07.09.2009 - Point presse lors du déplacement au Pontet (Vaucluse)

7 septembre 2009

Intervention de M. Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales.


I. J'ai d'abord voulu me rendre ici, au Pontet, pour faire un point précis sur ce qui s'est passé hier. Quels sont les faits ?

Après de premières échauffourées dans un bois, une rixe éclate dimanche à 18 heures 30 dans le centre-ville entre des jeunes gens d'origines maghrébine et turque.

Le prétexte en est le vol d'un autoradio, mais en réalité, ces violences s'inscrivent dans un contexte de tensions grandissantes depuis mai dernier, notamment aux abords de la rue commerçante Charles-de-Gaulle.

Déjà le 24 août, des affrontements avaient opposé une centaine de personnes, sans faire de blessé.

Un seuil de violence a été franchi, hier, avec la mort d'Alvarino Monteiro. Agé de 22 ans, ce jeune homme (né en Avignon) d'origine capverdienne tentait de s'interposer quand il a été mortellement blessé par arme blanche.

Cinq jeunes hommes (d'origine maghrébine) directement impliqués dans la rixe ont, quant à eux, été hospitalisés, dont un blessé grave en réanimation, trois blessés sérieux et un blessé léger.

L'auteur (d'origine turque) du coup du couteau mortel, identifié formellement par un témoin, est en garde-à-vue, ainsi que deux de ses complices également d'origine turque.

La gendarmerie nationale a été très réactive pour préserver l'ordre public. En plus des 60 gendarmes départementaux et des 30 enquêteurs dédiés à l'enquête, un escadron de gendarmes mobiles a été envoyé en renfort.

Aucun trouble n'a été constaté au cours de la nuit.

Ces évènements interviennent dans un contexte difficile pour le Vaucluse. Il faut regarder la réalité en face : les chiffres de la délinquance, dans ce département, sont préoccupants. La délinquance générale a augmenté de +4,27% sur les douze derniers mois [d'août 2008 à août 2009]. Surtout, les atteintes à l'intégrité physique ont augmenté de +13,68% dans ce département [contre +4,83% au plan national].

II. Je souhaite réaffirmer que, au Pontet comme sur l'ensemble du territoire de la République, il n'y a de place ni pour les combats de bandes, ni pour les luttes entre communautés.

Mes premières pensées vont d'abord, naturellement, à la famille de la victime. Je lui présente les condoléances du Gouvernement. Je veux saluer sa mémoire. Alvarino Monteiro a perdu la vie, en cherchant à apaiser les tensions. La perte de toute vie est absurde. Elle l'est d'autant plus à 22 ans. Et elle est d'autant plus inacceptable lorsqu'il s'agit d'une personne qui s'interposait pour empêcher des violences. Quoi de plus absurde que de mourir à cause d'un autoradio ?

Je ne doute pas que l'autorité judiciaire saura punir très fermement l'auteur du coup de couteau qui a atteint ce jeune homme.

Je le dis solennellement : nous devons tout faire pour que le climat s'apaise durablement et que les nuits prochaines ne soient pas le théâtre de vengeances et de violences. Les habitants du Pontet, comme tous nos concitoyens, ont droit à la sécurité.

L'ordre républicain, c'est vivre ensemble dans la tranquillité.  Il n'y a de place, sur le territoire de la République, ni pour les combats de bandes, ni pour les luttes de communautés.

Notre mobilisation est entière pour mettre fin aux phénomènes de bandes. C'est l'objet de la proposition de loi renforçant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes chargées d'une mission de service public, présentée par Christian Estrosi, votée à l'Assemblée nationale et très prochainement discutée au Sénat. Désormais, la seule participation à une bande constituée pour commettre des atteintes aux personnes ou aux biens sera punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. Cela permettra de neutraliser les bandes de manière préventive : nous n'aurons pas à attendre que le groupe ait déjà commis des violences, des agressions et ait déjà réalisé des dommages, pour pouvoir le neutraliser.

Notre détermination est totale pour refuser les luttes entre les communautés.

Il n'y a pas, d'un côté une communauté turque, de l'autre une communauté maghrébine, dont l'affrontement serait une fatalité.

Il n'y a que des habitants du Pontet, qui viennent d'horizons divers, mais qui ont en commun l'essentiel : tous ont le devoir de respecter les lois de notre République, tous ont le droit de vivre dans la tranquillité.

Ce "vivre ensemble", il faut le construire, l'organiser, le consolider. C'est la responsabilité de chacun des acteurs que j'ai rencontrés aujourd'hui au Pontet.

Tous – préfet, procureur, parlementaires, maire, élus locaux, forces de l'ordre, responsables associatifs, médiateurs, mais aussi parents et enseignants … – partagent cette responsabilité essentielle : faire que le respect de la loi de la République ne soit pas un vain mot.

Je le dis comme je le pense : l'intégration passe d'abord par le strict respect de la loi. Pour appartenir à la communauté nationale, pour être un membre à part entière de la communauté des citoyens, il faut commencer par respecter les règles communes.

Dès mon retour place Beauvau, je vous annonce que je donnerai instruction aux préfets des départements où existent des tensions communautaires de réunir, dans les dix jours, les représentants de ces communautés, avec les élus locaux et les partenaires associatifs. Cette séance de travail doit permettre d'élaborer un diagnostic précis de ces tensions et de définir des mesures opérationnelles pour les prévenir.