09.05.2010 - Cérémonie au cimetière Saint-Lazare de Tarascon (Bouches-du-Rhône)

9 mai 2010

Discours de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales - Tarascon


–    Seul le prononcé fait foi  –

Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil français du culte musulman,
Monsieur le Président du Conseil régional du culte musulman,
Mesdames et Messieurs,

Notre présence, ici, aujourd’hui, au cimetière Saint-Lazare de Tarascon, est un moment d’émotion, de recueillement et de partage.

Un moment d’émotion, face à la haine qui s’est manifestée ici-même, il y a quelques jours.

Jeudi 6 mai, dans le carré militaire de ce cimetière, sept stèles ont été retrouvées renversées. Dans chacune d’elles, reposait un soldat musulman mort pour la France, lors de la première guerre mondiale. 

Comme ministre de la République, je tiens solennellement à vous dire ma peine et ma révolte et à exprimer, au nom du chef de l’Etat et du Gouvernement tout entier, la solidarité de la Nation.

Comme ministre chargé des cultes, je suis venu dire aux musulmans de France qu’ils ont le droit au respect, à l’égal de tous nos compatriotes, ceux qui croient au ciel comme ceux qui n’y croient pas.

Comme ministre de l’intérieur, en charge de la protection de nos concitoyens, je tiens à réaffirmer que nous n’accepterons aucun de ces actes, aucune de ces violences, aucune de ces insultes, aucune des ces attaques.

Car cet acte odieux de Tarascon constitue, pour nous tous, une triple offense.

- Une offense à la mémoire d’être humains morts au combat, et à celles de leurs familles.

- Une offense aux musulmans de France, injustement attaqués.

 - Une offense à la République française tout entière, et aux valeurs qu’elle porte.

I. Une offense à la mémoire d’hommes morts pour la France, tout d’abord.

Alors que nous commémorions, hier, la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie et la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, la profanation de ces stèles dans le carré militaire ne peut que susciter une profonde et toute particulière indignation.

Aujourd'hui, c'est le cœur des hommes et des femmes morts pour la France qui saigne une nouvelle fois.

C'est l'héritage qu'ils ont laissé qui se trouve, aujourd'hui, entaché.

C'est la mémoire de leur courage qui subit, aujourd'hui, une profonde injustice.

Car la France a mené des combats douloureux, mais justes. Elle a souffert de nombreuses heures, elle a subi des moments sombres, mais elle s’est relevée.

II. Car ce n’est, hélas, pas la première fois, et ce n’est pas un hasard. Dans ce cimetière de 129 tombes, 17 sont musulmanes. Seules ces dernières ont été prises pour cible.

Ces actes inqualifiables sont le signe que les musulmans de France sont trop souvent la cible d’agressions ou d’exactions que rien ne saurait justifier.

Comme vous, Monsieur le président MOUSSAOUI, je n’oublie pas le 8 décembre 2008, où plus de 400 tombes du carré musulman de la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain Saint-Nazaire, dans le Pas-de-Calais, avaient été profanées, entachées d’inscriptions racistes et nazies.

Comme vous, je n’oublie pas le 20 octobre 2009, où huit tombes de soldats musulmans morts pendant la seconde guerre mondiale avaient été retrouvées couvertes d’insultes néo-nazies dans le cimetière de Montjoie-Saint-Martin, dans la Manche.

Comme vous, je n’oublie pas, non plus, la nuit des 24 et 25 avril derniers, où la mosquée d’Arrahma à Istres, ici, dans les Bouches-du-Rhône, a été la cible d’arme à feux. 32 impacts de balles y ont été retrouvés.

Je le dis avec force : les actes hostiles aux musulmans de France n’ont pas leur place en France.

La République combat et combattra toujours ces actes hostiles comme elle combat et combattra toujours les extrémismes, d’où qu’ils viennent.

Je sais, Monsieur le président MOUSSAOUI, que c’est aussi la conviction qui vous anime. Vous l’avez exprimé à l’instant avec force, et je tiens, au nom du Gouvernement, à vous en remercier car face aux agressions dont les musulmans sont victimes, vous savez toujours appeler au calme. Vous préférez toujours le dialogue et l’échange. Le Gouvernement vous en est reconnaissant, car c’est la cohésion de notre société qui s’en trouve renforcée.

III. En effet, il n’y a pas de place, en France, pour le racisme, la haine et le radicalisme.

Dégrader une Eglise, une mosquée, une synagogue, profaner une sépulture, quelque soit sa confession, c’est salir les valeurs de respect et de dignité.

C’est souiller la République française tout entière et ce qu’elle a de plus précieux, sa mémoire.

Face aux actes odieux, sachez que la mobilisation des services de police et de gendarmerie est totale. Chaque fois que de tels événements se sont produits, j’ai, en effet, immédiatement donné les instructions les plus fermes afin que tout soit mis en œuvre pour en identifier et interpeller les auteurs et que ces derniers soient déférés à la justice.

Ainsi, en 2009, ce sont, au total, 143 personnes, auteurs présumés de tels actes, qui ont été interpellées et déférées à la justice.

Je le dis ici, à Tarascon, à vos côtés : face aux barbares qui refusent d’appliquer les règles du « vivre-ensemble », il n’y a qu’une seule réponse : la condamnation morale et la sanction pénale.

Le ou les auteurs de cette profanation doivent savoir qu’ils ne resteront pas impunis : ils doivent être, impérativement et rapidement, interpellés, déférés à la justice et sanctionnés avec la plus grande sévérité.

Monsieur le Président du conseil français du culte musulman,
Mesdames et Messieurs,

Face à la haine, chacun de nous a une réaction, immédiate : c’est l’émotion.

Une émotion forte, une émotion sincère que je suis venu partager, aujourd’hui, avec vous.

Mais face à la haine, l’État a aussi une réponse, totale : c’est la détermination.

Croyez-le bien, nous sommes totalement et entièrement mobilisés pour que la communauté nationale ne souffre pas de telles offenses.