 1987. Chacun a aussi, bien sûr, à l'esprit la prise d'otages à l'école maternelle CHARCOT de Neuilly ; l'arrestation d'Yvan COLONNA, en Corse, le 4 juillet 2003 et plus récemment encore, l'arrestation de Jean-Pierre TREIBER, le 20 novembre dernier.
C'est bien la gestion de l'urgence et des situations extrêmes qui caractérise le RAID. C'est aussi, en quelque sorte, la capacité à figer le temps pour maîtriser, avec calme et recul, tous les paramètres d'une situation.
(3) C'est cette maîtrise exemplaire qui a placé le RAID au cœur de la Force d'intervention de la police nationale, créée l'an dernier.
L'ensemble des unités d'intervention de la police nationale sont, en effet, désormais regroupées au sein d'une même structure opérationnelle, dont le RAID constitue l'échelon central et en héberge l'état-major. La police nationale dispose, ainsi, d'un dispositif d'intervention fort de 500 policiers parfaitement aguerris, répartis sur l'ensemble du territoire national, et capables de réagir, sans délai, à une attaque terroriste.
Concevoir cette force était aussi le moyen d'entretenir une culture commune, de partager les bonnes pratiques et de mutualiser les savoir-faire, autant que les moyens techniques.
Avec le GIGN désormais votre frère d'armes, le ministère de l'intérieur dispose des moyens nécessaires pour affronter tous les types de crise. Dans un souci de réelle efficacité opérationnelle, il importe aujourd'hui que ces forces continuent de développer entre elles leurs complémentarités et leurs synergies.
II. Le RAID n'est pas simplement une force policière d'intervention ou une unité de haute technicité ; c'est avant tout une communauté d'hommes et de femmes unis par le même esprit de service et animés par le même sens du devoir.
(1) La force de caractère et les états de service de ceux qui ont dirigé le RAID ont, bien sûr, largement contribué à sa réputation et à sa notoriété.
Tous vos chefs ont démontré qu'ils étaient des policiers exemplaires, des hommes d'action et de réflexion, des meneurs d'hommes reconnus et appréciés pour leurs qualités humaines et professionnelles. Tous ont su maintenir haut la flamme et entretenir l'esprit si particulier de cette unité.
(2) Mais je n'oublie pas qu'un chef n'existe que par ceux qu'il a l'honneur de commander. Vous êtes, aujourd'hui, 170 hommes et femmes qui constituent le RAID.
Chacun d'entre vous est passé par une sélection des plus rigoureuses, éprouvant ses qualités physiques et morales, souvent aux limites de la résistance humaine. Une présélection nationale, deux semaines de tests, 12 semaines de formation et 3 mois d'observation au sein d'un groupe sont nécessaires pour être accepté dans votre unité d'élite.
Depuis 25 ans, 8 000 policiers se sont ainsi présentés aux tests. Seuls 708 d'entre eux ont été brevetés, soit moins de 10%.
Etre policier au RAID, ce n'est pas simplement briller dans les sports de combat, le tir de précision, le parachutisme, la plongée ou la varappe, ni même maîtriser toutes les techniques d'intervention requises pour faire face aux situations les plus inextricables. Etre policier au RAID, c'est partager surtout un même esprit : celui de l'exigence permanente, de l'abnégation incessante et de la solidarité en toutes circonstances.
Sans ce sentiment profond d'appartenance à une communauté d'hommes et de femmes unis par des liens indéfectibles, il serait illusoire de prétendre gérer efficacement des événements graves ou neutraliser des individus dangereux et déterminés.
(3) Je n'oublie pas non plus que, durant ces 25 années, cette famille a également connu le deuil.
En se montrant dignes de votre devise « servir sans faillir », certains d'entre vous ont été jusqu'au sacrifice. Cette journée est aussi l'occasion d'honorer leur souvenir. Les unités d'élite du ministère de l'intérieur, que ce soit en mission ou en formation, ont été endeuillées, cette semaine encore. J'étais, hier, à Chamonix pour rendre hommage à votre collègue du GIGN, Ludovic RIONDET.
Jusqu'au bout de leur engagement et avec, à l'esprit, la certitude de faire ce qui est juste, ces hommes ont fait le sacrifice de leur vie au service de la sécurité de nos concitoyens. Je tiens à saluer leur mémoire et à témoigner à leurs proches mon affection et mon soutien.
X
Mesdames et Messieurs,
Cette journée est une nouvelle occasion de me joindre à votre unité d'élite.
Je tiens à saluer chacun d'entre vous qui avez réussi à intégrer cette belle famille. Vous vous montrez, à chaque mission, à la hauteur de la confiance qui vous est accordée et je tiens à vous la renouveler, aujourd'hui.
En incarnant la quintessence même des valeurs de discipline et d'abnégation qui caractérisent les forces de sécurité intérieure, vous faîtes la fierté de la police nationale et du ministère de l'intérieur.
A toutes les familles, si nombreuses dans l'assistance, je veux dire que vous pouvez être fiers de vos maris, épouses, pères, mères ou amis.
Le RAID fête son quart de siècle et peut envisager l'avenir avec confiance. Il dispose de toutes les ressources pour s'adapter aux évolutions des menaces et je veillerai, personnellement, à ce que cela soit toujours le cas. Bon anniversaire à tous !