11.06.2010 - Éloge funèbre à l'occasion des obsèques du maréchal des logis chef Ludovic RIONDET

11 juin 2010

Discours de M. Brice HORTEFEUX, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Chamonix


- Seul le prononcé fait foi -

Mesdames et Messieurs,

J'ai tenu, à être présent, ici, parmi vous, avec le directeur général de la gendarmerie nationale, le général Jacques MIGNAUX, pour rendre un dernier et solennel hommage au maréchal des logis chef Ludovic RIONDET.

Aujourd'hui, c'est dans la tristesse que nous sommes réunis.

Tristesse pour vous, bien sûr, ses parents et sa compagne, d'avoir perdu soudainement un fils et un compagnon admiré et aimé.

Tristesse pour vous, aussi, ses camarades, d'avoir perdu non seulement un frère d'arme, mais aussi un ami.

Tristesse, enfin, pour notre pays d'avoir perdu, à l'aube d'une carrière prometteuse, l'un de ses serviteurs.

Le maréchal des logis chef Ludovic RIONDET a dévissé, mardi alors qu'il était en train de gravir l'aiguille verte pour obtenir une qualification technique montagne. Il est mort à l'entraînement.

I. Le maréchal des logis chef Ludovic RIONDET s'est toujours montré digne de l'unité qu'il avait intégré, le GIGN.

(1) Unité d'élite, le GIGN a construit son efficacité sur l'intensité et le sérieux de ses entraînements.

Peu d'unité, dans le monde, peuvent s'enorgueillir du niveau d'excellence atteint par le GIGN.

Mais pour parvenir à ce résultat, pour être prêt à intervenir dès qu'une situation le requiert, il faut chaque jour s'aguerrir, se remettre en question, s'habituer au risque.

Le GIGN a la plus belle des ambitions : « sauver des vies au mépris de la sienne ». Il a, aussi, le plus exigeant des entraînements.

(2) Ces entrainement sont risqués, nous le savons.

Depuis sa création, en 1974, le GIGN a, ainsi, perdu 17 de ses hommes, dont 15 à l'entraînement.

Cela ne fait aucun doute, tous sont morts au service de la France. Tous sont morts parce qu'ils étaient prêts, à chaque instant, à défendre les intérêts de notre patrie et à porter secours à nos concitoyens.

(3) Cet engagement total, ce dévouement sans borne, ce sens aigu du sacrifice, c'est celui de tous les militaires des unités de montagne de gendarmerie et, plus largement, de tous les gendarmes de France.

En rendant hommage à Ludovic RIONDET, je ne peux m'empêcher de penser aux 52 hommes qui, depuis 50 ans, ont sacrifié leur vie en montagne, en mission ou à l'entraînement, pour la sécurité des Français.

Je ne peux m'empêcher de penser, tout particulièrement, à Régis MICHOUX, du peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix, décédé en 1997 au même endroit que Ludovic RIONDET.

A travers eux, je pense, aussi, à tous les gendarmes de France, ainsi qu'à leur famille. Devenir gendarme implique un engagement total, une disponibilité absolue, un esprit de sacrifice indéniable. Vous devez être prêts, chaque jour, à mettre votre vie au service de votre devoir. Cela rejaillit nécessairement sur vos actions, cela s'impose inéluctablement à vos familles et à vos proches. Mais, je vous le dis, cela vous vaut l'estime et le soutien indéfectible de la République.

II. La carrière de Ludovic RIONDET était à la hauteur de ce sens du devoir.

(1) Maréchal des logis chef Ludovic RIONDET, vous avez voulu placer votre parcours sous le signe de l'excellence.

Mu d'un profond désir de servir vos concitoyens, vous intégrez la gendarmerie nationale à tout juste 25 ans, et sortez major de votre promotion de l'école des sous-officiers du Mans.

Dès votre première affectation, au sein de l'escadron de gendarmerie mobile de Bron, vous êtes un sous-officier modèle aux qualités d'endurance, de courage et d'esprit d'équipe reconnues de tous.

En 2007, après une intense préparation, vous intégrez le GIGN. Au terme d'une formation dont chacun connaît l'exigence et au cours de laquelle vous donnez toute satisfaction, vous participez à des missions particulièrement sensibles de protection rapprochée en Irak, en Bolivie, au Qatar et à Mayotte. Dans l'adversité, vos compagnons, comme vos supérieurs, sont unanimes pour reconnaître votre détermination et votre très grand professionnalisme.

(2) Gendarme, vous êtes aussi un amoureux de la montagne, et c'est tout naturellement que vous vous investissez dans la formation spécifique à cet élément.

Pour combiner vos deux passions, vous avez voulu vous engager dans cette spécialité qui fait la valeur du GIGN dans ses fonctions d'intervention comme dans ses fonctions de protection et d'observation.

Il est peu de domaines où, comme en montagne, préparation et mission soient aussi intimement liées ; où entraînement et intervention finissent par se confondre ; où le danger soit à ce point toujours présent. Cette montagne que vous aimiez tant, ce métier que vous exerciez si bien, vous leur avez sacrifié votre vie. Vous resterez dans nos mémoires comme un exemple de dépassement de soi.

(3) Maréchal des logis chef Ludovic RIONDET, vos pairs vous rendent, aujourd'hui, un hommage unanime.

Pour vos chefs, vous étiez un sous-officier loyal et disponible sur lequel ils savaient pouvoir s'appuyer. Ils rendent aujourd'hui hommage à votre rigueur et à votre travail toujours irréprochable.

Pour les cadres du centre national d'instruction de ski et d'alpinisme de la Gendarmerie, vous étiez un élève passionné. Ils rendent aujourd'hui hommage à votre sens de l'engagement qui les inspirera, dès demain, pour repartir vers la montagne et ses dangers, au service de la sécurité des Français.

Pour vos camarades, vous étiez un homme de sang-froid en qui ils avaient toute confiance. Au-delà de vos qualités professionnelles, ils soulignent votre simplicité et votre gentillesse.

X

Monsieur et Madame RIONDET,
Madame,
Vous avez perdu un fils et un compagnon.

Par ces mots, c'est la Nation tout entière qui compatit à votre douleur. Je veux vous assurer de notre soutien et vous redire ma détermination à faire vivre le souvenir de celui que vous pleurez.

Maréchal des logis chef Ludovic RIONDET, nous nous inclinons respectueusement devant vous.

Maréchal des logis chef Ludovic RIONDET, la médaille militaire que je vais maintenant vous décerner rappelle à la fois votre appartenance à une communauté et la valeur de vos mérites. L'estime et l'amitié de la gendarmerie nationale vous sont à jamais acquises.

Maréchal des logis chef Ludovic RIONDET, reposez en paix.